Anatole France

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Auteurs français

Anatole France

1844 – 1924

Anatole France, né le 16 avril 1844 à Paris, et mort le 12 octobre 1924 à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), est un écrivain français, longtemps considéré comme le plus grand auteur français du début du XXe siècle pour la majesté et l’élégance musicale de son style. Il a été élu à l’Académie française en 1896 et reçoit le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1921.

Débuts littéraires

Photo d'Anatole France.François Anatole Thibault, dit Anatole France, est né à Paris. Ce fils de libraire est, après ses études au collège Stanislas, essentiellement autodidacte. Lecteur insatiable dès sa plus tendre enfance, il se montre un littérateur précoce (il écrit ses premiers textes dans son adolescence) ; il s’introduit d’ailleurs très jeune dans les milieux érudits et bibliophiles de Paris, tout en se mêlant aux poètes de l’école parnassienne. Les premiers de ses ouvrages à être publiés sont une étude sur Alfred de Vigny, en 1868, puis ses Poèmes dorés (1873), dédiés à Leconte de Lisle, et un drame en vers à la manière antique intitulé les Noces corinthiennes (1876).

→ À lire : Le Parnasse (XIXe siècle).

Diversité de l’œuvre

La reconnaissance du grand public ne vient pourtant que lorsqu’il s’adonne à la prose narrative : après deux nouvelles, Jocaste et Le Chat maigre, publiées conjointement en 1879, il lui faut encore attendre la publication de son premier roman, Le Crime de Sylvestre Bonnard (1881), pour connaître un vrai succès. D’une ironie cinglante, ce récit, écrit dans un style délicat et subtil, révèle un humanisme sincère qui deviendra plus tard la marque caractéristique de son œuvre.

En 1883, Anatole France se lie avec Mme Arman de Caillavet qui lui inspire une réelle ardeur créatrice et qui, grâce à ses relations, assure la promotion de ses ouvrages. Parmi les écrits de cette période se signalent particulièrement les essais critiques rassemblés sous le titre La Vie littéraire (1888-1892), ainsi que les romans Balthasar (1889) et Thaïs (1890). Viennent ensuite Le Lys rouge (1894), récit autobiographique qui lui est inspiré directement par Mme Arman de Caillavet, et Le Jardin d’Épicure (1894). Anatole France écrit également des contes, notamment deux recueils intitulés L’Étui de nacre (1892) et Le Puits de Sainte-Claire (1895).

Un intellectuel engagé

Anatole France publie ensuite un vaste cycle romanesque intitulé L’Histoire contemporaine (1897-1901), qui regroupe, sous la forme d’une conversation entre différents personnages de province, diverses analyses des faits contemporains et qui contient surtout un compte rendu sévère des effets néfastes de l’affaire Dreyfus sur la vie française. Cette somme, ironique à l’égard des mentalités provinciales, est nettement anticléricale, pacifiste et rationaliste ; elle réunit les ouvrages intitulés L’Orme du mail (1897), Le Mannequin d’osier (1897), L’Anneau d’améthyste (1899), et enfin M. Bergeret à Paris (1901). Anatole France lui-même a pris parti, comme Émile Zola (auteur du fameux « J’accuse… ! » en 1898) et comme Marcel Proust, pour la réhabilitation du capitaine Dreyfus.

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Dans ses ouvrages ultérieurs, Anatole France se fait l’avocat des causes humanitaire et sociale, plaidant avec éloquence en faveur des libertés civiques, de l’école publique et des droits du travail, tout en dressant une satire brillante et acerbe des abus politiques, économiques et sociaux de son époque.

💡 L’affaire Dreyfus…
L’affaire Dreyfus est une crise politique de la IIIe République qui, de 1896 à 1899, a profondément divisé l’opinion publique et entraîné une crise nationale.
Scindée en deux camps antagonistes, l’opinion s’est opposée au sujet de la culpabilité ou de l’innocence du capitaine Alfred Dreyfus, condamné à tort pour espionnage au profit de l’Allemagne. Au-delà du scandale judiciaire, l’affaire Dreyfus a été un puissant révélateur des profonds clivages idéologiques et politiques de la France d’avant 1914. À terme, elle a en grande partie déterminé la représentation de l’« esprit républicain ».
Cette affaire est souvent considérée comme le symbole moderne et universel de l’iniquité au nom de la raison d’État, et reste l’un des exemples les plus marquants d’une erreur judiciaire difficilement réparée, avec un rôle majeur joué par la presse et l’opinion publique.
→ À lire : Histoire de la France : Le XIXe siècle. – Le XXe siècle.

