Mme de La Fayette : La Princesse de Clèves (1678)

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La Princesse de Clèves (1678)

– Mme de La Fayette –

Présentation

Portrait de Madame de La Fayette, réalisé en 1693 par François de Troy (1645-1730), Château de Chambord.La Princesse de Clèves est un roman d’analyse de Madame de La Fayette, publié sans nom d’auteur en 1678.

Dès sa publication, La Princesse de Clèves, roman psychologique qui range Madame de La Fayette au panthéon des grandes romancières, connaît un succès qui ne s’est depuis jamais démenti. Avec ce livre, dont l’élaboration a bénéficié des conseils de son secrétaire Jean Regnault de Segrais, elle renouvelle radicalement le genre du roman d’amour en libérant le fil romanesque de l’anecdote proprement dite pour privilégier l’analyse du sentiment amoureux ; pour la première fois, l’expression des sentiments devient le véritable moteur du récit. Madame de La Fayette doit à son rang, à son tempérament et à ses amitiés (Madame de Sévigné ou La Rochefoucauld) d’avoir été au cœur de la plupart des grandes intrigues amoureuses et politiques de la cour, et d’avoir ainsi pu aiguiser à loisir son sens de la fine observation.

La Princesse de Clèves raconte, avec une prose aux accents parfois précieux mais justement dosés, les amours impossibles d’une femme mariée, Mlle de Chartres, et du plus bel homme de la Cour, le duc de Nemours. Ce n’est cependant ni la morale ni les convenances qui créent l’obstacle essentiel à la finalisation de cet amour, mais bien le conflit intérieur qui se joue chez Mlle de Chartres entre l’inconstance naturelle et inévitable des sentiments (qui relève à ses yeux de la même imperfection que son émoi et la tentation de céder à celui qui excite sa convoitise) et le désir de vivre un amour parfait dans une fidélité absolue à l’être aimé. En effet, même une fois veuve, la princesse de Clèves se refusera à épouser l’homme qu’elle aime.

Grand sujet d’étude du XVIIe siècle, la passion amoureuse — plus que tout autre tourment de l’âme — détourne de la plénitude et du bonheur véritables. Un tel bonheur, pour être atteint, nécessite un « art du bien se comporter » : il a un seul visage, la quiétude, qui consiste en premier lieu à savoir se tenir éloigné de tout facteur de trouble. Cette morale, parfaitement représentative de l’idéal classique, féconde la pensée de nombreux auteurs du Grand Siècle (dont le Blaise Pascal du Discours sur les passions de l’amour) et constitue en particulier le fondement moral des Fables de Jean de La Fontaine.

→ À lire : Thème littéraire : La passion amoureuse.

Le roman et l’histoire

Le cadre splendide de la Renaissance française sert de décor au roman. Mme de La Fayette a choisi de remonter un peu plus d’un siècle dans le cours de l’histoire pour situer La Princesse de Clèves.

  • François Ier (qui a régné de 1515 à 1547) avait le gout de la beauté en littérature et dans les arts ; il fait construire de beaux châteaux dans la vallée de la Loire. Il aimait aussi les fêtes et les exercices du corps.
  • Henri II, son fils (1547-1559), et François II, son petit-fils (1559-1560), avait les mêmes goûts de luxe et de beauté : c’est à la cour de ces rois que se passe l’aventure de la princesse de Clèves.

Ce cadre est présenté avec un grand soin, la romancière a lu les Chroniques de l’historien Brantôme (1540?-1614), elle a consulté une documentation abondante.

Mais ce n’est qu’un cadre. Les personnages empruntés à l’histoire de France du XVIe siècle vivent, aiment et souffrent comme les seigneurs du XVIIe siècle. Tout l’intérêt va au roman d’amour où seule compte la vérité humaine. Il contient sans doute des observations de personnages réels : est-ce un roman à clé ?

  • On a pu dire que :
    – La princesse de Clèves se trouvait dans la situation d’Henriette d’Angleterre, qui n’aimait pas le duc d’Orléans et qui est courtisée, en vain, par le compte de Grignan, dont le jeune frère, le chevalier de Grignan, tombe amoureux. Mme de La Fayette avait été la confidente d’Henriette d’Angleterre ; elle était l’amie intime de la marquise de Sévigné, mère de Françoise.
  • On a aussi cité Louise-Angélique de La Fayette, sa belle-sœur, qui a résisté aux avances de Louis XIII et Mme de Combalet, nièce de Richelieu, qui refuse d’épouser M. de Béthune même après la mort de son mari.
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Temps et durée

