La littérature française du XVIIe siècle : l’âge classique

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Histoire de la littérature française

Le XVIIe siècle : l’âge classique

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💡 La littérature française
La littérature française est l’ensemble des œuvres littéraires de langue française produites en France depuis le XIIe siècle, date à partir de laquelle se développe la littérature en langue vulgaire.
→ À lire : Qu’est-ce que la littérature ?Rubriques à consulter : Littérature française et francophones. – Histoires.

Présentation

Même si le XVIIe siècle débute en France sous de bons auspices avec la promulgation de l’édit de Nantes (1598), qui marque une étape importante dans les travaux de pacification du royaume entrepris par Henri IV, l’instabilité politique et sociale se prolonge cependant. L’autorité royale, mise en péril par les complots de l’aristocratie (la Fronde, 1648-1653), est pourtant fortement consolidée à l’initiative de Louis XIII et de Richelieu, puis sous l’autorité de Mazarin. Mais c’est seulement après la mort de celui-ci, en 1661, et avec l’avènement effectif du règne de Louis XIV, que sonne la naissance de l’âge classique, qui s’achèvera vers 1685.

Le XVIIe siècle est donc, en schématisant, double : baroque et instable dans sa première moitié, qui correspond à peu près au règne de Louis XIII, il voit dans sa seconde moitié, coïncidant avec le règne de Louis XIV, naître le classicisme, cet idéal d’équilibre et de clarté qui devait concerner tous les domaines de l’art et de la pensée.

→ À lire : Histoire de la France : L’Ancien Régime. – Le Grand Siècle. – Le Baroque.  – Le Classicisme.
→ Exercice : Le théâtre au siècle de Louis XIV.

L’âge classique

Le règne effectif de Louis XIV, après la mort de Mazarin (1661), marque l’avènement de ce que l’on appelle, depuis le XIXe siècle, l’âge classique.

Théâtre

Le théâtre du Grand Siècle est dominé par deux maîtres : Jean Racine, pour la tragédie, et Molière, pour la comédie.

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→ À lire : Histoire et règles de la tragédie. – La comédie. – La comédie classique en France.
→ Exercice : Le théâtre au siècle de Louis XIV.

Tragédie racinienne

Portrait de Racine, par François de Troy.

Avec Jean Racine, la tragédie atteint son apogée : récusant l’humanisme optimiste de Corneille et les compromissions du romanesque, il veut retrouver la tradition antique en empruntant exclusivement ses thèmes aux tragiques grecs et latins et à la Bible. Désireux de susciter « terreur et pitié » à l’instar des Anciens, dans une perspective édifiante, selon le principe de la catharsis, il met en œuvre dans ses tragédies les forces obscures de la passion (passion amoureuse et ambition politique), donnée comme le principal vecteur d’un destin implacable.

L’action de ses tragédies, considérablement épurée par rapport à celles de ses prédécesseurs, gagne en puissance : le respect strict de l’unité de lieu, de temps et d’action, va dans le sens d’une concentration, et même d’une intériorisation du conflit, qui exprime à la perfection le pessimisme de l’auteur, dont la pensée doit beaucoup au jansénisme (Andromaque, 1667 ; Britannicus, 1669 ; Bérénice, 1670 ; Iphigénie, 1674 ; Phèdre, 1677).

Dans le genre tragique, il faut citer encore le nom d’auteurs restés dans l’ombre de Racine, tels Thomas Corneille, frère de Pierre Corneille, et Philippe Quinault.

→ À lire : Histoire et règles de la tragédie.

Comédie moliéresque

Molière

En s’inspirant, à l’instar de ses prédécesseurs Corneille et Rotrou, des sources les plus diverses — les comiques latins (Plaute), la commedia dell’arte et la tradition de la farce —, Molière achève de faire de la comédie une œuvre littéraire de premier plan. Ses comédies, non dépourvues de profondeur ni de gravité (Le Misanthrope, 1666), traitent, sur le mode satirique, de faits de société, comme le problème de l’éducation des femmes (L’École des femmes, 1662) ou les excès ridicules de la préciosité (Les Précieuses ridicules, 1659). Mais, avec Tartuffe (pièce écrite en 1664, jouée en 1669) et Dom Juan (1665), il s’attaque à des problèmes contemporains plus graves, puisqu’il s’agit de dénoncer les agissements du parti dévot.

