L’ode

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L’ode

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Qu’est-ce que l’ode ?

L’ode (n.f.) était le nom donné, chez les Grecs, à tout poème lyrique qui pouvait être chanté, et qui se distinguait en cela de l’élégie. Telles sont les odes de Pindare1 et d’Anacréon2. Chez les Modernes, l’ode est un petit poème lyrique, dans lequel le poète exhale les sentiments les plus intimes de son âme, et qui est partagé en un certain nombre de stances ou strophes presque toujours semblables ou symétriques pour le nombre et la mesure des vers, ainsi que pour la combinaison des rimes.

→ À lire :  La poésie lyrique. – Les thèmes lyriques. – L’ode morale ou philosophique. – L’ode héroïque ou pindarique. – L’ode sacrée. – L’ode anacréontique. – L’ode badine.

Quelle est la matière de l’ode ? Comment se distingue-t-elle des autres genres de poésies ?

Tout ce qui agite l’âme avec violence, tout ce qui lui cause une émotion douce, tout ce qui l’impressionne et fait naître en elle un enthousiasme véritable, peut devenir la matière de l’ode.

Ce poème n’est pas distingué des autres genres par la nature des sujets qu’il traite, puisque ces sujets sont très variés ; la seule différence qui existe, c’est que, dans les autres poèmes, le récit des actions est plus fréquent, tandis que dans l’ode, ce sont les sentiments portés jusqu’à l’enthousiasme qui dominent. L’ode est un chant, c’est un cri produit par l’énergie du sentiment ; le poète y paraît agité, échauffé par un sujet qui l’inspire. C’est en cela qu’elle diffère aussi des autres poésies lyriques, et surtout de l’élégie, où le poète s’abandonne languissamment au sentiment qui l’occupe.

Quel est le principal caractère de l’ode ?

Le caractère essentiel, l’âme de la poésie lyrique, et surtout de l’ode, c’est l’enthousiasme, c’est l’inspiration.

L’enthousiasme ou fureur poétique est un sentiment vif et profond d’admiration, de joie, de colère, de tristesse, etc., produit par une idée vive et saillante dont l’imagination est fortement frappée à la vue de l’objet qu’elle se représente. L’enthousiasme ne consiste pas dans un délire factice qui porte pour certains poètes à parler de leur feu, de leur sainte ivresse, etc., ni dans des apostrophes comme celles-ci : Que vois-je ? Qu’entends-je ? Où-suis je ? Où vais-je ? Quel transport m’égare ? Ces formules supposent l’enthousiasme, mais elles ne peuvent ni le faire naître, ni le supplier.

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Quels sont les privilèges et les règles de l’ode ?

L’enthousiasme est le caractère principal de l’ode ; mais il n’est pas le seul. La marche si vive et si libre de l’enthousiasme donne lieu à des débuts hardis, à des écarts et à des digressions qui produisent un certain désordre apparent : c’est ce qu’on appelle les caractères ou les privilèges de l’ode. D’un autre côté, l’enthousiasme, à cause de son impétuosité, ne peut durer longtemps, et le poète, malgré ses écarts, rapporte tout au sentiment qui le domine : de là se déduisent les deux règles de l’ode : la brièveté et l’unité.

Quel doit être le début de l’ode ?

Le début de l’ode doit être en général hardi, saisissant, pompeux et solennel. En effet, quand le poète saisit la lyre, on le suppose fortement frappé des objets qu’il se représente : son sentiment est alors porté au plus haut point. Dans cette situation de l’âme, comment pourrait-il s’annoncer par un début simple, tranquille, mesuré ? Emporté par la fougue de son imagination brûlante, et par les mouvements de son cœur vivement ému, il part comme un torrent qui rompt ses digues, et chante tout à coup sur un ton élevé. On voit dès le début toute la chaleur de son âme, et tout l’enthousiasme dont elle est remplie. Les premiers vers doivent toujours être du nombre des plus beaux ; et le poète, s’il a du goût, doit s’arrêter dès qu’il commence à descendre. L’ode n’est pas toujours également passionnée : il est clair que dans les sujets moins élevés, le début n’aura point un ton si imposant, puisqu’il doit être en harmonie avec l’ensemble du morceau.

Quelle doit être la conclusion de l’ode ?

L’ode doit s’élever, dès le début, à un haut degré de magnificence, et à cause de l’enthousiasme du poète, et à cause de l’impression qu’il est obligé de faire tout d’abord sur les esprits. Il n’est donc guère possible que l’ode monte plus haut que son début. En général, on demande que le poète se soutienne jusqu’à la fin à la même élévation. C’est un athlète qui s’est élancé dans la carrière, et qui doit toujours courir avec la même vitesse : s’il ralentit sa course, il perd la couronne qui l’attendait. Le poète lyrique nous a fait dans son début une impression des plus vives : il faut que cette impression soit durable. Son âme échauffée d’un feu divin, nous a embrasés de la même flamme : il faut que ce feu conserve jusqu’au bout sa force et son activité.

Quel doit être le style de l’ode ?

