Jacques Amyot

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Auteurs français

Jacques Amyot

1513 – 1593

Notice biographique et postérité
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Portrait de Jacques Amyot par LarmessinJacques Amyot, né à Melun le 30 octobre 1513 et mort à Auxerre le 6 février 1593, est un humaniste français, surtout connu pour ses nombreuses traductions des auteurs anciens, qui lui valent les faveurs de la cour. Issu d’une famille modeste, il reçoit néanmoins une éducation très complète : il étudie le grec à Paris, puis le droit à Bourges en 1534 et 1535. Des postes de précepteur dans de grandes familles lui permettent de compléter sa formation d’helléniste et d’être recommandé à Marguerite de Navarre, sœur du roi François Ier.

C’est grâce à la protection de ce monarque qu’il fait une grande carrière. Ses fonctions au sein de l’Église — il est nommé abbé de Bellozane en 1547, puis grand aumônier du roi Charles IX, enfin évêque d’Auxerre en 1570 — ne l’empêchent pas de se consacrer à l’activité de traducteur. François Ier lui commande la traduction des Vies parallèles de Plutarque, qui sont publiées en 1559.

Amyot traduit aussi Héliodore (Théagène et Chariclée, 1547) et Diodore (Sept Livres des histoires). Avec Mellin de Saint-Gelais, il adapte une tragédie en prose et vers, la Sophonisbe, jouée pour la famille royale aux fêtes de Fontainebleau en 1556.

Le succès de ses traductions est dû, d’une part, à l’intérêt que portait l’époque à la redécouverte des textes de l’Antiquité, d’autre part, à l’expressivité et à la pureté de la langue qu’il employait.

Amyot continue son œuvre de traducteur de Plutarque en publiant en 1572 les Œuvres morales et les Œuvres meslées. Cet humaniste est salué par Montaigne, qui voit en lui un maître de la langue française et de la prose. Il est en effet le premier à avoir su lier les qualités linguistiques du traducteur et le talent du prosateur. Montaigne lui rend un chaleureux hommage dans ses Essais (II-4) : «Je donne, avec raison, ce me semble, la palme à Jacques Amyot sur tous nos écrivains français» et : «Nous autres ignorants étions perdus, si ce livre ne nous eût relevés du bourbier». Et Vaugelas, au siècle suivant, dans ce XVIIe siècle en général si dédaigneux des gloires du passé, rendait un hommage éclatant au style d’Amyot : « Personne n’a jamais mieux su le génie et le caractère de notre langue. » Il va plus loin ; après l’épuration commandée par Malherbe, et acceptée par l’Académie, Vaugelas ose écrire : « Bien que nous ayons retranché la moitié de ses phrases et de ses mots (car la langue d’Amyot est en effet merveilleusement riche), nous ne laissons pas de trouver dans l’autre moitié presque toutes les richesses dont nous nous vantons et dont nous faisons parade ».

Une telle gloire d’écrivain est rarement accordée à de simples traducteurs, et Amyot n’a guère fait que traduire; encore ses traductions laissent-elles fort à désirer du côté de l’exactitude, mais elles ont, ce qui est plus rare, la fraîcheur et la vie. Amyot a révélé Plutarque à la France, et par là ce traducteur, qui avait modestement renoncé, en écrivant, à penser par lui-même, se trouve avoir exercé une plus grande influence, et plus profonde, et plus durable, que la plupart des penseurs et des philosophes. Toute la Grèce et Rome entière sont dans Plutarque, mais singulièrement embellies, transformées, élevées au sublime par la plume complaisante d’un aimable sophiste. Or toute la France moderne, sauf quelques lettrés, quelques érudits, ne connait l’antiquité qu’à travers Plutarque, traduit par Amyot.

Depuis Montaigne (que Plutarque rendait emphatique, au point de le faire s’écrier : « Nous autres ignorants étions perdus, si ce livre ne nous eût relevés du bourbier ») jusqu’à Vauvenargues, Jean-Jacques Rousseau, Mme Roland, qui, dans leurs Lettres, leurs Confessions, leurs Mémoires, disent l’exaltation où Plutarque jetait leur jeunesse, pendant deux siècles et demi, la France s’est nourrie de la traduction d’Amyot. Et voilà comment le bon évêque d’Auxerre, esprit timide et même timoré, est devenu, sans le prévoir, un ancêtre direct du Contrat social et de la Révolution française.

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