La Comédie-Française

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Présentation

La Comédie-Française, appelée aussi Théâtre-Français, est le théâtre national français et l’une des principales troupes permanentes de France. Il s’agit du premier théâtre de Paris dans l’ordre littéraire, le second dans l’ordre hiérarchique, après l’Académie nationale de musique. Une société de comédiens, appelés sous la monarchie comédiens ordinaires du roi, de l’empereur, y joue la tragédie, la comédie, le drame. Sa fondation, ou plutôt sa constitution administrative actuelle, date du 21 octobre 1680, septième année après la mort de Molière.

→ À lire : Ressources sur le théâtre. – La tragédie. – Le drame. – La comédie. – La comédie classique en France.

La Comédie-Française, dessinée par Antoine Meunier au XVIIIe siècle.

La Comédie-Française, dessin (remasterisé) d’Antoine Meunier datant du XVIIIe siècle.

Histoire de la maison de Molière

Également appelée le Théâtre-Français (le Français) ou la Maison de Molière, la Comédie-Française est née de la réunion de trois grandes compagnies du théâtre parisien. Elle est le plus ancien théâtre national au monde.

Les débuts de la Comédie-Française

MolièreLa fondation de la Comédie-Française, ou plutôt la constitution administrative actuelle, date du 21 octobre 1680, septième année après la mort de Molière. Mais ses origines sont plus anciennes. En effet, une troupe de comédiens se forme à Paris avec l’autorisation du roi en 1588. Elle loue le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne appartenant aux Confrères de la Passion, et donne la première une idée de ce que devait être la scène française, que Pierre Corneille, Molière et Jean Racine allaient illustrer. En 1665, les comédiens de Monsieur, établis dans la salle du Petit-Bourbon, que Louis XIV leur avait concédée, et ayant Molière à leur tête, deviennent les comédiens du Roi, avec 7,000 livres de pension, et ils s’établissent au théâtre du Palais-Royal. Ils jouent de préférence la comédie. La tragédie est laissée aux acteurs de l’Hôtel de Bourgogne et à ceux du Marais.

En 1673, après la mort de Molière, sa compagnie de l’Illustre Théâtre ne peut plus se soutenir. Elle s’associe donc avec une troupe rivale, le Théâtre du Marais, et commence à se produire sous le nom de Théâtre du Guénégaud. En 1680, en vertu d’un édit du roi Louis XIV, le Guénégaud fusionne avec la plus ancienne troupe de Paris, celle de l’Hôtel de Bourgogne (où Racine a monté ses propres pièces). La compagnie unifiée se voit octroyer le monopole de toutes les nouvelles représentations de pièces françaises. Elle donne sa première représentation commune le 25 août 1680. Le mois suivant, le roi consacre la troupe unique, composée de 27 comédiens et comédiennes qu’il choisit sur leur talent exceptionnel pour « rendre les représentations des comédies plus parfaites ». En 1682, les comédiens bénéficient d’une pension de tutelle, mais se trouvent par là-même assujettis aux caprices du souverain. La troupe prend le nom de Comédie-Française pour se distinguer de sa rivale la Comédie-Italienne, troupe vouée à la commedia dell’arte. Celle-ci reprend l’Hôtel de Bourgogne abandonné.

La Comédie-Française fait ses débuts au Guénégaud, puis, en 1689, doit déménager dans ce qui va devenir la rue de l’Ancienne-Comédie. Les nouveaux auteurs de la Comédie-Française sont Marivaux et Beaumarchais (qui lui préfèrent cependant le jeu de la Comédie-Italienne) et surtout Voltaire qui leur confie quelque trente pièces. On y applaudit alors l’actrice Adrienne Lecouvreur ou les comédiens Brizard et Dazincourt. Peu à peu, la troupe s’affirme et devient de plus en plus indépendante par rapport aux Premiers gentilshommes de la Chambre. De nouveaux genres, comme la comédie larmoyante ou le drame bourgeois, entrent au répertoire.

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En 1770, la troupe se déplace aux Tuileries, et en 1789, on construit pour elle le Théâtre de l’Odéon qui est inauguré avec Le Mariage de Figaro.

→ À lire : Les genres théâtraux. – La commedia dell’arte. – Le drame bourgeois.

La Comédie-Française sous la Révolution

Lors de la Révolution française, la compagnie — qui prend le nom de Théâtre de la Nation — reprend les droits civils dont ses comédiens sont historiquement privés, mais perd sa pension royale. Des décrets de 1790 et 1791 abolissent par ailleurs son monopole sur le répertoire français. La troupe se scinde en deux camps, la faction libérale, menée par François-Joseph Talma, émigrant vers le siège actuel de la compagnie (rue de Richelieu), dans le Théâtre de la République. En 1793, les Comédiens-Français restés au Théâtre de la Nation sont arrêtés et condamnés à la guillotine, avant d’être sauvés in extremis. Sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur et membre du Directoire, François de Neufchâteau, les Comédiens-Français sont réunis et s’installent rue Richelieu, où la nouvelle Comédie-Française est créée le 11 prairial an VII (30 mai 1799). Par un décret de Napoléon Ier, en 1803, ils obtiennent la protection impériale — Talma est d’ailleurs le comédien favori de Napoléon. En 1816, une compagnie rivale s’installe dans l’Odéon reconstruit après son incendie en 1799 : elle en fait le deuxième théâtre de France.

