Alfred Jarry

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Auteurs français

Alfred Jarry

1873 – 1907

Alfred Jarry, né à Laval, en France, le 8 septembre 1873 et mort à Paris 6e le 1er novembre 1907, est un poète, romancier, écrivain et dramaturge français. Il fut aussi dessinateur et graveur sur bois, usant parfois du pseudonyme d’Alain Jans.

Notice biographique

Alfred JarryAlfred Jarry naît le 8 septembre 1873 à Laval. Son père est négociant en tissu. Ses parents s’étant séparés alors qu’il a 6 ans, Alfred part vivre à Saint-Brieuc, puis à Rennes, avec sa mère et sa sœur. Au lycée, c’est un excellent élève.

En 1888 – il a 15 ans – il fait représenter par le théâtre amateur de marionnettes du lycée une pièce intitulée Ubu cocu la marionnette a été sculptée dans la glaise par sa sœur Charlotte, et le personnage d’Ubu est inspiré d’un professeur régulièrement chahuté.

En 1891, après un baccalauréat obtenu avec la mention « bien », il se présente au concours d’entrée de l’École normale supérieure. Échec. Il en subira trois et, renonçant à l’École normale, se lancera dans le Paris journalistique et littéraire, dès la mort de sa mère, en 1893.

Il se lie d’amitié avec Léon-Paul Fargue, fréquente le salon de Mallarmé, participant au mouvement symboliste, alors sur le déclin, fait la connaissance de Gauguin, de Catulle-Mendés tout en s’occupant de revues et en rédigeant de textes déconcertants, parmi lesquels Ubu roi (1896), qu’il présente chez le fondateur du Mercure de France, alors revue d’avant-garde littéraire. L’accueil est chaleureux, tant pour la pièce que pour son auteur, personnage fantasque et déconcertant, imprévisible, qui se poudre le visage, parle avec l’accent de Guignol et se promène en costume de cycliste – il aime passionnément la bicyclette.

Définitivement réformé après quelques mois passés dans le régiment d’infanterie de sa ville natale, il fait jouer Ubu roi en 1896, prévoyant « un orchestre de seize musiciens où domineront les timbales et les trombones, afin de couvrir les sifflets ». Sage précaution, mais le vacarme est tel que l’orchestre ne suffit pas à dominer les huées. On se bat entre spectateurs, la critique est partagée, et la pièce rapidement arrêtée. Pour Jarry, qui avait réglé les moindres détails de la mise en scène avec des amis peintres, parmi lesquels Toulouse-Lautrec, c’est un succès, puisque scandale mémorable, mais aussi un échec financier qui a achevé de le ruiner.

Jarry, incapable de payer son loyer, ou les traites de sa bicyclette (il fait du vélo même dans sa chambre), fuit les créanciers, loge chez des amis (notamment le Douanier Rousseau, pour lequel il aurait posé) à Paris ou à la campagne. Dans une cabane qu’il occupe au Plessis-Coudray, il retire les quatre marches d’escalier qui permettent d’y accéder ; les rares amis qui lui rendent visite doivent emprunter l’échelle qu’il leur lance par la fenêtre. Il pêche, rêve, écrit des contes philosophiques en forme de romans comme Les Jours et les nuits (1897), L’Amour absolu (1899), Le Surmâle (1902), La Papesse Jeanne (1907), etc., ne se nourrissant que de côtelettes de mouton et de cornichons. Il boit énormément, et n’importe quoi. Lorsqu’il rend visite à sa sœur, à Laval, il leur arrive de boire, à tous les deux, plus de dix litres d’alcool et de vin par jour.

