Les salons littéraires

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Les salons littéraires

Nous avons d’autres salons […] : des salons politiques […]. Puis les salons où l’on s’amuse […]. Mais le vrai salon littéraire […] a bien définitivement disparu.

(Alphonse Daudet, Trente ans Paris, 1888, p. 87)

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💡 Les salons littéraires désignent les réunions d’hommes de lettres et de beaux esprits qui eurent lieu, en France, dans les milieux mondains et lettrés à partir du XVIIe siècle.

Introduction

Il y eut en France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, et encore au commencement du XIXe siècle, des réunions assez nombreuses d’esprits d’élite ou de personnes tenant à la « société polie », que l’on doit regarder comme des centres, des foyers littéraires, et qu’il est indispensable de connaître pour saisir dans ses détails et ses nuances l’histoire de la littérature française.

Ces réunions, auxquelles présidèrent presque toujours des femmes distinguées par l’esprit, le goût et le tact, peuvent être comprises sous la dénomination générale de « salons littéraires ». Là, s’est développée l’habitude de la conversation ; là est née la causerie, qui fut si longtemps un agrément particulier de la société française. On s’y entretenait de belles choses en général, et surtout des choses de l’esprit.

→ À lire aussi : Les cafés littéraires. – Les cabarets littéraires. – Hôtel de Rambouillet.

Les salons littéraires au XVIIe siècle

La première réunion de ce genre fut celle du célèbre hôtel de Rambouillet, qui exerça, dans la première moitié du XVIIe siècle, une influence si considérable sur les mœurs et la littérature. C’est à 1608 qu’en remonte la formation, et elle dura jusqu’à la mort d’Arthénice, en 1659. La réunion de Conrart, d’où est sortie l’Académie française, ne date que de 1629. Ce ne fut qu’au bout de quelques années, et malgré certaines résistances, que, grâce à Boisrobert et à Chapelain, une réunion littéraire privée devint, sous la protection de Richelieu, un corps officiel.

→ Lumière sur l’hôtel de Rambouillet.

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D’autres réunions moins fameuses, mais pourtant dignes d’être citées, existèrent au XVIIe siècle, sans compter les ruelles, réduits et alcôves, où les précieux et les précieuses tentèrent une imitation maladroite de l’hôtel de Rambouillet. Sous Louis XIII, nous trouvons le salon de Mme Des Loges, que ses admirateurs appelaient la dixième muse, et dont Conrart a dit :

Elle a été honorée, visitée et régalée de toutes les personnes les plus considérables, sans en excepter les plus grands princes et les princesses les plus illustres… Toutes les muses semblaient résider sous sa protection ou lui rendre hommage, et sa maison était une académie d’ordinaire.

Balzac, Malherbe, Beautru, fréquentèrent surtout cette maison ; parmi les grands personnages qui témoignèrent leur estime à Mme Des Loges, on remarque le roi de Suède, le duc d’Orléans et le duc de Weimar.

Le salon de Mlle de Scudéry prit de l’importance vers le milieu du siècle. Les troubles des deux Frondes ayant dispersé en grande partie les habitués de l’hôtel de Rambouillet, Mlle de Scudéry le reforma dans sa maison de la rue de Beauce, au Marais. Là vinrent Chapelain, Conrart, Pellisson, Ménage, Sarrasin, Ysarn, Godeau, le duc de Montausier, Mmes de La Suze, de Sablé, de Sévigné, Cornuel, Arragonais, etc. Les réunions avaient lieu le samedi. On y tenait des conversations galantes et raffinées ; on y lisait de petites pièces de vers ; on y discutait les mérites et les défauts des ouvrages parus récemment ; on y commentait longuement, et souvent avec une pointe de faux esprit, les choses de moindre valeur et de moindre importance. Durant ces conversations les dames travaillaient aux ajustements de deux poupées qu’on nommait la grande et la petite Pandore, et qui étaient destinées à servir de modèles à la mode. Chacun des habitués eut un surnom, tiré presque toujours des romans : Conrart s’appelait Théodamas ; Pellisson, Acanthe ; Sarrasin, Polyandre ; Godeau, le Mage de Sidon ; Mme Arragonais, la princesse Philoxène ; etc. Mlle de Scudéry était Sapho (d’après la poétesse Sappho). Le plus fameux des samedis fut celui qu’on appela la « journée des madrigaux » (20 décembre 1653). Conrart avait offert, ce jour-là, à la maîtresse de la maison un cachet en cristal avec un madrigal d’envoi. Elle répondit par un autre madrigal, et les personnes présentes, se piquant d’émulation, improvisèrent à leur tour toute une série de madrigaux. C’est à une autre réunion du samedi que fut faite la Carte de Tendre, transportée ensuite par Mlle de Scudéry dans le roman de Clélie.
→ À lire : Le madrigal.

