Jean de La Bruyère

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Auteurs français

Jean de La Bruyère

1645 – 1696

Sommaire

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Présentation

Jean de La Bruyère, né à Paris le 16 août 1645 et mort à Versailles le 11 mai 1696, est un moraliste français. Il est célèbre pour une œuvre unique, Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle (1688). Cet ouvrage, constitué d’un ensemble de brèves pièces littéraires, compose une chronique essentielle de l’esprit du XVIIe siècle. La Bruyère est l’un des premiers écrivains à mettre en avant le style littéraire, en développant un phrasé rythmé dans lequel les effets de rupture sont prépondérants. Ce style incite à la lecture à haute voix, donnant ainsi à cette activité le statut de jugement moral grâce à l’effet rhétorique obtenu par la lecture orale sur les auditeurs…

→ Lumière sur Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle (1688).

Sa vie

Jean de La Bruyère est né à Paris en 1645. Ses parents, qui avaient huit enfants, étaient de petits-bourgeois parisiens vivant chichement d’un office de contrôle des rentes. Reçu avocat au Parlement de Paris, il n’exerce pas le métier paternel, mais achète, grâce à un héritage, un office de trésorier des finances. Il a pu ainsi mener une vie calme et solitaire et observer les hommes de son temps.

Portrait de Jean de La Bruyère attribué à Nicolas de Largillierre (musée des beaux-arts de Quimper).À 40 ans, il entre dans la maison de Condé comme précepteur de M. le Duc (le duc de Bourbon). Les Condé ne sont pas gens d’humeur facile et régulière, et deux années de préceptorat ne lui apportent guère de satisfaction. Pourtant, après la mort du « Grand Condé », le plus estimable et celui qui l’aimait le mieux, il reste au château de Chantilly, afin sans doute de continuer à étudier la cour et la ville.

Après quelques hésitations, il livre au public en 1688, sans nom d’auteur, Les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle.

Le succès est immédiat et retentissant : trois éditions sont épuisées en un an. Peu à peu, on veut chercher les originaux des portraits ; des « clefs », circulent et La Bruyère, tout en protestant contre ces procédés, multiplie les portraits dans les éditions successives (1689-1690-1691-1692-1694), triplant ainsi l’épaisseur de son ouvrage.

Il se présente en 1691 à l’Académie française, où il a l’appui de Bossuet, de Boileau et de Racine, mais il est en butte à l’hostilité des partisans de Corneille, des « modernes » comme Perrault et Charpentier. Il n’est admis qu’en 1693 et la séance de réception est l’occasion de pointes et de sarcasmes contre lui. Une véritable campagne s’organise dont il se défend clans la préface de son édition de 1694, en précisant les intentions morales et religieuses des Caractères. Il travaillait à une nouvelle édition de son œuvre, quand il mourut en 1696.

Gros plan sur les Caractères
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L’ouvrage est sans doute entrepris bien des années avant sa publication. Il est constitué de ce que La Bruyère appelle des « remarques », qui ne sont, selon lui, ni des maximes à la manière de La Rochefoucauld, ni des pensées à la manière de Pascal. Il refuse aussi tout aspect méthodique : le désordre est un principe constitutif de chaque chapitre. Les remarques, sans doute composées ensemble, se sont augmentées d’édition en édition, étoffant peu à peu le corps de l’ouvrage. À la brève sentence, La Bruyère adjoint progressivement de nombreux « portraits ». Ils ont sans doute été pour beaucoup dans le succès du livre, où le public cherchait des « clefs » pour reconnaître tel ou tel grand personnage.

La Bruyère insiste pourtant sur l’aspect moral de son livre : il prétend moins attaquer ses contemporains que viser à une certaine vérité générale sur l’homme. Néanmoins, la justesse de son observation et les nombreuses allusions à des contemporains font de son ouvrage un indispensable témoin de la société française à la fin du XVIIe siècle.

Le livre se compose de 16 chapitres, regroupant des fragments de toutes sortes. Après avoir étudié les « ouvrages de l’esprit » (I), le « mérite personnel » (II), les « femmes » (III), le « cœur » (IV) et la « société et la conversation » (V), La Bruyère en vient aux « biens de fortune » (VI), qui correspondent trop rarement aux vraies du mérite personnel.

→ En savoir plus La Bruyère : Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle (1688).

Bibliographie
  • Les Caractères (1688)
  • Discours de réception à l’Académie française(1694)
  • Dialogues sur le quiétisme (1698).
Citations choisies
  • L’esprit de la conversation consiste bien moins à en montrer beaucoup qu’à en faire trouver aux autres. Celui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit l’est de vous parfaitement.
  • Il n’y a point d’ouvrage si accompli qui ne fondit tout entier au milieu de la critique, si son auteur voulait en croire tous les censeurs qui ôtent chacun l’endroit qui leur plaît le moins.
  • L’impossibilité où je suis de prouver que Dieu n’est pas me découvre son existence.
  • Il arrive quelquefois qu’une femme cache à un homme toute la passion qu’elle sent pour lui, pendant que de son côté il feint pour elle toute celle qu’il ne sent pas.
  • Quand une lecture vous élève l’esprit, et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger l’ouvrage; il est bon, et fait de main d’ouvrier.
  • L’ennui est entré dans le monde par la paresse.
  • C’est la profonde ignorance qui inspire le ton dogmatique.
  • Les enfants n’ont ni passé ni avenir, et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent.
  • Il faut être bien dénué d’esprit, si l’amour, la malignité, la nécessité n’en font pas trouver.
  • L’on aime bien qu’une seule fois, c’est la première: les amours qui suivent sont moins involontaires.
  • L’amour commence par l’amour ; et l’on ne saurait passer de la plus forte amitié qu’à un amour faible. (Les Caractères)
  • Cette affectation que quelques-uns ont de plaire à tout le monde.
  • La moquerie est le langage du mépris, et l’une des manières dont il se fait le mieux entendre: elle attaque l’homme dans son dernier retranchement, qui est l’opinion qu’il a de lui-même.
  • Les esprits forts savent-ils qu’on les appelle ainsi par ironie ?
  • Les hommes comptent presque pour rien toutes les vertus du cœur et idolâtrent les talents du corps et de l’esprit.
  • S’il est vrai que l’on soit riche de tout ce dont on n’a pas besoin, un homme fort riche, c’est un homme qui est sage.
  • Les hommes sont trop occupés d’eux-mêmes pour avoir le loisir de pénétrer ou de discerner les autres : de là vient qu’avec un grand mérite et une grande modestie l’on peut être longtemps ignoré.

 Autres citations de Jean de La Bruyère.

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