La logique

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La logique

Qu’est-ce que la logique ?

Pierre Wagner, Logique et Philosophie - Manuel d'Introduction pour les Étudiants du SupérieurLa logique (de l’adjectif grec logikos, dérivé lui-même de logos, discours, raison) est une partie de la philosophie qui enseigne à diriger la raison dans la recherche et dans l’exposition de la vérité. C’est, en deux mots, l’art de penser. On la trouve aussi définie comme étant l’art de raisonner, mais cette définition, qui pouvait convenir aux temps où l’argumentation était l’unique occupation de l’école, serait aujourd’hui incomplète et insuffisante. On confond quelquefois logique et dialectique. Cette dernière n’est qu’une partie de la logique, celle qui enseigne l’art de discuter.

On a demandé si la logique était un art ou une science : elle est un art par son but, qui est de former des esprits justes et de conduire à la vérité. Elle est aussi une science par ses principes et sa méthode, parce qu’elle s’appuie sur la connaissance des facultés de l’intelligence humaine et qu’elle en déduit les règles auxquelles l’intelligence doit être assujettie.

💡 Logique… en grammaire
Le mot logique s’emploie aussi comme adjectif. On l’oppose le plus souvent à verbal, grammatical. C’est ainsi que l’on distingue l’analyse logique et l’analyse grammaticale, le sujet logique et le sujet grammatical, etc.

→ À lire : Histoire de la philosophie.

Divisions de la logique

Comme on peut réduire tous les actes de la pensée à quatre : concevoir ou se former des idées, juger, raisonner, ordonner ou disposer ses pensées dans un certain ordre, on a divisé la logique en quatre parties correspondantes, qui traitent des idées, du jugement, du raisonnement, de la méthode.

En considérant les buts divers que l’on se propose dans l’enseignement de la logique, on pourra y établir une autre division, dans laquelle rentre la précédente, et y distinguer :

  1. l’art d’acquérir des connaissances, ou l’invention, art qui embrasse tous les procédés par lesquels l’homme peut s’instruire : observation, expérimentation, induction, analogie, hypothèse, déduction, démonstration, témoignage, histoire ;
  2. l’art d’apprécier la valeur des connaissances acquises, la critique, où il est traité de la certitude en général et du critérium de la vérité, puis de l’autorité des divers motifs de nos jugements, sens, conscience, raison, raisonnement inductif ou déductif, témoignage, tradition, etc., et enfin des causes ainsi que des remèdes de nos erreurs ;
  3. l’art d’exposer et de transmettre les connaissances acquises, où il est traité du langage, de la définition, de la division, des classifications, de la démonstration, de l’argumentation (ou de la dialectique), de la marche analytique ou synthétique.
La logique au fil du temps

On place, au Ve siècle avant J.-C., la naissance de la logique comme objet spécial d’étude. On en fait honneur à Zénon d’Élée, qui commence vers l’an 460 avant J.-C. à l’enseigner sous la forme de la dialectique. Cultivée par les Sophistes, qui ne tardent pas a en abuser pour combattre les vérités les plus évidentes, et par les Mégariens, qui la réduisent à de puériles subtilités, la dialectique est ramenée dans une meilleure voie par Platon, qui, dans ses Dialogues, tourne contre les Sophistes leurs propres armes. Aristote constitue la logique proprement dite en rédigeant les six traités intitulés : Des Catégories, De l’Interprétation, Premiers et Seconds Analytiques, Topiques, Réfutation des sophismes, traités qu’on a réunis sous le nom d’Organon (instrument de la raison). Zénon le Stoïcien place la logique à la tête de toutes les sciences dans sa division de la philosophie (logique, Physique, Morale), et fait d’utiles additions à l’Organon. Épicure, au contraire, prétend réduire toute la logique à quelques règles, et en fait, sous le nom de Canonique, un simple appendice de la physique.

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Les siècles suivants ne font guère que conserver religieusement le monument élevé par Aristote. L’Organon a  de nombreux commentateurs, parmi lesquels on remarque Alexandre d’Aphrodise, le célèbre Galien (à qui on attribue l’invention de la 4e figure du syllogisme), Jean Philopon, Simplicius.