Le style de l’ode varie suivant la diversité des sujets. Dans les sujets nobles et élevés, le poète, après nous avoir ouvert tous les trésors de la poésie, doit en étaler à nos yeux toute la richesse et toute la magnificence. C’est alors qu’il nous élève, nous enchante et nous transporte, en unissant au sublime des sentiments et à la hardiesse des pensées toute l’énergie et la pompe des expressions, tous les charmes d’une harmonie soutenue et toujours ravissante. Tantôt ce sera une peinture qu’animeront les traits les plus vifs et les plus frappants, et que suivront de grandes et nobles idées rendues avec une singulière véhémence de style, comme dans les strophes de l’Ode a la fortune, de Jean-Baptiste Rousseau3 : « Quels traits me présentent vos fastes… Juges insensés que nous sommes… » Tantôt ce seront des comparaisons riches et multipliées qui nous présenteront les objets dans toute leur grandeur, dans toute leur beauté, comme celle que nous offre l’Ode aux princes chrétiens sur l’armement des Turcs : « Comme un torrent fougueux… La Palestine enfin, après tant de ravages… » Tantôt, ce sera un enchaînement de figures vives et saillantes qui donneront aux pensées un nouveau degré de force et d’élévation.
Si le sujet est simple et riant, le style aura de la douceur, de l’élégance et de la variété.
« Tantôt, comme une abeille ardente à son ouvrage,
L’ode s’en va de fleurs dépouiller le rivage. »

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La forme de l’ode antique

La forme de l’ode a varié suivant le goût des différents peuples. Chez les Grecs, elle était ordinairement partagée en stances, qu’ils appelaient « formes ». Ces stances avaient différents noms. Il y avait la strophe, l’antistrophe et l’épode. Les strophes symétrisaient avec les antistrophes, et les épodes entre elles. La strophe commençait, mais venaient l’antistrophe et l’épode, et ainsi de suite jusqu’à la fin du morceau. Ces stances étaient toujours accompagnées du chant et de la danse. Les danseurs tournaient à droite pendant la strophe ; pendant l’antistrophe ils tournaient à gauche en revenant sur eux-mêmes ; enfin, pendant l’épode, qui était toujours plus courte, ils faisaient tous leurs mouvements sans tourner ni d’un côté ni de l’autre. C’est dans cette forme que sont faites les odes de Pindare, et la plupart des chœurs dramatiques.

Alcée4, Sappho5 et d’autres lyriques avaient inventé avant Pindare d’autres formes, où on mêlait des vers de différentes espèces, avec une symétrie qui revenait beaucoup plus souvent. Ce sont ces formes qu’Horace6 a suivies.

La forme de l’ode moderne

Chez les modernes, et chez les Français en particulier, presque toujours les stances qui partagent l’ode sont régulières ou symétriques. L’assortiment et le nombre des vers est à peu près au choix et à la disposition du poète ; mais la première strophe, dans le premier cas, et les deux premières dans le second, une fois assorties, doivent servir de règle à toutes les autres. On rencontre aussi, mais beaucoup plus rarement, des odes à strophes irrégulières, qui sont regardées comme irréprochables, et qui paraissent même devoir leur succès à cette liberté d’allure. Il faut en conclure que la règle véritable pour la forme de l’ode, est qu’elle soit bien adaptée au sentiment que l’on veut exprimer, c’est-à-dire qu’elle soit régulière ou symétrique, si le sentiment a une vigueur soutenue, et irrégulière, si la vivacité de la pensée ou du sentiment produit des variations dans la marche.

Combien compte-t-on d’espèces d’odes ?

On compte quatre espèces d’odes :

Notices biographiques

1. Pindare (en grec ancien Píndaros), né à Cynocéphales, Béotie, en 518, mort à Argos en 438 av. J.-C., est l’un des plus célèbres poètes lyriques grecs. Pour plus d’infos : Qui est Pindare ? 

2. Anacréon (en grec ancien Anakréôn), né vers 550 av. J.-C. à Téos, en Ionie, mort vers 464 av. J.-C., est l’un des plus grands poètes lyriques grecs avec Alcée de Mytilène et Sappho. Il fut surnommé Le chantre ou le vieillard de Téos. Qui est Anacreon ?

3. Jean-Baptiste Rousseau est un poète et dramaturge français né à Paris le 6 avril 1670 et mort à Bruxelles le 17 mars 1741. 

4. Alcée : Alcée de Mytilène (en grec ancien Alkaĩos, en latin Alcaeus), appelé aussi Alcée de Lesbos, est un poète grec de l’époque archaïque, représentant de la poésie lyrique monodique. Le Canon alexandrin voit en lui le second des poètes lyriques grecs. 

5. Sappho est une poétesse grecque de l’Antiquité qui a vécu au VIIe siècle av. J.-C. à Mytilène, sur l’île de Lesbos. 

6. Horace (en latin Quintus Horatius Flaccus), né à Venosa le 8 décembre 65 av. J.-C. et mort à Tivoli le 27 novembre 8 av. J.-C., compte parmi les plus illustres poètes de tous les temps. Mais son œuvre, à double niveau d’écriture, fait aisément l’objet de malentendus et de contresens, comme en témoigne par exemple le détournement de la fameuse devise Carpe diem, ou de la non moins célèbre formule Aurea mediocritas (« juste milieu précieux comme l’or »), tirées respectivement des Odes, I, 11 et II, 10. 

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