Blaise Cendrars

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Auteurs français

Blaise Cendrars

1887 – 1961

Blaise Cendrars en 1907.

Présentation

Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric Louis Sauser, est né le 1er septembre 1887 à La Chaux-de-Fonds, canton de Neuchâtel en Suisse et mort le 21 janvier 1961 à Paris. Il est un poète, romancier et essayiste suisse naturalisé français, dont l’œuvre poétique est vouée à l’aventure et à la conquête symbolique du monde.

Il a participé activement au mouvement moderniste, mêlant souvent dans ses œuvres poésie, récit de voyage et autobiographie. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent La Prose du Transsibérien (1913), un long poème qui évoque un voyage en train à travers la Russie, et L’Or (1925), un roman inspiré de la ruée vers l’or en Californie.

Cendrars a aussi été marqué par la guerre, perdant son bras droit lors de la Première Guerre mondiale, une expérience qui a influencé son écriture.

→ À lire : Blaise Cendrars : L’Or (1925).

« L’Homère du Transsibérien » (DOS PASSOS)

Né à La Chaux-de-Fonds, en Suisse, de père suisse et de mère écossaise, Frédéric Sauser, dit Blaise Cendrars, assiste à la Révolution russe de 1905, lors d’un long séjour à Saint-Pétersbourg (1904-1907), en tant qu’apprenti bijoutier. Son premier livre, La Légende de Novgorod (1907), est publié à Moscou, en russe et à son insu. À son retour, il étudie la médecine et la musicologie à Berne, où il rencontre sa femme, puis s’embarque en 1912 pour New York. Il y écrit Les Pâques à New York, une imitation de la Passion du Christ. Le poème est signé de son pseudonyme dont le symbolisme dérive du mythe du phénix.

Blaise Cendrars s’installe à Paris, où il fréquente Guillaume Apollinaire et les peintres de l’école de Paris : Marc Chagall, Fernand Léger, Amedeo Modigliani, Robert Delaunay et Sonia Delaunay. Cette dernière illustre le poème-tableau Prose du Transsibérien et de la petite Je(h)anne de France (1913). Blaise Cendrars y évoque son voyage en Transsibérien effectué lors de son séjour en Russie en compagnie d’une jeune prostituée de Montmartre. Figure de l’avant-garde, il passe pour un tenant du cubisme littéraire, aux côtés de Jean Cocteau, Max Jacob ou Pierre Reverdy, entretenant des relations suivies avec les expressionnistes allemands et les futuristes italiens.

La Main coupée

En 1914, il s’engage dans la Légion étrangère ; touché par un obus en 1915, il perd le bras droit, son « bras de poète », ce qui le plonge dans un grand désarroi. Il publie néanmoins La Guerre au Luxembourg en 1916, obtenant cette année-là la nationalité française. Ce n’est que quelque temps après qu’il découvre la portée initiatique de son amputation, vécue désormais comme une possibilité de développer son identité de gaucher, ce qui fait dire à Picasso :

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Cendrars est revenu de la guerre avec un bras en plus.

L’amputation est présente dans les ouvrages Profond aujourd’hui (1917), La Fin du monde filmée par l’ange Notre-Dame (1919), L’Eubage (1926) et La Main coupée (1946). Il revient également sur l’expérience douloureuse de la guerre dans J’ai tué (1918).

Une activité débordante

Après-guerre, Blaise Cendrars développe une intense activité. Il est directeur littéraire des éditions de la Sirène, critique d’art et collaborateur de la revue Littérature, travaille à la composition de son Anthologie nègre (1921) et publie Au cœur du monde (1919-1922). Il signe également le livret de La Création du monde (1923) pour les Ballets suédois, en collaboration avec Fernand Léger et Darius Milhaud.

Malgré son estime pour Louis Aragon et Philippe Soupault, il se tient éloigné des surréalistes et du mouvement Dada. En 1920, il est assistant d’Abel Gance sur le tournage de La Roue. En 1921, il est engagé par les studios de Rome. Malheureusement, l’actrice principale de La Vénus noire décède pendant le tournage et le film est détruit. Il gardera toute sa vie un rêve de cinéma inassouvi.