Vers la même époque, il y eut une réunion littéraire chez l’abbé d’Aubignac, qui sollicita pour sa réunion le titre d’Académie royale, et écrivit à ce sujet un Discours au roi sur l’établissement d’une seconde Académie dans la ville de Paris (1664). Le dauphin, protecteur de l’abbé, appuyait ses visées ambitieuses, mais ni le roi ni les ministres ne s’en occupèrent.

Une autre réunion, bien plus intéressante, est celle qui se tenait chez Mme de Sablé, quand elle se fut retirée au haut du faubourg Saint-Jacques pour habiter un appartement dépendant du monastère de Port-Royal.

Dans cette demi-retraite, dit Sainte-Beuve, qui avait un jour sur le couvent et une porte encore entr’ouverte sur le monde, cette ancienne amie de M. de La Rochefoucauld, toujours active de pensée, et s’intéressant à tout, continua de réunir autour d’elle, jusqu’à l’année 1678, où elle mourut, les noms les plus distingués et les plus divers : d’anciens amis restés fidèles, qui venaient de bien loin, de la ville ou de la cour, pour la visiter ; des demi-solitaires, gens du monde comme elle, dont l’esprit n’avait fait que s’embellir et s’aiguiser dans la retraite ; des solitaires de profession, qu’elle arrachait par moments, à force d’obsession gracieuse, à leur vœu de silence.

Nous rappellerons aussi le salon de Ninon de Lenclos dans sa vieillesse, quand au cercle de ses admirateurs vinrent se joindre des femmes du monde et de la cour, comme Mmes de La Sablière, de Bouillon, de Coulanges, Cornuel, etc., quand Mme de Maintenon lui écrivait : « Continuez à donner de bons conseils à mon frère ; il a bien besoin des leçons de Léontium ; » le salon de Mme de Maintenon, à l’époque où elle était la femme de Scarron.

Enfin, les salons des hôtels d’Albret et de Richelieu, où se donnaient rendez-vous toutes les personnes de distinction, et où brillaient Mmes de Sévigné, de La Fayette et de Coulanges.

→ À lire : Histoire de la littérature française du XVIIe siècle.

Les salons littéraires au XVIIIe siècle

Dès le commencement du XVIIIe siècle, nous trouvons le salon de la duchesse du Maine ouvert dans son château de Sceaux. Elle en fit, suivant la remarque d’un écrivain, le temple des galanteries délicates et des gracieuses frivolités. C’était un piquant contraste avec ce château de Versailles où s’éteignaient les années moroses de Louis XIV à son déclin. Malezieu et l’abbé Genest présidaient aux divertissements littéraires que la duchesse offrait a ses habitués. Les plus fidèles d’entre eux composaient l’ordre de la Mouche à miel, que des courtisans spirituels avaient imaginé en son honneur. Parmi les gens d’esprit que l’on voyait aux fêtes de Sceaux, se distinguaient, au premier rang, Fontenelle, Lamothe-Houdart et Chaulieu. La femme de chambre de la duchesse, Mlle Delaunay, depuis Mme de Staal, se fit bientôt remarquer et joua son rôle dans cette aimable société.

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Dans le même temps, un salon plus grave, et fréquenté en partie par les mêmes écrivains, existait à Paris : celui de la marquise de Lambert, qui s’ouvrit en 1710 et ne se ferma qu’en 1733. Elle recevait chaque mardi.

C’était, dit Fontenelle, la seule maison qui fût préservée de la maladie épidémique du jeu, la seule où l’on se trouvait pour se parler raisonnablement les uns les autres, avec esprit et selon l’occasion.

On y voyait surtout, avec Fontenelle et Lamothe, l’abbé Mongault, le géomètre Mairan, l’abbé de Bragelonne et le président Hénault. C’est aux mardis de la marquise de Lambert que furent discutées, avant d’être livrées au public, les questions relatives à la supériorité des Modernes sur les Anciens, à l’inutilité des vers pour la poésie, à l’absurdité des personnifications mythologiques, aux entraves que des règles sans autre valeur que leur antiquité apportaient au libre jeu de l’intelligence : questions dont les critiques de l’époque firent le sujet de tant de polémiques.

