La littérature arabe

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La littérature arabe

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Introduction

La littérature arabe comprend deux périodes d’inégale étendue : l’époque antérieure à l’islamisme, ou les siècles d’idolâtrie, et les temps glorieux où les Arabes ont, par leurs armes, imposé le Coran à tout le nord de l’Afrique, à une grande partie de l’Asie et même pendant huit cents ans à l’Espagne. Cette littérature s’est éteinte avec la nationalité arabe.

Première période : L’époque antérieure à l’islamisme

Les plus anciens monuments que la littérature arabe offre sont les sept poèmes appelés Moallakât1. Ils datent du VIe siècle de notre ère. Tous les ans, à la foire d’Okazh2, avait lieu un concours entre les poètes. Ils chantaient les querelles sanglantes des tribus, les vengeances héréditaires, la valeur des guerriers et leur ardeur au pillage, la vitesse des coursiers, la pratique de l’hospitalité et d’une libéralité aveugle, l’amour, la gloire. Ces poèmes, caractérisés par l’exagération des figures et l’abondance des traits subtils et raffinés, ont pour auteurs connus : Antar3, Zohaïr4, Amro’lkaïs5, Tharafa6, Lébid7, Amrou8 (fils de Kolthoum) et Harith9 (fils de Hiliza). ll y a encore quelques poètes antérieurs à Mahomet, parmi lesquels se distinguent Cab10 (fils de Zohaïr), et Nabegha11. Il faut noter aussi les poètes coureurs, agiles à la course et dont les vers portent la marque du génie poétique barbare de leur race. De ce nombre, il y a Chanfara12 et Tabata-Charran. Indépendamment de ces poètes du désert, dont on a les œuvres principales, on possède des recueils assez étendus de poèmes de la même époque, d’auteurs souvent inconnus. Les principaux de ces recueils ; ou diwans sont les suivants : El-HamaçaEl-Moffaddaliat et le Kitab el-aghâni. La poésie était dès ces temps très en honneur chez les Arabes. Lorsqu’ils avaient un bon poète dans une de leurs tribus, Ies autres tribus ne manquaient pas d’envoyer des députés pour féliciter celle à qui Dieu avait fait la grâce de lui donner un poète.

Deuxième période : Les temps glorieux

À la venue de Mahomet commence la deuxième période de la littérature arabe. La poésie décline : Mahomet n’aimait pas les poètes. La vie tumultueuse des camps couvre la voix des improvisateurs populaires. La prière et les sermons du Coran sont pendant un temps toute la littérature des musulmans. Ce n’est que sous le quatrième calife, Ali, poète lui-même, que la poésie se ranime. Après lui, les califes omeyyades, Yézid, Abd el-Mélik, Héchâm, aimèrent la poésie et protégèrent les poètes. Sous les abbassides13 du VIIIe au XIIIe siècle, l’influence de la cour raffinée de Bagdad perfectionna la langue poétique. Les principaux poètes de cette époque furent Abd-Allah (fils d’EI-Motazz), About-Temâm, El-Bohtori14, El-Motenabbi15, et, en Espagne, Ibn-Zeidoun16 et Ibn-Hâni. Vers ce temps eut lieu le plus grand développement de la philosophie arabe. Avicenne17 et Averroès18 en sont Ies plus illustres représentants. Mais son éclat fut passager et l’intolérance ne tarda pas à triompher de l’esprit philosophique.

Les romans en prose poétique et en vers se placent entre le IXe siècle et le XVe. Les genres en sont variés. Le plus important est le roman chevaleresque, conçu dans le même esprit et les mêmes sentiments que les romans du Moyen Âge : protection du faible, respect de la parole donnée, mépris pour la félonie, zèle pour la foi et dévouement pour la religion. Tels sont les romans d’Abou-Zeyd, d’Antar, de Delherneh, d’Ez-Zahir, de Glaive des Couronnes. Dans le genre merveilleux, les Arabes ont des contes comme les Mille et une nuits19, et des récits de voyage où le fantastique dépasse toutes les limites du surnatnrel. La littérature satirique et morale a produit les Makamât d’Al-Hariri20Calila et Dimna21 et les Fables de Lokman22. Les procédés prosodiques du parallélisme ont été employés pour la plupart de ces ouvrages.

