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Emblème de la francophonie

Emblème de la francophonie.

La francophonie est l’ensemble des États et des populations dont le français est langue maternelle, véhiculaire ou officielle.

Inventé par le géographe Onésime Reclus en 1880 pour désigner un ensemble linguistique alors en expansion, le terme de francophonie est réapparu au début des années 1960, quand a pris corps le projet de fonder une communauté politique sur l’usage commun de la langue française. Avec une majuscule initiale (Francophonie), le terme désigne les instances politiques (pays, États et gouvernements) ayant le français en partage, tandis que le même terme, sans majuscule initiale, fait référence à l’espace linguistique.

Instituée en 1988, la Journée internationale de la Francophonie donne lieu le 20 mars à des manifestations autour de la langue française dans de nombreux pays.

💡 Drapeau de l’OIF
Le drapeau officiel de l’Organisation Internationale de la Francophonie représente un cercle, subdivisé en cinq arcs de couleurs différentes. Tout comme le drapeau olympique, il représente globalement les cinq continents habités. La palette des couleurs est identique, mis à part le noir remplacé par le violet.

→ À lire : Histoire de la langue française. – Histoire résumée du vocabulaire français. – Langues du monde. – [📽 Vidéo] 15 citations sur la langue française.

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Les frontières mouvantes de la francophonie
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Du seul point de vue linguistique, l’ensemble francophone apparaît disparate et ses contours ne sont pas aisés à définir. En effet, si le français est parlé par près de 200 millions de personnes dans le monde, le nombre de locuteurs l’utilisant quotidiennement et couramment se réduit à environ 115 millions (la distinction entre le francophone et le francophone partiel se base sur la capacité à faire face, en français, aux situations de communication courante, ou à un nombre limité de situations). Le nombre d’apprenants est évalué en 2006 à environ 88 millions, jeunes et adultes confondus. Le poids de la francophonie varie tout autant selon qu’on mesure son audience au nombre de pays utilisant le français comme langue officielle ou co-officielle — une cinquantaine d’États, ce qui le place au deuxième rang mondial, derrière l’anglais et devant l’espagnol — ou que l’on rapporte le nombre de locuteurs à la population mondiale : la langue française demeure certes l’une des grandes langues du monde, mais elle n’est parlée que par 3,2% de la population mondiale (contre 17,3% pour le mandarin ou 8,4% pour l’anglais).

La situation linguistique même diffère d’un pays francophone à l’autre. Tandis que le monolinguisme prévaut en France, le français doit ailleurs composer avec une ou plusieurs langues nationales. Langue maternelle pour les Français, les Suisses, les Belges, les Luxembourgeois et les Canadiens francophones, ce n’est en revanche qu’une langue de l’administration, du pouvoir et des élites, maîtrisée par guère plus de 5 % de la population, dans la quinzaine de pays d’Afrique francophone qui l’ont érigée en langue officielle. Entre ces deux extrêmes, le paysage francophone est plus nuancé dans la zone caraïbe ou dans les îles de l’océan Indien (Réunion, Maurice, Seychelles, Madagascar) où le français participe à l’inventivité de la langue créole, la langue du quotidien, et demeure d’usage courant comme langue de communication ; au Maghreb, où malgré l’arabisation, il demeure la langue des élites modernes et d’une fraction non négligeable de la population ; au Liban, où la moitié de la population le parle malgré la progression de l’anglais venu concurrencer le vieux bilinguisme arabe-français. La chute des régimes communistes et l’ouverture des frontières ont, par ailleurs, révélé la persistance, voire la vitalité, de groupes francophones dans les pays d’Europe de l’Est (Roumanie, Pologne, Bulgarie, Albanie, Macédoine) et dans la péninsule indochinoise (Viêt Nam, Laos et Cambodge).

Une partie de ces pays ont rejoint — ou souhaitent rejoindre — la francophonie institutionnelle, dont les frontières ne recoupent pas nécessairement celles de la francophonie linguistique : tandis que l’Égypte en est membre et qu’Israël s’en est rapproché, la communauté des pays « ayant le français en partage » ne compte pas dans ses rangs l’Algérie.

Histoire de la francophonie

Concept récent, la francophonie rend compte d’une double réalité historique : l’expansion du français liée à la constitution d’un empire colonial à partir de la fin du XIXe siècle, puis la nécessité, avec la décolonisation, de repenser les liens entre l’ancienne métropole et ses colonies désormais émancipées, tout en résistant à la diffusion de l’anglais et du modèle anglo-saxon.

Au cours des siècles précédents, le français a déjà connu des phases d’expansion et de recul. Langue des élites politiques et culturelles européennes aux XIIe et XIIIe siècles, après le latin, et même langue officielle de l’Angleterre, concurrencé durant la Renaissance par l’italien, le français est, au siècle des Lumières, la langue des cours et, jusqu’au début du XXe siècle, celle de la diplomatie, statut qu’elle perd avec le traité de Versailles (1919). La réalité de son déclin est alors partiellement masquée par l’extension géographique de l’Empire colonial français.