Molière s’inscrit dans la tradition moraliste de son époque en faisant de la comédie le lieu de dénonciation des vices de son temps, mais la portée de son propos le rend pertinent de nos jours encore. En outre, il sait créer des types littéraires très forts (Harpagon dans L’Avare, par exemple) et inventer un langage dramatique inédit en mêlant la langue des aristocrates et le patois paysan, les situations les plus tragiques au comique farcesque élémentaire et à la pantomime, etc.

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Après Molière, mais loin de l’égaler, des auteurs tels que Jean-François Regnard ou Alain René Lesage se distingueront dans le genre de la comédie.

→ À lire : La préciosité. – La comédie. – La comédie classique en France. – La farce. – La commedia dell’arte.

Contes et fables

Le XVIe siècle a vu le genre de la nouvelle émerger et gagner ses lettres de noblesse. Au XVIIe siècle, ce genre perdure avec les Nouvelles françaises de Jean de Segrais (1624-1701) et les nouvelles historiques de Saint-Réal (1639-1692). Mais c’est la fable et le conte qui s’imposent de la façon la plus spectaculaire comme des genres à part entière.

→ À lire : La fable. –  La Fontaine et la fable. – De la récitation des fables. – Le conte.

Fable

Jean de La Fontaine par Hyacinthe Rigaud, en 1690.

De grands auteurs s’emparent en effet de ces formes jusque-là réputées mineures : Jean de La Fontaine s’inspire d’Ésope et de Phèdre pour ressusciter le genre de la fable. Mettant en scène des animaux, des types humains ou des figures mythologiques pour illustrer les travers ou les vertus de la société de son siècle, ses fables, composées souvent en vers mêlés, brillent par la variété de ton, la force suggestive et la concision des notations et par la justesse acérée du regard. Ce faisant, La Fontaine réussit la prouesse d’exploiter toutes les ressources de cette forme brève en s’affranchissant progressivement de ses modèles pour emprunter à d’autres formes littéraires ; atteignant parfois une dimension véritablement épique, il livre une morale sévère et pessimiste d’honnête homme.

→ À lire : La fable. –  La Fontaine et la fable. – De la récitation des fables.

Conte

Portrait de Charles Perrault

S’inscrivant dans la vogue du merveilleux qui sévit alors dans les salons, Charles Perrault renouvelle le genre du conte de fées avec ses Contes en vers (1694) et les Contes de ma mère l’Oye en prose (1697). Ces récits, qui empruntent à la tradition orale et populaire, brillent par leur ambiguïté : issus d’une littérature naïve et enfantine, ils sont pourtant l’œuvre élaborée d’un érudit spécialiste des lettres et, de ce fait, sont susceptibles de se prêter à plusieurs niveaux de lecture.

→ À lire : Le conte. – Les fées. – Les ogres et les ogresses.

Essor des genres mondains

La vie des salons aristocratiques est, tout au long du XVIIe siècle, particulièrement intense : c’est là qu’ont lieu les grands débats littéraires du temps, et de nombreux auteurs de premier plan sont familiers de ces milieux. Ce lien étroit entre la vie mondaine et aristocratique, d’une part, et la littérature, d’autre part, explique l’importance prise par ce que l’on peut appeler les « genres mondains » dans la littérature du temps.

→ À lire : Les salons littéraires. – Les cafés littéraires. – Les cabarets littéraires.

Correspondance et récit épistolaire

Portrait de Madame de Sévigné par Claude Lefèbvre, vers 1665.L’art de la conversation mondaine trouve un équivalent littéraire dans la correspondance, genre où s’illustre notamment Mme de Sévigné, dont les Lettres représentent un précieux témoignage sur les mentalités du temps. Les lettres de la marquise sont authentiques ; destinées par leur auteur à un usage strictement privé, elles ne seront publiées qu’à titre posthume.

Mais le public se révèle si friand de cette forme littéraire « vraie », que de nombreux auteurs composent de fausses correspondances (en fait, des romans épistolaires) en les faisant passer pour authentiques. C’est le cas notamment du sieur de Guilleragues, qui publie son roman Les Lettres portugaises, en faisant croire que ces lettres brûlantes de passion ont été réellement envoyées par une religieuse à un amant volage et lointain. Le débat sur l’authenticité de cette correspondance amoureuse a perduré jusqu’à une date très récente et leur attribution à Guilleragues est établie avec certitude depuis peu.

→ À lire : La correspondance. – Le roman épistolaire ou par lettres.

