L’hymne

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L’hymne

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Qu’est-ce que l’hymne ?

L’hymne est un poème chanté, souvent accompagné par la danse et adressé aux dieux dans l’Antiquité, associé à la liturgie catholique au Moyen Âge, puis dédié à des héros et à des causes politiques à partir de la Renaissance. Emprunté au grec ancien, le mot est employé dans le monde chrétien au sens de cantique et, dès lors qu’il commence à revêtir un caractère séculier, il est utilisé comme à l’origine, au masculin.

L’hymne est donc un chant, un poème en l’honneur de la divinité, et diffère peu de l’ode sacrée et du cantique. Cependant, pour préciser davantage, nous dirons que l’hymne, en général, est une ode sacrée renfermant l’expression solennelle de l’enthousiasme de tout un peuple. Le concert et l’accord d’une multitude d’âmes qui s’élèvent, soit en admiration des merveilles de la nature, soit en adoration des prodiges de la grâce, soit dans un transport unanime de reconnaissance et d’amour, ou dans un mouvement de crainte, d’étonnement et de respect. Tel est le cantique de Moïse après le passage de la mer Rouge. Tel est encore le cantique de saint Ambroise et de saint Augustin, le Te Deum, chanté par une nation entière, après un événement heureux et important. Dans ce genre de poésie, tout doit être en sentiments et en images. L’élévation en est le caractère ; car, ici toutes les pensées, toutes les relations sont de l’homme au Créateur. Mais, comme ce poème est fait pour les multitudes, il faut que le sublime qui y règne soit à la fois si simple et si frappant qu’il saisisse tout d’un coup et sans peine tous les esprits.

→ À lire : Le cantique. – L’ode. – L’ode sacrée.

Origines de l’hymne

Les Grecs distinguaient deux formes d’hymne. L’épè, œuvre en vers récitée par un interprète, donne le genre « épique », illustré par l’Iliade et l’Odyssée d’Homère. La mélè, écrite en vers également mais accompagnée par de la musique, est à l’origine du genre « mélique » (prolongé au théâtre par le mélodrame), dont les hymnes orphiques constituent des exemples. Les plus anciens hymnes dont on ait retrouvé à la fois le texte et la musique sont d’origine grecque. Découverts à Delphes, ils datent du IIe siècle av. J.-C. et sont dédiés à Apollon. D’autres civilisations anciennes, dont la Syrie, la Chine, l’Égypte et l’Inde, ont laissé des témoignages prouvant l’existence d’hymnes, cependant aucune trace ne nous est parvenue de la notation musicale.

Les hymnes du judaïsme et de la chrétienté remontent à l’époque du Livre des Psaumes, dont le nom hébraïque est Tehillim. C’est dans les Églises chrétiennes d’Orient, d’Antioche et de Constantinople que se développe l’écriture des hymnes de l’Église ancienne. Le premier recueil de textes d’hymnes chrétiennes contenait des strophes des Psaumes. Le succès de cet ouvrage amène le moine saint Éphrem (306-373) à écrire des hymnes en syriaque pour répandre la foi chrétienne.

Aux IIIe et IVe siècles, des hymnes sont rédigées en grec par Méthode, évêque d’Olympe, Synésios, évêque de Ptolémaïs, en Cyrénaïque, et le prélat de l’Église d’Orient, saint Grégoire de Nazianze, ainsi que par Abélard. La musique associée à ces hymnes portait le nom de chant. Seules quelques mélodies chrétiennes antiques nous sont parvenues, la plus ancienne datant d’environ 300 apr. J.-C.

→ À lire : Les Hymnes homériques.

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Hymnes paléochrétiennes

Dans l’Église romaine, une hymne (ce mot restera au féminin jusqu’au XVIIe siècle) désignait une poésie chantée, dont la forme est définie par saint Hilaire de Poitiers et fixée par saint Ambroise, tous deux docteurs de l’Église. L’hymne est un poème strophique et syllabique, qui s’achève par une strophe de doxologie sur la Trinité. Dotée d’une double fonction théologique, l’hymne rendait témoignage de la foi par sa dimension esthétique et réaffirmait le dogme de la Trinité par sa dimension apostolique, à une époque où se multipliaient les hérésies antitrinitaires, comme l’arianisme, combattu par saint Hilaire et saint Ambroise.

Jusqu’au Xe siècle, les hymnes sont rarement chantées pendant la célébration de la messe. Au cours du Xe siècle, des mots de louange à Dieu sont parfois ajoutés à de longs passages chantés sur le mot Alléluia pour remplacer la syllabe a finale prolongée. Les passages de chant et de louange sont appelés séquences, signifiant que l’hymne suivait immédiatement le mot Alléluia. L’invention des séquences est souvent attribuée au moine allemand Notker Balbulus, mais elles existaient probablement avant.

