L’acrostiche

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L’acrostiche

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Qu’est-ce qu’un acrostiche ?

Un acrostiche (du grec akros, « extrême » ; stichos, « vers ») est un poème ou une strophe, dont les vers sont disposés de telle manière que la lecture des premières lettres de chacun d’eux, effectuée de haut en bas, révèle un nom, une devise, une sentence, en rapport avec l’auteur, le dédicataire, le sujet du poème, etc.

→ À lire : La poésie à voir.

Types d’acrostiches

Nous distinguons cinq sortes d’acrostiches : l’acrostiche simple, l’acrostiche double, le quintuple ou le pentacrostiche, l’acrostiche à l’envers et l’acrostiche à l’hémistiche.

L’acrostiche simple est le plus commun. C’est une pièce de vers composée de telle sorte que les premières lettres de chaque vers mises bout à bout forment un mot, un nom ou une expression. Si une série de lettres finales ou intermédiaires forme également une entité, on parle d’acrostiche doubleLe quintuple ou le pentacrostiche est un acrostiche dans lequel le mot se lit cinq fois de suite à l’initiale des vers. L’acrostiche à l’envers est un acrostiche dans lequel la lecture des lettres initiales s’effectue de bas en haut. Enfin, l’acrostiche à l’hémistiche est un acrostiche où les lettres qui composent le nom à lire, se trouvent à l’initiale de l’hémistiche.

💡 L’hémistiche est la moitié d’un vers alexandrin réparti en deux mesures rythmiques de chaque côté de la césure.
→ À lire : La versification.

L’usage de l’acrostiche

L’usage de l’acrostiche est ancien. Il a souvent constitué une signature dissimulée, comme dans la fin de ce poème de François Villon, la Ballade pour prier Notre-Dame :

Vous portâtes, digne Vierge, princesse,
Jesus regnant, qui n’a ne fin ne cesse :
Le Tout Puissant, prenant notre foiblesse,
Laissa les cieux et nous vint secourir,
Offrit a ma mort sa tres chere jeunesse,
Notre Seigneur tel est, tel le confesse :
En cette foi je veuil vivre et mourir.

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L’acrostiche était au Moyen-Âge le moyen employé pour signer son nom ou désigner discrètement les personnes auxquelles on voulait montrer de la sympathie ou qu’on désirait honorer. C’est ainsi que dans la Ballade pour Robert d’Estouville (Le Testament, 1461), François Villon, sous le voile de l’acrostiche, célébrera l’épouse du prévôt de Paris ; indépendamment des pièces où Villon se nomme sous cette forme.

Eustache Deschamps avait fait de même (Cf. Œuvres, t. XI). Il n’a pas manqué de s’adonner à ce genre d’exercice poétique si en honneur au XIVe siècle, et a dans plusieurs pièces reproduit sous cette forme son nom et celui de personnages auxquels il voulait plaire.

Au XIIIe siècle, Adenet le Roi dans son roman de Cleomadès avait dissimulé sous un acrostiche le nom de ses deux collaboratrices. Il est intitulé « La Roysne de France Marie et Madame Blanche ». Les deux personnages sont : La reine de France Marie de Brabant (1254-1321) épouse du roi Philippe III le Hardi et Blanche de France (1253-1320), fille de Saint-Louis.

💡 Adenet le Roi est un ménestrel et poète né vers 1240 dans le Brabant et mort vers 1300. Il est aussi connu sous les noms de Roi Adam, Li Rois Adenes, Adan le Menestrel ou Adam Rex Menestrallus.
💡 Eustache Deschamps, né vers 1340 à Vertus en Champagne et mort entre le 21 juin 1404 et le début de l’année 1405), de son vrai nom Eustache Morel, est un poète français qui a contribué à fixer les formes considérées comme typiquement médiévales par sa réflexion théorique dans L’Art de dictier, premier art poétique écrit en langue d’oïl en 1392.

Exemples d’acrostiches

LAURE :

Le ciel, qui la sauva de son propre penchant,
A la beauté du corps unit celle de l’âme;
Un seul de ses regards, par un pouvoir touchant,
Rendait à la vertu le cœur de son amant.
Elle embellit l’amour en épurant sa flamme.

(Pétrarque)

LOU :

L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort
O Lou le mien est plus fort encor que la mort
Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord

Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins une au moins je t’en prie

Lentement la nuit noire est tombée à présent
On va rentrer après avoir acquis du zan
Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang

La nuit mon cœur la nuit est très douce et très blonde
O Lou le ciel est pur aujourd’hui comme une onde
Un cœur le mien te suit jusques au bout du monde

L’heure est venue Adieu l’heure de ton départ
On va rentrer Il est neuf heures moins le quart
Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard

(Guillaume Apollinaire, « Adieu ! », in Poèmes à Lou, 4 février 1915)

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JÉSUS / IESUS ; exemple en latin d’un acrostiche double :

Jure pari regnat, communis conditor aevI,
Et cum patre pla regnat sublimis in arcE,
Sidereo sanctis insidit numine regniS,
Unde mare et terras solo videt omnia nutU,
Suggerit humanis, et donat munera rebuS

(Source inconnue – Poète latin chrétien)

La Royne de France Marie (la reine de France Marie de Brabant) et Blanche de France :

Les dames qui ce me contèrent
Afaire ceft livre monstrèrent
Royaurnent leur humilité.
Or me doinst Diex que à leur gré
Yaie ma paine emploié.
Se li pri qu’il m’y aie;
Nommer les vueil, qu’en couvent l’ai,
En celt livre, & je le ferai.
Dont me convient bien aviser
En ce que l’en ne puist trouver
Fourme ne voie qui enseigne
Riens nule qui leur nons enfeigne
A ceux qui querre les voudront,
Ne dons riens jà n’en trouveront
Chose escripte, n’en ai pas soigne,
En quoi l’on me truist en mençoigne
Mès en vérité le plaisant.
Ace fait bon estre entendant,
Riens ne vaut chofe mençoinable :
Ie me tiens à la véritable.
E Diex! donnez-moi sens par quoi
Nommer les puisse si com doi,
Maintenant, se Diex me conssaut,
Ai nommée une qui mulit vaut,
Dont me convient l’autre nommer.
A Diex! tant parfont à amer,
Mult est chescune bonne & sage
En fais, en dis & en usage
Bien doivent à Dieu obéir
Liement, & cuer & cors offrir.
A dès mouteplieront en bien ;
Ne croi qu’en ele faille rien.
Cel don leur donna Diex sans doute :
Haïr leur sist mauvestié toute.
En leur cuers mist, ainssi le croy,
Amours pour lui amer en foy.
Nommées les ai, ce sachiez :
Ne cuit pas qu’entendu l’aiez,
Ne je ne quier ne ne l’ voudroie.

(Adenet le Roi, « La Roysne de France Marie et Madame Blanche », in Cleomadès)

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