Le préambule

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Le préambule

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Qu’est-ce que le préambule ?

Le préambule, (du latin prœ, devant, et ambulare, aller ; discours qui marche devant), est une sorte d’exorde placé en tête d’un écrit. Les Anciens l’appellent aussi proême. Le préambule diffère de la préface en ce qu’il est plus intimement lié au sujet, et n’a pas pour but l’apologie du travail de l’auteur. Le préambule est un éclaircissement préliminaire plus ou moins utile. Il donne un avant-goût de l’ouvrage, en marque le caractère et la portée, ou résume les événements accomplis antérieurement au récit. Il doit être court et net.

→ À lire : La préface. – L’exorde.

On cite parmi les modèles de préambules ceux des Dialogues de Platon et ceux des ouvrages didactiques de Cicéron, le début des Histoires de Tacite, celui de la Vie d’Agricola, ceux de L’Histoire naturelle de Pline, des Vies de Plutarque, etc. Dans les grandes compositions poétiques, des préambules placés au début des divers chants coupent le récit et y introduisent de la variété. L’usage en remonte aux anciens aèdes ou rhapsodes grecs, qui faisaient précéder du prélude, spécialement appelé proœmium, leurs récitations épiques. L’Arioste, dans son Roland furieux, a excellé dans ces exordes répétés.

Un aède
Un aède est, en Grèce antique, un artiste qui chante des épopées en s’accompagnant d’un instrument de musique, la phorminx, s’apparentant à la cithare. Il se distingue du rhapsode, plus tardif, en ce qu’il compose ses propres œuvres. De ce fait, il est l’équivalent d’un barde celte. Le plus célèbre des aèdes est Homère.

Au nombre des préambules littéraires, mentionnons les entrées en matière si ingénieuses de la plupart des contes de Jean de La Fontaine et de beaucoup de ses fables, notamment le début de la fable complexe du livre X, exposant la philosophie de Descartes.

→ À lire : La fable. – La Fontaine et la fable. – De la récitation des fables.

On appelle encore préambule l’exposé préliminaire des motifs qui ont guidé les législateurs dans la rédaction d’une constitution, d’une loi, etc. Le code donné aux Locriens par Zaleucus, philosophe du VIIe siècle avant notre ère, était précédé d’un préambule moral que Diodore et Stobée nous ont conservé. La Loi salique de Dagobert nous est parvenue dans plusieurs manuscrits avec un préambule. C’est un éloge de la libre nation franque, qui se termine par une invocation au Christ. La Constitution que se donnent les États-Unis en se déclarant indépendants, contient un préambule qui a été imité dans les Constitutions de 1791 et 1793 par la fameuse Déclaration des droits de l’homme. La Charte de 1814, la Constitution de 1848, etc. ont aussi leurs préambules.

Le préambule peut aussi s’agir d’un texte unilatéral (contrat, testament etc.) dont l’utilité est de guider le juge en cas de difficulté interprétation. Les juges, si le texte manque de clarté, peuvent y trouver des éléments d’interprétation de l’intention commune des déclarants ou des signataires.

Le préambule selon le dictionnaire
  • Courte introduction, texte qui, dans un discours ou un écrit, précède le développement lui-même et doit aider l’auditeur ou le lecteur à en comprendre les intentions profondes. Synonyme: avant-propos.
  • Ce dont on fait précéder un texte légal ou officiel (charte, ordonnance, acte législatif) et où l’on expose les motifs et l’objet du texte. Préambule d’une convention, d’un traité.
  • Préambule d’une constitution : Texte placé en tête d’une constitution, ayant pour objet de rappeler les principes fondamentaux, les droits et les libertés du citoyen, et de les compléter en vue de les mettre en harmonie avec l’évolution politique, économique et sociale.
  • Préambules de la foi : Dans la religion catholique, divers points qui précèdent la démonstration même de la vérité de la religion.
  • En musique : Pièce jouée avant un air, ou introduction à une cérémonie liturgique. Synonyme : prélude.
  • En télécommunications, un préambule est un marqueur positionné devant un message pour synchroniser le récepteur.
  • Paroles, discours vagues, qui ne vont pas directement au fait.
  • Sans préambule : Sans précautions oratoires, sans autre préparation, d’entrée de jeu.
  • Par analogie : Fait, démarche, événement qui prélude à un autre ou à d’autres plus importants.
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Extrait : Préambule de la Constitution de 1946

Le projet constitutionnel élaboré par la deuxième Assemblée constituante, dominée par le Mouvement républicain populaire (MRP), est désavoué par le général de Gaulle qui critique la prépondérance accordée à l’Assemblée nationale. Le référendum du 13 octobre 1946 l’approuve néanmoins, mais à une courte majorité puisqu’il ne recueille que 53 p. 100 de « oui » et que plus d’un tiers des électeurs s’abstiennent. Les grands principes sur lesquels reposent les institutions de la Nouvelle République sont exposés dans le Préambule. Ambitieux, celui-ci rappelle, à l’issue des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, « les droits et les libertés de l’homme et du citoyen » et proclame des « principes politiques, économiques et sociaux ». En 1971, par une décision relative à la liberté d’association qui a eu un retentissement considérable, le Conseil constitutionnel a étendu son contrôle de constitutionnalité par rapport aux dispositions du Préambule de 1946 (auquel il est fait référence en tête de la Constitution de 1958), se posant ainsi en protecteur des libertés du citoyen.

Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et les libertés de l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.
Il proclame, en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps, les principes politiques, économiques et sociaux ci-après :

La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme.

Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République.

Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.

Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale et adhérer au syndicat de son choix.

Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent.

Tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail, ainsi qu’à la gestion des entreprises.

Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.

La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.

Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence.

La Nation proclame la solidarité et l’égalité de tous les Français devant les charges qui résultent des calamités nationales.

La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État.

La République française, fidèle à ses traditions, se conforme aux règles du droit public international. Elle n’entreprendra aucune guerre dans des vues de conquête et n’emploiera jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple.

Sous réserve de réciprocité, la France consent aux limitations de souveraineté nécessaires à l’organisation et à la défense de la paix.

(Les Constitutions de la France depuis 1789, Paris, Garnier-Flammarion, 1979)

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