Paul Claudel

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Paul Claudel

1868-1955

Paul Claudel, né le 6 août 1868 à Villeneuve-sur-Fère dans l’ancien presbytère du village dans l’Aisne et mort le 23 février 1955 à Paris, est un dramaturge, poète, essayiste et diplomate français. Il est reçu à l’Académie française le 13 mars 1947 par François Mauriac, au fauteuil de Louis Gillet.

→ À lire : Lumière sur les principales œuvres de Paul Claudel.

Photo de Paul ClaudelL’expérience de la conversion

Après une enfance provinciale dans Villeneuve-sur-Fère-en-Tardenois (dans l’Aisne), Paul Claudel vient terminer en 1882 ses études à Paris.

Le « bagne matérialiste » de l’époque le déçoit, et c’est chez Rimbaud et dans la musique de Wagner qu’il trouve une dimension nouvelle, étrangère au rationalisme.

À Noël 1886, alors qu’il s’est rendu à Notre-Dame-de-Paris, il est bouleversé par une conversion brutale, qui sera suivie par une douloureuse démarche vers l’église.

C’est cet itinéraire intellectuel et spirituel que racontent les premiers drames écrits dans la mouvance du Symbolisme : Tête d’or (1890), La Ville (1893).

L’expérience de la passion

En 1890, Paul Claudel est reçu premier au concours des Affaires Étrangères. Il commence alors sa longue carrière de diplomate comme consul aux États-Unis. Il en rapportera une pièce : L’Échange (1901).

Il est ensuite nommé en Chine où il travaille aux proses de Connaissance de l’Est (1900). Il est tenté par la vie monastique. Mais la rencontre et la passion pour une femme mariée, Rose Vetch, est l’expérience décisive de ces années « méridiennes ». Cette liaison douloureuse, rompue en 1904, alimente l’inspiration de la pièce Partage de midi (écrite en 1906, mais longtemps restée confidentielle), ainsi que les poèmes des Cinq Grandes Odes (1910).

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Le diplomate écrivain

Après son mariage, en 1905, Claudel occupe des postes en Europe. Sa pièce L’Annonce faite à Marie est jouée en 1912. Il continue à écrire tandis que sa carrière diplomatique le conduit comme ambassadeur à Tokyo (1921-1926), à Washington (1927-1933) et à Bruxelles (1933-1035). Le Soulier de satin, véritable somme dramatique écrite à cette époque, a pour scène l’Univers.

À partir de 1930, Claudel abandonne la création proprement littéraire pour se consacrer à des commentaires bibliques. Georges Pitoëff, Jean-Louis Barrault puis Antoine Vitez ont montré par leurs mises en scène respectives l’étendue du génie dramatique de Paul Claudel. De 1886 à 1955, son œuvre s’est en effet déployée avec une force, une hauteur et une variété rares.

C’est au moment où il prend sa retraite, partageant sa vie entre Paris et son château du Dauphiné, que sont représentées ses grandes pièces : en 1943, la mise en scène du Soulier de satin par Jean-Louis Barrault fait découvrir au grand public ce théâtre inclassable et inspiré.

Avec Maurice Garçon, Charles de Chambrun, Marcel Pagnol, Jules Romains et Henri Mondor, il est l’une des six personnalités élues le 4 avril 1946 à l’Académie française lors de la deuxième élection groupée de cette année, visant à combler les très nombreuses places vacantes laissées par la période de l’Occupation. Il est reçu à l’Académie française le 13 mars 1947 par François Mauriac, au fauteuil de Louis Gillet.

Paul Claudel meurt en 1955 à Paris.

Aboutissement de l’écriture dramatique

Après une mutation à Rio de Janeiro, Claudel est nommé ambassadeur au Japon où il écrit en 1921 son œuvre la plus importante, le Soulier de satin (publié en 1929) dont la représentation intégrale dure plus de onze heures. Ce drame historique, catholique et mystique, qui mêle le lyrisme du drame amoureux aux interventions du surnaturel et aux scènes comiques – le comique étant conçu comme l’aboutissement même du lyrisme -, représente un défi aux catégories génériques et esthétiques en usage.

L’action de ce drame se situe aux quatre coins du monde, de l’Amérique à Mogador ou à la bataille de Lépante, et l’œuvre relève formellement d’une esthétique baroque. Le cadre espagnol ne procède pas de la couleur locale ni du choix de la vérité historique, mais relève de la fiction poétique.

