Emploi et suppression de « ne »

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Les mots invariables » Les adverbes de négation

Emploi et suppression de ne :
Ne marquant seul la négation – Le ne explétif –

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Dans la langue française n’est-il pas amusant de constater que mot est bien un mot ; que nom est un mot et un nom ; que adjectif est un mot, un nom et un adjectif ; tandis que adverbe n’est pas un adverbe.

(Philippe Geluck, Le tour du chat en 365 jours, 2006)

⏰ Rappel ⏰
En grammaire, un mot (adverbe de négationpronompréposition) ou une proposition sont explétifs parce qu’ils sont inutiles au sens ou ne sont pas exigés par la syntaxe, mais qui servent, surtout dans la langue écrite, à colorer la phrase généralement d’une nuance affective.

Appréhender, avoir peur, craindre, trembler

● Après les verbes appréhender, avoir peur, craindre, trembler, employés dans une proposition principale affirmative, le verbe de la proposition subordonnée doit toujours être précédé de ne.
Exemples : On appréhenda qu’elle n’eût le sort des choses humaines. (Bossuet) — Les pères craignent que l’amour naturel des enfants ne s’efface. (Pascal)

● Mais si l’on désire que l’action exprimée par le verbe de la proposition subordonnée s’accomplisse, on emploie ne pas au lieu de ne.
Exemple : Je crains qu’il n’ait pas le premier prix.

● Mais si ces verbes sont employés ou négativement ou interrogativement, on n’exprime pas la négation dans la proposition subordonnée.
Exemples : Vous ne devez pas appréhender que je le loue. (La Bruyère) — Craignez-vous que mes yeux versent trop peu de larmes ? (Racine)

Douter, nier, contester, disconvenir, désespérer

● Après les verbes douter, nier, contester, disconvenir, désespérer, employés négativement ou interrogativement, le verbe de la proposition subordonnée prend en général la négation ne.
Exemples : On ne peut pas douter que les pôles ne soient couverts d’une coupole de glace. (Bernardin de Saint-Pierre) — Doutes-tu qu’il ne veuille implorer ma clémence ? (Racine)

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● Si ces verbes sont employés dans une proposition affirmative, le second verbe s’emploie sans négation.
Exemple : Il me paraît absurde de nier qu’il y ait une intelligence dans le monde. (Voltaire)

● Après douter et nier, employés négativement, on peut supprimer la négation dans la proposition subordonnée, si elle énonce un fait incontestable.
Exemple : Personne, ne nie qu’il y ait un Dieu, si ce n’est celui à qui il importe qu’il n’y en ait point. (Chateaubriand)

Empêcher, éviter, prendre garde et se garder que

● Le verbe de la proposition subordonnée prend toujours la négation, après un de ces verbes, et après garder queemployé pour se garderprendre garde, quels que soient le sens ou la forme de la proposition principale.
Exemples : Le mot propre est souvent difficile à rencontrer, et, quand il est trouvé, la gêne du vers et de la rimeempêche qu’on ne l’emploie. (Voltaire) — Gardez, quand l’amusement du travail vous emporte, que lui cependant nes’ennuie sans oser vous le témoigner. (J.-J. Rousseau)

Défendre

● Après défendre, qui exprime une chose positive, le verbe de la proposition subordonnée ne prend jamais la négation.
Exemples : Le médecin défend qu’il se livre à des exercices violents, et qu’il fasse de longues courses. — Je n’ai pas défendu qu’il allât le voir.

Il s’en faut que ; il s’en faut beaucoup, peu que ; peu s’en faut que ; il tient à moi, à toi, à lui que

● Le verbe de la proposition placée sous la dépendance d’une de ces expressions verbales, prend la négation seulement quand la proposition dans laquelle l’impersonnel figure est interrogative ou renferme une expression négative.
Ainsi on dira sans négation : Il tient à vous, à lui que tout se passe bien.
Et avec négation : Il s’en faut peu que le crime ne soit loué comme la vertu même.

Autre, tout autre, autrement, tout autrement, mieux, moins, plus, plus tôt, plutôt que
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● Quand la proposition où figurent ces expressions est affirmative, le second verbe prend la négation ne.
Exemples : Je vous entends ici mieux que vous ne pensez. (Racine) — On se voit d’un autre œil qu’on ne voit son prochain. (La Fontaine)

● Si la proposition principale est négative ou interrogative, le second verbe s’emploie sans négation.
Exemples : Il ne parle pas autrement qu’il agit. — Un homme peut-il être plus heureux que vous l’êtes ?

À moins que, de crainte que, de peur que

● Après ces locutions conjonctives, et la conjonction que employée pour sans que, la négation ne se place le plus ordinairement avant le verbe de la proposition complémentaire.
Exemples : Elle le prie de parler plus bas, de crainte que son père ne l’entende. (Voltaire) — Je ne saurais voir d’honnêtes pères chagrinés par leurs enfants, que cela ne m’émeuve. (Molière)

Avant que, sans que

● Après ces locutions conjonctives, on supprime généralement lu négation ne.
Exemples : Avant que Dieu eut donné l’être, rien ne l’avait que lui seul. (Bossuet) — Eh ! Peut-on être heureux sans qu’il en coûte rien ? (Lafosse)

 On fait parfois usage de la négation après ces deux locutions conjonctives.
Exemples : J’irai vous voir avant que vous ne preniez aucune résolution. (Mme de Sévigné.) — Elle ne voyait aucun être souffrant sans que son visage n’exprimât la peine qu’elle en ressentait. (Bernardin de Saint-Pierre)

● Mais avec avant que, l’emploi de la négative est aujourd’hui contraire au meilleur usage, et jointe à sans que, la négation produit une sorte de pléonasme vicieux.

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