Arthur Rimbaud

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Auteurs français

Arthur Rimbaud

1854 – 1891

Arthur Rimbaud est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille. Bien que brève, son œuvre poétique est caractérisée par une prodigieuse densité thématique et stylistique, faisant de lui une des figures majeures de la littérature française.

Une enfance sans nuages

Photo d'Arthur Rimbaud en octobre 1871, à 17 ans (photographie : Étienne Carjat).

Arthur Rimbaud naît à Charleville dans un milieu modeste. Son père, le capitaine Frédéric Rimbaud, quitte définitivement le domicile familial en 1860, abandonnant ses quatre enfants aux soins de sa femme, Vitalie, née Cuif. Despotique, avare, bigote, cette dernière élève sa progéniture à la baguette.

Rapidement, le jeune Arthur s’illustre par ses succès scolaires. Élève particulièrement doué, il attire l’attention de son professeur de rhétorique, George Izambard, qui encourage ses premiers essais poétiques. Un de ses professeurs de quatrième, M. Perette, dit du jeune garçon à l’époque : « Il finira mal. En tout cas, rien de banal ne germera dans sa tête : ce sera le génie du bien ou du mal ».

De caractère impulsif, épris d’aventures, Rimbaud fugue à plusieurs reprises, exalté par les événements politiques qui secouent la France des années 1870-1871 (la guerre qui ravage les Ardennes et bouleverse la vie quotidienne, la défaite contre l’Allemagne, la Commune de Paris).

Au lieu de se présenter au baccalauréat, il tente de gagner Paris, pour être arrêté aussitôt et transféré à la prison de Mazas comme passager clandestin. Libéré grâce à l’intervention d’Izambard, il est renvoyé dans la triste province ardennaise, chez celle qu’il surnomme la « mère Rimbe ». De ces fugues découle une poésie du voyage, dédiée à la Terre foulée par le vagabond, célébrant la sensation et la communion avec la nature (« Sensation », « Soleil et Chair », « Au cabaret vert »), que viennent néanmoins côtoyer les poèmes colériques d’un adolescent outré devant l’injustice sociale (« le Forgeron »), ou en proie au mal-être de la puberté (« les réparties de Nina », « Vénus Anadyomène »)

Il refuse de retourner à l’école et repart à Paris, attendu à bras ouverts par Paul Verlaine, déjà convaincu par les quelques poèmes envoyés : « Venez, chère grande âme, on vous appelle, on vous attend », lui écrit-il dans une lettre de septembre 1871. Muni entre autres du célèbre « Bateau ivre », Rimbaud commence à fréquenter la communauté littéraire parisienne, alors de tendance parnassienne, qu’il choque autant par ses audaces poétiques que par ses insolences provocantes en société.

Une saison parisienne

Photo de Paul Verlaine par Otto Wegener (1893)

Lassés du mépris affiché par Rimbaud à leur égard et de son manque d’éducation, les gens de lettres lui refusent désormais le gîte et le couvert qu’ils lui avaient d’abord généreusement accordés. Verlaine seul reste fidèle à Rimbaud et le recueille.

La liaison de Rimbaud avec l’auteur des Fêtes galantes, homme marié et père de famille, devient dès lors de notoriété publique. En février 1872, Rimbaud, lassé du conflit avec la belle-famille de son compagnon et déçu par le milieu des lettres, met fin à son séjour parisien, ponctué de débauches éthyliques et autres, pour revenir à Charleville. En juillet 1872, on le retrouve à Bruxelles, bientôt rejoint par Verlaine, puis en septembre à Londres, où ils s’essayent aux « paradis artificiels » de l’opium. Leur liaison orageuse, entrecoupée de séparations, se clôt finalement par un drame en juillet 1873, Verlaine tirant deux coups de pistolet sur Rimbaud.

C’est durant cette période mouvementée qu’ont été probablement écrit certains textes des Illuminations et de Une saison en enferVerlaine emprisonné, Rimbaud s’installe à Roche chez sa mère pour y finir dans l’exaltation douloureuse ce dernier recueil.