Au Moyen Âge, la logique d’Aristote règne à la fois sur les écoles mahométanes, pour lesquelles elle est traduite en arabe par Averroès (Ibn Rochd de Cordoue), et sur les écoles chrétiennes, dans lesquelles elle donne naissance à la philosophie scolastique : presque réduite à la théorie du syllogisme et à la pratique de l’argumentation, elle exerce pendant plusieurs siècles un véritable despotisme.

Au XIIIe siècle, quelques esprits indépendants, Roger Bacon, Raymond Lulle, cherchent à étendre le domaine de la logique. Du XIVe au XVIe siècle, de hardis novateurs, Laurent Valla, Patrizzi, Ramus, Nizolius, attaquent ouvertement l’autorité d’Aristote en logique comme en philosophie.

Au commencement du XVIIe siècle, Bacon et Descartes font plus : à l’Organon d’Aristote, consacré presque exclusivement au syllogisme, Bacon oppose un Novum Organum (1620), logique nouvelle, où il trace les règles de l’expérience et de l’induction ; Descartes, dans son Discours de la méthode (1637), et dans ses Régulae philosophandi, enseigne l’art de l’analyse et en fait les plus heureuses, applications ; Malebranche, dans sa Recherche de la vérité, donne un commentaire admirable de règles de Descartes ; les savants de Port-Royal, Arnauld et Nicole, dans un excellent traité classique (Logique ou Art de penser), ainsi que Bossuet (Logique), tentent de fondre l’enseignement de l’École avec celui de Descartes. De son côté, Leibnitz, accueillant à la fois les travaux d’Aristote et ceux des réformateurs modernes, montre que, loin de se contredire, ces travaux ne font que se compléter mutuellement (Discours touchant la méthode de la certitude et l’art d’inventer) : c’est d’après ces vues que sont  rédigés la Logique de Wolf (Philosophia rationalis, sive Logica, methodo scientifica pertractata, 1728), la théorie syllogistique d’Euler (Lettres) et le Nouvel Organon de Lambert, philosophe qui est le précurseur de Kant (1763). Cultivée également par Condillac et Desttut de Tracy, la logique a été le sujet de travaux importants qui ont fait connaître son histoire ou accru son domaine : Barthélemy-Saint Hilaire a donné un mémoire sur La Logique d’Aristote et la traduction de la Logique d’Aristote. Cournot a rédigé un Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique et un Traité de l’enchaînement des idées fondamentales dans les sciences et dans l’histoire.

En Allemagne, Kant, tout en respectant la logique vulgaire, fait entrer la science dans une route nouvelle en posant, dans sa Critique de la raison pure, comme préliminaire indispensable de toute étude scientifique, le grand problème de l’objectivité de nos connaissances (c’est-à-dire la question de savoir si les objets existent hors de nous et tels que nous les concevons). Après lui, on en vient à donner à la logique, dans quelques écoles d’Allemagne, une importance exagérée : Hegel, l’identifiant avec l’Ontologie, prétend faire sortir de pures conceptions logiques toutes les réalités.

Dans la Grande-Bretagne, Bacon, exprimant dans un langage imagé l’opinion de ceux qui essayaient de secouer le joug de la Scolastique, aidé d’ailleurs par les progrès des sciences physiques, formule dans son Novum Organum (1620) les règles de la méthode expérimentale et inductive, n’avait donné qu’une théorie insuffisante et entièrement méconnue au Moyen Âge. Peu après, Hobbes, dans sa Logique, résumant avec précision la théorie du syllogisme, et le néerlandais Willem Jacob’s Gravesande, dans son Introduction à la Philosophie, expose les principes essentiels de la logique péripatéticienne, en y joignant un sommaire de la doctrine de Locke sur l’origine des idées. Plus récemment, Hamilton a rappelé l’attention sur cette étude dans ses Fragments de Philosophie, mais sa doctrine a été combattue par Stuart Mill (Philosophie de Hamilton). Ce dernier, s’inspirant de Bacon, de Hobbes, de Locke et de Hartley, et alliant leurs idées au Positivisme d’Auguste Comte, a essayé dans sa Logique, de ramener toute la science à l’association des idées. Alexandre Bain a aussi donné deux importants volumes de Logique.

