Honoré d’Urfé

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Honoré d’Urfé

1567 – 1625

Honoré d’Urfé, comte de Châteauneuf, marquis du Valromey, seigneur de Virieu-le-Grand, né en février 1567 à Marseille et mort le 1er juin 1625 à Villefranche-sur-Mer, est un écrivain français et savoisien, auteur du premier roman-fleuve de la littérature française, L’Astrée.

Une enfance champêtre

Honoré d’Urfé naît en pleine guerre de religion. Mais son enfance est paisible. Il est en effet élevé dans la région champêtre du Forez, au sud-est du Massif central. Il parcourt les bois et les prés de ce pays riant et verdoyant qui servira de cadre à son roman, L’Astrée. Il apprend à aimer cette contrée, à apprécier la nature. Son œuvre le montre, il est plus attiré par la vie campagnarde que par l’existence de la cour.

→ À lire : Le genre pastoral ou la pastorale.

Portrait d'Honoré d'UrféL’engagement militaire

Mais la guerre civile ravage la France. Il est bien difficile de ne pas prendre parti. Après des études accomplies au collège de Tournon, ville située au sud de la vallée du Rhône, Honoré d’Urfé, fervent catholique, s’engage dans le conflit. En 1590, il rejoint la Ligue. Sous la direction du duc de Guise, cette confédération réunit les catholiques qui s’opposent au roi Henri III, auquel ils reprochent d’avoir pactisé avec les protestants.

De 1590 à 1600, il mène une dangereuse vie d’aventures. À deux reprises, il est fait prisonnier par les troupes royales, puis relâché, et finit par se mettre au service du duc de Savoie, adversaire résolu du roi de France. La réconciliation de la France et de la Savoie le rapproche d’Henri IV. Après plusieurs campagnes militaires, il mourra finalement d’une pneumonie, a Villefranche-sur-Mer, au cours de la guerre engagée par la Savoie et la France contre l’Espagne et Gênes. L’Astrée est toute bruissante du fracas des combats qui marquèrent sa vie.

Une sensibilité romanesque
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Guerrier, Honoré d’Urfé est également un être à la sensibilité romanesque. Dans cette Astrée qui sera publiée de 1607 à 1627, il met un peu de sa vie sentimentale. Elle est toute de nostalgie et de désenchantement. À l’âge de dix-sept ans, il tombe éperdument amoureux de sa belle-sœur, Diane de Ghateaumorand. Est-ce un amour impossible ? Le destin en décide autrement. Seize ans plus tard, en 1600, son frère se consacre à la vie religieuse et fait annuler son mariage. Honoré d’Urfé peut enfin épouser celle qu’il aime. Serait-ce le bonheur ? Ce sera plutôt la désillusion, il ne s’entend pas avec sa nouvelle épouse et ils se séparent en 1613 : dans son roman pastoral, les bergères et les bergers, les princes et les princesses connaissent, eux aussi, les difficultés et les revirements de la passion.

Gros plan sur L’Astrée

Cinq tomes, en comptant le tome V que rédigea le secrétaire d’Honoré d’Urfé après sa mort, plus de cinq mille pages, L’Astrée est une œuvre colossale, un roman-fleuve dont la lecture demande des dizaines d’heures. Sa dimension ne découragea pourtant pas les lecteurs de l’époque : ils attendaient avec impatience la suite de ces aventures passionnantes dont la publication s’étala sur plus de vingt ans. Ils s’y plongeaient avec délectation, comme on se plonge dans un feuilleton. Ils y retrouvaient leur vie, faite à la fois de combats et d’intrigues amoureuses, pleine de cruautés et de sentiments. Longtemps durant le XVIIe siècle, cette œuvre monumentale devait servir de référence au comportement amoureux et exercer une influence sur la littérature.

L’action se déroule au Ve siècle, à l’époque des druides, dans la région du Forez. La bergère Astrée et le berger Céladon s’aiment. Mais leurs familles, qui se haïssent, s’opposent à leur amour. Pour brouiller les pistes, Céladon fait semblant d’aimer Aminthe. Sémire, épris d’Astrée, exploite la situation en faisant croire à la jeune bergère que Céladon lui est réellement infidèle. Devant les reproches d’Astrée, Céladon, désespéré, se jette dans la rivière.

Évidemment, il ne se noie pas. Il est recueilli par trois nymphes qui tombent amoureuses de lui. Aidé par le druide Adamas, il parvient à leur échapper et se réfugie dans la forêt. Astrée lui a en effet défendu de revenir auprès d’elle sans son ordre et il se soumet à cette volonté, en amant obéissant. La situation semble donc sans issue. Adamas va trouver une solution. Céladon, déguisé en jeune fille, rejoint Astrée. Ils se lient d’amitié et deviennent bientôt inséparables. Mais Céladon est bien résolu à ne pas révéler sa véritable identité, tant qu’Astrée n’aura pas décidé de le rappeler. C’est dans cette position inconfortable qu’Honoré d’Urfé laisse ses deux héros.

Heureusement, le secrétaire d’Honoré d’Urfé, Baro, qui achève le roman, les sort de cette situation impossible. Astrée se décide à appeler le fantôme de Céladon, qu’elle croit mort. C’est Céladon en chair et en os qu’elle aperçoit alors, stupéfaite. Mais, au lieu de tomber dans ses bras – ce serait trop simple et trop peu romanesque -, elle le chasse à nouveau. Ils se retrouveront enfin, définitivement unis, devant la miraculeuse fontaine de la vérité d’Amour.

C’est là une histoire bien romanesque et bien compliquée. Ce n’est pourtant que l’intrigue centrale, et de nombreuses intrigues secondaires s’y ajoutent, qui, souvent, introduisent une atmosphère d’aventure et de guerre. Mais l’amour demeure essentiel. Il est décrit dans toute sa complexité. Sous les bergères et les bergers, se cachent en fait les gens de la cour, avides de subtilités amoureuses, attirés par une conception de l’amour qui repose sur le mérite, sur les valeurs morales, sur ce précepte cornélien avant la lettre : « Il est impossible d’aimer ce que l’on n’estime pas ».

Bibliographie
  • L’Astrée, partie I (1607)
  • L’Astrée, partie II (1610)
  • L’Astrée, partie III (1619)
  • L’Astrée, parties IV et V (1627)
Citations choisies
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  • Ne savez-vous que l’amitié n’a point d’autre moisson que l’amitié, et que tout ce qu’elle sème, c’est seulement pour en recueillir le fruit?
  • Et pourquoi, dit-elle, êtes-vous menteur?
    Parce, répliqua-t-il, que trop de personnes sauraient nos affaires, si nous disions toujours la vérité.
  • Dieu en créant les femmes, nous les a proposées en terre pour nous attirer par elles au ciel.
  • Le prix d’Amour, c’est seulement Amour. […] Il faut aimer si l’on veut être aimé.

 Autres citations d’Honoré d’Urfé.

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