Une œuvre classique et progressiste

Toutefois, malgré ses prises de position relativement avant-gardistes sur le plan social, Anatole France demeure, sur le plan littéraire, tout à fait fidèle au goût classique par sa langue magistrale. Parmi les ouvrages qui montrent bien ses préoccupations sociales et son éloquence classique ressortent des romans tels que L’Île des pingouins (1908), La Révolte des anges (1914) et Les dieux ont soif (1912) — compte rendu sur la période de la Terreur durant la Révolution française —, mais aussi ses essais tels que Opinions sociales (1902), l’Église et la République, Sur la pierre blanche (1905), ou encore Vers les temps meilleurs (1909). Parmi les romans tardifs d’Anatole France, citons encore Au petit bonheur (1898), Pierre Nozière (1899), Les Contes de Jacques Tournebroche (1908) et Le Génie latin (1913).

Personnage important du monde des lettres, Anatole France a été élu à l’Académie française en 1896 et a reçu le prix Nobel de littérature en 1921. S’étant retiré du monde littéraire après la Première Guerre mondiale, il s’est éteint près de Tours le 12 octobre 1924.

Le Livre de mon ami (1885)

Anatole France, Le Livre de mon ami, Librio.

Dans cette évocation des souvenirs de ses jeunes années, Anatole France se dépeint sous les traits du petit Pierre Nozièrre. On ne s’étonne donc pas de trouver chez cet enfant un goût précoce de la culture antique, allié à un don suggestif d’évocation plastique et un sens déjà aiguisé de l’ironie. Cette ironie s’exprime dans le style par des discordances soigneusement ménagées, entre le ton oratoire d’une période et le prosaïsme d’un mot qui s’y glisse, entre l’emphase d’une autre période et la platitude voulue de sa chute, entre la noblesse de l’expression et la banalité du sujet.

Quatrième de couverture

« Composons une Histoire de France, avec tous les détails, en cinquante volumes… » Voilà, c’est dit ! Cinquante volumes, c’est bien le moins. Et tous les détails, hein ! Tous !

À six ans, Fontanet et Nozière n’ont peur de rien. Et certainement pas d’une aventure comme celle-là… Alors, quand le petit Pierre rencontre pour la première fois sa marraine, il sait très bien à qui il a affaire. C’est une fée. Et qu’on ne vienne pas lui dire le contraire. Il a vu ses yeux d’or, entendu son rire de source claire. Et elle parle de la mer comme personne ! Le monde ? oh, il connaît ! Que ce soit les monstres au bec de cigogne qui rasent les murs de sa chambre en silence ou les belles dames mystérieuses du voisinage, on ne lui fait pas prendre des vessies pour des lanternes. Et les miracles, comme pour Suzanne qui déjà parle aux étoiles, il connaît ! Alors le reste…

