La langue arabe

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La langue arabe

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Introduction

La langue arabe est l’une des langues sémitiques1. Elle est parlée dans l’Arabie, dans la plus grande partie de la Syrie et de la Mésopotamie, dans l’Asie ottomane, en Perse, sur divers points des côtes de Malabar et de Coromandel, dans l’Inde, dans toute l’Égypte, dans une partie de la Nubie, dans les villes des anciens états barbaresques, en Algérie, dans le Fezzan, le Sahara, le Kardofan, le Darfour, à Bornou, à Zanguebar et dans quelques pays encore où la religion musulmane a des adhérents. Elle a eu autrefois un empire plus vaste, et au temps des califes elle était parlée de Cordoue à Bagdad.

Divisions de la langue arabe

Il y a trois distinctions à faire dans l’arabe, répondant aux divisions suivantes :

  • l’arabe vulgaire, qui est la langue usuelle des contrés désignées ci-dessus ;
  • l’arabe ancien, langue morte aujourd’hui ;
  • l’arabe littéral, langue écrite et savante, dont le Coran offre le parfait modèle.
L’arabe ancien

L’ancien arabe comptait les dialectes de l’Yémen et de Hedjaz, nommés himyarite2

 et Koréischite3. À l’avènement de l’islamisme, ce dernier dialecte prédomina. Consacré par le Coran, il absorba rapidement autour de lui les dialectes de l’Arabie, puis les autres idiomes sémitiques, constituant ainsi l’arabe littéral moderne. Celui-ci a tous les caractères d’une langue littéraire, et de plus il acquiert, comme langue liturgique, une importance particulière ; l’étude en est recommandée aux Arabes par la nécessité d’interpréter le Coran. Sous le califat, le désir des diverses races réunies par la conquête d’écrire correctement l’arabe donna naissance aux célèbres écoles de grammaire de Coufa, de Basra et de Bagdad. Les Arabes avaient des universités à Constantine, à Tunis, à Tripoli, à Fez et au Maroc, et lorsqu’ils eurent poussé leurs conquêtes jusqu’en Espagne, ils établirent un collège à Cordoue. Mais cette langue savante, qui suppose toujours un certain degré de culture, n’a pas toujours été accessible aux peuples qui font usage de l’arabe vulgaire, et, de nos jours, une grande partie de la population de l’Arabie, issue de tribus qui qui ne furent jamais soumises que nominalement, ne possède pas la connaissance de la langue du Coran.

L’arabe vulgaire

L’arabe vulgaire comprend plusieurs dialectes à peu près identiques par leurs vocabulaires et qui se distinguent surtout par des différences de prononciation.

Les plus caractérisés sont :

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  • celui de l’Yémen, considéré comme le plus pur de tous ;
  • celui de Thehama ;
  • celui de la Mecque, très corrompu et qui se ressent du mouvement des populations diverses affluant vers la ville sainte ;
  • le bédouin, parlé dans un grand nombre de sous-dialectes, par les tribus nomades du désert ;
  • le syrienle maronite et le druse, particuliers au Liban et très mélangés ;
  • le mapoulet, parlé dans l’Inde, sur les côtes de Malabar et de Coromandel ;
  • l’égyptienle magrebin ou maure, propre aux anciens états barbaresques.

Pour être plus complet, on pourrait mentionner encore parmi les dialectes de l’arabe vulgaire le maltais, jargon composé d’arabe, d’italien et de provençal, dans lequel Quintin, Majus, Agius, Hervas et Vallencey, ont prétendu à tort reconnaître la langue punique ; puis le mosarabe ou maramisch, parlé jadis par les Arabes d’Espagne, dont on comptait encore au XVIIe siècle de nombreuses traces dans les montagnes de Grenade ou dans plusieurs localités de l’Andalousie, de Valence et d’Aragon.

La richesse de la langue arabe

L’arabe est une langue très riche ; les Arabes se vantent, selon Ernest Renan4, d’avoir 80 mots pour désigner le miel, 200 pour le serpent, 500 pour le lion, 1000 pour le chameau et l’épée, et jusqu’à 4400 pour rendre l’idée de malheur. Le vocabulaire comprend 60 000 mots. Les grammairiens arabes prétendent que toutes les racines de leur langue ont été primitivement des verbes, et ils élèvent considérablement le nombre de ces racines. Il est en réalité de 6000. Ces racines sont ordinairement composées de trois lettres écrites, et les mots dans lesquels elles entrent se complètent, soit au moyen de lettres dites serviles, à cause du rôle qu’elles jouent, soit par le redoublement des radicales, ou encore par le changement des voyelles figurées par des points diacritiques. C’est ainsi qu’une même racine donne des verbes, des substantifs, des adjectifs, des adverbes, enfin des dérivés de toute sorte. Les verbes forment dix-sept conjugaisons. Ils subissent dans leur forme active treize modifications principales avec un pareil nombre de modifications pour les formes passives. La conjugaison est très pauvre en apparence, mais au moyen de particules ou par le changement des points-voyelles, on déternine le présent, le futur, l’optatif, le subjonctif, etc., avec autant de précision que dans aucune autre langue. La construction est généralement directe.

