Jean-François Marmontel

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Auteurs français

Jean-François Marmontel

1723 – 1799

Un poète est éloquent, lorsque dans ses écrits, c’est le cœur qui pense et qui s’exprime.

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(Jean-François Marmontel, Réflexions sur la tragédie : Pour être mises à la suite d’Aristomène, 1750)

Biographie

Portrait de Marmontel par Alexandre Roslin, 1767. Paris, Musée du Louvre.

Disciple de Voltaire, Jean-François Marmontel est un écrivain français, surtout connu pour ses contes et pour ses romans qui fustigent l’esclavage.

Né le 11 juillet 1723 à Bort-les-Orgues (Corrèze) dans une famille pauvre, il est élevé par les Jésuites. Il vient à Paris sur le conseil de Voltaire, à qui il avait écrit pour demander sa protection. Celui-ci l’engage d’abord à composer des tragédies : Denys le tyran (1748), Aristomène (1749) et Cléopâtre (1750).  Cependant, elles ne lui valent pas plus de succès que ses tentatives d’opéra en collaboration avec le musicien  Jean-Philippe Rameau : La Guirlande (1751) et Acante et Céphise (1751).

La gloire vient avec ses Contes moraux (1761) qui le lancent dans les salons (celui de Mme Geoffrin notamment) et sont traduits dans plusieurs langues. Il s’en dégage une sorte de sagesse souriante, autour de l’idée de tolérance, et à travers une galerie de portraits.

On retrouve la même veine moralisatrice, appliquée cette fois-ci aux questions politiques, dans le roman Bélisaire (1767), lui aussi immédiatement célèbre dans toute l’Europe, mais censuré par la Sorbonne.

En 1777, Marmontel publie Les Incas ou la Destruction de l’empire du Pérou, sorte de long poème en prose, puis, en 1787, des Éléments de littérature qui réunissent les articles qu’il a composés pour l’Encyclopédie.

Fréquentant les salons, il rencontre des philosophes comme Diderot, d’Alembert, d’Holbach, ainsi que des femmes remarquables.

À la Révolution, Marmontel, contraint à l’exil en Normandie, entreprend la rédaction de ses Mémoires, en vue d’enseigner à ses enfants le monde dans lequel ils vivent, un monde fait de fureur et de mensonges. Aperçu de l’esprit et des usages de l’époque, ces Mémoires, tout en décrivant des personnages tels Voltaire, Rousseau, Crébillon, nous font parcourir la France, et nous dévoile l’ascension sociale d’un jeune homme lettré.

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Nommé membre de l’Académie française, en 1763, il y succède à d’Alembert, en 1783, dans la place de secrétaire perpétuel. Dans la querelle des gluckistes et des piccinnistes, Marmontel s’enrôle sous la bannière de ceux-ci, et fournit au compositeur italien Niccolò Vito Piccinni trois opéras (Roland, Didon et Pénélope). Déjà Marmontel s’était déclaré en faveur du musicien italien et contre le musicien bavarois Christoph Willibald Gluck dans une brochure publiée en 1777, sous le titre d’Essai sur les révolutions de la musique en France (Paris).

Cette espèce de déclaration de guerre lui vaut une attaque directe de la part de Gluck, dans une lettre de l’Année littéraire, en 1778, une multitude de critiques dans les écrits polémiques de l’abbé Arnaud. Il n’y est point insensible. Pour se venger, il compose un poème en douze chants, intitulé Polymnie, où il prend la défense de Piccini contre les admirateurs du musicien allemand, et dans lequel la satire n’est point épargnée. Ce poème, où l’on trouve plus de force que dans les autres ouvrages en vers de Marmontel, n’est connu que par de longs fragments lorsqu’il est publié en entier  en 1819. Cependant, presque toute l’édition est aussitôt supprimée sur la demande de Marmontel fils.

Marmontel est le premier qui procure au musicien André Grétry l’occasion de se faire connaître par le petit opéra Le Huron, et il donne successivement avec lui Lucile, Le Sylvain, Zémire et Azor, L’Ami de la maison, La Fausse Magie et Céphale et Procris. Malgré les succès que lui vaut la musique de Grétry, à dater de 1775, il y a eu du refroidissement entre l’homme de lettres et le musicien. Marmontel attaque le célèbre compositeur en plusieurs endroits de ses Mémoires. Il semble être persuadé de la supériorité de ses canevas sur la musique ; peu s’en faut même qu’il n’accuse celle-ci d’avoir gâté sa poésie.

Sa mort d’apoplexie, le 31 décembre 1799 à Habloville, laisse inachevés ses Mémoires d’un père (posthume, 1804).