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📽 15 citations choisies d’Anatole France
  • La chair des femmes se nourrit de caresses comme l’abeille de fleurs. (Le Lys rouge)
  • Les choses en elles-mêmes ne sont ni grandes ni petites, et quand nous trouvons que l’univers est vaste, c’est là une idée tout humaine. (Le Jardin de l’Épicure)
  • Le pauvre sans désir possède le plus grand des trésors ; il se possède lui-même. Le riche qui convoite n’est qu’un esclave misérable. (Le Crime de Sylvestre Bonnard)
  • Les grandes oeuvres de ce monde ont toujours été accomplies par des fous. (Le Lys rouge)
  • Les choses en elles-mêmes ne sont ni grandes ni petites, et quand nous trouvons que l’univers est vaste, c’est là une idée tout humaine. (Le Jardin de l’Épicure)
  • C’est dans l’absolue ignorance de notre raison d’être qu’est la racine de notre tristesse et de nos dégoûts.  (Le Jardin de l’Épicure)
  • L’artiste doit aimer la vie et nous montrer qu’elle est belle. Sans lui, nous en douterions. (Le Jardin de l’Épicure)
  • Les poètes nous aident à aimer : ils ne servent qu’à cela. Et c’est un assez bel emploi de leur vanité délicieuse. (Le Jardin de l’Épicure)
  • Une femme sans poitrine, c’est un lit sans oreillers. (La Rôtisserie de la reine Pédauque)
  • Mieux vaut comprendre peu que comprendre mal. (La Rôtisserie de la reine Pédauque)
  • La jeunesse a cela de beau qu’elle peut admirer sans comprendre. (La Vie littéraire)
  • Ce que les hommes appellent civilisation, c’est l’état actuel des mœurs et ce qu’ils appellent barbarie, ce sont les états antérieurs. (Sur la Pierre blanche)
  • L’avenir est un lieu commode pour y mettre des songes. (Les Opinions de M. Jérôme Coignard)
  • L’Etat est comme le corps humain. Toutes les fonctions qu’il accomplit ne sont pas nobles. (Les Opinions de M. Jérôme Coignard)
  • J’ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l’indifférence. (Le Crime de Sylvestre Bonnard)
  • Il faut plaindre les riches : leurs biens les environnent et ne les pénètrent pas. (Le Crime de Sylvestre Bonnard)
  • Le peuple fait bien les langues. Il les fait imagées et claires, vives et frappantes. Si les savants les faisaient, elles seraient sourdes et lourdes. (Propos de rentrée)
  • On a beau chercher, on ne trouve jamais que soi-même. (Le Petit Pierre)
  • Le cœur se trompe comme l’esprit ; ses erreurs ne sont pas moins funestes, et l’on a plus de mal à s’en défaire à cause de la douceur qui s’y mêle. (Le Petit Pierre)

Autres citations d’Anatole France.

Bibliographie
  • Alfred de Vigny (1868)
  • Poèmes Dorés (1873)
  • Noces Corinthiennes (1876)
  • Jocastre et le Chat Maigre (1879)
  • Le Crime de Sylvestre Bonnard, Membre de l’Institut (1881)
  • Les Désirs de Jean Servien (1882)
  • Le Livre de mon Ami (1885)
  • Nos Enfants (1887)
  • La Vie Littéraire – Première Série (1888)
  • Balthasar (1889)
  • La Vie Littéraire – Deuxième Série (1890)
  • Thaïs (1891)
  • La Vie Littéraire – Troisième Série (1891)
  • L’Etui de Nacre (1892)
  • La Vie Littéraire – Quatrième Série (1892)
  • La Rôtisserie de la Reine Pédauque (1893)
  • Les Opinions de Jérôme Coignard (1893)
  • Le Lys Rouge (1894)
  • Le Puits de Sainte-Claire (1895)
  • Le Jardin d’Épicure (1895)
  • Poésies (y compris celles déja publiées) (1896)
  • L’Histoire Contemporaine – L’Orme du Mail (1897)
  • L’Histoire Contemporaine – Le Mannequin d’Osier (1897)
  • Pierre Nozière (1899)
  • L’Histoire Contemporaine – L’Anneau d’Améthyste (1899)
  • Sous l’Invocation de Clio (1900)
  • L’Affaire Crainquebille, Putois, Riquet (1901)
  • L’Histoire Contemporaine – Monsieur Bergeret à Paris (1901)
  • Histoire Comique (1903)
  • Sur la Pierre Blanche (1905)
  • Les Contes de Jacques Tournebroche (1908)
  • La Vie de Jeanne d’Arc (1908)
  • L’Ile des pingouins (1908)
  • Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue et Autres Contes Merveilleux (1909)
  • Les Dieux ont Soif (1912)
  • La Révolte des Anges (1914)
  • Le Petit Pierre (1918)
  • La Vie en Fleur (1922)
  • La Vie Littéraire – Cinquième Série (1949)
  • Lettres inédites à Jacques Lion (1965)
  • La Vie Littéraire – Sixième Série (1970)
  • Lettres inédites à Paul Grunebaum-Ballin (1971)
  • Lettres intimes (Correspondance avec Madame Arman de Caillavet) (1984)
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