Homère

AuteursAntiquité ► vous êtes ici

Homère

Annonce

Présentation

Homère est un poète épique grec de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. (?).  Il réputé être l’auteur de l’Iliade et de l’Odyssée mais dont l’existence réelle — quoique fort vraisemblable — n’a jamais été prouvée. En effet, il est difficile de dire aujourd’hui si Homère a été un individu historique ou bien une identité construite, un personnage conceptuel, et s’il est bien l’auteur des deux célèbres épopées qui sont au fondement de la littérature occidentale. Il est surnommé « le Poète » par les Anciens. Il écrit dans une langue qui est déjà archaïque au VIIIe siècle av. J.-C. et davantage encore au moment de la fixation du texte, au VIe siècle av. J.-C. : elle est associée à l’emploi de l’hexamètre dactylique.

→ À lire : L’Iliade. – L’Odyssée. – L’épopée. – Les Hymnes homériques.

Portrait d'Homère par Mattia PretiPersonnage d’Homère

L’origine de l’Iliade et de l’Odyssée, ces deux épopées monumentales de la littérature grecque archaïque, de renommée universelle, reste assez controversée. L’étude linguistique et historique des textes, en effet, permet de supposer que les poèmes sont composés sur la côte ouest de l’Asie Mineure, dans un village grec, aux alentours du VIIIe siècle av. J.-C.

En revanche, on ne sait pas grand-chose sur la réalité historique du personnage d’Homère. La tradition rapporte qu’il récitait ses poèmes dans les cours royales et princières, et qu’il était aveugle, mais cette cécité qu’on lui prête pourrait fort bien n’être que l’expression mythique de la faculté du créateur d’appréhender l’univers intérieur de l’homme.

En outre, l’Iliade et l’Odyssée, les deux grandes œuvres qu’on lui attribue, sont de facture différente l’une de l’autre — bien que les unisse une comparable maîtrise formelle — et auraient été composées à deux époques distinctes. L’Iliade, considérée comme une œuvre de jeunesse, est en effet plus classique que l’Odyssée : plus régulière et homogène, elle est considérée comme le modèle de la poésie épique par Aristote dans sa Poétique. L’Odyssée, de composition plus tardive, serait une œuvre de maturité d’Homère.

Les deux épopées ont pourtant en commun d’être écrites en héxamètres dactyliques , des vers de six pieds, dont les cinq premiers sont des dactyles, c’est-à-dire des vers composés d’une longue syllabe accentuée suivie de deux brèves. Ce type de vers restera le vers traditionnel de l’épopée.

L’hexamètre dactylique est un mètre surtout utilisé en grec ancien et en latin. De nombreux poètes y ont eu recours dans différentes langues actuelles. La Renaissance a connu une très importante floraison de vers mesurés « à l’antique » en français, qui a produit de nombreux hexamètres. Par la suite, et jusqu’à ces dernières années, des tentatives ont été faites pour s’en approcher dans des traductions françaises de Catulle, Hésiode, Homère et la Batrachomyomachie notamment. C’est le mètre par excellence de l’épopée et des physiciens (Parménide et Empédocle).

L’Iliade

Composée en vingt-quatre chants, l’Iliade prend place dans la dernière année de la guerre de Troie (historiquement, au XIIe siècle av. J.-C.) et son action s’organise autour de la colère du héros grec Achille. Insulté par son commandant, Agamemnon, le jeune guerrier Achille se retire dans sa tente, abandonnant ses compagnons aux prises avec les Troyens. Achille refuse d’abord les tentatives de réconciliation des Grecs, mais permet finalement à son ami Patrocle de diriger ses troupes à sa place. Quand Patrocle est tué au combat, Achille, rempli de haine et de remords, retourne sa colère contre les Troyens, dont il tue le chef, Hector (fils de Priam et époux d’Andromaque). Le poème s’achève lorsqu’Achille rend à Priam le corps de son fils pour les funérailles.

