La passion amoureuse
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La passion amoureuse
📝 Article rédigé par Roula NASRANI.
Sommaire
Introduction
Les « feux », les « flammes », les « ardeurs inquiètes », ces images évoquent au XVIIe siècle la violence irrésistible de la passion amoureuse. Jamais avant Racine, Molière, La Rochefoucauld, Mme de La Fayette, on ne l’a analysée avec une telle acuité. Phèdre et Alceste, la princesse de Clèves restent pour nous les figures majeures d’une expérience bouleversante.
Les troubles de la passion
● La naissance de l’amour : L’amour naît d’un regard, d’un rien, d’un « je ne sais quoi » et provoque soudain un trouble dont les effets physiques sont toujours fortement notés.
● La faiblesse de la raison : D’une part, on ne peut pas expliquer pourquoi on est tombé amoureux ; d’autre part, l’amour fait passer le désirable pour le raisonnable.
● La faiblesse de la volonté : En voulant lutter contre ce sentiment dont il mesure avec effroi la folie, l’amoureux découvre sa faiblesse infinie.
Elle trahit mes soins, mes bontés, ma tendresse
Et cependant je l’aime après ce lâche tour
Jusqu’à ne me pouvoir passer de cet amour.
Molière, L’École des femmes, Acte III, scène 5, 1662.
Les vertiges de la passion
● L’interdit : L’être désiré est souvent inaccessible. Tantôt l’être aimé est marié ; tantôt il en aime un autre. Mais cette interdiction attise la passion.
● La jalousie : L’amoureux évite rarement l’épreuve de la jalousie. Le jaloux souffre de savoir qu’on lui préfère un être rival.
● La tyrannie : La passion est désir de possession et dans le mouvement qui la porte vers l’autre se découvre la force de l’égoïsme : la liberté de l’autre, dans la passion, est insupportable.
Il n’y a point de passion où l’amour de soi-même règne si puissamment que dans l’amour ; et on est toujours plus disposé à sacrifier le repos de ce qu’on aime qu’à perdre le sien.
François de La Rochefoucauld, Maximes, 1666.
Les délices de la passion
● Le bonheur de rêver : Le désir anime même les moments de solitude. Dans les lieux qui échappent à la vie sociale, l’amoureux peut s’abandonner à la vision qui fait battre son cœur.
● Le bonheur de partager : La complicité même fugitive avec l’autre fait entrevoir ce que pourrait être le bonheur vraiment fou d’aimer et d’être aimé.
Elle ne sentait que le plaisir de voir M. de Nemours, elle en avait une joie pure et sans mélange qu’elle n’avait jamais sentie.
Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678.
● Le bonheur d’avoir aimé : Si douloureuse que soit la passion qui jette Oreste dans la folie, Phèdre dans le crime, Alceste dans le « désert », elle révèle à l’amoureux des intensités irremplaçables qui rendent tout le reste insignifiant.
Un cœur attendri n’oublie jamais ce qui l’a fait apercevoir des transports
Qu’il ne connaissait pas et dont il était capable.
Guilleragues, Lettres portugaises, 1669.
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