Claudel définissait ainsi, en 1924, cette esthétique du mélange et de la profusion :

Il y a plusieurs sujets qui sont développés simultanément, se chevauchent les uns les autres. C’est composé, si vous voulez, à la manière d’une tapisserie. Il y a un fil jaune, un fil rouge, un fil bleu. Ils s’entrecroisent, s’arrangent ensemble et c’est tantôt l’un, tantôt l’autre qui réapparaît.

Son écriture dramatique, dès Tête d’or, était caractérisée par l’élaboration d’une forme littéraire particulière, le verset, c’est-à-dire « un vers sans rime, ni mètre », en fait un groupe de mots dont la fin est marquée non par une pause syntaxique, mais par une modulation du sens et du son, comme dans cet extrait de Tête d’or :

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Me voici, Imbécile, ignorant, Homme nouveau devant les choses inconnues,
Et je tourne la face vers l’Année et l’arche pluvieuse, j’ai plein mon cœur d’ennui !

Dernières années

Son séjour au Japon inspire aussi à Claudel les dialogues intitulés Le Poète et le Shamisen, Le Poète et le Vase d’encens ainsi que les poèmes de Cent Phrases pour éventail (1927). Nommé ambassadeur aux États-Unis puis en Belgique, il écrit encore Le Livre de Christophe Colomb (1935), ainsi que de nombreux essais en prose.

Durant sa retraite de diplomate, il se consacre presque exclusivement à des travaux d’exégèse biblique et participe activement à la mise en scène de ses drames. Georges Pitoëff, Jean-Louis Barrault puis Antoine Vitez ont montré par leurs mises en scène respectives l’étendue du génie dramatique de Paul Claudel. De 1886 à 1955, son œuvre s’est en effet déployée avec une force, une hauteur et une variété rares.

Elle a révélé, depuis Tête d’or (1890) et jusqu’au Soulier de satin (1929), un très grand dramaturge, et des Cinq Grandes Odes (1910) jusqu’aux Feuilles de saints (1925), un très grand poète. De Connaissance de l’Est (1900) jusqu’à L’Œil écoute (1946) et jusqu’aux commentaires bibliques, elle a révélé un des principaux prosateurs de son temps.

Bibliographie
  • Pour la messe des hommes (1886)
  • Le sombre mai (1887)
  • L’Endormie (1887)
  • Une mort prématurée (1888)
  • Dans l’île de Wight (1889)
  • Tête d’or (1890) ; 1ère version
  • La Ville (1893) ; 1ère version
  • Vers l’exil (1895)
  • L’Échange (1900) ; 1ère version
  • Connaissance de l’Est (1900) ; 1ère partie
  • La jeune fille Violaine (1901) ; 1ère version
  • L’Arbre (1901)
  • Tête d’or (1901) ; 2e version
  • La Ville (1901) ; 2e version
  • Le repos du septième jour (1901)
  • Développement de l’Église (1903)
  • Connaissance du temps (1904)
  • Poèmes de la Sexagésime (1905)
  • Partage de Midi (1906)
  • Processionnal pour saluer le siècle nouveau (1907)
  • L’Art poétique (1907)
  • Cinq grandes Odes (1910)
  • Sous le signe du dragon (1911)
  • L’Otage (1911)
  • L’annonce faite à Marie (1912)
  • La jolie foi de mon enfance (1913)
  • Corona benignitatis anni Dei (1913)
  • Trois poèmes de guerre (1913)
  • Ma conversion (1913)
  • Protée (1913)
  • L’offrande au temps (1914)
  • La nuit de Noël 1914 (1915)
  • Autres poèmes pendant la guerre (1916)
  • L’homme et son désir (1917)
  • Le pain dur (1918)
  • L’Ours et la Lune (1919)
  • La messe là-bas (1919)
  • Le Père humilié (1920)
  • L’ode jubilaire (1921)
  • La femme et son ombre (1922) ; 1ère version
  • Feuilles de Saints (1925)
  • La jeune fille Violaine (1926) ; 2e version
  • La femme et son ombre (1926) ; 2e version
  • La parabole du festin (1926)
  • Protée (1926) ; 2e version
  • Idéogrammes occidentaux (1926)
  • Cent phrases pour éventail (1927)
  • Deux farces lyriques (1927)
  • L’oiseau noir dans le soleil couchant (1927)
  • Positions et propositions I (1928)
  • Sous le rempart d’Athènes (1928)
  • Le soulier de satin (1929)
  • Le livre de Christophe Colomb (1929)
  • La cantate à trois voix (1931)
  • Le symbolisme de La Salette (1931)
  • Religion et poésie (1932)
  • Le festin de la sagesse (1934)
  • Positions et propositions II (1934)
  • La légende de Prakriti (1934)
  • Introduction à la peinture hollandaise (1935)
  • Le livre de Tobie (1935)
  • Un poète regarde la Croix (1935)
  • Conversations dans le Loir-et-Cher (1935)
  • Figures et paraboles (1936)
  • Dodoitzu (1936)
  • Toi, qui es-tu ? (1936)
  • Les aventures de Sophie (1937)
  • Vitraux (1937)
  • Aegri somnia (1937)
  • Jeanne au bûcher (1938)
  • Une saison en enfer (1938)
  • La danse des morts (1938)
  • La mystique des pierres précieuses (1938)
  • Sur la peinture espagnole (1939)
  • La prophétie des oiseaux (1939)
  • L’Épée et le Miroir (1939)
  • Contacts et circonstances (1940)
  • Présence et prophétie (1941)
  • Seigneur, apprenez-nous à prier (1942)
  • Visages radieux (1945)
  • La Rose et le Rosaire (1946)
  • L’œil écoute (1946)
  • Le livre de Job (1946)
  • La lune à la recherche d’elle-même (1947)
  • Discours et remerciements (1947)
  • Quatre-vingts ans (1948)
  • Paul Claudel interroge le Cantique des Cantiques (1948)
  • Le ravissement de Scapin (1949)
  • Accompagnements (1949)
  • Partage de midi (1949) ; 2e version
  • Emmaüs (1949)
  • Le bestiaire spirituel (1949)
  • L’Évangile d’Isaïe (1951)
  • L’Échange (1951) ; 2e version
  • Camille Claudel (1951)
  • Paul Claudel interroge l’Apocalypse (1952)
  • Mémoires improvisés [entretiens avec J. Amrouche] (1954)
  • J’aime la Bible (1955)
  • Journal I [1904-1932] (1968) ; posthume
  • Journal II [1933-1955] (1969) ; posthume