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L’homme aux semelles de vent

Celui qui fût, selon les mots de Mallarmé, « le passant considérable » de la poésie, constatant la vanité de ses illusions enthousiastes de surdoué, renonce définitivement à l’écriture en atteignant l’âge adulte, d’une façon si soudaine et si incompréhensible qu’il semble s’être « opéré vivant de la poésie » (Mallarmé). Bien que cette période demeure relativement obscure, on date de 1873 les derniers fragments des Illuminations (le recueil, lui, ne paraît qu’en 1886) et la fin de sa carrière fulgurante.

En 1874, il est de retour à Londres comme répétiteur, en compagnie de Germain Nouveau. L’année suivante, il voyage en Italie et en Allemagne, se consacrant à l’étude intensive de langues étrangères (allemand, italien, russe, arabe). Débardeur à Marseille, il s’embarque pour les Indes néerlandaises comme mercenaire, puis déserte à Java en 1876. Vraisemblablement accompagnateur de cirque en Scandinavie en 1877, il se fait ensuite contremaître à Chypre (1878).

Enfin, il s’établit comme négociant en Abyssinie, où, toujours sur le départ pour un endroit ou un autre, il mène une vie survoltée et éprouvante. En 1891, une blessure suspecte à la jambe – très certainement cancéreuse – l’oblige à rentrer en civile depuis les monts du Harar jusqu’à la côte de la mer Rouge.

Amputé dès son arrivée à Marseille, il meurt à trente-sept ans, des suites de sa maladie, laissant derrière lui une des œuvres les plus originales et les plus riches de la littérature française.

Poétique de la voyance

Toute l’œuvre poétique de Rimbaud a été écrite avant sa majorité. Condamnant tous les poètes antérieurs, à l’exception des Grecs, de Gautier, de Leconte de Lisle, de Banville et surtout de Baudelaire, qu’il érige comme le « premier voyant » mais auquel il reproche néanmoins son manque d’audace formelle, Rimbaud, dès 1871, théorise la formule alchimique qui fera de lui un poète résolument moderne.

Selon les célèbres lettres du « Voyant », adressées à Demeny et à Izambard, c’est par le biais d’un « encrapulement systématique », par « un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sen », soit l’expérimentation contrôlée de toutes les techniques hallucinatoires (alcool, drogue…), que le poète peut dissoudre les limites trop étroites de sa personnalité et atteindre la vraie lucidité. Cette méthode, qui condamne le poète à la marginalité sociale et à l’inconfort intellectuel, est le prix à payer pour trouver la clé du mystère.

Pourtant, Une saison en enfer impose le constat d’échec de cette entreprise du Voyant : avec une tonalité furieuse et amère, l’ouvrage dit la nécessité de revenir au monde réel et d’accepter la matérialité de la condition humaine, clamant ainsi la défaite du langage poétique.

Bibliographie
  • Une saison en enfer (1873)
  • Illuminations (1873-1875)
  • Reliquaire (1891)
  • Poésies (1895)
  • Lettres, Égypte, Arabie, Éthiopie (1899)
  • Œuvres, vers et proses (1912)
  • Les Mains de Jeanne-Marie (1872)
  • Stupra (1923)
  • Un Cœur sous une soutane (1870)
  • Lettres de la vie littéraire (1870-1875)
  • Vers de collège (1932)
  • Album zutique (1872)
  • Voyelles, Oraison du soir, Les Assis, Les Effarés, Les Chercheuses de poux, Bateau ivre, Premières communions (1884)
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Citations choisies
  • Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
    Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.
    Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences.
  • La Poésie ne rythmera plus l’action. Elle sera en avant. (Lettre à P. Demeny)
  • Et je sens des baisers qui me viennent aux lèvres. (Poésies)
  • A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes. (Poésies, Voyelles)
  • Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.
  • Je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur : l’action n’est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle.
  • Ainsi, j’ai aimé un porc. Aucun des sophismes de la folie, – la folie qu’on enferme, – n’a été oublié par moi : je pourrais les redire tous, je tiens le système.
  • La musique savante manque à notre désir.
  • Mais la Vampire qui nous rend gentils commande que nous nous amusions avec ce qu’elle nous laisse, ou qu’autrement nous soyons plus drôles.
  • Nous ne sommes pas au monde.
  • Je suis le savant au fauteuil sombre. Les branches et la pluie se jettent à la croisée de la bibliothèque.
  • O saisons, ô châteaux, Quelle âme est sans défaut ?
  • Ce paquet blanc vert et gras
    À vapeur jamais nouvelle…
  • JE est un autre. (Lettre du voyant)

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