Arlequin

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Présentation

Arlequin est un personnage de la Comédie italienne. Riccoboni prétend que l’Arlequin tire son origine des anciens mimes latins. Ils avaient, comme lui, la tête rasée : on les appelait planipèdes et Mimi centunculo. Ce dernier mot ne semble-t-il pas désigner l’habit d’arlequin ? Vossius ajoute : « Sanniones mimum agebant rasis capitibus, fuligine faciem obducti. » Ce qui veut dire en français : Voilà le masque noir et la tête rasée du personnage. Le mot latin sannio, bouffon, s’est conservé en Italie sous la forme de sanni et zanni, pour désigner en commun l’arlequin et les autres valets bouffons.

Origines d’Arlequin

Arlequin assis (1923) par Pablo Picasso (1881-1973).

On a prétendu pourtant que le nom même d’Arlequin était au contraire d’une étymologie toute moderne ; qu’il avait été donné, en 1580, à un jeune acteur italien, familier et commensal du président du Harlay, et que ses camarades, pour cette raison, appelaient Harlecchino (petit Harlay) ; mais une lettre de Raulin écrite en 1521, et qui contient le mot d’arlequin, rend cette étymologie entièrement imaginaire. Il est probable que le nom de l’acteur bergamasque, viveur et ami de la bonne chère, vient simplement du mot italien lecchino, qui signifie gourmand. On a proposé gratuitement l’hypothèse d’un nègre bergamasque, ou venu d’Afrique à Bergame, et qui aurait été porté au théâtre pour représenter les ridicules nationaux de cette ville. Car la question des nationalités locales est très importante dans les types comiques de l’Italie. Arlequin représentait Bergame, comme Pantalon Venise, comme le docteur Bologne, comme Scapin Naples. Il a été imaginé une anecdote qui a fait le tour des livres d’éducation, depuis la Morale en actionjusqu’à Berquin. Des enfants de Bergame se cotisèrent un jour pour habiller un de leurs pauvres camarades. Ils apportèrent chacun un morceau d’étoffe à cette intention ; les morceaux se trouvèrent de couleurs différentes. De là l’habit bariolé de l’Arlequin et cet accent traînard particulier aux gens du peuple de Bergame. Quelques auteurs ont voulu imposer à ce personnage la nationalité française ou du moins provençale. Génin prétend que Pierrot et Arlequin ont tous deux figuré dans les processions dramatiques du bon Roi Réné, au XVe siècle, et qu’ils ont même fait partie de la Mesnie helléquine, si célèbre au Moyen Âge par ses fantômes blanc et noir. D’autres suivent plus haut l’étymologie, et le vieux mot hellequin, signifiant génie infernal, est rattaché à l’allemand Erl-Kœnig (le Roi des Aulnes) ; ce qui donnerait à Arlequin son origine dans la légende germanique.

Portraits d’Arlequin

Quoi qu’il en soit, il est certain que l’Arlequin ne se montre sur la scène française que vers le milieu du XVIIe siècle, et qu’il y fut introduit par les Italiens.

Son caractère, dit Marmontel, est un mélange d’ignorance, de naïveté, d’esprit, de bêtise et de grâce : c’est une espèce d’homme ébauché, un grand enfant, qui a des lueurs de raison et d’intelligence, et dont toutes les méprises et les maladresses ont quelque chose de piquant. Le vrai modèle de son jeu est la souplesse, l’agilité, la gentillesse d’un jeune chat, avec une écorce de grossièreté qui rend son action plus plaisante ; son rôle est celui d’un valet patient, fidèle, crédule, gourmand, toujours amoureux, toujours dans l’embarras, ou pour son maître, ou pour lui-même, qui s’afflige, qui se console avec la facilité d’un enfant et dont la douleur est aussi amusante que la joie.

Ce portrait, vrai en partie pour l’arlequin actuel, est trop délicat pour s’appliquer à l’arlequin ancien. Celui-ci était simplement balourd et gourmand, un mélange comique de bêtise naïve et de goinfrerie. Ce caractère se maintint même ou s’exagéra encore dans certains types modernes, comme dans l’arlequin national des Allemands, leur Jean-Saucisse (Hanswürst), que Gottsched s’efforça de proscrire de la scène régénérée. Mais les auteurs français se sont avisés de lui donner de l’esprit, et de lui prêter des mots comme celui-ci : « Si Monseigneur Adam s’était avisé d’acheter une charge de secrétaire du roi, nous serions tous gentilshommes. » ou bien : « Les gens de qualité non seulement savent tout sans avoir rien appris, mais souvent aussi apprennent tout sans rien savoir. »

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Les arlequins les plus connus

De grands acteurs remplirent à plusieurs reprises le rôle d’Arlequin dans les canevas de la commedia dell’arte, joués en Italie même ou exportés en Allemagne et en France. Il faut citer Dominique Locatelli, connu sous le nom de Trivelin. Il composa l’argument de la Rosaura Impératrice de Constantinople, représentée au théâtre du Petit-Bourbon en 1658. Après lui, Dominique Biancolleli, dont la réputation avait grandi tout à coup, fut appelé d’abord à Vienne et puis, en 1660, à Paris, par le cardinal Diazarin. II eut pour successeur, en 1688, Angelo Constantini, connu sous le nom de Mazettin. Ce dernier jouait Arlequin, sans masque, pour faire valoir sa figure gracieuse et sa physionomie expressive. Il fut annobli par le roi de Pologne, séjourna longtemps à Varsovie et revint en France en 1729. Quelques années auparavant Gechini, dit Fratellino, autre arlequin célèbre, avait été annobli par l’empereur d’Allemagne. On peut ajouter aux noms précédents ceux de Vinzentini dit Thomassin (1720), de Carlo Bertinazzi dit Carlin (1741), de Gherardi père, surnommé Flautin, et d’Evariste Gherardi, qui remplaça souvent Locateili avec succès, et qui est surtout connu pour avoir recueilli et colligé en six volumes les meilleures pièces de l’ancien théâtre italien. Mais la vogue d’Arlequin en France ne dépassa guère la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les préoccupations politiques et les événements révolutionnaires détrônèrent momentanément la pantomime et l’arlequinade, et lorsqu’elles reparurent, Arlequin oublié était remplacé par Pierrot.

Arlequin et Pierrot (1924) par André Derain (1880-1954) ; peintre, illustrateur et sculpteur français, et l'un des fondateurs du fauvisme.

Arlequin et Pierrot (1924) par André Derain (1880-1954) ; peintre, illustrateur et sculpteur français, et l’un des fondateurs du fauvisme.

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