📽 15 citations choisies de Marmontel
  • Dans les espaces immenses de l’erreur, la vérité n’est qu’un point. Qui l’a saisi, ce point unique ? (Bélisaire, 1767)
  • La vengeance est insensée ; au malheur elle joint le crime, et ne soulage que les méchants. (Les Incas, 1777)
  • Du commerce des cœurs les esprits s’enrichissent,
    Et comme eux, à l’envi, l’un dans l’autre épanches,
    Mêlent, en s’unissant, tous leurs trésors cachés. (Œuvres complètes, Épître à monsieur de Voltaire, Vol. 17, 1787)
  • L’amour triste est bien froid ; laissez-leur l’espérance, c’est un bien, en attendant mieux. (Mémoires d’un père pour servir à l’instruction de ses enfants, 1800)
  • Tout n’est qu’erreur ou vice, hors des limites de la raison. (Œuvres complètes, Métaphysique et morale, « Les leçons d’un père à ses enfants », 1806)
  • L’oisiveté étouffe les talents, et de plus engendre les vices. (Œuvres complètes, Métaphysique et morale, « Les leçons d’un père à ses enfants », 1806)
  • Une âme honnête si elle a des torts, ne saurait être en paix avec elle-même.  (Œuvres complètes, Métaphysique et morale, « Les leçons d’un père à ses enfants », 1806)
  • Mieux vaut vivre seul au monde plutôt que de vivre avec un bouffon. (Œuvres complètes, Métaphysique et morale, « Les leçons d’un père à ses enfants », 1806)
  • On a peu d’amis lorsqu’on est malheureux, mais le peu qu’on a sont de vrais amis. (Œuvres complètes, Métaphysique et morale, « Les leçons d’un père à ses enfants », 1806)
  • Autant je plains l’homme dépourvu de talents, autant je méprise celui qui en fait un mauvais usage. (Œuvres complètes, Métaphysique et morale, « Les leçons d’un père à ses enfants », 1806)
  • Le grand ennemi de la paix entre les hommes, c’est l’amour-propre. (Œuvres complètes, Métaphysique et morale, 1806)
  • Nous naissons différents : soyons ce que nous sommes. (Le Huron, 1768)
  • Le bonheur des ingrats enhardit leur audace. Vaincu l’on m’implorait, vainqueur on me menace. (Denys le tyran, 1748)
  • Le grand art d’être utile aux hommes, c’est de tourner les plaisirs au profit des mœurs. (Réflexions sur la tragédie : Pour être mises à la suite d’Aristomène, 1750)
  • Un poète est éloquent, lorsque dans ses écrits, c’est le cœur qui pense et qui s’exprime. (Réflexions sur la tragédie : Pour être mises à la suite d’Aristomène, 1750)
  • Je me sens le cœur tressaillir,
    Quand je vois deux amants s’aimer avec tendresse.
    On ne médit de la jeunesse,
    Que par le chagrin de vieillir. (La Fausse magie, 1775)
  • Quand l’âge vient, l’amour nous laisse:
    C’est une loi qu’il faut subir.
    La jeunesse aime la jeunesse,
    Comme la rose le zéphyr. (La Fausse magie, 1775)
  • Je ne dis pas quel objet
    Le ciel destine à me plaire.
    Aimer n’est pas un projet ;
    C’est l’instant qui nous éclaire. (La Fausse magie, 1775)
  • Il est bien difficile d’être aussi fortuné sans un peu d’étourdissement. (Mémoires d’un père, 1804)
  • Les nouveautés ont ce désavantage qu’on y va moins en spectateur qu’en critique. (Éléments de littérature, 1787)

Autres citations de Marmontel.

Bibliographie

Œuvres dramatiques

  • Denys le tyran, tragédie, 5 février 1748
  • Aristomène, tragédie, 30 avril 1749
  • Cléopâtre, tragédie, 20 mai 1750
  • La Guirlande, acte de ballet, 1751, musique de Jean-Philippe Rameau
  • Acanthe et Céphise, pastorale héroïque en trois actes, 1751, musique de Jean-Philippe Rameau
  • Les Héraclides, tragédie, 24 mai 1752
  • Égyptus, tragédie, 1753
  • Lysis et Délie, pastorale héroïque en un acte, 1753, musique de Jean-Philippe Rameau
  • Les Sybarites, acte de ballet, 1753, musique de Jean-Philippe Rameau
  • Hercule mourant, tragédie lyrique, musique d’Antoine Dauvergne, 1761
  • Annette et Lubin, 1762
  • La Mort d’Orphée, tragédie lyrique, musique de Antoine Dauvergne (1764 ?)
  • La Bergère des Alpes, 1766
  • Le Huron, opéra-comique, 1768, musique d’André Grétry
  • Lucile, opéra-comique, 1769, musique d’André Grétry
  • Sylvain, opéra-comique, 1770, musique d’André Grétry
  • L’Amie de la maison, opéra-comique, 1771, musique d’André Grétry
  • Zémire et Azor, opéra-comique, 1771, musique d’André Grétry
  • Céphale et Procris, 1773
  • La Fausse magie, opéra-comique, 1775, musique d’André Grétry
  • Didon, opéra, 1783, musique de Niccolò Vito Piccinni
  • La Fausse Pénélope, opéra-comique, 1785, musique de Niccolò Vito Piccinni
  • Démophon, tragédie lyrique, musique de Luigi Cherubini, 1788
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Œuvres poétiques

  • Polymnie, satire en 11 chants
  • L’établissement de l’École militaire, 1751
  • Vers sur la convalescence du Dauphin, 1752
  • La naissance du duc d’Aquitaine, 1753
  • Épître aux poètes, 1760
  • La Neuvaine de Cythère, 1820 (poème licencieux)

Œuvres romanesques

  • Contes moraux, 1755-1759
  • Bélisaire, 1767
    Ce livre interdit a directement fait l’objet d’une critique par François-Marie Coger, Examen du Bélisaire de M. Marmontel, qui lui a attiré la colère de Voltaire. Réédité en 1787 par la Bibliothèque amusante.
  • Les Incas ou La destruction de l’empire du Pérou, Paris, Lacombe, 1777, 2 volumes
  • Nouveaux contes moraux, 1792

Essais

  • Poétique française, 1763, 3 parties : ouvrage dans lequel Racine et Boileau sont vivement attaqués
  • Essai sur les révolutions de la musique en France, 1777
  • De l’Autorité de l’usage sur la langue, 1785
  • Éléments de littérature, 1787. Édition moderne chez Desjonquères, présentée, établie et annotée par Sophie Le Ménahèze, 2005.
  • Mémoire sur la régence du duc d’Orléans, 1788
  • Apologie de l’Académie française, 1792

Articles connexes

Suggestion de livres


Mémoires de Marmontel

Œuvres Complètes

Zémire et Azor

Sylphes et Sylphides
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