OuLiPo (OUvroir de LIttérature POtentielle)

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OuLiPo

OUvroir de LIttérature POtentielle

S’exercer, c’est tenter ces vers, les révérer ;
C’est penser et tester le verbe de l’enchère.
Détecte les déchets de l’échec délétère,
Cesse de regretter et de désespérer.

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  (« S’exercer », Olivier Salon, dans Anthologie de l’OuLiPo, Marcel Bénabou et Paul Fournel (dir.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2009, p. 705)

Présentation

OUvroir de LIttérature POtentielle (OuLiPo ou Oulipo) est un groupe littéraire fondé en 1960 à l’initiative du mathématicien François Le Lionnais et de l’écrivain Raymond Queneau, et dont l’activité de recherche et d’expérimentation vise à découvrir et à élaborer des contraintes formelles arbitraires considérées comme autant de voies potentielles pour la création littéraire.

OULIPO ? Qu’est ceci ? Qu’est cela ? Qu’est-ce que OU ? Qu’est-ce que LI ? Qu’est-ce que PO ?
OU c’est OUVROIR, un atelier. Pour fabriquer quoi ? De la LI.
LI c’est la littérature, ce qu’on lit et ce qu’on rature. Quelle sorte de LI ? La LIPO.
PO signifie potentiel. De la littérature en quantité illimitée, potentiellement productible jusqu’à la fin des temps, en quantités énormes, infinies pour toutes fins pratiques.

(Marcel Bénabou & Jacques Roubaud, Oulipo.net)

Organisation de l’OuLiPo

L’OuLiPo se réunit une fois par mois en privé (les « réunions »), et un jeudi par mois dans un lieu public. D’abord, en 1996 à la Halle Saint Pierre, puis à l’Amphi24, à Jussieu, au Forum des images, enfin, depuis 2005, en raison de travaux au Forum des images, dans le grand auditorium de la bibliothèque François-Mitterrand.

On devient membre de l’OuLiPo par cooptation. Un nouveau membre doit être élu à l’unanimité, à la condition de ne jamais avoir demandé à faire partie de l’OuLiPo . Chaque « coopté » est évidemment libre de refuser d’y entrer (son refus est dès lors définitif), mais une fois élu, il ne peut en démissionner qu’en se suicidant devant huissier.

Les membres de l’OuLiPo se réunissent pour réfléchir autour de la notion de « contrainte » et produire de nouvelles structures destinées à encourager la création. La réunion est parfois l’occasion d’accueillir un « invité d’honneur ». L’OuLiPo anime parfois, sans les organiser, des ateliers d’écriture.

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Les membres restent oulipiens même après leur décès. Ils sont alors, selon la formule consacrée, « excusés pour cause de décès ».

💡 Présidents de l’OuLiPo
• François Le Lionnais, des débuts jusqu’en 1984, avec le titre de « Frésident-Pondateur ».
• Noël Arnaud (1984 – 2003).
• Paul Fournel (depuis 2003).

💡 Membres fondateurs
• Noël Arnaud (1919-2003).
• Jacques Bens (1931-2001).
• Claude Berge (1926-2002).
• Jacques Duchateau (1929-2017).
• Emmanuel Peillet, dit Latis(1913-1973).
• François Le Lionnais (1901-1984).
• Jean Lescure (1912-2005).
Raymond Queneau (1903-1976).
• Jean Queval (1913-1990).
• Albert-Marie Schmidt (1901-1966).

Membres de l'OuLiPo, septembre 1975, Boulogne, France.

↑ Membres de l’OuLiPo, septembre 1975, Boulogne, France.

Objectifs des recherches oulipiennes

L’OuLiPo a défini ses recherches selon deux axes principaux.

D’une part, il s’agit de mettre à jour ou d’appliquer des contraintes à des textes littéraires déjà existants, révélant par là même une potentialité contenue dans lesdits textes ; les oulipiens parlent ici d’anoulipisme et se reconnaissent alors des « plagiaires par anticipation » (les troubadours, Rabelais, Villon, les grands rhétoriqueurs, la commedia dell’arte, les formalistes russes et Raymond Roussel).

D’autre part, les oulipiens vont s’appliquer à suivre des contraintes formelles pour créer des œuvres oulipiennes entièrement neuves. C’est le synthoulipisme, vocation essentielle de l’OuLiPo.

Méthodes et exercices oulipiens

Travaillant sur les structures mises en œuvre par le langage, les contraintes oulipiennes, innombrables, portent aussi bien sur le vocabulaire, les règles syntaxiques, les codifications liées aux genres, les structures mathématisées et les formes littéraires en général.