Lorsqu’en 1962, la revue Esprit redonne vie au terme de francophonie, c’est pour célébrer la vitalité d’une langue qui s’enrichit des apports de cultures diverses réunies au sein d’un ensemble alors en quête d’identité et de structures, après l’échec de la Communauté française telle qu’elle avait été promue par le général de Gaulle. Des dirigeants tels que le Tunisien Habib Bourguiba, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, le Cambodgien Norodom Sihanouk ou le Nigérien Hamani Diori expriment le souhait de voir naître une nouvelle communauté politique, s’inspirant du Commonwealth formé par les pays de l’ancien Empire britannique et capable de faire poids égal avec celui-ci. Mais faute d’une possible parité entre partenaires, l’organisation institutionnelle de la Francophonie bute pendant longtemps sur les accusations de « néocolonialisme » qu’un tel projet suscite. La Francophonie n’en cristallise pas moins les aspirations des uns à redéfinir les rapports entre Nord et Sud, des autres à défendre une identité culturelle et politique perçue comme menacée. Les balbutiements de la francophonie institutionnelle coïncident ainsi avec l’arrivée au pouvoir au Québec du Parti libéral ; la langue devient un véritable enjeu dans le débat sur l’autonomie de la province francophone.

Les premières structures internationales concernent le domaine éducatif : la Conférence des ministres de l’Éducation des pays ayant en commun l’usage du français (Confemen) voit le jour en 1960, et l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (Aupelf) en 1961.

Logo officiel de l'OIF

Logo officiel de l’OIF.

Un pas décisif est franchi avec la création, le 20 mars 1970, de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), la première organisation intergouvernementale francophone. En 1986, la réunion à Versailles du premier sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant en commun l’usage du français marque une nouvelle avancée de la Francophonie politique. En 1991 est créé le Conseil permanent de la Francophonie (CPF), où siègent les représentants des chefs d’État ou de gouvernement. En 1995, l’ACCT devient l’Agence de la francophonie. Avec la Charte de la Francophonie, adoptée en 1997 au sommet de Hanoï, un poste de Secrétaire général de la Francophonie est créé. L’Agence de la Francophonie, devenue en 1997 l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, prend en 2005 le nom d’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à la suite de la réforme institutionnelle parachevée la même année.

Institutions de la francophonie
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Rassemblant 55 pays et 13 États observateurs en 2007, la communauté des États « ayant le français en partage » forme aujourd’hui l’ensemble linguistique le mieux structuré.

Les instances

L’instance suprême de la Francophonie, qui en définit les orientations et le programme, est la Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, également nommé Sommet francophone, qui se tient tous les deux ans. Le Conseil permanent de la Francophonie (CPF), constitué de 15 représentants personnels des chefs d’État et de gouvernement, en assure la préparation et le suivi. La Conférence ministérielle de la Francophonie, réunissant annuellement les ministres des Affaires étrangères ou de la Francophonie, veille par ailleurs à l’exécution des décisions des sommets. Le Secrétaire général, placé sous l’autorité des instances, est le porte-parole politique et le représentant officiel de la Francophonie ; il assure la présidence exécutive du Conseil permanent de la francophonie (CPF), et est à la tête de l’OIF.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), principal « opérateur » de la Francophonie, rassemble les actions politiques et les programmes de coopération. Les missions de l’OIF se sont progressivement étendues à la prévention des conflits dans l’espace francophone et à la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. Le cadre stratégique, adopté en 2004 au sommet de Ouagadougou, définit quatre axes :

  • la promotion de la langue française et de la diversité culturelle ;
  • la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme ;
  • l’appui à l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche ;
  • le développement de la coopération au service du développement durable et de la solidarité.

Depuis 1997, un Secrétaire général, élu pour quatre ans par les chefs d’État et de gouvernement, dirige l’OIF.

Les opérateurs directs

Les « opérateurs directs » de la Francophonie sont :

  • l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), qui émet des avis auprès du Conseil permanent et œuvre dans le domaine de la coopération interparlementaire ;
  • l’Association internationale des maires et responsables des capitales et métropoles partiellement ou entièrement francophones (AIMF), qui rassemble une centaine de villes dans le monde et favorise une coopération dans tous les domaines de l’activité municipale ;
  • l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), qui fédère plus de 600 établissements de 70 pays et 350 départements d’études françaises et filières francophones ;
  • l’université Senghor d’Alexandrie, nommée formellement « Université internationale en langue française au service du développement africain », reconnue d’utilité publique internationale, qui propose des formations de troisième cycle dans certains domaines nécessaires au développement (gestion-administration, environnement, santé, patrimoine culturel) ;
  • TV5, télévision internationale francophone diffusée dans plus de 200 pays, et reçue dans près de 170 millions de foyers sur les cinq continents.

À travers ces institutions, l’organisation francophone mène une politique de coopération multilatérale très active dans le domaine de l’éducation, de la recherche et de la culture : de l’alphabétisation à la création de chaînes télévisées francophones, de la mise en réseau de l’information scientifique et technique au financement de projets favorisant le développement de sites francophones sur Internet. Cette coopération s’étend aussi au domaine de l’économie, avec par exemple la mise en place d’un centre d’information économique de la francophonie.