En France, au XVIIIe siècle, elle est présentée dans le même esprit par Condillac et par les philosophes de son école. La plupart n’en font qu’un recueil de règles pratiques déduites de leurs doctrines philosophiques.

La logique parait avoir eu dans l’Inde une existence non moins ancienne et un développement non moins vaste qu’en Grèce. Le monument le plus important de la science chez les Indiens est le Nyaya, (Raisonnement) de Gotama, philosophe dont l’époque est incertaine, mais qui, malgré quelques ressemblances avec Aristote, ne parait rien devoir au philosophe grec.

L’enseignement de la logique

La logique a toujours eu sa place dans l’enseignement public en France, mais elle n’y était étudiée que comme partie intégrante de la philosophie. Depuis 1852, elle y a pris plus d’importance. Elle a donné son nom à ce qui a été conservé de Philosophie dans l’enseignement des lycées par le décret du 10 avril et par les programmes du 30 août.

Quelques ouvrages sur la logique
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Outre les ouvrages originaux déjà cités, tels que l’Organon d’Aristote (traduit complètement en français par Barthélémy Saint-Hilaire), le Novum Organum de Bacon (édité en France par Bouillet, traduit par Lasalle et abrégé par Lorquet), le Discours de la méthode et les Régulae philosophandi de Descartes (publiés par Cousin et par Ad. Garnier, dans leurs éditions de Descartes), nous signalerons parmi les traités classiques de logique :

  • Logique ou Art de penser d’Arnauld et Nicole ;
  • l’Introduction à la philosophie de Willem Jacob’s Gravesande ;
  • la petite Logique de Dumarsals ;
  • la Logique de Marmontel, et celle de Haurhecorne ;
  • l’Art de penser et l’Art de raisonner de Condillac, résumés dans sa Logique ;
  • la Logique de Destutt de Tracy (faisant partie de son Idéologie) ;
  • la Logique de Damiron, dans son Cours de philosophie ;
  • et, parmi les publications les plus récentes, le Traité de la logique de Duval-Jouve (1856), les Notions de Logique de Jourdain, le Manuel de Mallet, le Précis de Pellissier etc., rédigés conformément au programme de 1852.

On estime, en Angleterre, la Logique de Watts et celle de Whately (1850) ; aux Pays-Bas, celle de Wyttenbach, écrite en latin, etc.

Outre les traités généraux, il y a des logiques appliquées à telle ou telle branche des études : telles sont les Sophismes politiques de Benlham, la Logique judiciaire de Saint-Albin, etc.

On doit à Fulleborn l’Histoire de la logique. Adolphe Franck a donné une Esquisse de l’histoire de la logique (1838).

Plus récemment, nous pouvons citer les ouvrages suivants :

  • Pascal Engel, La Norme du vrai, philosophie de la logique, Paris, Gallimard, 1989 ;
  • Paul Gochet et Pascal Gribomont, Logique. Vol. 1 : méthodes pour l’informatique fondamentale, Paris, Hermès, 1990 ;
  • François Lepage, Éléments de logique contemporaine, Presses de l’université de Montréal, 1991 ;
  • Paul Gochet et Pascal Gribomont, Logique. Vol. 2: méthode formelle pour l’étude des programmes, Paris, Hermès, 1994 ;
  • Dirk Pereboom, Logique et logistique, Genève, INU PRESS, 1995 ;
  • Xavier Verley, Logique symbolique, Ellipses, 1999 ;
  • François Chenique, Éléments de Logique Classique, Paris, L’Harmattan, 2006 ;
  • Bruno Couillaud, Traité de logique – analytique, dialectique, rhétorique, sophistique, 2e éd., De Guibert, 2007 ;
  • Serge Druon, L’être et la logique, Edilivre, 2009.

Articles connexes

Suggestion de livres


Logique et Philosophie

Initiation à la logique formelle

Éléments de logique contemporaine

Introduction à la logique
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