Henry de Montherlant

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Henry de Montherlant

1895 – 1972

Henry de Montherlant, né le 20 avril 1895 à Paris et mort dans la même ville le 21 septembre 1972, est romancier et auteur dramatique français qui, dans son célèbre cycle romanesque Les Jeunes Filles, mêle humour et intransigeance morale. Souvent désigné sous le seul patronyme de Montherlant, il est l’auteur de quelque 70 ouvrages. Il est élu membre de l’Académie française en 1960.

Une vie à la recherche d’une éthique

Photo de Henry de MontherlantIssu d’une famille aisée originaire de la Catalogne, Henry Millon de Montherlant est né à Neuilly-sur-Seine. Élevé dans le culte des valeurs aristocratiques, il poursuit ses études à l’école Sainte-Croix de Neuilly. Très tôt passionné de littérature, il compose, dès 1914, une première pièce de théâtre. Devenu orphelin l’année suivante, il s’engage comme soldat et part pour le front où il est gravement blessé. Il consacre à cet épisode un poème sombre saluant l’héroïsme des soldats, Chant funèbre pour les morts de Verdun, où s’affirmait son admiration pour les valeurs viriles de fraternité et de courage physique.

Grâce à un héritage et à ses premiers droits d’auteur, Montherlant mène, à partir de 1925, une vie errante pendant plusieurs années. Tout en parcourant l’Espagne, l’Afrique du Nord et l’Italie, il compose diverses œuvres où déjà s’exprimaient ses idéaux passéistes et son mépris à l’égard de la modernité, associée pour lui à la décadence. Parmi les œuvres de cette époque, citons Les Olympiques (1924), texte consacré à la célébration du sport et de ses vertus, Les Bestiaires (1926), récit axé sur la tauromachie, incarnation de son idéal d’élégance, de brutalité et de maîtrise de soi, et La Rose de sable. Ce roman, qui dénonce les abus de la colonisation et fait allusion aux aventures homosexuelles de l’auteur, n’est publié intégralement qu’en 1968, alors que son audace politique et morale était déjà fortement émoussée.

Revenu en France, Montherlant publie Les Célibataires (1934), récit sur l’existence de deux gentilshommes déchus, qui est couronné du Grand Prix de l’Académie française.

C’est son cycle romanesque en quatre volets Les Jeunes Filles, paru de 1936 à 1939, qui lui apporte la célébrité. Dans cet ouvrage réputé misogyne, il transpose certaines de ses expériences, en particulier celles de ses fiançailles, qu’il rompt à deux reprises.

Son œuvre est par la suite essentiellement théâtrale. Débutée avec L’Exil (1929) et Pasiphaé (1936), elle atteint sa plénitude avec La Reine morte (1942), pièce inspirée d’une légende espagnole et qui a un immense succès. On peut également citer Fils de personne (1943), La Ville dont le prince est un enfant (1951), mais surtout les pièces historiques comme Le Maître de Santiago (1947), Port-Royal (1954), Don Juan (1958) ou encore Le Cardinal d’Espagne (1960).

Élu à l’Académie française en 1960, Montherlant continue à publier de nombreux écrits tels les romans Un voyageur solitaire est un diable (1961), Le Chaos et la Nuit (1963) ou Un assassin est mon maître (1971), mais parmi les œuvres importantes de la fin de sa vie, il faut citer aussi ses Carnets. Alors qu’il commençait à devenir aveugle, Henry de Montherlant choisit de se donner la mort.

Une œuvre marquée par la recherche d’absolu

Dans ses œuvres, Montherlant opte pour une forme classique, qui n’exclut pas, pourtant, la variété de style et de ton. Sa langue, dépouillée mais très vivante, précise, efficace, laisse place tantôt au lyrisme, tantôt à un humour mordant. Déchiré entre des désirs opposés (morale chrétienne et éthique héroïque, désir de pureté et sensualité), il s’y montre préoccupé par la recherche d’une éthique qui lui permettrait de résoudre ses contradictions. Mais cette recherche ne semble aboutir à autre chose qu’à l’œuvre littéraire elle-même, à sa perfection esthétique.

