La Rochefoucauld : Maximes (1664)

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Maximes (1664)

– La Rochefoucauld –

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👤 François de La Rochefoucauld
Portrait de François de La Rochefoucauld.La Rochefoucauld, né le 15 septembre 1613 à Paris et mort le 17 mars 1680 dans la même ville, est un écrivain, moraliste, mémorialiste et militaire français du XVIIe siècle. Il fait partie du mouvement littéraire du classicisme et est surtout connu pour ses Maximes. Bien qu’il n’ait publié officiellement que ses Mémoires et ses Maximes, sa production littéraire est dense. [Lire la suite de sa biographie]
→ À lire aussi : La littérature française du XVIIe siècle : l’âge baroque et l’âge classique. – Le Classicisme. – La Préciosité. – Histoire de la France : L’Ancien Régime.

Présentation

Les Maximes est un recueil de maximes, sentences, aphorismes de La Rochefoucauld, publié pour la première fois en 1664, sous le titre Réflexions ou Sentences et Maximes morales, puis en 1678 et 1693 (posthume) dans des éditions augmentées.
→ À lire : Maxime, sentence, axiome, apophtegme, aphorisme.

Dans les salons du XVIIe siècle, véritables lieux d’échanges philosophiques et scientifiques, La Rochefoucauld lance avec Mme de Sablé la mode de la maxime. Sa correspondance assidue avec quelques amis lui permet de coucher ses réflexions sur le papier et de leur donner une forme littéraire, la maxime. La rédaction des Maximes s’étire ainsi de 1658 à 1678, date de la dernière édition publiée du vivant de l’auteur. Le recueil en contient alors 504, chacune étant, selon l’expression du moraliste Joseph Joubert (1754-1824), « l’expression exacte et noble d’une vérité importante et incontestable ». Et selon Voltaire, « c’est un des ouvrages qui contribuèrent le plus à former le goût de la nation, et à lui donner un esprit de justesse et de précision… Il accoutuma à penser et à renfermer des pensées dans un tour vif, précis et délicat » (Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, chapitre 32).

Quoiqu’elles ne soit pas groupées suivant un plan logique, les Maximes de La Rochefoucauld, à la différence des Caractères de La Bruyère, s’organisent autour d’une idée centrale, illustrent une thèse sur l’homme. Cette thèse est pessimiste : La Rochefoucauld ne conserve pas plus d’illusions sur la nature humaine que Racine, La Fontaine, La Bruyère ou Pascal. Comme Pascal, il considère les hommes « dans cet état déplorable de la nature corrompue par le péché ». De « ce nombre infini de défauts qui se rencontrent dans leurs vertus apparentes » seuls sont exempts « ceux que Dieu en préserve par une grâce particulière » (Préface de 1678). Comme Pascal, il dénonce l’empire de l’amour-propre, où il voit la source des passions les plus diverses, le ressort de presque toutes nos actions, même lorsqu’elles semblent inspirées par quelque vertu désintéressée.

D’une maxime à l’autre, on retrouve les questions qui agitent les principaux courants de pensée du XVIIe siècle, sans que jamais ces sentences brèves forment un système. Le courant de la préciosité conduit La Rochefoucauld à aborder avec audace les zones inconnues de l’âme humaine et à définir la morale comme la science des mœurs. D’autres fragments des Maximes s’inspirent du débat opposant molinistes et augustiniens sur le terrain des passions, les premiers postulant leur neutralité au bénéfice de la volonté libre de l’Homme, les seconds les considérant indéfectiblement liées au vice et à « l’amour propre, [qui] est le plus grand de tous les flatteurs » (La Rochefoucauld). On retrouve aussi, derrière le vernis et l’éclat de ces formules magnifiquement ciselées, la lucidité désenchantée d’un moraliste qui, analysant jusque dans leurs derniers retranchements les sentiments humains, découvre derrière chacun d’eux l’égoïsme et l’amour-propre.

C’est aussi la personnalité de La Rochefoucauld qui donne aux Maximes ce ton si rare. Âme romanesque — il participe à la Fronde —, il est néanmoins pessimiste et mélancolique. Fruit d’une patiente et perspicace observation des hommes en société, la maxime permet à cet homme lucide mais désabusé d’associer de manière efficace les éclats de la raison à l’exigence morale la plus haute et de tenter d’accéder lui-même à l’idéal de l’« honnête homme », qu’il propose à ses contemporains.

📽 15 citations choisies des Maximes de La Rochefoucauld
  • Nos vertus ne sont, le plus souvent, que des vices déguisés.
  • Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit.
  • L’amour-propre est le plus grand de tous les flatteurs.
  • Il n’appartient qu’aux grands hommes d’avoir de grands défauts.
  • On garde longtemps son premier amant, quand on n’en prend point de second.
  • Le bien qu’on nous a fait veut que nous respections le mal que l’on nous a fait après.
  • La constance des sages consiste à renfermer leur agitation dans leur cœur.
  • La Philosophie triomphe aisément des maux passés et des maux à venir. Mais les maux présents triomphent d’elle.
  • Il semble que la nature qui a si sagement disposé les organes de notre corps pour nous rendre heureux, nous ait aussi donné l’orgueil pour nous épargner la douleur de connaître nos imperfections.
  • La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses apparences y font de mal.
  • Il n’y en a point qui pressent tant les autres que les paresseux lorsqu’ils ont satisfait à leur paresse, afin de paraître diligents.
  • L’art de savoir bien mettre en œuvre de médiocres qualités dérobe l’estime et donne souvent plus de réputation que le véritable mérite.
  • Nous nous faisons honneur des défauts opposés à ceux que nous avons : quand nous sommes faibles, nous nous vantons d’être opiniâtres.
  • Il y a des gens si remplis d’eux-mêmes que, lorsqu’ils sont amoureux, ils trouvent le moyen d’être occupés de leur passion sans l’être de la personne qu’ils aiment.
  • Il y a peu de femmes dont le mérite dure plus que la beauté.
  • Ce qui rend les douleurs de la honte et de la jalousie si aiguës, c’est que la vanité ne peut servir à les supporter.
  • L’aveuglement des hommes est le plus dangereux effet de leur orgueil : il sert à le nourrir et à l’augmenter et nous ôte la connaissance des remèdes qui pourraient soulager nos misères et nous guérir de nos défauts.
  • La férocité naturelle fait moins de cruels que l’amour-propre.
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