Bouffons et bouffonnerie

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Bouffons et bouffonnerie

Au théâtre, la bouffonnerie est l’esprit de la farce, et accidentellement de la comédie. Elle s’adresse surtout à la populace et réussit par des plaisanteries basses et grossières. On appelle bouffons certains acteurs ordinairement chargés de rôles d’un comique outré, et qui travaillent à provoquer la gaieté par des moyens, gestes, inflexions de voix, ou grimaces qui ne sont pas toujours d’un goût délicat.

Les bouffons étaient classés en deux variétés : le bouffon « naturel », concernant un individu simple d’esprit ou atteint d’une maladie mentale, et le bouffon « artificiel », qui n’est théoriquement qu’une copie imparfaite de la première variété, mais pourtant qui est présent en premier dans la littérature européenne certainement grâce à l’image archétypale du Fripon.

Le théâtre antique avait ses bouffons populaires, le Maccus (le niais), le Bucco (le glouton), le Pappus (le vieil avare), le Dossennus (le bossu malicieux) et le Manducus (l’ogre terrifiant), qui donnent de la vie aux atellanes . À la scène italienne, les bouffons sont devenus célèbres et se sont produits, avec une grande variété de types, dans les improvisations de la commedia dell’arte. La comédie française a eu aussi ses bouffons : Tabarin, Mondor, Turlupin, Jodelet, Jocrisse, etc. Ils sont souvent désignés sous le nom de farceurs, mais que les grandes scènes, comme celles de l’Hôtel de Bourgogne et des Marais, n’ont pas dédaigné d’appeler à elles. Le gracioso a été le bouffon de la scène espagnole et le clown celui de la scène anglaise. Sous les noms principaux de ces personnages ou des genres auxquels ils ont dû leurs succès, nous marquons la part que s’est faite la bouffonnerie dans les divers théâtres anciens et modernes.

Les atellanes
Les atellanes sont des sortes de farces ou comédies bouffonnes de l’ancien théâtre italique, auquel les Romains les empruntent, en leur conservant le nom de fabulœ atellanœ qui leur venait d’Atella, commune italienne, située dans la province de Potenza, dans la région Basilicate en Italie méridionale.

→ À lire : La farce. – Le clown. – La commedia dell’arte. – La comédie. – La comédie classique en France.

William Merritt Chase, "Keying Up" – The Court Jester [Le Bouffon de la cour] (détail), 1875.

⬆ William Merritt Chase, « Keying Up » – The Court Jester [Le Bouffon de la cour] (détail), 1875.

Le genre bouffon

De même que le bouffon au théâtre est l’acteur chargé de faire rire, de même le genre bouffon, en littérature, a le rire pour objet essentiel. Il ne travestit pas les caractères et ne cache pas une critique sous la plaisanterie, comme le genre burlesque. Il ne recherche pas, comme le grotesque, les effets hardis d’un art chaudement coloré. Il rit pour rire, il choisit à cet effet des physionomies, des scènes, des pensées triviales, et met en harmonie avec elles la trivialité du style.

Il y a toutefois entre le burlesque, le grotesque et le bouffon, des analogies qui rendent la confusion assez facile entre les trois termes et entre les productions diverses qu’ils désignent. Le Typhon ou la Gigantomachie de Paul Scarron, que Nicolas Boileau a rangé dans le genre burlesque, est plutôt du genre simplement bouffon. L’auteur n’y a pas défiguré, comme dans son Virgile travesti, des types définitivement fixés par un écrivain. Les géants pris directement à la mythologie n’étaient pour lui que des personnages légendaires et de convention, qu’il pouvait peindre comme il lui plaisait, sans mettre une opposition réelle entre leur nature primitive et la vulgarité plaisante des actes ou des propos qu’il leur prêtait. La Baronéide du même auteur est une satire bouffonne. Don Japhet d’Arménie, Héritier ridicule et Jodelets sont des comédies de même ordre.

Le genre bouffon est à la mode dans la première moitié du XVIIe siècle. C’est à ce genre qu’appartiennent les Lettres et les Histoires comiques de Cyrano de Bergerac. Jamais peut-être on ne pousse plus loin la bouffonnerie. Elle est à la fois dans les mots et les idées. À propos de la neige, il dit « que l’univers est une tarte que l’Hiver, ce grand monstre, sucre pour l’avaler ». La lune est a « une lucarne du ciel », ou bien « la platine où Diane dresse les rabats d’Apollon ». Le comble est dans la plaisanterie suivante : « Vous avez la bouche si large, que je crains quelquefois que votre tête ne tombe dedans ».

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Les romans comiques, satiriques et bourgeois de la même époque rentrent aussi en grande partie dans le bouffon. Une foule de pièces de vers, comme quelques-unes de Claude-Emmanuel Luillier, dit Chapelle, l’ami de Boileau, attestent jusqu’à la fin du siècle la faveur d’un genre contre lequel Voltaire donnera le signal de la réaction.

→ À lire : Le burlesque. – La littérature française du XVIIe siècle : l’âge baroque et l’âge classique.

L’essentiel à retenir

Un bouffon est un personnage à l’apparence le plus souvent grotesque attaché à la personne d’un roi ou d’un haut personnage, chargé de l’amuser par ses facéties ou ses moqueries à l’égard de la cour. Employé en tant qu’adjectif, bouffon.ne désigne ce qui provoque le rire par son côté comique, généralement peu délicat ou ridicule.

La bouffonnerie est le caractère de ce qui fait rire par son extravagance. Elle implique également l’acte ou la parole dont l’extravagance est destinée à faire rire. En littérature, la bouffonnerie est une œuvre ou une situation littéraire caractérisée par l’extravagance comique.

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