Autres institutions

Le dispositif multilatéral de la Francophonie compte également les Conférences ministérielles permanentes, la Conférence des ministres de l’Éducation des pays ayant en commun l’usage du français (Confemen) et la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays ayant en commun l’usage du français (Conféjes), étroitement associés à l’élaboration des politiques francophones dans leurs domaines respectifs. L’Union de la presse francophone (UPF), attachée à favoriser la coopération entre les médias francophones, et le Forum francophone des affaires (FFA), tourné vers le développement des échanges économiques, font aussi parti des institutions de la Francophonie.

À côté de ces institutions intergouvernementales, des institutions nationales contribuent à la diffusion et à la défense de la langue française. Mentionnons notamment l’Alliance française, institution pionnière créée en 1883 et présente dans le monde entier, dont les programmes permettent de faire connaître la culture et la langue françaises à l’étranger. Le Haut Conseil de la francophonie, créé en 1986 et rattaché à la présidence française, a pour mission de « préciser le rôle de la francophonie et de la langue française dans le monde moderne », ce qu’il fait notamment à travers ses rapports annuels.

Enjeux de la francophonie

Le projet francophone a dû, depuis ses origines, faire face à deux difficultés majeures, mises en exergue par ses détracteurs, et dont la solution, encore partielle, conditionne l’avenir de la francophonie.

D’une part, l’ambiguïté première liée au passé colonial n’a pas été totalement levée. Le soupçon de néocolonialisme ressurgit lorsque la France (mais aussi le Canada) assigne à l’organisation francophone la tâche de promouvoir la démocratie et les droits de l’homme parmi ses membres — sans aller toutefois jusqu’à accepter le principe de sanctions envers les partenaires défaillants en la matière. Il est indiscutable que la Francophonie a permis à la France de maintenir son rang sur la scène mondiale et au sein des instances internationales. Mais l’évolution récente témoigne d’une réévaluation réelle du rôle que peut jouer la Francophonie dans un cadre planétaire bouleversé par la mondialisation.

La volonté affichée de développer la concertation entre pays francophones lors des négociations commerciales multilatérales s’inscrit dans la même perspective que celle ayant présidé à la création en 1990 de l’université Senghor, où sont enseignées des disciplines intéressant directement les pays en développement. Rapprochant des pays des deux hémisphères aux niveaux de développement contrastés, l’organisation francophone peut faire entendre une voix originale dans la nécessaire redéfinition des rapports Nord-Sud.

C’est l’un des atouts dont elle dispose pour déjouer les pronostics de ceux qui, la présentant comme une citadelle assiégée face à la diffusion de l’anglo-américain et du modèle politique, économique et culturel qui lui est associé, lui prédisent un irréversible déclin. L’autre atout réside, paradoxalement, dans l’« exception culturelle » dont elle est porteuse. Aux pays qui souhaitent résister à l’uniformisation mondiale, la communauté francophone propose un modèle attractif, en plus d’un réseau diplomatique alternatif. Car elle réaffirme opportunément, contre le primat de l’économie, que l’usage commun d’une langue crée des solidarités, fonde une identité forte étayée par des valeurs partagées : la démocratie et les droits de l’homme, mais aussi la laïcité et la recherche d’un développement respectueux des aspirations humaines et des fondements socioculturels des sociétés.

D’autre part, la Francophonie s’efforce de consolider sa dimension — et sa visibilité — politique. La création, en 1997, d’un secrétariat général, et le choix de l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Boutros Boutros Ghali, comme Secrétaire général de la Francophonie participe de cette démarche. Dans les années qui suivent, l’OIF obtient le statut d’observateur à l’Assemblée générale des Nations unies, auprès de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ainsi qu’à la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU. En octobre 2002, lors du sommet de la francophonie qui se tient à Beyrouth (Liban), l’ancien président sénégalais Abdou Diouf succède à Boutros Boutros Ghali ; il est réélu en septembre 2006 lors du XIe sommet qui a lieu à Bucarest (Roumanie). Récemment, Louise Mushikiwabo a été élue Secrétaire générale de la Francophonie par les Chefs d’État et de gouvernement réunis à Erevan, lors du XVIIe Sommet de la Francophonie, les 11 et 12 octobre 2018. Elle a pris ses fonctions en janvier 2019.

Qu’est-ce que le 20 mars ?

Chaque année, à la date du 20 mars, 300 millions de francophones sur les 5 continents fêtent leur langue en partage et leur diversité, à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie.

Cette date fait référence à la signature à Niamey, le 20 mars 1970, de la convention portant création de l’Agence de coopération culturelle et technique, qui allait devenir plus tard l’Organisation internationale de la Francophonie.

Les célébrations dépassent cette seule journée, puisqu’elles s’étalent souvent sur tout le mois de mars.

→ À lire : Journée internationale de la Francophonie (20 mars).

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