Lorsque les Mongols, au XIIIe siècle, mirent fin à la dynastie des Abassides, la poésie arabe s’éteignit complètement. C’est sous le règne de Saladin qu’elle avait jeté en Égypte son dernier éclat. Les historiens succèdent aux poètes et prennent dans la littérature le premier rang. Si l’on compare les historiens arabes aux écrivains grecs et romains, on est peu disposé à les admirer. Mais en considérant que l’Asie entière, y compris l’Inde et la Chine, n’a jamais pu s’élever à la conception de l’histoire, on trouve chez les Arabes une supériorité relative. Parmi ceux qui méritent le plus de considération, il faut citer, du XIIIe au XVIIe siècle, Ibn-el-Athir, Ibn-Khallican, ibn-Khaldoun23, Aboulféda, Makrisi, Al-Makkari. Le bibliographe Hadji-Khalfa énumère treize cents ouvrages historiques, dont une partie, il est vrai, appartient à la littérature persane. Il n’en a été traduit dans les langues européennes qu’un très petit nombre. Un voyageur célèbre, Ibn-Batoutah, mérite aussi une distinction particulière.

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Notes

1. Les Moallakât (prononcé : mo-al-la-kât et veut dire en français « les suspendues ») : Ce sont le titre que portent les ouvrages de sept des plus excellents poètes qui ont fleuri parmi les Arabes dans le temps qui a précédé celui du mahométisme. Elles étaient alors, paraît-il, écrites en lettres d’or et « suspendues » aux murs de la Kaaba. 
2. La foire d’Okazh (ou Okaz) : C’est une foire qui se situe tout près de la Mecque où les différents poètes viennent réciter leurs meilleurs poèmes. 
3. Antar (Antara Ibn Chadded el-Absi) fut un poète arabe pré-islamique du VIe siècle, fils de Chadded, seigneur de la tribu des Beni ‘Abs. Il aurait vécu de 525 à 615 après J-C. 
4. Zohaïr (ou Zuhayr) : Zouhaïr ben Rabi’a ben Qourt ben Abi Soulma était un poète de l’époque pré-islamique ayant vécu de 530 à 627 après J.-C. environ, en Arabie. Il appartenait au groupe des Mouzaïna, issus des Modar. Par sa mère, il était rattaché à la tribu des Dhoubyan. Sa famille comportait de nombreux poètes. 
5. Amro’lkaïs : Le plus célèbre des anciens poètes antérieur à l’islamisme (VIe siècle). Il est auteur l’un des Moallakât. Contemporain de Mahomet, il fit des vers satiriques contre lui. 
6. Tharafa (ou Tarafa) : Poète arabe des temps immédiatement antérieurs à l’islamisme. Il est parmi les auteurs des Moallakât. Son poème est remarquable par la grâce, la mollesse épicurienne, l’alliance de l’ivresse du plaisir avec les mœurs militaires. 
7. Lébid : Poète arabe du VIIe siècle. Auteur d’une des sept Moallakât, il est en grand renom à la Mecque. 
8. Amrou : Il est le fils de Kolthoum (ou Amr Ben Kolthoum). Il est le septième et le dernier des poètes arabes, auteurs des Moallakât
9. Harith (ou Hareth) : Il est le fils de Hilliza. Poète arabe antérieur à Mahomet, et auteur d’une des sept Moallakât. Sa composition a pour sujet des démêlés survenus entre la tribu du poète, celle des Benou-Baher, et la tribu de Taghlib. 
10. Cab (ou Caab) : Il est le fils de Zohaïr (voir note 4). Poète arabe antérieur à l’islamisme, mort dans la première année de l’hégire. Il fit des vers contre Mahomet et sa religion ; puis se réconcilia avec lui et fit en son honneur le Poème au manteau (Casidat El-Borda). La composition de Cab est regardée par les commentateurs arabes comme un chef-d’œuvre de style clair et aisé. |
11. Nabegha : Célèbre poète arabe antérieur à Mahomet, ayant vécu vers la fin du VIe siècle de notre ère. Il jouissait d’une grande considération. Quelques critiques orientaux l’ont substitué à Harith (voir note 9). Ses poésies, faciles et harmonieuses, ont été recueillies en un diwan. 
12. Chanfara : Guerrier arabe et l’un des poètes coureurs. Son nom était Hodjr. Chanfara est un surnom qui signifie : porteur de grosses lèvres, et marque une origine abyssinienne. Il vivait au VIe ou au VIIe siècle. On a de lui un poème remarquable, d’un accent mâle et sauvage, où il se peint lui-même comme un homme de proie et de sang, moitié loup, moitié hyène : il est connu sous la désignation de Lamyyât el-àrab
13. Les Abbassides (ou Abbasides) : Dynastie de califes arabes, fondée par al-Abbas, oncle de Mahomet, les Abbasides régnèrent de 750 à 1258 à Bagdad. La dynastie abbaside accéda au pouvoir à l’issue d’une véritable révolution contre les Omeyyades. 