La prononciation de la langue arabe

La prononciation de l’arabe s’éloigne très peu de l’orthographe. On se sert pour l’écriture d’un alphabet de vingt-huit lettres, toutes consonnes, et de trois points-voyelles ou motions, placés au-dessus, au-dessous ou après les consonnes.

On connaît chez les Arabes trois genres d’alphabets principaux : le coufique5le neski6 et le magrebi7. On peut ajouter que l’ancien dialecte himyurite employait un alphabet appelé musnad, tombé en désuétude dès le temps de Mahomet.

L’origine de la métrique arabe est fort obscure. On nomme le grammairien Khalil comme le législateur des formes de la versification ; mais Khalil vivait vers la fin du IIe siècle de l’hégire, et les modèles poétiques sont plus anciens ; ainsi les derniers chapitres du Coran sont écrits dans un rhythme libre, analogue à celui de l’ancienne poésie hébraïque, rhythme fondé sur la coupe du discours, l’assonance et le parallélisme, véritable forme de la poésie sémitique. D’anciennes poésies arabes, antérieures à Mahomet, sont écrites dans ce rythme, selon Ernest Renan. Quelque hypothèse que l’on adopte sur les causes qui portèrent les Arabes à introduire dans leurs vers le mécanisme de la quantité, il est impossible que cette introduction soit postérieure à l’islamisme. Il est aisé d’acquérir la preuve qu’à partir du siècle qui clot l’ère païenne des Musulmans, la poésie devint savante, compliquée, assujettie à une prosodie fort éloignée du génie primitif des langues sémitiques.

La versification moderne

La versification moderne consiste en une certaine disposition alternative de syllabes longues et de syllabes brèves. Le vers s’appelle beit, mot qui signifie au propre une tente. On donne le nom de corde légère à une syllabe longue, de corde lourde à deux brèves, de pieu conjoint à une brève et une longue, de pieu disjoint à une longue suivie d’une brève, de petite cloison à deux brèves et une longue, de grande cloison à quatre pieds, composés de trois brèves et d’une longue.

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Les pieds sont primitifs ou secondaires : les primitifs n’ont pas moins de trois syllabes ni plus de cinq, et leurs réunions forment diverses combinaisons métriques de vers dont le vers de huit pieds est la base. Les pieds secondaires servent aux modifications des mètres primitifs. Les poèmes arabes sont écrits en entier sur une seule rime.

Supplément : L’alphabet arabe
  • L’alphabet arabe se compose de 28 lettres.
  • L’arabe s’écrit et se lit de droite à gauche contrairement aux écritures latines (voir dans l’illustration ci-dessous les flèches en orange).
  • La construction d’un mot se fait en collant les lettres une à une, de droite à gauche.
  • En arabe, chaque lettre de l’alphabet s’écrit différemment selon sa position dans le mot.

L'alphabet arabe

 

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Notes

1. Les langues sémitiques : Famille de langues comprenant l’hébreu, le syriaque, le chaldéen, le phénicien, l’arabe, et selon quelques-uns l’éthiopien. 

2. L’himyarite (langue) : Ancienne langue arabe de l’Yémen et de la région orientale de l’Arabie. 

3. Le koréischite : Ancien dialecte parlé dans l’Arabie, autour de la Mecque, devenu l’arabe par excellence. 

4. Ernest Renan : Il est né le 28 février 1823 à Tréguier et décédé le 2 octobre 1892 à Paris. Renan est un écrivain, philologue, philosophe et historien français. 

5. Le coufique (alphabet) : Ancien alphabet arabe actuellement abandonné. Son nom vient de Coufa sur l’Euphrate, ville célèbre par ses écoles de grammaire. 

6. Le neski (alphabet) : Son nom veut dire écritures des copies ; c’est celui dont les Arabes d’Asie et ceux de l’Afrique orientale se servent pour écrire leur langue, et qui, avec l’addition de quelques signes, est devenu commun aux Turcs et aux Persans C’est une écriture plus cursive à la fois et plus complète que le coufique, dont elle dérive et qu’elle a fait abandonner. 

7. Le magrebi (alphabet): Alphabet arabe, usuté en Afrique, concurremment avec l’alphabet neski. Il est particulièrement employé par les peuplades de l’intérieur et du sud du continent africain chez lesquelles la connaissance de l’arabe est répandue et forme dialecte magrébin. Le magrebi se rapproche plus que le neski du coufique. 

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