Les revues auxquelles il collabore soit font faillite, soit lui refusent des articles, son humour pour le moins bizarre déconcertant les lecteurs. Ivre, un soir de 1905, il tire des coups de revolver sur le sculpteur Manolo en revendiquant, devant son ami Apollinaire, la portée « littéraire » de son geste. Le même Jarry, alors qu’il s’amusait au tir au pistolet dans un jardin, avait répondu, à sa voisine qui s’inquiétait pour la vie de ses enfants : « Madame, si ce malheur devait arriver, nous vous en ferions d’autres ! »

En mai 1906, se sentant malade à Laval, il rédige son propre faire-part, l’envoie à ses amis, dicte à sa sœur le plan de son livre La Dragonne (posthume, 1943), reçoit l’extrême-onction puis, rétablit, se cache pour échapper à ses créanciers. Des amis ayant payé son loyer parisien, il revient en 1907 dans son antre de la rue Cassette, un minuscule appartement si bas de plafond que lorsqu’il l’occupe, Jarry a du plâtre dans les cheveux. C’est là que l’un de ses amis, inquiet de ne pas avoir de ses nouvelles, le découvre fin octobre, après avoir fait ouvrir sa chambre par un serrurier. Jarry, gît, à demi-inconscient et paralysé.

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Transporté dans un hôpital parisien, il y meurt d’une méningite tuberculeuse le 3 novembre 1907, à l’âge de 34 ans. À ses obsèques se côtoient Octave Mirbeau, Paul Valéry, Jules Renard, Paul Léautaud… Il est enterré au cimetière de Bayeux où, aujourd’hui, sa tombe a disparu. Les Surréalistes le « ressusciteront » en en faisant l’initiateur de leur mouvement, reconnaissant, sous un masque de truculence et la provocation, la détresse du poète maudit qu’a été Jarry.

Présentations d’Ubu roi
Véritable portrait de Monsieur Ubu.

Véritable portrait de Monsieur Ubu.

Petits Classiques Larousse

« Merdre ! » C’est sur ce juron provocant et inattendu que s’ouvre Ubu roi, dont la première représentation publique, en 1896, fait scandale. L’histoire de ce dictateur bouffon, devenu roi à la place du roi avec pour toute ambition de s’empiffrer et de s’enrichir, ne ressemble en effet à rien de connu. Parodiant Shakespeare et le drame historique, méprisant toutes les conventions théâtrales, Jarry crée en Ubu un personnage inclassable, caricature de l’homme de pouvoir et symbole de la bêtise humaine… dont on ne sait trop s’il faut rire ou pleurer.

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Merdre. Ubu, monument de la dramaturgie française, s’ouvre sur ce juron étonnant qui trouve ses origines dans l’esprit moqueur d’un lycéen rennais. Jarry n’a en effet que quinze ans lorsqu’il compose, dans la veine des gestes médiévales, cette pièce aux accents de grosse farce. Ubu, héros de troisième ordre qui synthétise à lui seul tous les travers humains possibles, devient roi de Pologne par un régicide grotesque. Son règne, sa déchéance et les savoureux dialogues qu’il échange avec la mère Ubu, manière de Lady Macbeth, la dimension tragique en moins, constituent les cinq actes de cette pièce conçue à l’origine comme un spectacle de marionnettes .

Ubu roi, satire universelle de la stupidité et de la vulgarité, est peuplé de personnages types. Malgré son trait exagérément appuyé qui donne au tout l’aspect d’une blague de potache, cette pièce constitue une véritable aventure créatrice pour son jeune auteur, désormais identifié à son personnage légendaire. Première d’une série de pièces et de textes mettant en scène le Père Ubu, cette facétie, réappropriation de grands textes et invention d’un langage propre, suscita un tollé lors de sa première représentation en 1896.

Flammarion ; GF

Le 9 décembre 1896, un jeune homme crée le scandale en faisant jouer au Théâtre de l’Œuvre une farce truculente, Ubu roi. « Merdre ! » Sitôt le premier mot lâché, la salle siffle, hue, rit, proteste : le public est insulté, les conventions théâtrales bousculées, le grotesque s’introduit dans le théâtre d’avant-garde. En mettant en scène les tribulations du Père Ubu – personnage cynique et ordurier, prêt à tout pour s’accaparer le pouvoir -, Jarry donne naissance à un véritable mythe. Blague de potache témoignant de l’inventivité d’un lycéen rennais ou « pamphlet philosophico-politique à gueule effrontée », selon le mot d’un journaliste d’alors, Ubu roi est d’abord un feu d’artifice verbal qui, plus d’un siècle plus tard, n’a rien perdu de sa saveur.

