Le dadaïsme (XXe siècle)

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Le dadaïsme

XXe siècle

Dada reste dans le cadre européen des faiblesses, c’est tout de même de la merde, mais nous voulons dorénavant chier en couleurs diverses, pour orner le jardin zoologique de l’art de tous les drapeaux des consulats do do bong hiho aho hiho aho.

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(Tristan Tzara, Premier manifeste Dada).

Introduction

Dada ou le dadaïsme est un mouvement artistique, intellectuel et littéraire international, apparu pendant la Première Guerre mondiale, qui a cherché la rupture avec la culture, les valeurs et les formes d’expression traditionnelles. Ce mouvement met en avant un esprit mutin et caustique, un jeu avec les convenances et les conventions, son rejet de la raison et de la logique, et marque avec son extravagance notoire sa dérision des traditions et son art très engagé. Les artistes se voulaient irrespectueux, extravagants en affichant un mépris total envers les « vieilleries » du passé. Ils cherchaient à atteindre la plus grande liberté d’expression, en utilisant tout matériau et support possible. Ils avaient pour but de provoquer et d’amener le spectateur à réfléchir sur les fondements de la société. Ils cherchaient également cette liberté dans le langage, qu’ils aimaient lyrique et hétéroclite.

Contexte du mouvement

Les atrocités liées à la Première Guerre mondiale mettent fin à l’optimisme qui prévalait à la fin du XIXe siècle. Désormais l’homme de science peut être un producteur de mort et non un pasteur bienfaiteur de l’humanité. Dès lors, pourquoi croire encore en l’homme ? Deux courants littéraires de l’immédiat après-guerre répondent à cette question. D’un côté « dada », terme absurde qui ne veut strictement rien dire, volontairement emprunté au vocabulaire enfantin, dénonce l’intolérable d’une condition humaine dépourvue de sens, débouchant sur le nihilisme ; de l’autre, les surréalistes veulent percer, au-delà du réel et de ses apparences, la vérité d’un sens qui, spontanément, nous échappe totalement.

→ Article connexe : Le Surréalisme. – Exercice : Le surréalisme.

Naissance et diffusion du Dada
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Le terme « dada » est inventé par dérision, au sein d’un groupe qui se constitue à Zurich en 1915 autour d’artistes (Jean Arp, Sophie Taeuber, Marcel Janco, Hans Richter) et de poètes (Hugo Ball, Richard Huelsenbeck, Tristan Tzara). Ils organisent au Cabaret Voltaire, dont l’ouverture, le 5 février 1916, marque la naissance officielle du mouvement, des soirées scandaleuses consacrées à de nouvelles formes de poésie et d’art, basées sur la recherche d’expressions brutes et primitives, dégagées des liens du sens et de la logique commune.

Hugo Ball et Richard Huelsenbeck inventent de nouvelles formes de langage utilisant les onomatopées et les suites incohérentes de phonèmes. Jean Arp et Marcel Janco créent des collages et des reliefs de formes abstraites. Tzara en poésie, et Arp et Sophie Taeuber en art introduisent le hasard dans la réalisation de leurs œuvres. Ils publient les revues Cabaret Voltaire et Der Zeltweg, qui n’ont qu’un numéro chacune en 1916 et 1919, et Dada, publiée jusqu’en 1919 à Zurich, puis à Paris.

Simultanément, un groupe d’esprit dadaïste naissait en 1915 à New York autour d’artistes français ayant fui la guerre (Marcel Duchamp, Francis Picabia, Jean Crotti) et d’artistes et poètes américains (Man Ray, Morton Schamberg, Paul Haviland, Walter Arensberg). Picabia, qui peignait des machines, fournissant à tout le mouvement dada son iconographie de prédilection, s’installe en 1917 à Barcelone où il crée la revue 391. Il entre ensuite en contact avec Tzara et le groupe dada de Zurich en 1919. Celui-ci éclate bientôt et se dissémine dans toute l’Europe. Tzara rejoint Picabia à Paris en 1920, et Huelsenbeck gagnait Berlin tandis que Jean Arp se trouvait à Cologne, avec Max Ernst et Johannes Baargeld.

À Hanovre, Kurt Schwitters fondait son propre mouvement, qu’il baptisa « Merz ». Des groupes dadaïstes se créent encore en Tchécoslovaquie, en Hongrie et en Yougoslavie, et même au Japon.

Le dadaïsme parisien privilégie les attitudes ludiques et ironiques, exaltant le hasard et l’éphémère à travers de nombreuses actions et créations d’événements provocateurs. Le groupe de la revue Littérature (André Breton, Philippe Soupault, Louis Aragon), proche de dada à ses débuts, finit par le supplanter pour donner naissance au surréalisme.