Dans Les Jeunes Filles (1936), Pitié pour les femmes (1936), Le Démon du bien (1937) et Les Lépreuses (1939), Henry de Montherlant met en scène son double idéalisé dans le personnage de Costals, brillant et séduisant homme de lettres, personnage solaire et insaisissable, qui incarne au plus haut point l’intransigeance morale à laquelle Montherlant aspirait. Costals y est aux prises avec deux héroïnes principales : Solange Dandillot, jeune fille d’une famille petite-bourgeoise, et Andrée Hacquebaut, lectrice par trop enthousiaste des œuvres du « maître ». Au travers de ces deux personnages, Montherlant règle ses comptes avec les sentiments, ou plus précisément avec une certaine forme féminine et « moderne » de sentimentalité.

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📽 15 citations choisies d’Henry de Montherlant
  • On blesse l’amour-propre, on ne le tue pas. (Carnets)
  • Tout ce que nous donnons nous manquera un jour. (Carnets)
  • La vie n’a qu’un sens : y être heureux. Si la vie n’est pas synonyme de bonheur, autant ne pas vivre. (Carnets)
  • Il ne faut pas qu’un artiste s’intéresse trop à son époque, sous peine de faire des oeuvres qui n’intéressent que son époque. (Carnets)
  • Il n’y a pas le pouvoir. Il y a l’abus de pouvoir, rien d’autre. (Le Cardinal d’Espagne)
  • Il n’y a de sacrifices valables que ceux sur lesquels on se tait. (Fils de personne)
  • Se plaindre est un des moyens d’obtenir. La pitié est d’un magnifique rapport. (La Reine morte)
  • Un remords vaut mieux qu’une hésitation qui se prolonge. (La Reine morte)
  • Une menace, une promesse, une insolence, une courtoisie : cette balance est celle des affaires. (La Reine morte)
  • Ce qui est effrayant dans la mort de l’être cher, ce n’est pas sa mort, c’est comment on en est consolé. (La Reine morte)
  • La gloire des grands hommes est comme les ombres : elle s’allonge avec leur couchant. (La Reine morte)
  • Quand vous hésitez entre plusieurs voies, prenez toujours la plus douloureuse. (Le Maître de Santiago)
  • La générosité, c’est toujours le sacrifice de soi ; il en est l’essence. (Le Maître de Santiago)
  • Tant de choses ne valent pas d’être dites. Et tant de gens ne valent pas que les autres choses leur soient dites. Cela fait beaucoup de silence. (Le Maître de Santiago)
  • « Ne pas mentir » : c’est une défense qu’on ne fait qu’aux enfants. On ne demande jamais aux adultes de ne pas mentir. (Demain il fera jour)
  • Ce qui dure, c’est l’indifférence. Rien ne tient mieux à l’arbre qu’une branche morte. (Demain il fera jour)
  • Il faut faire une paix qui ait la grandeur d’âme de la guerre. (Chant funèbre pour les morts de Verdun)
  • La volupté est candide comme la mort. Le plaisir et le tragique grand ont le même goût, et il est bon. (Chant funèbre pour les morts de Verdun)
  • Presque toute vie d’homme est corrompue par le besoin qu’il a de justifier son existence. (Pitié pour les femmes)
  • Quand on aime, la fidélité n’est guère difficile. (Le Démon du bien)
  • La vanité est la passion dominante de l’homme. (Les Jeunes Filles)
  • Il est faux qu’on puisse faire faire tout ce qu’on veut aux hommes avec de l’argent. Mais on peut faire faire tout, à la plupart des hommes, en les prenant par la vanité. (Les Jeunes Filles)
  • Il est connu que certaines gens nous comblent de marques d’amitié, sans parvenir à gagner la nôtre. (Malatesta)

Autres citations d’Henry de Montherlant.