Annonce

L’Iliade est un poème de guerre, où Homère a concentré, en une action relativement simple et cohérente, les dix ans où se déroula le conflit légendaire des Troyens et des Grecs. Mais c’est aussi un poème qui dit le conflit, intérieur celui-là, de l’homme avec lui-même, à travers la colère, la douleur, puis la rancune qu’Achille apprend successivement à surmonter. L’œuvre offre aussi la peinture touchante de la tendresse et de l’amour (adieux d’Hector et d’Andromaque, etc.).

→ Pour aller plus loin : Homère : Iliade.

Franz Matsch, Le Triomphe d’Achille, 1882, palais de l’Achilleion (Corfou)

⬆ Franz Matsch, Le Triomphe d’Achille, 1882, palais de l’Achilleion (Corfou).

L’Odyssée

Ulysse en proie aux sirènes. Stamnos attique à figure rouge, c. 480–470 av. J.-C. (de Vulci. Inv. GR 1843.11-3.31)Organisée en vingt-quatre chants également, l’Odyssée raconte l’interminable périple du roi grec Ulysse, combattant de la guerre de Troie, qui est condamné par les dieux à vivre dix années d’exil avant de pouvoir rejoindre son royaume d’Ithaque. Les premières scènes décrivent le désordre qui règne chez Ulysse depuis son départ : plusieurs prétendants font la cour à son épouse Pénélope et disposent insolemment de ses biens. Puis le récit se concentre sur le personnage d’Ulysse et raconte les nombreuses et périlleuses épreuves qu’il doit affronter lors de ses années d’errance, comme la voracité de Polyphème, le cyclope mangeur d’hommes, la séduction de la nymphe Calypso, qui le retient sept années durant et lui propose l’immortalité, à condition qu’il ne cherche plus à retourner chez lui.

La fin de l’épopée évoque l’arrivée d’Ulysse dans son royaume d’Ithaque. Là, le souverain met à l’épreuve la loyauté de ses serviteurs, pour se venger des traîtres et des prétendants qui voulaient lui voler Pénélope et son trône. Par la suite, il retrouve son fils, son épouse et son vieux père.

Contrairement à l’Iliade, l’Odyssée n’est pas un récit linéaire, puisqu’il est constitué de nombreux retours en arrière (toutes les aventures d’Ulysse sont racontées par lui au banquet d’Alcinoos, à la fin de son voyage), ce qui donne à l’œuvre un aspect pour ainsi dire romanesque, renforcé par la dimension tour à tour onirique et ironique des aventures d’« Ulysse aux mille ruses ».

Si l’univers de l’Iliade montre Achille, Agamemnon, Priam et les autres héros aux prises avec un univers cruel et tragique régi par les dieux et par les passions, dans lequel ils sont à la fois acteurs et victimes, l’Odyssée, au contraire, présente un univers plus humain, où la fatalité joue un moindre rôle : les traîtres sont punis, le bien s’impose, et la famille se retrouve intacte grâce, notamment, à la raison et à l’intelligence d’Ulysse qui, tout au long de l’épopée, sert de force directrice au récit.

→ Pour aller plus loin : Homère : Odyssée.

La question homérique
Annonce

Le texte moderne des poèmes homériques a été transmis grâce à des manuscrits datant soit de l’époque médiévale, soit de la Renaissance, qui étaient elles-mêmes des copies d’anciens manuscrits des épopées, aujourd’hui disparus.

Déjà, pendant l’Antiquité, la question de la paternité de l’Iliade et de l’Odyssée était vivement discutée : un certain nombre de poèmes relativement courts, célébrant les différents dieux, et écrits dans un style semblable à celui des deux épopées, sont d’abord attribués à Homère par les Anciens. C’est pourquoi on les désigne par le nom d’Hymnes homériques. Cependant, des érudits alexandrins mettent en cause l’authenticité de certains de ces poèmes et affirment même que seule l’Iliade était l’œuvre d’Homère.