Le dadaïsme allemand est plus fortement marqué par la poursuite d’objectifs politiques, voire révolutionnaires : à Berlin, Raoul Hausmann, Hannah Höch, Johannes Baader, John Heartfield et George Grosz protestent violemment, dans un langage visuel très direct, contre le régime de Weimar ou contre le nazisme naissant. Le photomontage (dont l’invention est disputée entre Hausmann, Höch et Heartfield) devient l’un de leur mode d’expression les plus efficaces et les plus caractéristiques, avec le style volontiers caricatural de Grosz.

Le dadaïsme nordique tend aussi vers l’intégration des arts dans une visée sociale et utopique : c’est le cas de Kurt Schwitters notamment, mais aussi de Theo Van Doesburg qui, sous le pseudonyme de I.K. Bonset, se livre à des activités dadaïstes simultanément à celles de son rôle de propagateur du néoplasticisme.

Le dadaïsme peut ainsi se fondre dans les tendances constructivistes des années 1920, dans un rapprochement initié lors du Congrès international des constructivistes-dadaïstes à Weimar, en 1922.

Mouvement international et cosmopolite, le dadaïsme est moins un style ou un ensemble de techniques qu’une entreprise de subversion qui dépasse les frontières : le dadaïsme est en effet marqué par sa dimension activiste, sa propagande effrénée qui passait à travers la réalisation de tracts, de revues, de livres remarquables par leurs recherches typographiques, de photographies et de photomontages, de performances, d’actions et de soirées-spectacles. Toutes ces stratégies anticipaient sur les formes d’art contestataires apparues en Europe et aux États-Unis après-guerre.

Fin du mouvement Dada

Louis Aragon, dans son Projet d’histoire littéraire contemporaine, fait mourir dada dès 1921-1922. Il dit aussi que les Vingt-cinq poèmes de Tristan Tzara « l’avaient saoûlé toute sa vie ». En novembre 1921, la revue belge Ça ira !, dans un numéro dirigé par Clément Pansaers, proclame que Dada est mort.

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Selon l’historien Marc Dachy, le procès contre Maurice Barrès, en 1921, marque la décomposition véritable des dadaïstes. La Mise en accusation et jugement de Maurice Barrès pour crime contre la sûreté de l’esprit n’était pas sans déplaire à Tzara, Francis Picabia, Georges Ribemont-Dessaignes, Erik Satie, ou Clément Pansaers, qui s’opposaient à l’idée d’un tribunal, et plus particulièrement d’un tribunal révolutionnaire. Tzara n’intervient que comme témoin, laissant à Breton le soin de diriger le procès. Le procès tourne rapidement en plaisanterie, ce qui n’était pas le souhait de Breton.

Tzara s’exclame : « Je n’ai aucune confiance dans la justice, même si cette justice est faite par Dada. Vous conviendrez avec moi, monsieur le Président, que nous ne sommes tous qu’une bande de salauds et que par conséquent les petites différences, salauds plus grands ou salauds plus petits, n’ont aucune importance. »
Breton intervient : « Le témoin tient-il à passer pour un parfait imbécile ou cherche-t-il à se faire interner ? »
Tzara répond : « Oui, je tiens à me faire passer pour un parfait imbécile et je ne cherche pas à m’échapper de l’asile dans lequel je passe ma vie. »
Le fondateur du mouvement quitte violemment la salle, aussitôt suivi par Picabia et ses amis, au moment où Aragon commence son plaidoyer, plus contre le tribunal que contre Barrès, qui fut d’ailleurs condamné à vingt années de travaux forcés.

Au mois de juin suivant, le salon Dada organisé par Tzara à Paris est dédaigné par André Breton, et Marcel Duchamp refuse tout envoi pour cette exposition, à l’exception d’un télégramme avec les deux mots : « Pode Balle ».

La soirée Dada du 6 juillet 1923 organisée par Tristan Tzara au théâtre Michel marque la rupture définitive entre Dadaïstes et surréalistes (André Breton, Robert Desnos, Paul Éluard et Benjamin Péret). Face aux violentes interruptions des surréalistes : Breton, d’un coup de sa canne, casse le bras de Pierre de Massot, un journaliste (et non Tzara) appelle la police qui intervient. La soirée prévue le lendemain est annulée.

En bref…

Le dadaïsme souhaite l’abolition de toute loi formelle et de toute règle, aussi bien dans la littérature que dans les arts : l’artiste doit rendre dans son œuvre l’absurdité du monde, contenue dans ce mot polysémique, qui est d’abord un vocable enfantin, Dada. Le mouvement est lancé, en 1916, par Tristan Tzara (1896-1963), Français d’origine roumaine. Tzara utilise l’absurde, l’obscène, se livre à l’écriture de « poèmes simultanés », et lance les expositions de ready made, objets utilitaires quotidiens, afin de prouver que c’est par un artifice conventionnel qu’un objet est jugé et reconnu comme culturel. Ses principales œuvres sont L’Homme approximatif (1931), L’Antitête (1933) et Le Cœur à gaz (1938).

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