Charles Perrault

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Charles Perrault

1628 – 1703

Présentation

Charles Perrault, né et mort à Paris (1628-1703), est issu d’une famille appartenant à la haute bourgeoisie parlementaire, manifeste un intérêt passionné pour les discussions scientifiques qui se déroulent dans le milieu familial. Cependant, il se rend compte très jeune que la littérature constitue sa véritable vocation. Il a été le grand défenseur des Modernes dans la Querelle des Anciens et des Modernes, et qui a contribué à faire du conte un genre littéraire à part entière.

→ À lire : Charles Perrault : Le Petit Poucet (1697).

Une carrière de courtisan

Portrait de Charles Perrault

Fils d’un parlementaire parisien, Charles Perrault est le cadet d’une famille de quatre frères qui se sont tous distingués sous le règne de Louis XIV. Il suit des études de droit, devient avocat en 1651, puis commis de Pierre, l’aîné de ses frères, qui a acquis l’importante charge de receveur général des finances de Paris.

Charles Perrault écrit tout d’abord des textes satiriques (L’Énéide burlesque, 1648 ; Les Murs de Troie ou l’Origine du burlesque, 1649). Mais, très tôt, il travaille à son œuvre d’habile courtisan de Louis XIV, avec des écrits précieux (Le Miroir ou la Métamorphose d’Orante, édité en 1660). Ces écrits lui vaudront de régner, vingt ans durant, sur le contrôle des œuvres artistiques et littéraires, ainsi que sur les gratifications accordées aux artistes au titre du mécénat royal.

Contrôleur général de la surintendance des Bâtiments du roi sous Colbert, membre de la Commission des inscriptions publiques (future Académie des inscriptions et belles-lettres), il est élu en 1671 à l’Académie française. Ce n’est qu’en 1683 qu’il perd son influence officielle, sous l’effet conjugué de ses ennemis, notamment Nicolas Boileau et Jean Racine, et de la mort de son protecteur Colbert. Cette disgrâce le rend à des querelles plus directement littéraires, bien que jamais indifférentes à la politique. Perrault relate dans ses Mémoires (posthumes, 1755) sa longue carrière de courtisan.

Un écrivain inscrit dans la tradition

La plus grande partie de la carrière littéraire de Charles Perrault n’a rien de révolutionnaire. Frère de l’architecte Claude Perrault qui construit notamment la colonnade du Louvre et l’Observatoire de Paris, il se consacre d’abord à la poésie, tout en assurant sa charge de contrôleur général de la surintendance des bâtiments. Il pratique les genres de l’époque : il compose des poèmes burlesques et galants, aborde la poésie de circonstance avec son Ode sur le mariage du roi (1660), se laisse guider par l’inspiration religieuse dans son Saint Paulin (1686).

Charles Perrault est bien vu du pouvoir : protégé de Chapelain, lié à Bossuet, il entre en 1663 au service de Colbert. Bref, il accomplit une carrière « officielle » parfaite, qui le conduit, en 1671, à l’Académie française.

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Le chef de file des Modernes

Rien ne semble donc laisser prévoir le rôle qui allait être le sien durant la querelle des Anciens et des Modernes. Il prend alors résolument parti contre la tradition et pour l’évolution de la littérature. Son rôle est déterminant, il devient le véritable chef de file des Modernes. Le 27 janvier 1687, il donne lecture, devant les membres de l’Académie française, de son poème Le Siècle de Louis le Grand.

Son propos est clair : il y critique les Anciens, y fait l’éloge des Modernes et y affirme la supériorité de la période de Louis XIV sur celle de l’empereur romain Auguste. Il précise ses conceptions dans les Parallèles des Anciens et des Modernes (publiés de 1688 à 1697) et s’oppose violemment à Boileau avec lequel il se réconciliera en 1694 en un compromis qui amènera chacun à accepter de nuancer ses positions.

→ À lire : La Querelle des Anciens et des Modernes. – Les querelles littéraires du XVe au XVIIe siècles.

L’auteur des Contes

Charles Perrault est surtout connu comme l’auteur des Contes de ma mère l’oie (1697). Il a su transcrire, pour des générations, la tradition populaire du merveilleux : qui n’a pas eu l’occasion, dans son enfance, de lire ou d’entendre lire ces contes qui sont ainsi profondément ancrés dans la mémoire de chacun ?