La plupart des compositeurs du bas Moyen Âge et de la Renaissance réalisent des arrangements polyphoniques des hymnes. Du XVe au XVIIe siècle, de grands compositeurs créent des hymnes polyphoniques. On conçoit également des hymnes pour orgues suivant la même structure. Dans tous les cas, les séquences et les hymnes médiévales étaient chantées par les prêtres et les chœurs, jamais par l’assemblée. C’est seulement au XVIe siècle que l’hymne devient un chant interprété par les fidèles, grâce à une réforme introduite par Martin Luther.

Les hymnes de l’Église

Outre les magnifiques poésies de l’Écriture et les hymnes au caractère sublime dont nous venons de parler, il y a encore ce qu’on appelle les hymnes liturgiques. Ce sont des poèmes lyriques d’un caractère moins élevé, d’une forme grave, mais ordinairement simple, et qui sont destinés à être chantés pendant les offices divins. Ces hymnes, tout en se prêtant à l’exposition du dogme, sont plus spécialement des chants d’actions de grâces, des invocations, des prières ou des louanges que le poète adresse à Dieu ou aux saints : à Dieu, pour le célébrer, le remercier, implorer son secours ; aux bienheureux, pour exalter leur fidélité, l’héroïsme de leurs vertus, ainsi que leur bonheur et leur gloire, et les intéresser en faveur de leurs frères de la terre.

Le mérite des hymnes liturgiques

Les hymnes romaines sont remarquables en ce qu’elles possèdent la vraie beauté de la prière, c’est-à-dire le principal ornement de l’hymne chrétienne. L’enthousiasme y est moins élevé, l’inspiration moins soudaine, la forme moins séduisante et moins pompeuse ; mais pour peu qu’on les lise avec les dispositions convenables, on sent que le poète n’était point seul quand il les compose ; on y reconnaît une ineffable simplicité, la suavité, l’onction, quelque chose qui recueille l’âme et la pacifie, quoique chose qui nous touche et nous remplit des sentiments de la plus tendre piété. Ordinairement, il est vrai, ces hymnes ne remplissent point l’oreille de ce bruit qui souvent ne fait que flatter le sens de l’harmonie, mais ces hymnes prient toujours.

Nous citerons, parmi les principaux auteurs des hymnes liturgiques, saint Hilaire, saint Ambroise, saint Grégoire, saint Bernard et saint Thomas d’Aquin.

Hymnes protestants
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Dans l’Église protestante allemande, l’hymne est généralement appelée choral. Les plus anciens chorals luthériens avaient des origines sacrées ou profanes ou sont composés par Luther et ses pairs. Ceux-ci choisissent d’écrire les textes en allemand et non en latin, décidés à offrir aux fidèles des mélodies de qualité, simples et à la portée de tous.

En France, le poète Clément Marot et le théologien protestant Théodore de Bèze traduisent les psaumes en vers métriques français. Ces traductions sont introduites dans le culte par le réformateur Jean Calvin et adoptées par les Églises réformées de France et de Suisse. Les mélodies utilisées avec ces traductions sont sélectionnées ou composées par le musicien français Louis Bourgeois. Deux autres musiciens français du XVIIe siècle, Claude Goudimel et Claude Le Jeune, harmonisent les mélodies de Bourgeois à quatre voix.

Les livres de cantiques publiés au XXe siècle reflètent le renouveau des airs traditionnels, la redécouverte du chant grégorien, une approche plus actuelle des airs et l’importance accordée aux textes explicitant la mission sociale de la religion. Cela est vrai tant pour les hymnes de l’Église catholique que pour ceux de l’Église protestante ou d’autres confessions chrétiennes.

Ce qui dit le dictionnaire

Domaine religieux
1. Chez les Anciens, hymne, le plus souvent au masculin, est un chant ou poème composé en l’honneur d’un dieu ou d’un héros et souvent intégré dans une liturgie: hymne grec à Apollon, à Cérès, à Vénus, à Zeus ; hymnes orphiques.
2. Dans la tradition chrétienne, hymne, le plus souvent au féminin, est un poème qui célèbre la gloire de Dieu et qui, dans la liturgie romaine, est un élément de l’office divin ou de la messe.

Domaine profane, le plus souvent au masculin
1. C’est un chant ou poème lyrique célébrant une personne, un sentiment, un événement, une chose: hymne d’amour, de douleur, de reconnaissance ; hymne à la nature, à la nuit, à la terre ; les Hymnes de Ronsard.
2. En particulier, l’hymne est un chant solennel célébrant la patrie et ses défenseurs.

Remarque
Selon la tradition lexicographique, hymne s’emploie ordinairement au féminin en parlant des Hymnes qu’on chante dans l’église (Académie française) et au masculin dans les autres sens. Cette distinction n’a rien qui la justifie comme l’écrit Émile Littré, mais elle semble assez généralement observée. Cependant on relève le féminin, là où l’on attendrait le masculin (supra Barrès), notamment dans la langue poétique.

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