Le roman, contrairement au théâtre classique, n’est pas soumis aux règles des unités, notamment celle du temps. « Le roman n’a aucune de ces contraintes : il donne aux actions qu’il décrit tout le loisir qu’il leur faut pour arriver… » (Pierre Corneille, Discours de la tragédie, 1660)

Le temps dans La Princesse de Clèves

Traités, mariages princiers, mort du roi Henri III (1559) servent de points de repère sur la ligne du temps. On en conclut que la princesse de Clèves a vu mourir son mari un peu plus d’un an après l’avoir épousé. Elle a rencontré le duc de Nemours très peu de temps après son mariage : la vie sentimentale de la jeune femme est donc très courte.

La durée dans La Princesse de Clèves

De phrase en phrase, le temps s’allonge ou se raccourcit ; c’est la durée du récit. Les événements se précipitent ou se ralentissent ; les silences comptent davantage que les jours. La vie des personnages fait avancer l’histoire. Deux personnages, Mme de Chartres et le prince de Clèves, continuent d’influencer le cours du roman après leur mort.

→ À lire : Outils pour analyser un roman. – L’espace et le temps.

Le roman et les règles

Les règles classiques s’appliquent à tous les genres littéraires. Au XVIIe siècle, le roman n’est pas considéré comme un vrai genre littéraire, c’est plutôt un divertissement.

Un auteur classique doit beaucoup travailler. Mme de La Fayette commence son roman en 1672 et elle finit six ans plus tard. Elle discute souvent de son travail avec ses familiers : Jean Regnault de Segrais, son secrétaire, Gilles Ménage, son professeur, et Pierre-Daniel Huet, auteur habile, tous trois membres de l’Académie française. Elle achève son livre avec l’aide de son mari La Rochefoucauld.

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Un sujet classique doit être simple. Mlle de Chartres, dont nous ignorons toujours le prénom, épouse à seize ans le prince de Clèves. Elle l’estime mais ne l’aime pas. Elle rencontre le duc de Nemours et connait alors l’amour et la passion, mais elle ne s’abandonne pas à cette passion, même après la mort de son mari.

Une définition classique du roman, qui doit se composer de « fictions d’aventures amoureuses écrites en prose avec art pour le plaisir et l’instruction des lecteurs. » (Pierre-Daniel Huet, Traité de l’origine des romans, 1671)
Explication de cette définition par son auteur, ami de Mme de La Fayette :

  • « Je dis fictions pour les distinguer des histoires véritables, j’ajoute d’aventures amoureuses, parce que l’amour doit être le sujet principal du roman. »
  • « Il faut qu’elle soient écrites en prose pour être conformes à l’usage de ce siècle ; il faut qu’elles soient écrites avec art et sous de certaines règles, autrement ce sera un amas confus, sans ordre et sans beauté… »
  • « Le divertissement du lecteur, que le romancier habile semble se proposer comme but, n’est qu’une fin subordonnée à la principale, qui est l’instruction des esprits par la correction des mœurs. Il faut toujours faire voir la vertu couronnée et le vice châtié. »

La beauté classique repose sur l’ordre, comme la poésie ou le théâtre, le roman doit obéir à certaines règles. On demande :

  • une peinture des caractères des personnages ;
  • une analyse précise de leurs sentiments ;
  • une certaine profondeur psychologique ;
  • une description vraisemblable du temps et du milieu où se déroule l’action.
La tragédie de l’amour
Unité et simplicité

La tragédie se joue entre trois personnages mais l’intérêt se concentre sur l’un d’eux, la princesse de Clèves.

Les bienséances

Mme de La Fayette, comme les auteurs classiques de théâtre, refuse l’élément réaliste. Par exemple, elle ne laisse jamais mourir ses personnages sur la scène.

  • Mme de Chartres meurt deux jours après avoir prononcé ses dernières paroles dans le roman ;
  • M. de Clèves « languit néanmoins encore quelques jours et mourut avec une constance admirable ».
La technique amoureuse

La technique amoureuse, une même situation qui se développe et se répète, la lutte d’une jeune femme contre la passion ; emploi fréquent des procédés de théâtre (monologue et dialogue) aux moments les plus pathétiques ; emploi de la description, des portraits, des récits intérieurs et extérieurs.