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Ainsi la méthode « S + 7 », qui consiste à remplacer chaque substantif d’un texte donné par le septième qui le suit dans le dictionnaire ; la méthode de base peut donner lieu à de nombreuses variantes : « Verbe et / ou Adjectif + n », utilisation de tel ou tel type de dictionnaires, ce qui permet d’obtenir des résultats très différents, en substituant par exemple aux héros du texte-source le septième qui le suit dans un dictionnaire des personnages, etc.

Ainsi encore les homomorphismes en tout genre, qui à partir d’un texte-source, visent à la production d’un autre texte utilisant la même succession de phonèmes (homophonies), la même succession de consonnes (homoconsonantismes) ou de voyelles (homovocalismes), la même structure syntaxique (homosyntaxisme).

Le lipogramme, quant à lui, s’impose de retrancher une ou plusieurs lettres données de l’alphabet, contrairement au monovocalisme qui ne s’oblige à utiliser qu’une seule et unique voyelle.

Autre exercice, le filigrane. « Dans un dictionnaire de référence, sélectionner un certain nombre de locutions contenant un mot donné. Effacer le mot dans chaque locution. Construire un court poème avec ce qui reste. »

Citons enfin les « poèmes à forme fixe » qui apparaissent eux aussi comme l’un des champs d’expérimentation privilégiés de l’OuLiPo. En partant de la sextine, modèle de strophe poétique inventé par le troubadour Arnaut Daniel au XIIe siècle, Queneau en généralise la forme en « quenine de n », poème de strophes où chacune comporte vers terminés par les mêmes mots-rimes se déplaçant selon des règles mathématiques de permutation préalablement définies. D’autres poèmes à forme fixe pratiqués par les oulipiens sont la « Morale élémentaire », basée sur des règles de composition syntaxiques et phonétiques, et la « Boule de neige », poème dont le premier vers est fait d’un mot d’une lettre, le deuxième d’un mot de deux lettres, le ne de lettres, et qui comporte d’innombrables variantes.

→ À lire : Jeux de mots. – Les procédés de réécriture.

Écrivains et œuvres oulipiens

Par son travail, l’OuLiPo produit à la fois des œuvres originales, déplace le rôle de l’écrivain traditionnel et suscite des vocations par le biais des ateliers d’écriture. Parmi les ouvrages les plus caractéristiques de certains de ses membres, poètes, écrivains, mathématiciens, informaticiens, citons les Cent Mille Milliards de poèmes (1961) de Queneau, Trente et Un au cube (1973) de Jacques Roubaud, La Disparition (1969), élaboré à partir de la contrainte du lipogramme (le roman n’emploie ainsi jamais la voyelle e), et La Vie mode d’emploi (1978), de Georges Perec, ainsi que Si par une nuit d’hiver un voyageur (1979), d’Italo Calvino.

L’OuLiPo compte également parmi ses membres Marcel Bénabou, Jacques Bens, Paul Braffort, François Caradec, Paul Fournel, Jacques Jouet, Harry Matthews, Michèle Métail.

Publications collectives de l’OuLiPo
  • La Littérature potentielle (1973).
  • Atlas de littérature potentielle (1981).
    → Tous deux écrits sous le nom collectif d’« OuLiPo » et publiés d’abord dans la collection « Idées » de Gallimard, puis réédités en Folio essais.
  • Abrégé de littérature potentielle, Éditions Mille et une nuits, n° 379.
  • Maudits, Éditions Mille et une nuits, n° 419.
  • Pièces détachées, Éditions Mille et une nuits, tous trois écrits sous le nom collectif de l’« OuLiPo ».
  • La Bibliothèque oulipienne chez Seghers, puis au Castor astral, qui réunit les fascicules publiés par les Oulipiens pour leurs amis à 150 exemplaires seulement (numérotés), sous le nom de La Bibliothèque Oulipienne.
  • Moments oulipiens au Castor astral, recueil de courtes anecdotes et réflexions, présentées par les oulipiens eux-mêmes.
  • Genèse de l’OuLiPo, qui rassemble les comptes rendus des premières réunions de 1960 à 1963, par l’oulipien Jacques Bens, au Castor astral.
  • Un essai, Esthétique de l’OuLiPo, publié par l’oulipien Hervé Le Tellier au Castor astral.
  • Une anthologie, Anthologie de l’OuLiPo, dans la collection « Poésie » de Gallimard (2009).
  • C’est un métier d’homme, (2010), Éditions Mille et une nuits, variations d’« autoportraits » à partir d’une nouvelle de Paul Fournel.
  • L’OuLiPo court les rues (de Paris), P.O.L, 2012.
  • Le Livre d’Alienor, Abbaye de Fontevraud, 2014.
  • Paris-Math, Cassini, 2017.

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