Le romancier de l’aventure

À partir de 1924, il abandonne l’écriture poétique, dont il s’est éloigné déjà depuis 1917. Cette même année, il effectue un premier voyage au Brésil. Il célèbre ce pays gigantesque à la population métissée dans de nombreux textes, dont Le Brésil (1952). En 1925, il publie son premier roman, L’Or, qui obtient un succès considérable. Il est suivi par Moravagine (1926), roman surréaliste et autobiographique sur sa vie aventureuse. Le livre aurait, selon l’auteur, influencé Le Voyage au bout de la nuit de Céline. Il signe ensuite un roman en deux volumes, Le Plan de l’Aiguille et Les Confessions de Dan Yack (1929). Rhum (1930) est une biographie romancée de Jean Calmot, politicien, affairiste et écrivain.

Dans les années 1930, Blaise Cendrars réalise des grands reportages, notamment pour Paris-Soir, dirigé par Pierre Lazareff (Panorama de la pègre, 1935 ; Hollywood, la Mecque du cinéma, 1936). Il publie également des recueils d’Histoires vraies (1937), des « nouvelles personnelles » où il se met souvent lui-même en scène (La Vie dangereuse, 1936 ; D’Oultremer à Indigo, 1940). Durant la Seconde Guerre mondiale, il est correspondant de guerre du côté britannique (Chez l’armée anglaise, 1940).

L’auteur des « Mémoires »

Après la défaite de 1940, il se retire à Aix-en-Provence. Ses Poésies complètes sont publiées en 1944. Il commence alors sa série des « Mémoires », qui comprend L’Homme foudroyé (1945), La Main coupée (1946), Bourlinguer (1948) et Le Lotissement du ciel (1949). Il s’agit d’une entreprise « autofictionnaire », très libre quant aux faits et aux dates. Poète avant tout, il y évoque ses pérégrinations et ses aventures en les transposant sur le mode mythique, mêlant rêve et réalité.

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Dernières publications

À Paris, en 1949, il publie La Banlieue de Paris, en collaboration avec Robert Doisneau, puis Emmène-moi au bout du monde !… (1956), un roman à clefs, Trop c’est trop (1957), recueil de souvenirs, nouvelles, reportages, billets d’humeur, et enfin Film sans images (1959), qui rassemble trois pièces radiophoniques écrites en collaboration avec Nino Franck.

Ami de John Dos Passos, qui traduit ses œuvres en anglais, il se lie également avec Henry Miller et Henri Michaux. Commandeur de la Légion d’honneur, il reçoit en 1961, l’année de sa mort, la médaille militaire et le grand prix littéraire de la Ville de Paris. Il laisse une œuvre abondante et diverse, longtemps considérée comme essentiellement poétique et redécouverte dans sa totalité à partir des années 1970.

Une vision cosmique du monde

Comme Apollinaire, Blaise Cendrars rejette les poèmes courts et figés dans une forme traditionnelle, qu’il juge de portée limitée. Il crée donc un nouveau style poétique, fait pour correspondre étroitement à l’originalité de son propos. Constitué d’une succession de souvenirs — événements, impressions, mais aussi souvenirs rêvés —, ce style traduit une vision cosmique du monde et le désir sans cesse renouvelé de le parcourir pour le conquérir symboliquement. La forme de ses poèmes et de ses récits est souple et dynamique et leur rythme est syncopé, donnant au lecteur le sentiment perpétuel du mouvement. L’emploi de l’indicatif présent actualise l’évocation du voyage, passé ou imaginaire.

