Les rectifications de 1990 : Le tréma et les accents

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Les rectifications orthographiques de 1990

Le tréma et les accents

Analyse parue au Journal Officiel de la République Française
Édition des Documents Administratifs – 06 décembre 1990 –

Les  règles
L’accent grave

● On accentue sur le modèle de semer les futurs et conditionnels des verbes du type céder je cèderai, je cèderais, j’allègerai, j’altèrerai, je considèrerai, etc.

● Dans les inversions interrogatives, la première personne du singulier en e suivie du pronom sujet je porte un accent grave : aimè-je, puissè-je, etc.

L’accent circonflexe

Si l’accent circonflexe placé sur les lettres ao et e peut indiquer utilement des distinctions de timbre (mâtin et matin ; côte et cote ; vôtre et votre ; etc.), placé sur i et u il est d’une utilité nettement plus restreinte (voûte et doute par exemple ne se distinguent dans la prononciation que par la première consonne). Dans quelques terminaisons verbales (passé simple, etc.), il indique des distinctions morphologiques nécessaires. Sur les autres mots, il ne donne généralement aucune indication, excepté pour de rare distinctions de formes homographes.

En conséquence, on conserve l’accent circonflexe sur ae, et o, mais sur i et sur u il n’est plus obligatoire, excepté dans les cas suivants :

● Dans la conjugaison, où il marque une terminaison :

  • Au passé simple (première et deuxième personnes du pluriel) : nous suivîmes, nous voulûmes, comme nous aimâmes ; vous suivîtes, vous voulûtes, comme vous aimâtes.
  • À l’imparfait du subjonctif (troisième personne du singulier) : qu’il suivît, qu’il voulût, comme qu’il aimât.
  • Au plus-que-parfait du subjonctif, aussi nommé parfois improprement conditionnel passé deuxième forme (troisième personne du singulier) : qu’il eût suivi, il eût voulu, comme qu’il eût aimé.
    Exemples : Nous voulûmes qu’il prît la parole ; Il eût préféré qu’on le prévînt.

● Dans les mots où il apporte une distinction de sens utile : , jeûne, les adjectifs mûr et sûr, et le verbe croître (étant donné que sa conjugaison est en partie homographe de celle du verbe croire). L’exception ne concerne pas les dérivés et les composés de ces mots
(exemple : sûr, mais sureté ; croître, mais accroitre).
Comme c’était déjà le cas pour , les adjectifs mûr et sûr ne prennent un accent circonflexe qu’au masculin singulier.
Les personnes qui ont déjà la maîtrise de l’orthographe ancienne pourront, naturellement, ne pas suivre cette nouvelle norme.

⚠ ⚠ Remarques ⚠ ⚠
● Cette mesure entraîne la rectification de certaines anomalies étymologiques, en établissant des régularités. On écrit désormais mu (comme déjà sutuvulu), plait (comme déjà taitfait), piqure, surpiqure (comme déjà morsuretrainetraitre, et leurs dérivés (comme déjà gainehainefaine), et ambigumentassidumentcongrumentcontinumentcrumentdumentgoulumentincongrumentindumentnument (comme déjà absolumentéperdumentingénumentrésolument).
● Sur ce point comme sur les autres, aucune modification n’est apportée aux noms propres. On garde le circonflexe aussi dans les adjectifs issus de ces noms (exemples : Nîmes, nîmois.).

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Les analyses
Le tréma

Le tréma interdit qu’on prononce deux lettres en un seul son (exemple : lait mais naïf). Il ne pose pas de problème quand il surmonte une voyelle prononcée (exemple : maïs), mais déroute dans les cas où il surmonte une voyelle muette (exemple : aiguë) : il est souhaitable que ces anomalies soient supprimées. De même l’emploi de ce signe doit être étendu aux cas où il permettra d’éviter des prononciations fautives (exemples : gageurearguer).

→ Pour en savoir plus : Le tréma : définition et emploi.
→ Pour aller plus loin : Les accents et autres signes orthographiques.

