François Villon

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Auteurs français

François Villon

v. 1431 ~ après 1463

Notice biographique

Portrait de François Villon.François de Montcorbier ou des Loges, dit François Villon, est un poète français de la fin du Moyen Âge ; probablement l’auteur le plus connu de cette période. Il est né à Paris vers 1431 et mort après 1463. Sa vie et son œuvre suscitent la controverse.

Sa famille était du peuple, et il connut la pauvreté dès son bas âge. Cependant, il suivit quelque temps les cours de l’Université et devint licencié et maître ès arts en 1452. Sa nature portée au plaisir ne pouvait s’accommoder de la triste condition d’un écolier sans fortune. Il chercha l’indépendance et la gaieté dans le vice, dans la fréquentation de compagnons de débauche (les Coquillards) qui lui enseignèrent les expédients, les bons tours, les escroqueries, lui donnèrent l’habitude du cabaret et des mauvais lieux. Il emprunta également à cette compagnie de malfaiteurs la langue des Ballades en jargon). De grands personnages, dont Charles d’Orléans1 et Louis XI, le sauvèrent plusieurs fois de la potence. En fait, vers la fin de 1457, à la suite d’une aventure dont nous ignorons les détails, et où il y eut peut-être vol à main armée et mort d’homme, il fut condamné à être pendu.

Grâce de la vie lui fut obtenue par le poète Charles d’Orléans ; mais il fut banni de Paris, séjourna en divers lieux et fit partie de la troupe des Confrères de la Passion en Poitou. On le voit encore en prison dans l’Orléanais, par ordre de l’évêque, on ne sait pour quelle cause. L’avènement de Louis XI, en 1461, lui rendit la liberté.

Telle fut la vie misérable et honteuse de celui que l’on regarde à juste titre comme le père de cette race de poètes qui ont été désignés sous le nom d’esprits gaulois, et qui sont essentiellement français par la pensée et le sentiment, race à laquelle appartiennent MarotRégnierLa Fontaine.

Œuvre de Villon
François Villon - Grand Testament de Maistre François Villon (1489).

François Villon – Grand Testament de Maistre François Villon (1489).

François Villon fut le plus personnel parmi les premiers poètes, au moment où la poésie, sortant du cycle des œuvres successives ou collectives, se transforme, se précise et devient la manifestation des génies individuels. C’est ce que Boileau semble avoir entrevu quand il a dit dans l’Art poétique :

Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers,
Débrouiller l’art confus de nos vieux romanciers

Mais, dans l’individualité du talent de Villon, il y a quelque chose de populaire et d’humain. Il a un double caractère la sincérité et le pittoresque, avec des crudités de langage que l’on retrouve dans la plupart des poètes de la même époque. Ses poèmes, tantôt en octosyllabes, comme Les Lais (ou Petit Testament, 1456) et Le Testament (ou Grand Testament, 1461), tantôt en décasyllabes, comme L’Épitaphe Villon (dite Ballade des pendus, 1463), offrent un savant mélange des tons, du trivial au lyrique :

« La bouffonnerie, dans ses vers, dit Anatole de Montaiglon2, se mêle à la gravité, l’émotion à la raillerie, la tristesse à la débauche ; le trait piquant se termine avec mélancolie le sentiment du néant des choses et des êtres est mêlé d’un burlesque soudain qui en augmente l’effet. Il faut aller jusqu’à Rabelais pour trouver un maître qu’on puisse lui comparer, et qui écrive le français avec la science et l’instinct, avec la pureté et la fantaisie, avec la grâce délicate et la rudesse souveraine que l’on admire dans Villon, et qu’il a seul parmi les gens de son temps. »

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Il se laisse aller rarement à la rhétorique convenue de l’époque, au pédantisme, à la quintessence, à la manière, et c’est lorsqu’il en est tout à fait exempt, qu’il nous paraît être surtout lui-même, comme dans la Ballade des dames du temps jadis, avec son merveilleux refrain sur « les neiges d’antan ».

Le lecteur moderne y trouve une opposition entre des aspirations sensuelles et un pessimisme poignant, entre un immoralisme et une foi religieuse profonde (Le Débat du Corps et du Cœur, 1461), entre l’ironie constante des legs fantaisistes et le sentiment tragique du temps qui fuit (Les Regrets de la belle heaulmière). Mais réalisme et lyrisme recouvrent peut-être, dans ces poèmes d’une grande maîtrise, un sens caché ménagé par un véritable code secret, qui rendrait compte de la richesse anormale de leur vocabulaire.