Les idées

● Celles de la génération des admirateurs de Pierre Corneille :
Mme de La Fayette a lu le Traité des passions de Descartes (1649). Elle aime le chevaleresque, l’héroïsme moral et sentimental qui lui rappelle l’idéal des précieux quarante ans plus tôt. Pour les êtres généreux, les passions doivent se soumettre à la raison. Aussi, regrette-t-elle :
– que toute âme ne puisse acquérir un pouvoir absolu sur ses passions ;
– que l’estime, la hauteur morale, la connaissance mutuelle et le temps ne puissent développer l’amour et l’installer dans l’ordre et le calme.

● Celles de la génération des admirateurs de Jean Racine :
Mme de La Fayette a lu les Pensées de Blaise Pascal (1670). Elle connaît la nécessité de tenir compte de la faiblesse humaine. L’amour détermine un changement dans la personnalité ; les victimes de l’amour ne se reconnaissent plus, elles perdent tout lien avec leur passé et pénètrent dans un monde nouveau, celui du présent pur.

💡 Note : Le roman a plus de deux générations. Une partie des lecteurs admiraient le combat pénible et victorieux de la princesse contre le duc de Nemours, les autres plaignaient en elle la malheureuse victime de l’amour.

Le succès

Plus de six cents romans ont paru entre 1660 et 1680, le seul que la critique et la postérité aient retenu est La Princesse de Clèves.

C’est un livre brûlant, […] bien loin d’être qu’un pastel aux teintes défraîchies, c’est une œuvre dont la construction est d’une force peu commune.

(Michel Butor, Répertoire, 1960)

Mme de La Fayette et le roman précieux
Le roman précieux

Le modèle du genre en est L’Astrée (4 parties, de 1607 à 1624) par Honoré d’Urfé. Un autre roman très lu au XVIIe siècle est L’Artamène ou le grand Cyrus (10 volumes, de 1649 à 1653) de Madeleine de Scudéry, qui définit son roman ainsi : « C’est une fable que je compose et non une histoire que j’écris. »

Ses caractéristiques

  • Un grand amour et des obstacles immenses, romanesques et invraisemblables, qui s’y opposent;
  • des passions extraordinaires et subites ;
  • des princesses qui n’ouvrent les yeux que pour aimer ;
  • des méprises et des ressemblances incroyables ;
  • des naufrages et des enlèvements ;
  • des amants désespérés qui racontent leur martyre aux rochers.

Sa technique

  • L’analyse ne fait pas corps avec l’action ;
  • monologues, lettres, poèmes, conversations et digressions de toutes sortes interrompent l’action et font figure d’ornements surajoutés.
L’art et la technique de Mme de La Fayette

Elle abandonne les invraisemblances, le romanesque et la fantaisie pure.
Elle garde le chevaleresque et met l’accent sur la sentimentalité en incorporant l’analyse à l’action.
Monologues, lettres, récits et conversations deviennent des maillons de la chaîne de sentiments qui forment la trame du roman.
Les personnages ne cessent pas d’agir quand ils réfléchissent sur eux-mêmes. Leurs analyses successives sont autant d’éléments qui assurent la progression de l’action principale.

Le rapport ordinaire est renversé, dans le roman courtois comme dans le roman précieux, l’analyse, à moins qu’elle ne s’oubliât dans sa propre virtuosité, ne servait qu’à illustrer ou à expliquer une action qui restait malgré tout l’essentiel ; ici l’événement semble intervenir de loin en loin, comme point de départ ou d’arrivée, que pour sanctionner ou provoquer une série de déductions.

(Jean Fabre)

Quatre personnages principaux
La princesse de Clèves

Ce qu’elle est :

  • Une épouse soucieuse de sa dignité et de sa réputation.
  • Une femme qui s’analyse et se connaît bien.

Ce qu’elle veut :

  • Fuir les désordres de la passion.
  • Rester fidèle à son mari, le prince de Clèves.
  • Retrouver le repos.

Ce qui lui arrive :

  • Elle aime le duc de Nemours et lui donne des marques involontaires d’affection.
  • Elle n’a que de l’estime pour son mari, mais elle lui reste fidèle, lui avouant sa passion coupable.
  • Après la mort de son mari, elle refuse d’épouser Nemours : elle choisit son devoir et son repos.
Le prince de Clèves

Ce qu’il est :

Ce qu’il veut :

  • Être vraiment aimé de la princesse de Clèves, sa jeune femme.

Ce qu’il lui arrive :

  • Il aime sa femme.
  • Il meurt de jalousie, après s’être trompé sur elle.
Le duc de Nemours

Ce qu’il est :

  • Un chef-d’œuvre de la nature.
  • Un homme qui, comme Don Juan, ne connaît que des succès.
  • Un égoïste.