La Comédie-Française au XIXe siècle

Au XIXe siècle, Alexandre Dumas, Alfred de Vigny ou Victor Hugo entrent au répertoire, Mademoiselle Mars triomphe sur scène, dans le rôle de Doña Sol, tandis qu’éclate la bataille d’Hernani. Première comédienne du Théâtre français, Mademoiselle Rachel est la plus grande tragédienne du début du XIXe siècle. Le prince Louis Napoléon nomme, en 1849, un administrateur général dépendant du ministère de la Culture, pour gérer les fonctions administratives et financières du théâtre. Il rétablit par ailleurs la censure. En 1871, la troupe organise une tournée à Londres, renflouant ainsi ses caisses. Sous l’administration du metteur en scène Émile Perrin (1871-1885), le Français se dote de vedettes telles Sarah Bernhardt, Mounet-Sully ou Benoît Constant Coquelin. Émile Perrin inaugure par ailleurs le système d’abonnements. La troupe connaît de nombreuses crises financières et les comédiens s’associent aux premiers pas du cinématographe et de la radiophonie.

La Comédie-Française au XXe siècle

Le XXe siècle voit la Comédie-Française privilégier la mise en scène, avec notamment de grands noms (Louis Jouvet, Gaston Baty, Jacques Copeau, Pierre Dux ou Jean-Louis Barrault) et le répertoire s’enrichit de textes contemporains français mais aussi étrangers. Sous l’administration de Maurice Escande (1960-1970) le Français ouvre ses portes à de nouveaux comédiens et à des metteurs en scènes extérieurs. Sous le mandat de Jacques Lassalle (1990-1993), le théâtre du Vieux-Colombier est réouvert et attribué à la Comédie-Française.

En 1994, une grande exposition des trésors (costumes, maquettes, tableaux, etc.) du Français est organisée à l’occasion de travaux de modernisation du théâtre. L’année suivante, le théâtre devient un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) sous la tutelle du ministère de la Culture. En 1996, la Comédie-Française bénéficie d’un nouvel espace, le Studio-Théâtre, au Carrousel du Louvre ainsi que de la création d’une théâtrothèque et de salons littéraires.

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La troupe

La Comédie-Française est traditionnellement dirigée par un administrateur général, rémunéré par l’État. Mais son organisation interne reste essentiellement celle de la compagnie de Molière, qui elle-même était issue d’une corporation d’acteurs parisiens du XVe siècle. Les jeunes stagiaires, recrutés pour la plupart dans les rangs du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, rejoignent la compagnie comme « pensionnaires », ou membres salariés ; c’est parmi eux que sont nommés les « sociétaires », ou membres à part entière. Ceux-ci ont un statut d’actionnaires ; ils sont associés aux principales décisions artistiques et budgétaires, à la répartition des bénéfices selon un certain barème, et peuvent se retirer avec une pension annuelle après vingt ans de maison.

Au nombre des sociétaires qui ont marqué les trois siècles d’existence de la Comédie-Française, on distingue Adrienne Lecouvreur, François-Joseph Talma, Mademoiselle Rachel, Mademoiselle Mars, Marie Bell, Jeanne Samary, Sarah Bernhardt, le couple Seigner, Robert Hirsch, Michel Aumont, ou plus récemment Catherine Hiegel, Philippe Torreton et Denis Podalydès. Parmi les récents administrateurs figurent Jacques Toja (1979-1983), Jean-Pierre Vincent (1983-1985), Jean le Poulain (1985-1988), Antoine Vitez (1988-1990), Jacques Lassalle (1990-1993), Jean-Pierre Miquel (1993-2001) et Marcel Bozonnet (2001-2006). Membre de la troupe du Français depuis 1985 et sociétaire depuis 1988, Muriel Mayette prend la direction de la Troupe en août 2006 pour un mandat de cinq ans : c’est la première femme nommé à ce poste depuis la création du Français.

Le répertoire

Au XIXe siècle, la perte de son monopole sur les nouveaux spectacles avait conduit la Comédie-Française à se spécialiser dans les représentations de pièces classiques, comme celles de Jean Racine, de Molière et de Pierre Corneille, tout en présentant également des créations importantes, avec des œuvres de Victor Hugo, Alexandre Dumas père ou Alexandre Dumas fils. Au XXe siècle, le répertoire s’enrichit avec les pièces d’auteurs étrangers comme William Shakespeare, Gabriele D’Annunzio, Henrik Ibsen. Cette orientation, combinée à l’ouverture vers des auteurs contemporains, se poursuit après-guerre (Paul Claudel, Henry de Montherlant, Eugène Ionesco, Bertolt Brecht, Jean-Paul Sartre, Jean Genet entrent au répertoire). Elle s’accompagne d’une ouverture à des metteurs en scène novateurs, impulsée dès 1936 par l’administrateur Édouard Bourdet qui confie plusieurs spectacles au « Cartel » formé par Jacques Copeau, Charles Dullin, Louis Jouvet et Gaston Baty. Ces tendances se confirment par la suite avec les pièces de Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Bernard-Marie Koltès, Witold Gombrowicz ou Harold Pinter.

La Comédie-Française reste une institution très respectée, pour sa fidélité à une double vocation : reprendre les grandes œuvres du répertoire français et étranger, à l’aide d’une troupe solidement rompue à l’art classique, et, en faisant appel à des auteurs contemporains (Marie N’Diaye, Valère Novarina ou Gao Xingjiang), témoigner d’un constant renouvellement.

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