On trouve encore le véritable Villon dans la Ballade des pendus, dans celle intitulée Tout aux tavernes et aux filles, dans son Petit Testament, suite d’octaves spirituelles contenant une série de lays (legs) à ses amis, et surtout dans le Grand Testament, qu’il écrivit en 1462, poème ému et émouvant, avec les retours de l’auteur sur lui-même, ses regrets, ses remords presque, et ses énergiques peintures.

On a souvent imprimé, à la suite en Grand Testament, des récits d’escroquerie en argot versifié, intitulé les Repues franches, et qui ne sont pas de Villon, mais d’un anonyme. Quelques éditeurs le regardent comme l’auteur de deux farces spirituelles : le Franc-archer de Bagnolet et le Dialogue de monsieur de Male-paie et de monsieur Baillevent.

Maître du langage et, peut-être, le plus grand des rhétoriqueurs, Villon est « le premier poète à la moderne » (Suarès). Ses Œuvres, d’abord imprimées sous ce titre le Grand Testament Villon et le Petit, son Codicille, le Jargon et ses Ballades (Paris, 1489), eurent un succès prodigieux et furent rééditées vingt-neuf fois jusqu’en 1542. Parmi ces éditions se distingue celle que fit Clément Marot, sur l’ordre de François Ier (Paris, 1533). Le règne de Ronsard et de la Pléiade, avec un goût littéraire tout différent, fit cesser cette vogue, et le XVIIe siècle arrivant, avec sa poésie épurée et classique, mit bientôt Villon en oubli. Toutefois quelques hommes de talent et de génie en firent l’estime qu’il méritait. Mais on ne commença à le réimprimer qu’à partir 1723.

Léo Ferré :  Ballades des pendus

Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

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Bibliographie
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  • Ballade des contre vérités (1455 ?–1456 ?, Paris)
  • Le Lais (1457, Paris)
  • Épître à Marie d’Orléans (début 1458, Blois)
  • Double ballade (début 1458, Blois)
  • Ballade des contradictions (début 1458, Blois)
  • Ballade franco-latine (début 1458, Blois)
  • Ballade des proverbes (octobre-novembre 1458, Vendôme)
  • Ballade des menus propos (octobre-novembre 1458, Vendôme)
  • Épître à ses amis (été 1461, Meung-sur-Loire)
  • Débat du cuer et du corps de Villon (été 1461, Meung-sur-Loire)
  • Ballade contre les ennemis de la France (fin 1461, Meung-sur-Loire)
  • Requeste au prince (fin 1461, Meung-sur-Loire)
  • Le Testament (1461)
  • Ballade de bon conseil (1462, Paris)
  • Ballade de Fortune (1462, Paris)
  • Ballades en jargon (1462, Paris)
  • Ballade des pendus (fin 1462, Paris)
  • Quatrain (fin 1462, Paris)
  • Louanges à la cour (janvier 1463, Paris)
  • Question au clerc du guichet (janvier 1463, Paris)
Citations choisies
  • Deux étions et n’avions qu’un cœur. (Le Grand Testament)
  • Je connais tout, fors que moi-même. (Ballades diverses)
  • Rien ne m’est sûr que la chose incertaine.
  • Il n’est trésor que de vivre à son aise. (Testament)
  • En cette foi je veux vivre et mourir. (Testament – Ballade que Villon fit à la requête de sa mère pour prier Notre-Dame)
  • En grande pauvreté ne gît pas grande loyauté.
  • Je connais tout, fors que moi-même. (Ballades diverses)
  • Je ne suis homme sans défaut. (Le Lais, VIII)
  • Jamais mal acquit ne profite. (Ballade des Proverbes)
  • Qui meurt a le droit de tout dire. (Ballade des Proverbes)

 Autres citations de François Villon.

Notes

1. Charles d’Orléans, né à Paris le 24 novembre 1394 et mort à Amboise le 5 janvier 1465, duc d’Orléans, est un prince français, connu surtout pour son œuvre poétique réalisée lors de sa longue captivité anglaise. Il est le fils de Louis Ier, duc d’Orléans, frère du roi de France Charles VI, et de Valentine Visconti fille du duc de Milan. Il est né à l’hôtel de Saint-Paul, à Paris. 

2. Anatole de Courde de Montaiglon est un bibliothécaire et historien français né en 1824 et mort le 1er septembre 1895 à Paris. 

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