Ce qu’il veut :

  • Faire une conquête très difficile : celle de la princesse de Clèves.

Ce qui lui arrive :

  • Il aime la princesse et n’accepte pas de renoncer à elle. Il constitue une tentation constante pour la jeune femme.
Madame de Chartres

Ce qu’elle est :

  • La mère de la princesse.
  • Une grande dame pleine de noblesse et de dignité, intelligente, vertueuse, prudente et circonspecte.
  • Elle cherche à rester la confidente de sa fille.

Ce qu’elle veut :

  • Protéger sa fille contre les tentations du monde.
  • Protéger sa fille contre le duc de Nemours.

Ce qui lui arrive :

  • Elle veille avec tendresse sur le bonheur de sa fille. Elle lui rappelle le sens du devoir.
  • Elle meurt peu après le mariage de sa fille, mais continue, après sa mort, d’influencer la princesse.
Les autres personnages

La reine, dauphine, épouse du dauphin de France

Ce qu’elle est :

  • Une imitation d’Henriette d’Angleterre ?
  • Admiratrice du duc de Nemours.

Ce qu’elle veut :

  • Avoir sa propre cour.
  • Connaître toutes les intrigues amoureuses.

Ce qui lui arrive :

  • Elle alimente, sans le savoir et sans le vouloir, la passion de son amie, Mme de Clèves.

Le vidame de Chartres

Ce qu’il est :

  • Un grand seigneur proche parent de la princesse de Clèves.
  • L’ami du duc de Nemours.

Ce qu’il veut :

  • Il voudrait ne contrarier ni le mari, ni l’amant de la princesse.

Ce qui lui arrive :

  • Après la mort du prince de Clèves, il essaie de servir les intérêts du duc de Nemours.

Le chevalier de Guise

Ce qu’il est :

  • Un grand seigneur de la cours.

Ce qu’il veut :

  • L’amour de la princesse.

Ce qui lui arrive :

  • Il devine le premier la passion de la princesse pour Nemours.

Il y a aussi : Les princes et les seigneurs de la cour de France au temps des rois Henri II et François II, pendant les années 1558-1560 environ. D’autres personnages sans rapport direct avec l’histoire principale. Les récits de leurs aventures et de leurs malheurs servent à l’instruction de la princesse : les amours du roi Henri II et de Diane de Poitiers ; l’infidélité de Mme de Tournon envers Sancerre ; Henry VIII d’Angleterre et Anne Boulen ; la liaison du vidame de Chartres et de la reine Catherine de Médicis.

→ À lire : Analyser un roman : Les personnages.

Quelques remarques sur La Princesse de Clèves
XVIIe siecle

Jean-Baptiste-Henri de Valincour

[On] la comparait l’autre jour à l’Agnès de Molière. Et, en vérité, si vous n’y prenez garde, le caractère de cette princesse, la manière dont sa mère l’instruit en l’amenant à la cour, les sermons que lui fait M. de Clèves sur le sujet de la tendresse et qu’elle n’entend seulement pas, l’aveu qu’elle fait à son mari de l’amour qu’elle a pour un autre homme : tout cela rend la comparaison extrêmement juste et il semble que la princesse de Clèves ne soit qu’un portrait plus sérieux de cette innocence de la comédie L’École des femmes.

Nicolas Boileau

Mme de La Fayette était la femme de France qui avait le plus d’esprit et écrivait le mieux.

Mme de La Fayette

Je le trouve très agréable, bien écrit, sans être extrêmement châtié, plein de choses d’une délicatesse admirable et qu’il faut même relire plus d’une fois, et surtout ce que j’y trouve, c’est une parfaite imitation de la cour et de la manière dont on y vit ; il n’y a rien de romanesque et de grimpe ; aussi n’est-ce pas un roman, c’est proprement des mémoires, et c’était, à ce qu’on m’a dit, le titre du livre ; mais on l’a changé. Voilà, monsieur, mon jugement sur La Princesse de Clèves.

XVIIIe siècle

Voltaire

La Princesse de Clèves et la Zayde furent les premiers romans où l’on vit les mœurs des honnêtes gens et des aventures naturelles décrites avec grâce. Avant elle, on écrivait d’un style ampoulé des choses peu vraisemblables.

Abbe Prévost

Le péril auquel on s’expose de s’amollir le cœur par une lecture trop tendre.

Jean-François de La Harpe

Jamais l’amour combattu par le devoir n’a été peint avec plus de délicatesse.