La postérité a surtout retenu de la production littéraire de Charles Perrault une œuvre de dimensions extrêmement réduites : Les Histoires et contes du temps passé (1697), recueil de huit contes merveilleux issus de la littérature orale nationale comme l’indique le frontispice Contes de ma mère l’Oye, qui signifie « contes de bonnes femmes ». La publication de ces textes en prose dotés d’une morale en vers soigneusement explicitée, totalement étrangers à la tradition littéraire de l’Antiquité, constitue une pièce essentielle dans le combat que mène Perrault en faveur des Modernes. Pourtant, ils sont édités de façon anonyme, accompagnés d’une préface signée par Pierre Perrault D’Armancour, fils de Charles, qui laisse supposer que ce jeune enfant est l’auteur du recueil, qui comprend La Belle au Bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe-Bleue, Le Maître Chat ou le Chat botté, Les Fées, Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre, Riquet à la houppe et Le Petit Poucet. En 1694, Perrault avait déjà publié trois contes, en vers ceux-là : La Patience de Grisélidis, Peau d’âne, et Les Souhaits ridicules.

Le passage de ces contes populaires et oraux à une forme écrite, destinée au public érudit des salons avant de l’être aux enfants, implique un processus de transformation, paradoxalement aussi profond que peu visible à première vue. En effet, qui sait aujourd’hui que, dans certaines versions orales, le petit chaperon rouge dévorait la chair de sa mère-grand, et s’abreuvait de son sang ? Ou encore que Cendrillon jetait du sel dans la cendre, faisant croire qu’elle avait des poux afin qu’on la laisse tranquille ? Les Contes de Perrault sont le résultat d’une censure assez nette de tous les éléments et motifs qui pouvaient choquer, ou simplement ne pas être compris par un public mondain.

Mais Perrault transforme également le récit et l’adapte à la société de son temps : il ajoute des glaces et des parquets au logis de Cendrillon et situe l’action du Petit Poucet à l’époque de la grande famine de 1693. Parallèlement, il les teinte d’un humour spirituel, agrémente le récit de plaisanteries parfois piquantes, destinées à prendre ses distances avec le merveilleux, déclarant par exemple que l’ogresse de La Belle au Bois dormant veut manger la petite Aurore « à la sauce Robert », que « le prince et sa belle ne dormirent pas beaucoup » après leurs retrouvailles, ou encore que les bottes du Chat botté n’étaient pas très commodes pour marcher sur les tuiles des toits. Ce faisant, il adapte son style à l’idée qu’il veut donner des Contes de ma mère l’Oye, multipliant les archaïsmes et les tournures vieillies, utilisant le dialogue, le présent de narration ou le jeu des formulettes (« Anne, ma sœur, ne vois-tu rien venir ? » ; « Ma mère-grand, comme vous avez de grands bras »), qui rappellent l’origine orale des contes et leur vivacité. Multipliant les signes d’une pseudo-oralité, ainsi que ceux d’une fausse innocence, Perrault a transformé le conte populaire, en réalisant un des chefs-d’œuvre de la littérature universelle.

→ À lire : Perrault : Le Petit Poucet (1697). – Le conte. – Les fées. – Les ogres et les ogresses.

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Gros plan sur les Contes de ma mère l’oie

Les Contes de ma mère l’oie ont une double signification. En mettant en scène des fées (Cendrillon), des êtres étranges (Barbe-bleue), des ogres (Le Petit Poucet) ou des chats doués de parole (Le Chat botté), ils s’adressent aux enfants dont ils satisfont le goût pour le merveilleux.

Mais ils ont une signification beaucoup plus profonde. En fait, les personnages qui y évoluent évoquent les pulsions qui sont au centre de l’être humain, qui sont tapies dans son subconscient : Cendrillon montre ainsi les liens qui s’établissent entre rêve et réalité ; la femme de Barbe-bleue révèle la force de la curiosité et l’attirance morbide qu’exerce la mort ; le petit Poucet, engage dans un combat contre la pauvreté et contre l’ogre, souligne la nécessité pour le faible d’utiliser la ruse et pour l’enfant de lutter contre la domination des adultes ; les victoires du chat botte indiquent les possibilités du triomphe de la malice populaire sur la violence du pouvoir.