Le salon de l’hôtel de Sully, qui s’ouvrit également dans cette première partie du XVIIIe siècle, n’est pas moins digne d’attention par la manière dont il fut tenu et par les personnages qui s’y réunirent.

L’esprit, la naissance, le bon goût, les talents, dit Fr. Barrière, s’y donnaient rendez-vous. Jamais, à ce qu’il paraîtrait, société ne fut ni mieux choisie, ni plus variée ; le savoir s’y montrait sans pédantisme, et la liberté qu’autorisaient les mœurs y paraissait tempérée par les bienséances.

Les habitués de cet hôtel furent Chaulieu, Fontenelle, Caumartin, le comte d’Argenson, le président Hénault, puis Voltaire, Ramsay, etc. Nous ne parlerons que pour mémoire de la société de 1’Entresol, qui ne fut pas un salon, mais une réunion savante, et, par anticipation, une sorte d’Académie des sciences morales et politiques.

Parmi les nombreux salons littéraires qui furent ouverts à Paris au milieu du XVIIIe siècle, il faut citer d’abord celui de Mme Du Deffand. La rare et solide raison qu’elle apportait dans les causeries et discussions auxquelles elle présidait était ainsi encouragée par Voltaire :

Ce qui est beau et lumineux est votre élément ; ne craignez pas de faire la disserteuse, ne rougissez point de joindre aux grâces de votre personne la force de votre esprit.

La société qui se rassemblait chez elle fut diminuée tout d’un coup par sa brouille et sa rupture avec Mlle de Lespinasse. Celle-ci entraîna avec elle la plupart des écrivains, et surtout les encyclopédistes, D’Alembert en tête. Le duc de Choiseul lui fit donner une pension sur sa cassette. Mme Geoffrin lui fit de son côté une pension de 3,000 francs, et Mme de Luxembourg lui meubla un appartement rue Bellechasse. Les contemporains sont pleins d’éloges sur le tact parfait avec lequel elle sut tenir son salon. Trente à quarante personnes se réunissaient le soir chez elle, seulement pour causer, car elle avait un revenu trop modique pour leur donner à souper. Elle dirigeait la conversation avec un art admirable, de façon à ce que chacun eût son tour et son rôle ; et cependant, à part les amis de D’Alembert, son cercle n’était pas composé de personnes liées les unes avec les autres. Comme on l’a remarqué, Mme Du Deffand représentait le siècle avant Jean-Jacques Rousseau, avant l’exaltation romanesque, et Mlle de Lespinasse le siècle après l’invasion du roman en toutes choses.

Le salon de Mme Geoffrin eut moins de portée littéraire. Il fut celui d’une bienfaitrice usant noblement de sa fortune, ressemblant chez elle ceux auxquels elle venait en aide, mais gardant, sous une apparence de douceur, des façons d’agir despotiques, comme pour rappeler le bien qu’elle avait fait. Elle voulut éviter l’imprévu dans la causerie en mettant toujours en présence les mêmes personnes, et divisa les habitués de son salon en trois catégories. Les personnes de la haute noblesse et les étrangers de distinction étaient admis le soir. Ils pouvaient rester au souper, qui était très simple. Le dîner était au contraire somptueux, et c’était à dîner qu’elle recevait ses autres invités : le lundi, les artistes, peintres, sculpteurs, architectes ; le mercredi, les gens de lettres et les savants. Dans cette dernière catégorie on distinguait surtout Diderot, D’Alembert, de Mairan, Marmontel, Raynal, Saint-Lambert, Thomas, d’Holbach, de Caylus, etc.

Une soirée chez Madame Geoffrin par Anicet Charles Gabriel Lemonnier (1812).

Une soirée chez Madame Geoffrin par Anicet Charles Gabriel Lemonnier (1812).

À côté de ces trois salons du XVIIIe siècle, il faut encore remarquer ceux de Mme d’Épinay, de Mlle Quinault et de Mme Doublet de Persan. Le salon de Mme d’Épinay fut restreint à un petit cercle de littérateurs et de philosophes, où l’on voyait Grimm, Diderot et d’Holbach.

