Jean Giono : Un roi sans divertissement (1947)

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Jean Giono

Un roi sans divertissement (1947)

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👤 Jean Giono
Jean Giono est un écrivain français, dont de nombreux romans ont pour cadre — voire pour personnage principal — la Provence. Il est né le 30 mars 1895 à Manosque et mort le 9 octobre 1970 dans la même ville. [Lire la suite de sa biographie]
📚 Autres œuvres : Le Hussard sur le toit (1951). – Que ma joie demeure (1935). – Le Chant du monde (1934). – Colline (1928).

Présentation

Un roi sans divertissement est une chronique romanesque de Jean Giono, publiée en 1947. Le Comité national des écrivains lui ayant interdit toute publication jusqu’en 1947, son ouvrage ne sera publié que cette même année.L’auteur inaugure une série romanesque très noire, centrée sur l’analyse du mal et de la misère humaine, bien loin du cycle provençal de Regain.

En 1963, Giono produit un film d’après son roman, dont il signe lui-même l’adaptation. Un roi sans divertissement, qui reprend le même titre, est réalisé par François Leterrier et est interprété notamment par Claude Giraud, Colette Renard et Charles Vanel. La musique est signée Maurice Jarre et Jacques Brel.

Naissance des « chroniques »

En panne d’inspiration pendant la rédaction du Hussard sur le toit, Giono rédige d’un seul jet ce texte qui donne la parole aux personnages du territoire imaginaire dont les romans précédents avaient tissé la géographie. Il envisage alors d’écrire régulièrement ce type de texte qu’il baptise « chronique romanesque » et qu’il rassemble en 1962 dans un même recueil. Interdit d’édition par le Comité national d’épuration en raison de ses positions pacifistes et des entretiens accordés à certains journaux pro-allemands pendant l’Occupation, Un roi sans divertissement est le premier texte de Giono publié après la guerre ; il renoue ainsi avec son public.

→ À lire : Histoire de la France au XXe siècle.

L’attrait du sang

Dans un village du Trièves, région montagneuse, des jeunes gens disparaissent mystérieusement. Frédéric II, un des habitants du village, aperçoit un étranger sous un hêtre gigantesque où il découvre les corps des disparus ; il traque le meurtrier de l’autre côté de la montagne mais c’est le capitaine de gendarmerie, Langlois, qui suit l’assassin, M. V., jusque chez lui et le tue sans autre forme de procès. Un an plus tard, Langlois revient au village et participe, en tant que commandant de louveterie, à une battue au loup. Au terme de celle-ci, il tue la bête de deux balles dans le ventre, réitérant la mise à mort de M. V. Enfin, il s’installe au village et vit entre Saucisse, la tenancière de l’auberge, Mme Tim et Delphine, son épouse. L’ennui et l’attrait du sang auront raison de lui : il se suicide.

Suprême divertissement

Dans les chroniques romanesques, Giono exploite la tradition orale de transmission des anecdotes et délègue la narration à plusieurs narrateurs. Ce choix narratif permet de diversifier les tons et les points de vue sur le personnage principal.

Ici, tour à tour, Frédéric II, Saucisse, d’autres habitants ou encore leurs descendants auxquels ils ont confié leurs souvenirs, essaient de circonscrire les événements marquants concernant le capitaine Langlois. Le texte est divisé en trois parties, chacune attachée à un de ses « hauts » gestes : les disparitions et l’exécution de M. V., la battue au loup, puis l’installation et le suicide. À travers ces faits divers, les narrateurs tentent de cerner la personnalité de Langlois et d’expliquer son geste final. L’enjeu majeur du texte est révélé par le titre.

Extrait d’une pensée de Pascal — « un roi sans divertissement est un homme plein de misères » — qui vise à édifier, rabaisser les esprits en rappelant que, sans distraction de son esprit, un roi est ramené au néant de son humaine condition, ce titre désigne, par un retournement dont Giono explore l’idée jusqu’en ses confins, la majesté des personnages principaux, qui, vivant dans un dénuement extrême, symbolisé par la neige, s’octroient le droit de sortir de la condition humaine. Langlois, comme M. V., comme le loup qu’il abat, fait l’expérience du plaisir pris à tuer et de la supériorité enivrante, divertissante, que cela confère. Il découvre sa nature de loup, et ce secret terrible inaugure, comme la polyphonie des narrateurs, la série des chroniques romanesques.

Des Âmes fortes (1949) à L’Iris de Suse (1970) en passant par Le Moulin de Pologne (1953), ou encore Ennemonde et autres caractères (1968), Les Grands Chemins (1951), etc., Giono livre le passé d’anecdotes de son « Sud imaginaire, une sorte de terre australe » où l’homme se montre sous son véritable jour de loup cruel et sanguinaire. Giono, fréquemment attiré par l’adaptation cinématographique de ses œuvres, signe le scénario du film tiré de celle-ci et réalisé par François Leterrier en 1963.

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