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Lumière sur les principales œuvres de Paul Claudel.

Citations choisies
  • Rien de tel pour vous apprendre l’écriture qu’un maître qui ne sait pas lire. (L’Otage)
  • Rimbaud est le premier qui ait employé le langage et la poésie, non plus seulement à l’expression des choses connues mais à une tâche de découverte.
  • Qui retire le verbe de la phrase, elle perd son sens. Qui nie l’unité nie le nombre qui en est fait. Qui ne croit plus en Dieu, il ne croit plus à rien. (Lettre à Jacques Rivière – 23 mai 1907)
  • L’homme n’a été fait ni par lui-même, ni pour lui-même, mais par Dieu et pour Dieu. (Lettre à Jacques Rivière – 4 Août 1907)
  • Il n’y a pour les choses et pour les poèmes qu’une seule manière d’être nouveaux, c’est d’être vrais et qu’une seule manière d’être jeunes, c’est d’être éternels. (Positions et propositions)
  • Notre résurrection n’est pas tout entière dans le futur, elle est aussi en nous, elle commence, elle a déjà commencé. (Correspondance avec André Gide)
  • Que demande-t-on d’une fleur
    Sinon qu’elle soit belle et odorante une minute, pauvre fleur, et après ce sera fini.
    La fleur est courte, mais la joie qu’elle a donnée une minute
    N’est pas de ces choses qui ont commencement ou fin. (L’Annonce faite à Marie)
  • C’est de ne rien espérer qui est beau ! C’est de savoir qu’on en a pour toujours ! (Le soulier de satin)
  • Le mariage n’est pas le plaisir, c’est le sacrifice du plaisir, c’est l’étude de deux âmes qui pour toujours désormais auront à se contenter l’une de l’autre. (Le Père humilié)
  • Quand je serai mort, on ne me fera plus souffrir. (Connaissance de l’Est)
  • Le poème n’est point fait de ces lettres que je plante comme des clous, mais du blanc qui reste sur le papier. (Cinq grandes odes)
  • L’ordre est le plaisir de la raison, mais le désordre est le délice de l’imagination. (Le Soulier de satin)
  • Les poèmes se font à peu près comme les canons : on prend un trou, et on met quelque chose autour. (L’oiseau noir dans le soleil levant)
  • Heureux qui a quelque chose à donner, car à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a.
    Heureux qui est dépouillé injustement, car il n’a plus à craindre de la justice. (L’Otage)
  • Apprenez une chose des femmes ! Ah, qui se donne comme il faut, il forcera bien qu’on l’accepte !
    Heureuse
    La femme qui a trouvé à qui se donner ! (Partage de midi)

Autres citations de Paul Claudel.

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L'Annonce faite à MariePartage de Midi

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