Les réunions qui se tenaient chez Mlle Quinault, dite la Cadette, comprenaient un grand nombre d’habitués. Actrice distinguée de la Comédie-Française, elle était fort répandue dans le monde littéraire. Parmi ses habitués, on distinguait D’Alembert, Diderot, Duclos, Jean-Jacques Rousseau, Destouches, Marivaux, etc. C’était ce qu’on appelait la Société du bout du banc. La conversation avait lieu surtout à table, au souper. Au milieu de la table était une écritoire ; chacun des convives s’en servait tour à tour pour écrire un impromptu. De là sont sortis les recueils publiés sous les titres de Recueil de ces Messieurs et d’Étrennes de la Saint-Jean. Ces productions légères n’étaient que la moindre partie de ce qui occupait la Société du bout du banc. La philosophie tenait dans ses repas une large place, et l’on y émettait les idées les plus hardies sur les questions religieuses ou politiques.

Le salon de Mme Doublet de Persan ressemblait, par la situation qu’il occupait, à ceux de Mme de Sablé et de Mme Du Deffand. Il se trouvait dans un appartement extérieur du couvent des Filles-Saint-Thomas, dont Mme Doublet ne franchit pas le seuil une fois en l’espace de quarante ans. La réunion qui se tenait chez elle, et d’où sortirent les Nouvelles à la main et une grande partie des Mémoires secrets de Bachaumont, avait reçu le nom de Paroisse.

Nous citerons encore le salon de la marquise de Turpin, où se trouvaient Favart, Voisenon et Boufflers, et où l’on fonda l’ordre de la Table ronde, qui produisit le petit recueil intitulé la Journée de l’amour.

Il ne faut pas oublier non plus le salon du baron d’Holbach, « le premier maître d’hôtel de la philosophie », chez qui se réunissaient Diderot, D’Alembert, Helvétius, Marmontel, Raynal, Grimm, l’abbé Galiani, etc. On peut dire que l’Encyclopédie naquit dans cette réunion, appelée par Jean-Jacques Rousseau, devenu misanthrope, le « club holbachique », et dont Morellet a écrit : « On y disait des choses à faire cent fois tomber le tonnerre sur la maison, s’il tombait pour cela. »

Enfin, à la veille de la Révolution, qui fit disparaître toutes les réunions de ce genre, on trouve encore le salon de Mme Necker, où Mme de Staël, alors enfant prodige, s’entretenait avec Grimm, Thomas, Raynal, Gibbon, Marmontel ; et le salon de Mme Helvétius, si connu sous le nom de Société d’Auteuil, et qui rassemblait Condillac, d’Holbach, Turgot, Chamfort, Cabanis, Morellet, Destutt de Tracy, etc.

Quand les agitations politiques furent calmées et que la vie de société put renaître, on ne tarda pas à voir s’ouvrir des salons où l’on essaya de renouer les traditions de la conversation et de la causerie. L’un des premiers ouverts fut celui de Mme de Staël, où, avec Benjamin Constant, vinrent fréquemment Lanjuinais, Boissy-d’Anglas, Cabanis, Carat, Daunou de Tracy, M.-J. Chénier.

Il y avait aussi les cercles philosophiques et littéraires de Mme Suard, de Mme d’Houdetot, de l’abbé Morellet, dans lesquels dominaient les gens de lettres et les philosophes, continuateurs directs du XVIIIe siècle ; puis les salons du monde, comme ceux de Mme de la Briche, de Mme de Pastoret, de Mme de Vergennes, où se distinguait sa fille, Mme de Rémusat. Mais il n’en exista pas, à cette époque, de plus intéressant au point de vue exclusivement littéraire que celui de Mme de Beaumont, rue Neuve-du-Luxembourg. « De ce côté, a dit un critique, se trouvaient alors la jeunesse, le sentiment nouveau et l’avenir. » Les habitués étaient Chateaubriand, Joubert, Fontanes, Molé, Pasquier, Chênedollé, Guénaud de Mussy, Mme de Vintimille. Beaucoup d’autres ne venaient qu’en passant, attirés par l’accueil empressé fait à la réputation et au talent. Ce salon qui, dans un autre temps, aurait pu avoir de l’influence, ne subsiste que de 1800 à 1803. Les traditions en furent reprises un peu plus tard par Mme de Vintimille, qui reçut les mêmes personnes, et quelques autres partageant les opinions nouvelles. Les derniers des salons littéraires dignes de ce nom ont été ceux de Mme Récamier et de Mme de Girardin. Plus tard, la politique, la fièvre des affaires, les besoins croissants de la vie n’ont plus laissé de loisirs pour les réunions aimables dont le premier intérêt était celui des choses de l’esprit.