[📽 Vidéo] 16 citations choisies de Blaise Cendrars
  • Vivez, ah ! Vivez donc, et qu’importe la suite ! N’ayez pas de remords. Vous n’êtes pas Juge. (Bourlinguer)
  • La folie est le propre de l’homme. (Bourlinguer)
  • Écrire est une vue de l’esprit. C’est un travail ingrat qui mène à la solitude. (L’Homme foudroyé)
  • Je ne trempe pas ma plume dans un encrier, mais dans la vie. (L’Homme foudroyé)
  • L’univers est une digestion. Vivre est une action magique. (Emmène-moi au bout du monde)
  • La sérénité ne peut être atteinte que par un esprit désespéré et, pour être désespéré, il faut avoir beaucoup vécu et aimer encore le monde. (Une nuit dans la forêt)
  • C’est dans ce que les hommes ont de plus commun qu’ils se différencient le plus. (Aujourd’hui)
  • L’important c’est de se sentir heureux, d’extérieure, la vie devient intérieure, son intensité reste la même et vous savez, c’est bizarre où le bonheur de vivre va parfois se nicher. (Moravagine)
  • La critique d’art est aussi imbécile que l’espéranto. (Dix-neuf poèmes élastiques)
  • La sérénité ne peut être atteinte que par un esprit désespéré. (Une nuit dans la forêt)
  • Sans l’appui de l’égoïsme, l’animal humain ne se serait jamais développé. L’égoïsme est la liane après laquelle les hommes se sont hissés hors des marais croupissants pour sortir de la jungle. (Hors la loi !)
  • Écrire, ce n’est pas vivre. C’est peut-être survivre.
  • Le seul fait d’exister est un véritable bonheur.
  • Pour être désespéré, il faut avoir vécu et aimer encore le monde.
  • Rien n’est admissible ; sauf la vie, à condition de la réinventer chaque jour.
  • Quand on aime, il faut partir.
Bibliographie sélective

Romans autobiographiques

  • L’Homme foudroyé, 1945
  • La Main coupée, 1946
  • Bourlinguer, 1948
  • Le Lotissement du ciel, 1949

Poésies

  • La Légende de Novgorode, 1907
  • Les Pâques à New-York, 1912
  • Séquences, 1913
  • Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France, 1913
  • La Guerre au Luxembourg, 1916
  • Le Panama ou les aventures de mes sept oncles, 1918
  • Dix-neuf poèmes élastiques, 1919
  • Du monde entier, 1919
  • Feuilles de route, I. Le Formose, 1924
  • Kodak (Documentaire), 1924
  • Poésies complètes, 1944
  • Le Volturno (posthume), 1989

Romans, contes, nouvelles

  • Profond aujourd’hui, 1917
  • J’ai tué, 1918
  • La Fin du monde filmée par l’Ange Notre-Dame, 1919
  • L’Or. La Merveilleuse Histoire du général Johann August Suter, 1925
  • L’Eubage. Aux antipodes de l’unité, 1926
  • Moravagine, 1926
  • Éloge de la vie dangereuse, 1926
  • L’ABC du cinéma (prose poétique), 1926
  • Petits Contes nègres pour les enfants des Blancs, 1928
  • Le Plan de l’Aiguille (Dan Yack), 1929
  • Les Confessions de Dan Yack, 1929
  • Comment les Blancs sont d’anciens Noirs (contes nègres), 1930
  • Histoires vraies (nouvelles), 1937
  • La Vie dangereuse (nouvelles), 1938
  • D’Oultremer à Indigo (nouvelles), 1940
  • Emmène-moi au bout du monde !…, 1956
  • Films sans images, 1959

Écrits autobiographiques

  • Une nuit dans la forêt. Premier fragment d’une autobiographie, 1929
  • Vol à voiles. Prochronie, 1932
  • L’Homme foudroyé, 1945
  • La Main coupée, 1946
  • Bourlinguer, 1948
  • Le Lotissement du ciel, 1949
  • À l’aventure (pages choisies), 1958

Essais

  • Aujourd’hui, 1931
  • La Banlieue de Paris, 1949
  • Le Brésil. Des hommes sont venus, 1952
  • Noël aux quatre coins du monde, 1957
  • Trop c’est trop, 1957

Articles connexes

Suggestion de livres

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