Louis Aragon

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Auteurs français

Louis Aragon

1897-1982

Louis Aragon, né le 3 octobre 1897 à Paris et mort le 24 décembre 1982 dans cette même ville, est un écrivain français, et l’un des chefs de file du surréalisme et poète engagé.
→ Exercice : Le surréalisme.

La création du mouvement surréaliste

Photo de Louis Aragon.Fils illégitime d’un haut fonctionnaire de la IIIe République, élevé dans la gêne financière d’une bourgeoisie déclassée, Louis Aragon est reçu bachelier en 1915, puis entreprend des études de médecine et fait la connaissance d’André Breton, avec qui il se lie d’amitié. Mobilisé en 1917, il retrouve son ami pendant et après la guerre et participe avec lui et Philippe Soupault à la création de la revue Littérature (1919). L’année suivante, il publie un premier recueil de poèmes (Feu de joie), puis, après avoir pris part à quelques manifestations de Dada, s’engage dans des recherches littéraires qui vont aboutir au surréalisme, rédigeant successivement un texte ironique présenté sous la forme d’un roman d’apprentissage (Anicet ou le Panorama, 1921), un pastiche du roman didactique de Fénelon (les Aventures de Télémaque, 1922), composé en partie selon le principe de l’écriture automatique, et un recueil de nouvelles (le Libertinage, 1924). L’année même où paraît le premier Manifeste du surréalisme de Breton, Aragon expose sa propre conception du surréalisme dans un texte théorique (Une vague de rêves, 1924), prônant le « merveilleux quotidien », issu de la rencontre de l’imaginaire avec le réel, et se révélant spécialement attentif au problème de la description littéraire, développé peu de temps après dans un roman (le Paysan de Paris, 1926).

L’engagement

En 1927, Aragon adhère au Parti communiste, avec notamment Breton. Cette adhésion marque pour lui le premier pas en direction d’un engagement profond, qui le conduit à rompre avec le surréalisme et avec Breton en 1932. Le Traité du style (1928) porte déjà les indices d’un doute qui ira croissant sur la capacité du mouvement à se renouveler. La rencontre, en 1928, du poète avec l’écrivain d’origine russe Elsa Triolet est à cet égard déterminante ; elle l’amène à se mettre au service de la révolution, renforce son orientation esthétique vers le réalisme et contribue à l’éloigner de Breton. Ils séjournent ensemble en URSS à plusieurs reprises dans les années trente (Hourra l’Oural, 1934). La production littéraire de ces années se compose essentiellement des romans appartenant au cycle intitulé le Monde réel (les Cloches de Bâle, 1934; les Beaux Quartiers, 1936 ; les Voyageurs de l’impériale, 1942), dans lequel l’auteur se livre à une description sans complaisance de la France bourgeoise du début du siècle, s’inspirant des thèses du réalisme socialiste. Il mène parallèlement des activités de journaliste, à Combat notamment, et s’engage dans la lutte contre le fascisme.

La résistance et l’après guerre

Mobilisé en 1939, Aragon rejoint en zone sud le Parti communiste, devenu clandestin, et organise un réseau de résistance. Il fait paraître sous le manteau des poèmes où se conjuguent, par l’assimilation de la France à la femme aimée, patriotisme et élans amoureux (le Crève-Cœur, 1941 ; les Yeux d’Elsa, 1942 ; Brocéliande, 1942 ; le Musée Grévin, 1943 ; la Diane française, 1945). Cette poésie, de forme classique, donne une grande importance à la rime. Certains textes ont été mis en musique (« Il n’y a pas d’amour heureux », chanté par Brassens).