XIXe siècle

Stendhal

Je crois que Mme de Clèves fut arrivée à la vieillesse, à cette époque où l’on juge la vie et où les jouissances d’orgueil paraissent dans toute leur misère, elle se fût repentie.

Charles-Augustin Sainte-Beuve

Le premier en date des plus aimables romans… Il est touchant de penser dans quelle situation particulière naquirent ces êtres charmants, si purs, ces personnages nobles et sans tache, ces sentiments si frais, si accomplis, si tendres…

Hippolyte Taine

Mme de La Fayette n’élève jamais la voix. Son ton uniforme et modéré n’a point d’accent passionné ni brusque. D’un bout à l’autre de son livre règne une sérénité charmante ; ses personnages semblent glisser au milieu d’un air limpide et lumineux. L’amour, la jalousie atroce, les angoisses suprêmes du corps brisé par la maladie de l’âme, les cris saccadés de la passion, le bruit discordant du monde, tout s’adoucit et s’efface, et le tumulte d’en bas arrive comme harmonie dans la région pur où nous sommes montés.

Gustave Lanson

C’est une transposition du tragique cornélien dans le roman.

XXe siècle

Antoine Adam

L’éminence précieuse que fut Mme de La Fayette ne redoutait pas seulement le mariage, mais l’amour. On comprend dans ces conditions le mot qui courut alors sur les jansénistes de l’amour.

Si la princesse de Clèves mérite d’être rangée parmi les plus hauts chefs-d’œuvre de notre littérature, c’est par la peinture bouleversante qu’elle nous donne de trois vies ravagées par l’amour.

Albert Camus

Mme de La Fayette a tiré La Princesse de Clèves de la plus frémissante des expériences. Elle est sans doute Mme de Clèves, et pourtant elle ne l’est point. Où est la différence ? La différence est que Mme de La Fayette n’est pas entrée au couvent et que personne autour d’elle ne s’est éteint de désespoir. Nul doute qu’elle ait connu au moins les instants déchirants de cet amour sans égal. Mais il n’y a pas eu de point final, elle lui a survécu, elle l’a prolongé en cessant de le vivre, et enfin personne, ni elle-même, n’en aurait connu le dessin si elle ne lui avait donné la courbe nue d’un langage sans défaut.

Jacques Chardonne

C’est le premier roman humain, le premier roman où l’auteur a exprimé plus de choses qu’il ne croyait dire, parce qu’au lieu de s’en tenir à une pure fiction, au lieu de peindre des sentiments imaginés, des incidents surprenants, il nous fait une confidence sur la vie, sur sa vie.

Victor Cherbuliez

La Princesse de Clèves est un roman de cour, c’est-à-dire que les caractères et les passions y paraissent sous les traits que les séjours des cours les forcent à revêtir. Après cela, il n’est pas nécessaire d’insister sur les limites un peu étroites où se referme le roman de cour. Il va sans dire que pour Mme de La Fayette le monde n’est pas bien vaste : il finit aux gentilshommes qui appartiennent aux grands seigneurs. Au delà se trouve pour eux des terres inconnues où ils ne se soucient pas de pénétrer.

Jean Cocteau

L’histoire de Mme de La Fayette n’est autre qu’une orgie de pureté.

Marie-Jeanne Durry

Je crois que Madame de La Fayette approuve Mme de Clèves et qu’elle admire l’héroïsme de son refus. Pour moi dans cette décision héroïque la peur a trop de part.

Jean Fabre

Curieux récit que ce récit intérieur : au lieu de conter en détail les événements, l’auteur note et relie entre eux une succession de sentiments.

Bernard Pingaud

La leçon morale austère qui se dégage de La Princesse de Clèves n’exclut pas une complaisance trouble pour les sentiments qu’elle condamne.

Georges Poulet

L’œuvre de Mme de La Fayette n’a qu’un but : trouver les rapports de la passion et de l’existence.

Denis de Rougemont

L’œuvre de Mme de La Fayette, et singulièrement La Princesse de Clèves, peut être considérée comme une expression parfaite, comme une sorte d’illustration par l’absurde, poussée jusqu’en ses plus extrêmes conséquences, du mythe de la passion.

Claude-Edmonde Magny

Mon devoir et mon repos, ces deux entités dont la princesse a sans cesse les noms à la bouche finissent par devenir comme des personnages supplémentaires qui dansent dans ses propos une sorte de ballet, ou de masque, aussi importants pour l’intrigue que ceux de Mme de Chartres ou de la reine Dauphine, plus presque que Nemours, puisqu’ils finiront par l’emporter sur lui.

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