L’anthologie

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Introduction

Une anthologie était, auparavant, un recueil de petits poèmes, ou suivant le sens précis des mots étymologiques, collection de fleurs poétiques. Il a été fait des anthologies pour la plupart des littératures anciennes et modernes. La plus célèbre est l’Anthologie grecque. Elle présente un choix de ces petites pièces auxquelles les Anciens donnaient le titre général d’épigrammes. Actuellement, une anthologie est un recueil de textes ou d’extraits littéraires composés par plusieurs auteurs distincts. Finalement, « une pièce d’anthologie » désigne un fragment d’une œuvre digne de figurer dans une anthologie.

L’anthologie chez les Anciens

Anthologie japonaise, (1871). Poésies anciennes et modernes des insulaires du Nippon, traduites en Français et publiées avec le texte original par Léon de Rosny. Une préface par Édouard Laboulaye.

Méléagre est le premier Grec qui a composé un recueil de ce genre. Il l’intitule Couronne ou Guirlande, et y a fait entrer les épigrammes de 46 poètes, en remontant jusqu’aux siècles les plus reculés de la poésie grecque. Dans sa préface, les noms de diverses fleurs sont liés aux noms de ces divers poètes, comme emblèmes de leur talent. Le recueil est disposé par ordre alphabétique, suivant la lettre initiale du premier vers de chaque épigramme.

Sous le règne de Trajan, Philippe de Thessalonique forme, à l’imitation de Méléagre et en conservant la même disposition, un nouveau recueil comprenant les épigrammes des poètes plus récents, sous le titre de Collection de nouvelles épigrammes.

Peu après Philippe, au IIe siècle, il a été composé deux autres anthologies l’une, entièrement perdue, par Diogénien d’Héraclée ; l’autre, dont une partie subsiste, par Straton de Sardes celle-ci, intitulée La Muse garçonnière était un recueil licencieux.

Vers le même temps, Diogène Laërce (ou Diogenes Laertius ou Diogène de Laërte) réunit les épigrammes qu’il avait placées dans ses Vies des philosophes ; mais cette collection, formée de vers dont il était lui-même l’auteur, doit moins être considérée comme une anthologie que comme une source pour les anthologies postérieures.

Quatre siècles plus tard, sous Justinien, le scoliaste Agathias forme un nouveau recueil dont il ne nous reste que la préface. Il était divisé en sept livres :

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  • le premier contenait les pièces dédicatoires ;
  • le second les descriptions de statues, de peintures et autres ouvrages d’art ;
  • le troisième les épitaphes ;
  • le quatrième les pièces sur les divers événements de la vie humaine ;
  • le cinquième les épigrammes satiriques ;
  • le sixième les épigrammes amoureuses ;
  • le septième les encouragements pour profiter de la vie.

Les anthologies précédentes étaient en quelque sorte des suppléments à la Guirlande de Méléagre. Celle que compose, au Xe siècle, Constantin Céphalos peut être regardée comme un ouvrage nouveau, quoiqu’elle contienne en partie les recueils antérieurs. Le nom de Constantin Céphalos était inconnu avant la découverte que fait, en 1606, Saumaise de son recueil d’épigrammes, à Heidelberg, dans la bibliothèque de l’Électeur palatin. On le désigne longtemps sous le titre d’Anthologia inedita codicis Palatini (ou l’anthologie palatine, c’est-à-dire conservée à la Bibliothèque du Palais de Heidelberg). Ce manuscrit, trouvé par Saumaise, était de différentes écritures, dont la plus ancienne paraissait remontrer au XIe siècle. L’index des matières ne concordait pas avec leur disposition. Les érudits modernes ont rectifié avec soin la classification, et ont partagé le tout en quinze sections :

  • inscriptions chrétiennes ;
  • poème de Christodore ;
  • inscriptions du temple de Cyzique ;
  • préfaces des anthologies de Méléagre, de Philippe et d’Agathias ;
  • épigrammes dédicatoires ;
  • inscriptions funéraires ;
  • épigrammes de saint Grégoire de Naziance ;
  • épigrammes philosophiques ;
  • épigrammes morales ;
  • épigrammes sur les plaisirs de la table et épigrammes satiriques ;
  • pièces licencieuses tirées du recueil de Straton ;
  • épigrammes de mètres divers ;
  • problèmes, énigmes, oracles ;
  • pièces sur des sujets divers.

Suivant les conjectures de Jacobs, l’anthologie de Céphalas se terminait aux pièces de Straton, et les trois dernières sections auraient été ajoutées par des copistes.

Au XIVe siècle, Planude compose un recueil qui n’était pas autre chose que la reproduction abrégée, et dans un autre ordre, de celui de Céphalas. Il le divise en sept livres :

  • le premier, en 91 chapitres, contient les épigrammes philosophiques dédicatoires et morales ;
  • le second, en 53 chapitres, les pièces satiriques ;
  • le troisième, en 32 chapitres, les épitaphes ;
  • le quatrième, en 33 chapitres, les épigrammes relatives aux œuvres d’art ;
  • le cinquième, le poème de Christodore et les épigrammes sur les statues des conducteurs de chars dans l’hippodrome de Constantinople ;
  • le sixième, en 27 chapitres, des épigrammes dédicatoires ;
  • le septième, les épigrammes amoureuses.
L’anthologie depuis la Renaissance

À l’époque de la Renaissance, l’intérêt des humanistes pour la période classique a donné naissance à l’anthologie de poèmes latins publiée par Scaliger. Des anthologies existent également dans les littératures arabe, persane, turque et indienne.

En tant que florilège de textes des grands noms de la littérature, l’anthologie rend en quelque sorte officielle l’importance accordée à tel auteur ou à tel texte à une époque donnée. C’est ce caractère officiel que certains ont décrié. L’anthologie joue pourtant un rôle essentiel dans l’enseignement scolaire de la littérature, comme dans la vulgarisation des textes littéraires, puisqu’elle facilite l’accès à une grande diversité d’œuvres. Certains lui reprochent pourtant de donner des œuvres une vision morcelée, puisque les extraits ou les courts textes qui y sont proposés sont sortis de leur contexte.

Les surréalistes ont publié des anthologies thématiques, dans l’intention de faire connaître et apprécier certains pans négligés de la littérature. On doit par exemple à André Breton une Anthologie de l’humour noir (1940), qui a contribué à la réhabilitation du roman noir, genre mineur du XIXe siècle dénigré par la critique. On doit aussi à Benjamin Péret une Anthologie de l’amour sublime (1956) ainsi qu’une Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d’Amérique (1960). À la même époque parut l’Anthologie du nonsense, de Robert Benayoun (1957).

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