L’alphabétisation
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L’alphabétisation
Sommaire
Présentation
L’alphabétisation désigne l’enseignement de la lecture et de l’écriture à un individu ou à un groupe social. La notion d’alphabétisation dépasse le seul apprentissage des savoirs de base tels qu’ils sont dispensés aux enfants à l’école primaire ou aux adultes n’ayant jamais été scolarisés, dans le cadre de programmes spécifiques. En effet, les connaissances acquises doivent pouvoir être mises à profit dans la vie sociale, et ne peuvent donc se limiter au déchiffrage des signes écrits.
L’alphabétisation est donc la capacité de lire et d’écrire, constituant une compétence essentielle dans notre société moderne. Elle ouvre les portes à l’éducation, favorise l’autonomie et joue un rôle clé dans le développement économique et social. L’alphabétisation permet également aux individus de participer pleinement à la vie communautaire et de prendre des décisions éclairées.
→ À lire : L’alphabet. – Apprentissage de la lecture. – L’enfance et la littérature.
⬆ L’alphabétisation : un chemin vers l’éducation et l’émancipation, essentiel pour le développement individuel et collectif. Illustration créée par l’IA.
Évolution de la définition
En 1951, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) définissait la personne alphabétisée comme celle « capable de lire et d’écrire, en le comprenant, un exposé simple et bref des faits, en rapport avec sa vie quotidienne ».
Dès le milieu des années 1960, cependant, un nouveau concept est apparu, celui d’alphabétisation fonctionnelle. Selon la définition proposée en 1978 par l’Unesco, « est fonctionnellement analphabète une personne incapable d’exercer toutes les activités pour lesquelles l’alphabétisation est nécessaire dans l’intérêt du bon fonctionnement de son groupe et de sa communauté, et aussi pour lui permettre de continuer à lire, à écrire et à calculer en vue de son propre développement et de celui de sa communauté ». L’alphabétisation est ainsi clairement affirmée comme un enjeu majeur du développement des sociétés.
Mais l’évolution de la notion tient également compte des exigences croissantes de la société contemporaine, dans laquelle un individu ou un groupe ne peut s’insérer de manière satisfaisante s’il se trouve dans l’incapacité de traiter l’information écrite. La définition proposée par l’Unesco prend par ailleurs en considération la montée de l’illettrisme, phénomène dont les pays développés, tenant pour acquis les progrès réalisés en un siècle de scolarisation primaire obligatoire, n’ont pris conscience que dans les années 1980. L’illettrisme touche les personnes ayant été scolarisées (ou alphabétisées à l’âge adulte) mais qui, faute de pratique, ont perdu la maîtrise de l’écrit.
Enjeux de l’alphabétisation
En 1995, l’Unesco estimait que 905 millions de personnes âgées de plus de 15 ans étaient analphabètes et que près de 1,4 milliard étaient illettrées. Engagée dans des programmes d’alphabétisation depuis une quarantaine d’années, l’organisation a lancé en 1990 un programme intitulé « Éducation pour tous » et dont l’alphabétisation, reconnue comme un droit de chaque être humain, constitue le fondement. L’effort porte à la fois sur la scolarisation des enfants et sur la formation des adultes.
Malgré des progrès notables, 14% des enfants en âge d’entrer à l’école primaire ne sont toujours pas scolarisés dans les pays en voie de développement. Dans ces pays, l’analphabétisme touche environ le tiers des adultes. Ils étaient plus de la moitié à ne savoir ni lire ni écrire en 1970.
La politique d’alphabétisation est conçue comme partie intégrante des programmes de développement, tant il est évident que la diffusion du savoir est une condition nécessaire du progrès économique, social mais aussi politique. Le taux d’alphabétisation des adultes demeure inférieur à 50% dans les pays les moins avancés : la pauvreté fait obstacle à l’éducation, dont l’insuffisance freine le processus de développement.
Dans ces pays, l’effort d’alphabétisation se heurte également à des obstacles culturels. Le plurilinguisme y est souvent la règle, la culture traditionnelle est orale. Le choix de la langue d’alphabétisation revêt dès lors une portée symbolique et politique : opter pour la langue officielle du pays contribuera à renforcer, à travers l’unification linguistique, la cohésion nationale et permettra au groupe alphabétisé de mieux s’insérer dans l’économie du pays. En revanche, ce choix peut également avoir pour effet d’asseoir la domination d’une communauté sur l’autre et de contribuer à la disparition d’une culture spécifique au profit d’un modèle culturel imposé. À l’inverse, l’alphabétisation dans la langue maternelle, plus aisée, permettra la transmission d’un patrimoine culturel, qui pourra désormais être transcrit, mais l’individu alphabétisé risque davantage de devenir un illettré, faute d’un environnement accordant une place importante à l’écrit.
Les stratégies d’alphabétisation adoptées par l’Unesco et les autres organisations internationales œuvrant pour le développement ont évolué pour mieux s’adapter au milieu socio-culturel d’appartenance, condition nécessaire pour obtenir l’adhésion des populations à un projet éducatif dont l’utilité n’est pas toujours perçue immédiatement. Outre la méthode inspirée des travaux du pédagogue brésilien Paulo Freire, qui, dans le but de provoquer une prise de conscience politique, recommande de fonder les programmes d’alphabétisation sur des situations vécues, la plupart des campagnes d’alphabétisation ne visent pas à faire acquérir aux populations concernées un savoir de type scolaire mais plutôt un ensemble de connaissances pratiques.