Œuvres de moralistes

Le goût de Mme de Sévigné pour le trait d’esprit et pour la peinture des mœurs de son temps caractérise également les écrits de moralistes tel La Rochefoucauld à qui l’on doit de sévères Maximes, qui brillent par la rigueur et la concision de leur syntaxe et par la finesse judicieusement ambiguë de leur propos.

Dans un genre littéraire également concis, le portrait, emprunté à Théophraste, et une perspective tout aussi moraliste, Jean de La Bruyère connaît un succès immédiat avec ses Caractères (1688), série de portraits et de maximes qui renvoient, certes, à des contemporains bien réels de l’auteur, mais davantage encore à des types sociaux.

Témoin de son temps et moraliste lui aussi, le cardinal de Retz dépeint les subtilités politiques de la monarchie d’une plume souvent acide dans ses célèbres Mémoires. Citons aussi l’épicurien Saint-Évremond, auteur d’essais littéraires ou moralistes et, plus tardivement, le duc de Saint-Simon, grand seigneur et courtisan aux idées conservatrices, qui compose des Mémoires (1739-1750, publiés en 1829), fruit d’observations souvent acérées sur la fin du règne de Louis XIV et la crise des valeurs aristocratiques.

→ À lire : Les maximes. – Les Mémoires.

Récit « mondain » et roman de mœurs

Le récit est marqué naturellement par cette mondanité. C’est le cas de La Princesse de Clèves (1678) de Mme de La Fayette, d’abord titré Mémoires. Ce roman, qui a pour cadre la cour d’Henri II, le monde aristocratique le plus raffiné et le plus policé, pose des questions morales propres à ce milieu : la fidélité d’une femme à un époux qu’elle n’a pas choisi et l’interdit qui pèse sur l’amour qu’elle ressent pour un autre.

Cependant, le roman de mœurs, héritier du roman comique, est inauguré avec Le Roman bourgeois (1666) de Furetière : prenant le contre-pied de récits mondains écrits par les aristocrates, il fait entrer la petite bourgeoisie dans l’univers romanesque.

Théories littéraires

Le Grand Siècle a encore la particularité d’engendrer des systèmes littéraires, marqués par l’attachement à un passé glorieux et mythique, et qui sont précisément le fondement de ce que l’on appelle le classicisme en littérature. Les grands principes érigés à cette époque ont pour nom imitation des Anciens et emprunts bibliques, régularité et maîtrise de la forme, classification et épuration du lexique, codification des genres littéraires : le Beau classique va de pair avec le Vrai et le Bon, c’est-à-dire avec le Divin.

Portrait de Nicolas Boileau.

Nicolas Boileau, qui s’inscrit d’abord dans la veine moraliste et mondaine avec ses brillantes Satires (1657-1665, publiées en 1666) puis avec ses Épîtres (publiées en 1674), s’attache ensuite à normaliser l’art d’écrire : son Art poétique (1674) fait la synthèse des pratiques de la littérature classique, en développant l’idée d’une poésie qui serait le fruit de l’inspiration divine, mais en soulignant la nécessité du travail et de la discipline pour atteindre la perfection. Sublime et pure, la poésie selon Boileau se situe dans un difficile équilibre ; aux yeux de ce « législateur du Parnasse », seuls Corneille, Racine et Molière trouvent grâce.

Si les œuvres d’un auteur incarnent à la perfection les principes du classicisme, il s’agit sans doute des sermons et des oraisons funèbres de Jacques-Bénigne Bossuet, le plus grand prédicateur de cette période : tant par leur perfection formelle que par leur propos résolument conservateur, ils constituent en effet des modèles du grand style.

→ À lire : L’épître. – L’art poétique. – La satire.

Déclin du classicisme

Les difficultés politiques entraînent une révolution progressive des mentalités à partir de 1680, et l’équilibre classique s’en trouve rompu. La querelle des Anciens et des Modernes, débutée vers 1670, révèle un clivage insurmontable entre les défenseurs des Modernes, comme Fontenelle ou Perrault, et les tenants des Anciens, comme Boileau, Racine et La Bruyère.

Des œuvres comme le roman didactique, idéaliste et philosophique de Fénelon, Les Aventures de Télémaque (1699), mais aussi le scepticisme d’un Saint-Évremond et l’ouverture d’esprit d’un Pierre Bayle sonnent la fin de l’âge classique et annoncent la sensibilité du siècle des Lumières.

→ À lire : La Querelle des Anciens et des Modernes. – Les querelles littéraires du XVe au XVIIIe siècles.

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