Bibliographie

Romans

  • Cycle La Jeunesse d’Alban de Bricoule
    • Le Songe (1922)
    • Les Bestiaires (1926)
    • Les Garçons (1969), qui fait suite à la pièce de théâtre La Ville dont le prince est un enfant
  • Cycle Les Jeunes Filles
    • Les Jeunes Filles (1936)
    • Pitié pour les femmes (1936)
    • Le Démon du bien (1937)
    • Les Lépreuses (1939)
  • Autres romans
    • Les Célibataires (1934), réédité en 1963 par les éditions Lidis avec illustrations de Gabriel Zendel
    • Le Chaos et la Nuit (1963)
    • La Rose de sable (1968)
    • Un assassin est mon maître (1971)
  • Romans posthumes
    • Thrasylle (1984)
    • Moustique (1986)

Théâtre

  • L’Exil (1914-1929)
  • Pasiphaé (1936)
  • La Reine morte (1942)
  • Fils de personne (1943)
  • Un incompris (1943)
  • Malatesta (1946)
  • Le Maître de Santiago (1947)
  • Demain il fera jour (1949)
  • Celles qu’on prend dans ses bras (1950)
  • La Ville dont le prince est un enfant (1951-1967)
  • Port-Royal (1954)
  • Brocéliande (1956)
  • La Mort qui fait le trottoir (Don Juan) (1956)
  • Le Cardinal d’Espagne (1960)
  • La Guerre civile (1957-1965)

Récits

  • Cycle Les Voyageurs traqués
    • Aux fontaines du désir (1927)
    • La Petite Infante de Castille (1929)
    • Un voyageur solitaire est un diable (1961)
  • Récits posthumes
    • Mais aimons-nous ceux que nous aimons ? (1973)
    • Le Fichier parisien (1974)
    • Coups de soleil (1976)
    • Quelques mois de féerie, quelques jours de galère. Inédits nord-africains (1926-1940) (1995)
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Essais

  • La Relève du matin (1920)
  • Les Olympiques (1924)
  • La Mort de Peregrinos (1927)
  • Mors et vita (1932)
  • Service inutile (1935)
  • L’Équinoxe de septembre (1938)
  • Les Nouvelles chevaleries (1941)
  • Le Solstice de juin (1941)
  • Notes de théâtre (1943)
  • Textes sous une occupation (1940-1944) (1963)
  • Discours de réception à l’Académie française et réponse du duc de Lévis Mirepoix (1963)
  • Le Treizième César (1970)
  • La Tragédie sans masque. Notes de théâtre (1972)
  • Essais critiques (1995), publication posthume

Carnets

  1. Carnets (1930-1944) (1957) dans Essais (1963), Bibliothèque de la Pléiade, p. 965-1369
  2. Va jouer avec cette poussière (1958-1964) (1966)
  3. La Marée du soir (1968-1971) (1972)
  4. Tous feux éteints (1965, 1966, 1967, 1972 et sans dates) (1975, posthume)
  5. Garder tout en composant tout (Derniers carnets, 1924-1972) (2001, posthume)

Poésie

  • Encore un instant de bonheur (1934)
  • Les Sauteurs de haies (1924)

Correspondance

  • Avec Roger Peyrefitte, Correspondance (1938-1941), présentation et notes de R. Peyrefitte et Pierre Sipriot, Robert Laffont, 1983
  • Lettres à Michel de Saint Pierre, préface de Michel de Saint Pierre, Albin Michel, 1987
  • Lettres à une jeune fille, L’Inédit, 1985

Articles connexes

Suggestion de livres


Les Jeunes Filles

La Reine morte

Les Célibataires

Pitié pour les femmes

Les Lépreuses

Le Démon du bien

Essais critiques

Romans, tome I
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