Cependant, la « question homérique » ne se développe réellement qu’au XVIIe siècle, avec l’abbé d’Aubignac, qui affirmait que les deux épopées étaient des sommes de poèmes divers, écrits par différents auteurs et rassemblés par les rhapsodes, ces poètes itinérants qui allaient de cité en cité en chantant des vers épiques.

Aux XIXe et XXe siècles, deux thèses se sont opposées : l’œuvre d’Homère avait-elle été composée par des auteurs différents à des époques différentes ou, au contraire, par un seul auteur, qui en aurait inventé l’argument essentiel, sur lequel d’autres, par la suite, auraient ajouté des motifs supplémentaires ou des arrangements ? S’il est difficile de trancher définitivement cette question, on peut avancer que pratiquement tous les commentateurs sont d’accord sur deux choses : d’une part, que la tradition a eu un rôle à jouer dans la composition de l’œuvre et, d’autre part, que, pour l’essentiel, chaque épopée porte la marque d’un seul et unique créateur.

Par ailleurs, les découvertes archéologiques, particulièrement celles de Heinrich Schliemann, ont montré que l’essentiel des faits décrits par Homère n’était pas inventé. La discussion sur les limites de la validité historique des épopées a quelque peu supplanté le débat sur la question de leur origine.

Influence des textes homériques

Homère est, de manière directe, le père de toute la littérature grecque. La tragédie (Eschyle, Euripide, Sophocle), l’historiographie et même la philosophie sont marquées par les sujets, souvent tragiques, abordés dans ses épopées, ainsi que par les techniques narratives qu’il utilisa.

Pour les poètes épiques de la littérature occidentale, Homère reste un maître (même lorsque, comme dans le cas de Dante, ils ne connaissaient pas l’œuvre directement). Pris tantôt comme modèle, tantôt comme repoussoir (l’Énéide de Virgile, par exemple, est une réfutation du système de valeurs individualiste de l’épopée homérique), parodié (les scènes les plus homériques du Paradis perdu de John Milton — comme les strophes décrivant la bataille dans les cieux — sont essentiellement comiques), Homère est resté, jusqu’à Ulysse (1922) de James Joyce, la référence majeure de la littérature narrative occidentale.

📽 15 citations choisies d’Homère
  • L’excès de sommeil fatigue. (Odyssée)
  • Beauté, raison, bien dire ; on voit qu’en un même homme, les dieux presque jamais ne mettent tous les charmes. (Odyssée)
  • Il est si peu d’enfants à égaler leurs pères ; pour tant qui peuvent moins, combien peu peuvent plus ! (Odyssée)
  • À mauvais payeur, mauvaises garanties. (Odyssée)
  • L’audace vaut mieux en toute affaire quand on veut réussir, surtout à l’étranger. (Odyssée)
  • Les songes ne sont pas toujours vérifiés par l’événement. (Odyssée)
  • Petite aumône, grande joie. (Odyssée)
  • Peu d’enfants sont pareils à leur père : la plupart sont pires. (Odyssée)
  • Du combat, seuls les lâches s’écartent. (Illiade)
  • Laissons le passé être le passé. (Illiade)
  • Le sommeil est le frère jumeau de la mort. (Illiade)
  • La vengeance est plus douce que le miel. (Illiade)
  • La persuasion repose sur les lèvres d’un ami fidèle. (Illiade)
  • C’est par l’adresse que vaut le bûcheron, bien plus que par la force. (Illiade)
  • Le vocabulaire est un riche pâturage de mots. (Illiade)

Article connexes

Suggestion de livres

L'Iliade et l'OdysséeTout Homère
L'Odyssée d'HomèreL’Odyssée -Les poèmes épiques d'Homère- Edition Integrale: Collector

[➕ Autres choix…]

Annonce

À lire également...

EspaceFrancais.com

You cannot copy content of this page