14. Bohtori (Alvalide El-Bohtori) : Poète arabe né en Syrie vers l’an 821 de notre ère, mort à la fin du IXe siècle. Familier de la cour raffinée de Bagdad, il fut en faveur auprès du calife Motavakkel, de la dunastie des Abbassides. On donnait à ses vers le nom de Chaînes d’or. On a de ce poète un choix d’anciennes poésies arabe intitulé Hamaça, et dont le manuscrit est à la bibliothèque de Leyde. 
15. El-Motenabbi (Abul-tayib Ahmed Ben Halhosein El-Motenabbi) : Poète arabe né à Coufah en 915 de notre ère. Il étudia à Damas, et prenant son inspiration littéraire pour un souffle prophétique, il se livra à un apostolat religieux qui lui attira des persécutions. Il vécut ensuite à Alep, en Égypte et à Chiraz, faisant le métier lucratif de poète de cour. Il revenait de Perse, lorsqu’il fut dévalisé et tué près de Bagdad par des brigands de désert. On a de lui un recueil de poésies très estimé qui a provoqué chez les Arabe plus de quarante commentaires sans avoir la valeur des poèmes antérieurs à l’islamisme. 
16. Ibn-Zeidoun (ou Zaydoun, Zeydoun) : Célèbre poète andalou né à Cordoue 1003 et mort à Séville en 1071. Sa poésie est dominée par sa relation avec la poétesse Wallada bint al-Mustakfi, la fille du dernier calife omeyyade de Cordoue Muhammed III. 
17. Avicenne : Avicenne était un philosophe, un écrivain, un médecin et un scientifique musulman chiite d’origine persane. Il s’intéressa à de nombreuses sciences, notamment l’astronomie. Il naquit le 7 août 980 à Afshéna (actuellement en Ouzbékistan), et mourut à Hamadan, en Iran, en août 1037.Ses disciples l’appelaient Cheikh el-Raïs, prince des savants, le plus grand des médecins, le Maître par excellence, le troisième Maître (après Aristote et Al-Farabi). 
18. Averroès : Né en 1126 (année supposée de sa naissance) à Cordoue en Andalousie, actuelle Espagne et mort le 10 décembre 1198, à Marrakech, actuel Maroc. De son nom complet Abū l-Walīd Muhammad ibn Ahmad ibn Muhammad ibn Ahmad ibn Ahmad ibn Rušd, il est à la fois un philosophe, un théologien islamique, un juriste, un mathématicien et un médecin arabe du XIIe siècle. Son œuvre est reconnue en Europe Occidentale mais combattue dans le monde musulman (où ses œuvres sont brûlées) et aussitôt oubliée après sa mort. Certains vont jusqu’à le décrire comme l’un des pères fondateurs de la pensée laïque en Europe de l’Ouest. 
19. Les Mille et une nuits : C’est un recueil d’origine persane qui contient un ensemble complexe de contes imbriqués les uns dans les autres et de personnages en miroir les uns par rapport aux autres, ce qui donne plusieurs niveaux de lecture possible. 
20. Al-Hariri (Abu Muhammad al-Qasim ibn Ali al-Hariri): Né en 1054 et décédé en 1122 à Bassorah, en Irak. Il était un savant et écrivain arabe dont l’œuvre majeure est consacrée à la langue arabe. Il a écrit principalement un recueil de contes, le Maqamat (ou l’assemblée). Il a également composé un poème sur la grammaire arabe, et rédigé un ouvrage consacré aux erreurs d’expression dans la langue arabe. 
21. Calila et Dimna (ou Kalila et Dimna) : Un peu oublié à l’époque moderne, le livre de Kalila et Dimna est un recueil de textes parent des fables et fabliaux. Destiné à l’éducation des princes, il s’inscrit dans une tradition née en Inde et dont l’âge d’or se situe en Perse, vers le VIe siècle. L’œuvre est ensuite l’objet de nombreuses adaptations en Orient, en Occident et dans les pays arabes. Elle inspira Le Roman de Renart et les fabliaux du Moyen Âge. Les animaux, les philosophes et les religieux sont les personnages principaux de ces fables, proposées dans un beau livre en français et en arabe. 
22. Fables de Lokman (surnommé Le Sage) : Plusieurs personnages de ce nom sont célèbres chez les Arabes. Le plus connu est Lokman le Sage, dont il est parlé dans le Coran. Lokman n’est sans doute qu’un personnage fabuleux à qui on aura attribué certains apologues populaires en Orient. Les Fables de Lokman ont eu un grand nombre d’éditions. La première est celle d’Erpenius, en arabe et en latin (Leyde, 1615). La meilleure édition est celle de Caussin de Perceval (Paris, 1818). 
23. Ibn-Khaldoun : Né le 27 mai 1332 à Tunis et mort le 17 mars 1406 au Caire, est un historien, philosophe et homme politique d’Ifriqiya. Sa façon d’analyser les changements sociaux qu’il a observé dans sa culture lui vaut d’être considéré comme étant à l’avant-garde de la sociologie. 

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