L’accent grave ou aigu sur le e

L’accent aigu placé sur la lettre e a pour fonction de marquer la prononciation comme « e fermé », l’accent grave comme « e ouvert ». Il est nécessaire de rappeler ici les deux règles fondamentales qui régissent la quasi-totalité des cas :

Première règle
La lettre e ne reçoit un accent aigu ou grave que si elle est en finale de la syllabe graphique: é/tude mais es/poirmé/prise mais mer/cureinté/ressant maisintel/ligent, etc.
Cette règle ne connaît que les exceptions suivantes :

  • l’s final du mot n’empêche pas que l’on accentue la lettre e qui précède: accèsprogrès (avec s non prononcé), aloèsherpès (avec s prononcé), etc. ;
  • dans certains composés généralement de formation récente, les deux éléments, indépendamment de la coupe syllabique, continuent à être perçus chacun avec sa signification propre, et le premier porte l’accent aigu.
    Exemples : télé/spectateur (contrairement à téles/cope), pré/scolaire (contrairement à pres/crire), dé/stabiliser (contrairement à des/tituer), etc.

Deuxième règle
La lettre e ne prend l’accent grave que si elle est précédée d’une autre lettre et suivie d’une syllabe qui comporte un e muet. D’où les alternances : aérer, il aère ; collège, collégien ; célèbre, célébrer ; fidèle, fidélité ; règlement, régulier ; oxygène, oxygéner, etc. Dans les mots échelon, élever, etc., la lettre e n’est pas précédée d’une autre lettre.
À cette règle font exception : les mots formés à l’aide des préfixes – et pré– (se démener, prévenir, etc.) ; quelques mots, comme médecin, ère et èche.
L’application de ces régularités ne souffre qu’un petit nombre d’anomalies (exemples : un événement, je considérerai, puissé-je, etc.), qu’il convient de réduire.

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L’accent circonflexe

L’accent circonflexe représente une importante difficulté de l’orthographe du français, et même l’usage des personnes instruites est loin d’être satisfaisant à cet égard.

L’emploi incohérent et arbitraire de cet accent empêche tout enseignement systématique ou historique. Les justifications étymologiques ou historiques ne s’appliquent pas toujours: par exemple, la disparition d’un s n’empêche pas que l’on écrive votre, notre, mouche, molte, chaque, coteau, moutarde, coutume, mépris, etc., et à l’inverse, dans extrême par exemple, on ne peut lui trouver aucune justification. Il n’est pas constant à l’intérieur d’une même famille: jeûner, déjeuner ; côte, coteau ; grâce, gracieux ; mêler, mélange ; icône, iconoclaste, ni même dans la conjugaison de certains verbes (êtreêtesétaitétant). De sorte que des mots dont l’histoire est tout à fait parallèle sont traités différemment: mû, mais su, tu, vu, etc. ; plaît, mais tait.

L’usage du circonflexe pour noter une prononciation est loin d’être cohérent : bateau, château ; noirâtre, pédiatre ; zone, clone, aumône ; atome, monôme. Sur la voyelle e, le circonflexe n’indique pas, dans une élocution normale, une valeur différente de celle de l’accent grave (ou aigu dans quelques cas) : comparer il mêle, il harcèle ; même, thème ; chrême, crème ; trêve, grève ; prêt, secret ; vêtir, vétille. Si certains locuteurs ont le sentiment d’une différence phonétique entre a et â, o et ô, è ou é et ê, ces oppositions n’ont pas de réalité sur les voyelles i et u (comparer cime, abîme ; haine, chaîne ; voûte, route, croûte ; huche, bûche ; bout, moût, etc.) L’accent circonflexe, enfin, ne marque le timbre ou la durée des voyelles que dans une minorité des mots où il apparaît, et seulement en syllabe accentuée (tonique) ; les distinctions concernées sont elles-mêmes en voie de disparition rapide.

Certes, le circonflexe paraît à certains inséparable de l’image visuelle de quelques mots et suscite même des investissements affectifs (mais aucun adulte, rappelons-le, ne sera tenu de renoncer à l’utiliser).

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