Estampe (1862) de Gustave Doré - Le Petit Poucet, s'étant approché de l'ogre, lui tira doucement ses bottes.

⬆ Estampe (1862) de Gustave Doré – Le Petit Poucet, s’étant approché de l’ogre, lui tira doucement ses bottes.

Les Contes et son public

Trois raisons essentielles ont contribué à l’immense succès des contes de Perrault dès leur publication jusqu’à nos jours. D’abord, comme les contes de Grimm et certains contes d’Andersen, ceux de Perrault sont presque tous issus de la tradition orale. Or, la mémoire des peuples ne conservant que ce qui l’intéresse, les récits de tradition orale ont fait leurs preuves. Ensuite, Perrault ayant choisi de ne pas alourdir l’intrigue et ayant su éviter les artifices d’un style qui se démode, ses contes conservent aujourd’hui leur vivacité et sont faciles à mémoriser.

Enfin, les contes de Perrault étant à la fois captivants, simples, mémorables et consacrés par la culture légitime, ils figurent au tout premier rang des livres qui ont le privilège de relier adultes et enfants. Ils offrent aux parents un chemin vers le cœur des enfants qu’ils ont et de ceux qu’ils furent.

→ À lire : L’enfance et la littérature.

Bibliographie
  • De Jean Coste (1902)
  • Les Murs de Troie ou l’origine du Burlesque (1653)
  • Portrait d’Iris (1659)
  • Ode sur la paix (1660)
  • Ode sur le mariage du Roi (1663)
  • Dialogue de l’amour et de l’amitiéDiscours sur l’acquisition de Dunkerque par le Roi (1668)
  • Le Parnasse poussé à bout (1669)
  • Courses de têtes et de blagues faites par le Roi et par les Princes et SeigneursCritique de l’Opéra (1674)
  • Harangue faite au roi après la prise de Cambrai(1679)
  • Épître chrétienne sur la pénitence (1686)
  • Le Siècle de Louis le Grand (1687)
  • Ode de Mgr le Dauphin sur la prise de Philisbourg, Parallèle des Anciens et des Modernes en ce qui regarde les Arts et la Science (1688)
  • Au Roi, sur la prise de Mons (1691)
  • La Création du Monde (1692)
  • Ode du Roi, Dialogue d’Hector et d’Andromaque(1693)
  • L’Apologie des Femmes, Le Triomphe de sainte Geneviève, L’idylle à Monsieur de la Quintinie (1694)
  • Les Hommes illustres qui ont paru en France (1696 – 1700)
  • Les Contes de Perrault (ou Conte de ma mère l’Oye), Adam ou la création de l’homme (1697)
  • Portrait de Bossuet (1698)
  • Traduction des Fables de Faërne (1699)
  • Ode au Roi Philippe V, allant en Espagne (1701)
  • Ode pour le roi de Suède (1702)
  • Le Faux Bel Esprit (1703)
  • Mémoire de ma vie (posthume, 1755)
  • L’Oublieux, Les Fontanges (posthume, 1868)
[📽 Vidéo] 20 citations choisies de Charles Perrault
  • Quand il vint au monde, il n’était guère plus gros que le pouce, ce qui fit qu’on l’appela le petit Poucet. (Le Petit Poucet)
  • Et comme ton bonheur dépend tout de tes vœux, songes-y bien avant que de les faire.
  • Peu d’éloquence, beaucoup d’amour. (La belle au bois dormant)
  • Rien ne peut résister à la grande éloquence. (Griselidis)
  • La beauté pour le sexe est un rare trésor.
    De l’admirer jamais on ne se lasse ;
    Mais ce qu’on nomme bonne grâce
    Est sans prix, et vaut mieux encor. (Cendrillon)
  • Attendre quelque temps pour avoir un époux,
    Riche, bien fait, galant et doux,
    La chose est assez naturelle,
    Mais l’attendre cent ans et toujours en dormant,
    On ne trouve plus de femelle,
    Qui dormit si tranquillement. (La Belle aux Bois Dormant)

 Autres citations de Charles Perrault.

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Les contes de perrault - version integraleCharles Perrault
Cendrillon / Barbe Bleue et autres contes - Texte intégralHistoires ou Contes du temps passé

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