À la Libération, Aragon publie son roman le plus célèbre, Aurélien (1944), le quatrième volume de la fresque du Monde réel. Conformément à sa théorie littéraire, Aragon donne à l’incipit, sorte de « donnée », un pouvoir d’expansion tout particulier. Ce récit d’amour débute en effet par une phrase où domine la mise à distance (« La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide ») qui ouvre sur le scepticisme et l’indifférence se dégageant de l’ensemble du livre, reflet de la société instable de l’après-guerre. Quant au dernier roman du cycle du Monde réel (les Communistes, 1949 et 1951), il apparaît comme l’œuvre la plus militante d’Aragon. Entré aux Lettres françaises, revue culturelle communiste, en 1949, l’écrivain prend la direction de la revue en 1953 (il conservera son poste de directeur jusqu’en 1972). L’année suivante, il est nommé membre du Comité central du Parti communiste, mais les excès du stalinisme s’imposent à lui et le déterminent à se consacrer désormais presque exclusivement à son œuvre. Alors que le Roman inachevé (1956) est un recueil de poèmes d’inspiration autobiographique où se lit un retour à certains traits de la poétique surréaliste, le Fou d’Elsa (1963) et Il ne m’est Paris que d’Elsa (1964) s’inscrivent dans la continuité du thème de la célébration de la femme, inauguré dans les poèmes engagés de la Résistance. La Semaine sainte (1958), roman historique (bien qu’Aragon refuse cette étiquette), renouvelle son inspiration ; son œuvre se nourrit désormais d’une interrogation sur la création artistique et sur la conscience (la Mise à mort, 1965;Blanche ou l’Oubli, 1967 et Théâtre / Roman, 1974). Le Mentir-vrai, titre d’un recueil de nouvelles publiées en 1980, est caractéristique des contradictions que la critique n’a pas manqué de relever à propos de la vie et de l’œuvre d’Aragon. Lui-même a d’ailleurs insisté sur la nécessité de resituer ses textes dans leur contexte historique, afin de ne pas trahir leur sens. Correspondant à la fois à un désir de communication sincère et à un goût prononcé pour le masque et les énigmes, la diversité de sa création témoigne de la passion d’Aragon pour l’exploration de l’inconnu, qui l’a amené, finalement, à assimiler l’écriture à une quête de soi. Les Œuvres romanesques croisées d’Elsa Triolet et d’Aragon ont paru en quarante-deux volumes de 1964 à 1974.

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Bibliographie

Romans et nouvelles

  • Anicet ou le Panorama (1921)
  • Le Paysan de Paris (1926)
  • Le Con d’Irène (1927)
  • Les Cloches de Bâle (1934)
  • Les Beaux Quartiers (1936)
  • Aurélien (1944)
  • Le Neveu de Monsieur Paul (1953)
  • La Semaine Sainte (1958)
  • Blanche ou l’oubli (1967)

Poésie

  • Feu de Joie (1919)
  • La Grande Gaîté (1929)
  • Cantique à Elsa (1942)
  • Les Yeux d’Elsa (1942)
  • La Diane Française (1944)
  • Le Roman Inachevé (1956)
  • Elsa (1959)
  • Les Poètes (1960)
  • Le Fou d’Elsa (1963)
  • Il ne m’est Paris que d’Elsa (1964)
Citations choisies
  • La lecture d’un roman jette sur la vie une lumière. (Blanche ou l’oubli)
  • Le roman, c’est la clef des chambres interdites de notre maison. (Les Cloches de Bâle)
  • J’ai réinventé le passé pour voir la beauté de l’avenir. (Le Fou d’Elsa)
  • La parole n’a pas été donnée à l’homme: il l’a prise. (Le Libertinage)
  • Certains jours, j’ai rêvé d’une gomme à effacer l’immondice humaine. (Journal du surréalisme)
  • Le soleil a toujours blessé les yeux de ses adorateurs. (Revue La révolution surréaliste – Décembre 1924)
  • On se croit libre alors qu’on imite. (Le Roman Inachevé)
  • L’avenir de l’homme, c’est la femme. Elle est la couleur de son âme. (Le fou d’Elsa)
  • Je suis l’ennemi de ce règne de l’homme qui n’est pas encore terminé. Pour moi, la femme est l’avenir de l’homme, au sens où Marx disait que l’homme est l’avenir de l’homme. (Commentaire au Fou d’Elsa)

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