→ À lire : Histoire de la littérature française du XVIIIe siècle.

Les salons littéraires au XIXe siècle

Au commencement du XIXe siècle, l’anglomanie s’est efforcée d’y substituer, sous le nom de raouts, d’aristocratiques cohues où la morgue et le flegme britanniques se complaisaient dans un silencieux tournoiement.

Vous vous amusez, disait aux Anglais une célèbre artiste, Mme Vigée-Lebrun à propos de ces réunions à la fois taciturnes et tumultueuses, vous vous amusez comme nous nous ennuierions à Paris.

Ce n’était pas sous cette influence ni dans ce milieu que le goûte et l’art de la conversation pouvaient renaître, avec toutes les délicatesses littéraires de l’esprit français.

Un célèbre salon, au XIXe siècle fut celui de Juliette Récamier à l’Abbaye aux Bois ; ainsi que celui de Charles Nodier à la bibliothèque de l’Arsenal où se retrouvaient les hommes les plus illustres dans le monde des lettres et des arts que la France ait produits au cours du XIXe siècle. À son arrivée au poste de bibliothécaire de Monsieur, en remplacement de l’abbé Grosier, Nodier amena à l’Arsenal la brillante pléiade des écrivains et des artistes de l’école romantique, qui trouvèrent dans leur aîné de vingt à trente ans, un guide et un appui. Victor Hugo, Lamartine, Alfred de Musset, Alexandre Dumas, Balzac, Sainte-Beuve, Alfred de Vigny, Émile Deschamps, Jules Janin, Eugène Delacroix, les frères Johannot, Robert-Fleury, Jean-Jacques Champin, Liszt, Amable Tastu, et bien d’autres encore, étaient les habitués de ce salon situé au premier étage de l’Arsenal.

Sous la Troisième République, de nombreux salons littéraires virent le jour à Paris : celui de la princesse Mathilde, de la comtesse Potocka, de Juliette Adam, de Geneviève Halévy ou de Rosalie von Gutmann, comtesse de Fitz-James. On y rencontrait des gens de lettres tels que Marcel Proust, Paul Bourget, Paul Hervieu, Jules Lemaître, Robert de Montesquiou ou Guy de Maupassant.

Les salons littéraires au XXe siècle

Uu cours du XXe siècle, l’histoire des salons connaît des tournants décisifs ; alors qu’ils sont au début du siècle à leur apogée – devant des lieux de mondanités artistiques incontournables – ils connaissent finalement un déclin dû aux bouleversements modernes du milieu littéraire et artistique.

Les salons sont toujours portés par des femmes, généralement épouses d’hommes importants : politiques, artistes, écrivains, etc. De plus en plus, ils sont des lieux de vie littéraire où les réputations se font et se détériorent. Chaque salonnière a ses protégés, des artistes qu’elle invite, porte, défend et porte sur le devant de la scène. Ce sont des lieux où sont organisées de nombreuses lectures, des représentations. Certains artistes sont lancés par des salons, comme Marcel Proust dans le salon de Madame Madeleine Lemaire. D’autres deviennent des personnalités mondaines importantes : Marcel Proust, Jean Cocteau…

Par ailleurs, les salons littéraires apparaissent à cette période comme un lieu d’expression débridée de l’homosexualité de leurs participants. Encore considérée comme une pratique dépravée, chacun – a fortiori les hommes – trouvent dans ces salons la possibilité de laisse libre cours à l’homosexualité que la société réprime. Il n’en ressort pas moins des inégalités entre les hommes et les femmes, puisque ces dernières sont beaucoup plus mal vues que les hommes en fréquentant une personne du même sexe ou en se travestissant.

Pendant la période d’entre-deux-guerres, le succès des salons, bien qu’atteint par les évènements, subsiste. Ce succès ne résiste pas à la fébrilité des années folles et draine encore dans les appartements de nombreuses salonnières quantité d’artistes.

C’est dès la fin de la Seconde Guerre mondiale et durant les décennies suivantes que ces salons connaissent un déclin. Bouleversés par des modes de divertissement différents – l’apparition de la télévision notamment – ils se font plus rares, avant de disparaître.

Quelques grands salons du XXe siècle sont ceux de Natalie Clifford Barney, la comtesse Greffuhle, Madeleine Lemaire, Madame Mühfeld, Anna de Noailles, Madame Straus, Edith Wharton.

Littérature et engagement au XXe siècle.

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