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→ Lumière sur Ubu roi (1896) d’Alfred Jarry.

Bibliographie
  •  Les Antliaclastes (1886-1888)
  • La Seconde Vie ou Macaber (1888)
  • Onénisme ou les Tribulations de Priou (1888)
  • Les Alcoolisés (1890)
  • Visions actuelles et futures (1894)
  • « Haldernablou » (1894)
  • « Acte unique » de César-Antéchrist (1894)
  • Les Minutes de sable mémorial (1894)
  • César Antéchrist (1895)
  • Ubu roi (1896, rédigé vers 1888)
  • L’Autre Alceste (1896)
  • Paralipomènes d’Ubu (1896)
  • Le Vieux de la montagne (1896)
  • Les Jours et les Nuits (1897)
  • Ubu cocu ou l’Archéoptéryx (1897)
  • L’Amour en visites (1897, publié en 1898)Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien (achevé en 1898, publié en 1911)
  •  Petit Almanach (1898)
  • L’Amour absolu (1899)
  • Ubu enchaîné (1899, publié en 1900)
  • Messaline (1900)
  •  Almanach illustré du Père Ubu (1901)
  • « Spéculations », dans La Revue blanche (1901)
  • Le Surmâle (1901, publié en 1902)
  • « Gestes », dans La Revue blanche (1901)
  • L’Objet aimé (1903)
  • « Le 14 Juillet », dans Le Figaro (1904)
  • Pantagruel (1905, opéra-bouffe d’après Rabelais créé en 1911)
  • Ubu sur la Butte (1906)
  • Par la taille (1906)
  • Le Moutardier du pape (1906, publié en 1907)
  • Albert Samain (souvenirs) (1907)

Œuvres posthumes

  • La Dragonne (1907, publié en 1943)
  • Spéculations (1911)
  • Pieter de Delft (1974)
  • Jef (1974)
  • Le Manoir enchanté (1974)
  • L’Amour maladroit (1974)
  • Le Bon Roi Dagobert (1974)
  • Léda (1981)
  • Siloques. Superloques. Soliloques Et Interloques De Pataphysique (2001)
  • Paralipomènes d’Ubu / Salle Ubu (2010)
  • Ubu marionnette (2010)
Citations choisies
  • L’homme a créé Dieu à son image et à sa ressemblance, agrandies jusqu’à ce que l’esprit humain ne pût concevoir de dimensions. (Le Surmâle)
  • Ah ! Oh ! Je suis blessé, je suis troué, je suis perforé, je suis administré, je suis enterré. Oh, mais tout de même ! (Ubu roi)
  • Ainsi que le coquelicot et le pissenlit à la fleur de leur âge sont fauchés par l’impitoyable faux de l’impitoyable faucheur … – ainsi le petit Rensky a fait le coquelicot. (Ubu roi)
  • Aller voir la pièce, avec sa mise en scène kaléidoscopique et mouvementée donne assez l’illusion qu’on a l’heur d’être un bibliophile milliardaire, possesseur d’un exemplaire enluminé, raffinement inédit, au cinématographe. (Critiques de théâtre, Crainquebille)
  • Au fond, nous pensons que cocuage implique mariage, donc que le mariage sans cocuage n’est point valable. (Ubu cocu)
  • Condamne sa complice, dite Mère Ubu, au ferrage à un boulet et à la réclusion à vie dans sa prison. (Ubu enchaîné)
  • Et la majesté de notre marche dodelinante n’en aurait été qu’accrue, surtout si les quatre pieux étaient tenus par quatre esclaves nègres. (Almanach illustré du Père Ubu)
  • Il faudrait, dans le Code Civil, ajouter partout « du plus fort » au mot loi.
  • Il feignit une fatigue, décontracta ses bras et dégringola de sa corde. (Les Jours et les Nuits)
  • Il y a donc des gens que cela embête d’être libres. (Ubu enchaîné)

Autres citations d’Alfred Jarry.

 

Articles connexes

Suggestion de livres

Oeuvres  de Alfred JarrySiloques, superloques soliloques et interloques de pataphysiques
LE SURMÂLETout Ubu

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