L’une des barrières les plus importantes qui entrave les politiques d’alphabétisation est celle qui tient à la place des femmes dans les sociétés traditionnelles. En effet, il apparaît que l’accès à l’éducation demeure toujours largement fermé aux femmes, qui représentent les deux tiers des adultes analphabètes. Or, il est établi que l’alphabétisation de la population féminine, et plus généralement l’élévation de son niveau d’éducation, est un facteur important du développement. En effet, lorsque le niveau d’éducation des femmes augmente dans un pays, les connaissances en matière d’hygiène et de santé connaissent une meilleure diffusion, ce qui constitue un facteur de diminution des taux de fécondité et de mortalité. Les femmes qui savent lire et écrire perçoivent davantage la nécessité de scolariser leurs enfants, qu’elles peuvent encourager plus efficacement, interrompant la reproduction d’une situation d’analphabétisme d’une génération à l’autre.
L’illétrisme dans les sociétés développées
De même que l’analphabétisme constitue un handicap au développement, l’illettrisme est un facteur d’exclusion dans les sociétés industrialisées, dans lequelles la maîtrise de l’information écrite est une condition indispensable de l’accès aux technologies modernes, donc à l’emploi, tandis que le savoir-faire manuel ne cesse de se déprécier.
La méthodologie employée pour les enquêtes sur l’illettrisme reflète l’évolution des exigences dans les sociétés modernes. Plusieurs niveaux de maîtrise de l’écrit sont distingués : au-delà de la compréhension d’un texte simple, tel qu’un article de journal ou un extrait de livre, est prise en considération l’aptitude à traiter des documents intégrant des données chiffrées, comme des formulaires ou des relevés bancaires, qui font appel à des compétences en matière de calcul.
En l’absence d’enquêtes systématiques et fiables, l’ampleur de l’illettrisme, dans son acception la plus large, est toutefois difficile à évaluer. En France, les tests auxquels sont soumis les jeunes gens appelés à effectuer leur service national constituent l’un des seuls instruments de mesure du phénomène. En extrapolant à la population totale, on estime que de 8 à 10% des Français sont illettrés. Aux États-Unis, 20% des adultes ne maîtriseraient pas l’écrit.
L’illettrisme constitue un aveu d’échec relatif du système d’enseignement dans ces pays où le taux de scolarisation de 6 à 23 ans, tous niveaux confondus, atteint en moyenne, selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), 79% (contre 46% pour les pays en voie de développement). Le phénomène en effet ne touche pas seulement les plus âgés, dont la scolarisation a été globalement plus courte, mais il affecte aussi les jeunes en situation d’échec scolaire.
En 1995, sur plus de 50 000 jeunes conscrits français ayant achevé leur scolarité au niveau de la dernière année du collège, sans aucun diplôme, 2% seulement ont fait preuve d’une compréhension satisfaisante d’un texte. Les jeunes illettrés sont le plus souvent issus de familles socialement et économiquement défavorisées, leurs parents ayant rarement prolongé leurs études au-delà de l’enseignement primaire ou du premier cycle de l’enseignement secondaire.
L’éradication de l’illettrisme, préoccupation récemment apparue dans le cadre des politiques publiques, apparaît donc indissociable de l’amélioration du système d’enseignement et de la lutte contre la reproduction de l’échec scolaire.
Initiatives mondiales et locales pour l’alphabétisation
De nombreux acteurs, qu’il s’agisse d’organisations internationales comme l’Unesco, de gouvernements ou d’ONG, jouent un rôle crucial dans la promotion de l’alphabétisation à l’échelle mondiale. Des programmes tels que la Journée internationale de l’alphabétisation, des campagnes de sensibilisation, et des initiatives éducatives locales sont lancés pour réduire les disparités et favoriser l’accès à l’éducation. Ce sous-titre explorera ces actions, tout en mettant en lumière des exemples concrets de projets ayant un impact tangible sur le terrain.
L’impact des nouvelles technologies dans l’apprentissage
Avec l’avènement du numérique, les méthodes d’enseignement de l’alphabétisation ont radicalement évolué. Des applications mobiles, des plateformes d’apprentissage en ligne et des technologies d’intelligence artificielle sont désormais utilisées pour aider les apprenants de tous âges. Cette section analysera comment ces outils modernes facilitent l’accès à l’éducation, surtout dans des zones où les infrastructures scolaires sont limitées. Elle abordera également les défis liés à l’inclusion numérique et à l’adaptation des programmes d’alphabétisation aux nouveaux modes d’apprentissage.
8 septembre : Journée internationale de l’alphabétisation
Célébrée chaque année le 8 septembre, la Journée internationale de l’alphabétisation (JIA) a été instituée par l’UNESCO en 1966 pour sensibiliser à l’importance de l’alphabétisation et de l’éducation dans le monde. Depuis 1967, les célébrations annuelles de la Journée internationale de l’alphabétisation ont lieu pour rappeler aux décideurs politiques, aux praticiens et au public l’importance critique de l’alphabétisation pour une société plus instruite, juste, pacifique et durable. Cette journée met en lumière les progrès accomplis, mais aussi les défis persistants, notamment pour les populations marginalisées et les pays en développement.
L’alphabétisation est un droit humain fondamental qui ouvre la porte à d’autres droits humains, à de plus grandes libertés et à la citoyenneté mondiale. L’alphabétisation est un fondement de l’acquisition de connaissances, de compétences, de valeurs, d’attitudes et des comportements permettant de promouvoir une culture de paix durable fondée sur le respect de l’égalité et la non-discrimination, de l’État de droit, la solidarité, la justice, la diversité et la tolérance, dans le but d’établir des relations harmonieuses avec soi-même, avec les autres et avec la planète.
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