La farce

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La farce

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Qu’est-ce que la farce ?

Le mot farce (bas-latin farsa, de farcire, farcir), désigne essentiellement un mélange.

Cependant, ce mot peut avoir plusieurs sens :

  • En cuisine, la farce est un hachis d’aliments (certains légumes, viande, volaille, etc.) garnissant l’intérieur de quelques préparations culinaires.
  • En liturgie, la farce est une glose ou commentaire inséré dans le texte consacré de l’office. Ainsi il y a plusieurs épîtres « farcies » de saint Étienne, où le martyre du saint est raconté, avec détails, en termes fort graves.
  • Des religieuses de Caen, au XIIIe siècle, chantaient des leçons avec farces.
  • Au théâtre, le mot désigne, d’abord, une petite pièce facétieuse, qui se mêlait comme un ingrédient varié, dans la représentation. En d’autres termes, c’est un petit intermède comique introduit dans une pièce sérieuse.
  • Peu à peu cette idée de « farcissure » s’est effacée, la farce n’est plus qu’une comédie populaire très risible où dominent les jeux de scène, sans aucune intention de corriger ni d’édifier, ni d’instruire. La farce est composée « pour rire », uniquement, et par là, tient du fabliau, qu’elle a d’ailleurs remplacé dans le goût populaire, quoiqu’on ne trouve pas, entre le fabliau et la farce, les traces d’une filiation bien.
  • Par extension, la farce désigne un acte destiné à se moquer, à faire rire aux dépens de quelqu’un (synonyme de canular, plaisanterie, tour, etc.). Elle est également un objet vendu dans le commerce, servant à faire une farce.
    → À lire : Le poisson d’avril.

Farce des Grecs (estampe), Par Iean de Gourmont. Scènes historiques du XVIe siècle. Date d'édition : 1571-1598.

Farce des Grecs (estampe), Par Iean de Gourmont. Scènes historiques du XVIe siècle. Date d’édition : 1571-1598.

Un genre littéraire déprécié

On n’a guère plus de cent cinquante farces, toutes composées entre 1440 environ et 1560. Ce n’est peut-être pas la centième partie de celles qui furent composées pendant le même temps. « Car au temps passé, dit Du Verdier, dans sa Bibliothèque française, chacun se mêlait d’en faire. » Paris, alors, n’approvisionnait pas d’esprit et de gaieté la province. On se contentait partout des ressources du cru, et la bonne humeur foisonnait. Mais les auteurs eux-mêmes n’attachaient pas une grande importance à ces petites œuvres. Beaucoup de farces n’étaient pas écrites. Beaucoup n’étaient pas imprimées. Et même les farces imprimées n’étaient pas gardées avec soin, et la plupart ont péri.

Le British Museum possède un recueil factice (réunion sous une même reliure de pièces, œuvres diverses) de soixante-quatre farces imprimées au XVIe siècle, dont il ne reste que ce seul et unique exemplaire sauvé par un merveilleux hasard.

Personne ne prenait au sérieux la farce, quoiqu’elle fût fort goûtée de tous. Elle regagnait en liberté ce qu’elle perdait en considération. N’étant pas prise au sérieux, la farce a pu tout dire, et a dit tout en effet. Jamais la raillerie n’a été plus hardie et plus impudente. En général, on ne nommait personne, mais combien de fois désigna-t-on clairement, par des allusions, obscures pour nous aujourd’hui, probablement très précises pour les contemporains ? Souvent l’attaque était vraiment impersonnelle. C’est à peine si elle semble alors moins vive et moins agressive. Et si l’on se fiait au tableau tracé dans les farces, la société du Moyen Âge aurait été bien corrompue. Mais de tout temps la comédie voit surtout le vice, et elle le juge amusant à peindre beaucoup plus que n’est la vertu. Aux époques plus raffinées, les auteurs ont adouci les couleurs et atténué les crudités : mais ceux du XVe siècle ignoraient tout à fait cet art. Aussi la vérité, dans les farces, est celle d’une caricature, plutôt que d’un portrait. Les ridicules sont bien observés, mais grossis jusqu’à l’énormité. Le rire que la farce soulève ne prétend pas non plus être fin ni délicat, mais selon Thomas Sibilet, dans son Art poétique (1548), c’est un « ris dissolu », ou, comme a dit Rabelais, « à ventre déboutonné ». Ces folles gaietés sont de tous les temps, mais ce qui est particulier aux XVe et XVIe siècles alors elles plaisaient à tous, et même aux gens graves.

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La prospérité du genre

Bref, après n’avoir été qu’un intermède comique dans la représentation des mystères religieux, la farce a acquis son autonomie et s’est développée pendant tout le XVe siècle. Ce genre de la comédie bouffonne nous a laissé plusieurs œuvres importantes : Le Pâté et la tarte ; La Farce des deux savetiers la Farce du cuvier et la célèbre Farce de Maître Pathelin. Cette dernière pièce, qui date du XVe siècle, a été adaptée de nombreuses fois. Il s’agit en réalité d’une compilation des thèmes de plusieurs farces, ce qui explique sa longueur et sa complexité atypiques. Cette pièce comique représente une cascade de scènes où la ruse triomphe de la bêtise comme de l’intelligence, la Farce de maître Pathelin est l’une des plus célèbres du répertoire médiéval.

La farce est restée en vogue au XVIe siècle, mais dans le courant du XVIIe siècle, elle était peu à peu considérée comme un genre vulgaire. Cela ne l’a pas empêché pas de prospérer, notamment avec Molière, qui refusait de se reconnaître comme un auteur de farces, mais qui en reprend et en développe pourtant les thèmes dans ses comédies de mœurs. Indépendamment de ces emprunts thématiques, le comique farcesque reste fondamental dans toute l’œuvre de Molière, même dans ses pièces les moins propices au rire (dans le drame Dom Juan ou le Festin de pierre, le valet Sganarelle, par certains côtés, est un personnage farcesque).

Aujourd’hui, le terme de farce est appliqué librement à la plupart des pièces légères dans lesquelles l’effet comique est prédominant.

Lire : Les procédés du comique.

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