La Farce de Maître Pathelin

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La Farce de Maître Pathelin

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Présentation et description

La Farce de Maître Pathelin (ou La Farce de Maître Pierre Pathelin, La Farce de Pathelin, Farce Maître Pierre Pathelin, Farce de Maître Pathelin) est une célèbre farce du XVe siècle, et l’un des monuments les plus remarquables de l’ancien génie comique de la France. Souvent considérée comme anonyme, on n’en connaît avec certitude ni la date précise ni l’auteur. On a parfois attribuée cette farce à Antoine de la Sale, l’auteur des Quinze Joies de mariage et de l’Histoire et Chronique du petit Jehan de Saintré, à Guillaume Alexis, voire à François Villon, et à Pierre Blanchet, « poète satirique et joyeux compère », compagnon et fournisseur des clercs de la Basoche. La farce constitue le meilleur et l’un des plus anciens chefs-d’œuvre du théâtre comique médiéval. Elle est, en outre, souvent considérée comme la première pièce comique de la littérature française.

La Farce de Maître Pathelin est tellement populaire au XVe siècle qu’elle s’est répandue dès lors de la France à l’étranger. On la trouve imitée, par exemple, en Allemagne dans les Scaenica Progymnasmata de Jean Reuchlin (en latin Johannes Reuchlin). Il est plus probable que, la trouvant déjà dans le domaine de la gaieté publique, le clerc basochien s’est borné à la remanier et à la rajeunir pour son théâtre et l’a mise ainsi sous la forme qu’elle devait garder dans l’histoire littéraire.

La Farce de Maître Pathelin

⬆ Illustration de Louis-Maurice Boutet de Monvel, parue dans l’édition de 1900 de La Farce de Maître Pathelin : très bonne et fort joyeuse à cinq personnages, arrangée et mise en nouveau langage par Georges Gassies Des Brulies, éditée Charles Delagrave, Paris.

Résumé et commentaire

Tout le monde connaît le sujet et les principales scènes de Maître Pathelin : c’est une joyeuse école de friponnerie universelle, une suite de ruses et de fraudes faisant ricochet, sans autre morale que le plaisir, si cher à Jean de La Fontaine, de voir tromper un trompeur. Un avocat décrié et sans causes, Maître Pathelin, s’entretient avec son épouse, dame Guillemette, des moyens de renouveler, sans bourse délier, leur garde-robe qui s’en va en lambeaux. Il leurre avec de belles paroles son voisin le drapier, et se fait donner, non sans peine, une pièce de drap, en se promettant bien de ne pas la payer. De son côté, le drapier s’applaudit de la lui vendre plus qu’elle ne vaut. Ce même drapier a un berger, Agnelet, qui le vole et qui a recours à l’avocat pour se défendre en justice contre son maître. Sur les conseils de Pathelin, le gardeur de moutons gagne son procès en faisant l’imbécile devant ses juges et en répondant à toutes les questions par le cri de ses bêtes. Pour couronner le tout, il ne fait pas d’autre réponse à maître Pathelin lui-même, quand celui-ci lui réclame ses honoraires.

Le naturel et la vivacité de chacune de ces scènes, et surtout leur plaisant enchaînement, méritent presque à la farce de Pathelin le nom de comédie, et en font la perle littéraire du vieux théâtre. Le style en est net et déjà très français. Une foule d’expressions sont devenues proverbialesrevenons à nos moutons »), et le personnage principal est resté comme un type de fourberie flatteuse et cauteleuse. Il est tout entier dans la scène avec le drapier dont il capte la confiance par un pieux éloge de feu son père :

Ah ! c’était un homme savant !
Je requiers Dieu qu’il en ait l’âme
De votre père ! douce dame !
Il me semble encor, par ma foi !
Que c’est lui qu’en vous je revoi.
C’était un bon marchand et sage.
Vous lui ressemblez de visage,
Par Dieu ! comme droite peinture.
Si Dieu eut onc de créature
Merci, Dieu vrai pardon lui fasse
À l’âme.

LE DRAPIER.
Amen ! par sa grâce,
Et de nous quand il lui plaira.

PATHELIN.
Par ma foi ! il me déclara
Maintefois et bien largement
Le temps qu’on voit présentement.
Moult de fois m’en est souvenu.

C’est la fable « Le Renard et le Corbeau » que cette première scène, au dire de dame Guillemette elle-même, qui se met à conter l’apologue dans une forme encore agréable à côté du récit de Jean de La Fontaine. On peut dire mieux : cette fable, c’est la pièce entière.

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Popularité

La popularité de Maître Pierre Pathelin est attestée par le nombre des éditions qui en furent faites avant la fin du XVe siècle. Plusieurs ont été données à Lyon et à Paris, sans date, vers l’an 1480. La première datée est de 1490, et a pour titre Pathelin le grand et le petit ; elle est illustrée. Plusieurs de celles qui suivent, au XVIe siècle, offrent des remaniements de texte et des variantes de titre c’est Le Nouveau Pathelin, La Vie et le Testament de Maître Pierre Pathelin, La Comédie des tromperies, Finesses et Subtilités de Maître Pierre Pathelin, etc.

Des éditions modernes, avec restitution plus ou moins savante, ont été données par Geoffroy-Château (1853), François Génin (1854), par Paul Lacroix (1859), etc. Maître Pathelin a été mis de bonne heure en vers latins par Alexander Connibert (1512).

Il a été plusieurs fois repris au théâtre avec des remaniements plus ou moins profonds. David Augustin de Brueys et Jean de Palaprat en font une comédie en prose en trois actes, L’Avocat Pathelin (1706), qui a eu un succès soutenu au Théâtre-Français. Il en a été tiré de François Bazin (1856). Enfin, Edouard Fournier a ramené avec éclat Maître Pathelin à la Comédie-Française, en conservant du texte primitif tout ce qui n’avait pas trop vieilli (1872).

Personnages
  • Maître Pierre Pathelin, avocat devenu pauvre ; beau parleur et rusé.
  • Guillemette, femme de Pathelin ; elle trompe Guillaume en prétendant que son mari est malade.
  • Guillaume Joceaulme, drapier qui vend à crédit du drap à Pathelin ; très malhonnête mais dupé ; badaud de Paris.
  • Thibault l’Agnelet, berger qui demande l’aide de Pathelin ; mais à la fin, il le dupe.
  • le juge, qui ne tient qu’une petite partie dans l’histoire.
Adaptations
  • L’Avocat Patelin, comédie en trois actes de David Augustin de Brueys et Jean de Palaprat, 1706.
  • Maître Pathelin, opéra-comique en un acte de François Bazin, 1856.
  • La vraie Farce de Maître Pathelin, mise en trois actes et en vers modernes, par Édouard Fournier, créé à la Comédie-Française & édité à Paris : Librairie de Bibliophiles, 1872.
  • La Farce de Maître Pathelin, opéra-comique de Henry Barraud, 1938.
  • Si Nistri, adaptation de La Farce de Maître Pathelin par Mohya en langue kabyle.
  • Pièce de théâtre pour enfant au Badaboum Théâtre.

Reportez-vous à…

  • Pierre-François Godard Beauchamps : Recherches sur les théâtres de France (Paris, 1735).
  • Geoffroy-Château, François Génin, Paul Lacroix et Edouard Fournier : Introductions et Notices de leurs éditions.
  • Jacques Demogeot : Histoire de la littérature française depuis ses origines jusqu’en 1830 (1852).
  • François Génin : Nouvelle biographie générale.
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