Le barbarisme et le solécisme

Leçons d’orthographe ►Questions de français ► vous êtes ici

Orthographe

Le barbarisme et le solécisme

Annonce

Le barbarisme face au solécisme

La sixième édition du Dictionnaire de l’Académie définit le barbarisme comme une faute de langage qui consiste, soit à se servir de mots forgés ou altérés, soit de donner aux mots un sens différent de celui qu’ils ont reçu de l’usage, soit enfin de se servir de locutions choquantes et extraordinaires. Quant au solécisme, c’est tout simplement une faute contre la syntaxe. Cette dernière définition nous paraît juste ; mais celle du barbarisme l’est-elle ?

Le barbarisme n’est pas seulement une faute de langage, car le solécisme a cela de commun avec lui ; mais le barbarisme est une faute contre le langage, ce qui est bien autrement grave ; parce qu’on ne le commet qu’en se servant de mots inusités et inconnus à la langue, tandis que le solécisme ne consiste qu’à construire, contre les règles de la grammaire, des mots connus et adoptés par l’usage. Beaucoup de Grammairiens ont confondu ces deux mots. On en sentira mieux la différence d’après l’étymologie grecque et latine, qui, du reste, est historique.

Le barbarisme

Le barbarisme signifie imitation des barbaresexpression propre aux étrangers. On sait que les Grecs appelaient par mépris barbares toutes les nations qui ne parlaient pas leur langue, ou du moins qui ne la parlaient pas aussi bien qu’eux ; sans excepter les Égyptiens, auxquels ils étaient redevables d’une partie de leurs sciences et de leurs arts. Plus tard, ils ne se servirent plus de ce mot que pour marquer l’opposition qui se trouvait entre eux et les nations chez lesquelles la civilisation n’avait pas fait de progrès, qui croupissaient dans l’ignorance, et dont les mœurs étaient dures et sauvages. Les Latins donnèrent la même acception à leur mot barbarus. Ils nommaient barbares tous les autres peuples, excepté les Grecs, qu’ils reconnaissaient pour une nation savante et policée, se montrant plus reconnaissants en cela que les Grecs eux-mêmes : ce sont des peuples barbares qui conquirent l’empire romain. Ainsi le mot barbarisme signifie proprement : mot étranger, barbare, qu’on n’entend pas.

Le barbarisme consiste :

  • à introduire dans une langue des mots inusités, comme : rébarbaratif, pour rébarbatif nous riâmes, pour nous rîmes aigledon, pour édredon la crudélité, pour la cruauté écharpe, pour écharde ;
  • à prendre un mot de la langue dans un sens différent de celui qui lui est assigné par le bon usage comme : il a pour moi des boyaux de père, pour des entrailles de pèremon habit est trop équitableau lieu de trop juste.

🗣 Anecdote…
Une étrangère disait qu’elle avait une estafilade de cinq pièces d’arrache-pied, pour dire une enfilade de cinq pièces de plain-pied. Cette personne, faute de savoir la signification des termes, les confondait en prenant un mot pour un autre, à cause de la ressemblance. La même disait que sa maison avait la plus belle préface de tous les bâtiments de la ville ; pour dire la plus belle façade

On voit que nous n’admettons que des barbarismes de mots ; car ce que la plupart des Grammairiens et Voltaire lui-même ont appelé barbarismes de phrases, sont de véritables solécismes. En effet, je crois de bien faire, pour je crois bien faire encenser aux dieux, pour encenser les dieux, doivent être regardés comme de vrais solécismes.

Annonce

Le solécisme

Ce mot, qui se dit en latin solecismus, est tiré du grec pour désigner l’habitant de la ville de Soles, parce que, dans cette ville, fondée en Phrydie ou en Cilicie par Solon, qui y transplanta une colonie d’Athéniens, la pureté de la langue grecque, s’étant altérée avec le temps, fit place aux locutions vicieuses. Le solécisme consiste donc dans un vice de construction on dans une faute contre la grammaire. Il est prêt de vous écouterJe m’en rappelle, sont des solécismes, parce que l’on doit dire pour bien parler : il est prêt à vous écouter je me le rappelle.

Il y a solécisme, lorsqu’on emploie être pour avoir, ou avoir pour être ; lorsqu’on dit : il a entré, pour il est entré dans la maisonRousseau a fait un solécisme en écrivant : leurs pleurs sont bonnes, parce que les pleurs est du masculin, il fallait dire : leurs pleurs sont bons

 Pour plus de détails, lisez cette page sur les solécismes.

Orthographe

Articles connexes

Suggestion de livres

Le Grevisse de l'enseignant - 1000 exercices de grammaireLe Grevisse de l’enseignant – 1000 exercices de grammaireLe Bon usageLe Bon usage
Bescherelle - Le coffret de la langue françaiseBescherelle – Le coffret de la langue françaiseÉcrire sans fautes - Orthographe - Grammaire - ConjugaisonÉcrire sans fautes – Orthographe – Grammaire – Conjugaison

[➕ Autres choix…]

Annonce

Annonce

À lire également...

EspaceFrancais.com

You cannot copy content of this page