L’acte de langage

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L’acte de langage

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Qu’est-ce qu’un acte de langage ?

L’acte de langage est une action exercée par la parole. On parle aussi, dans ce même sens, d’« acte de parole ». Acte de langage et acte de parole désignent, à peu de choses près, la même notion. Toutefois, certains pédagogues préfèrent parler d’acte de langage pour éviter les confusions.

L’acte de langage est un acte social, vu qu’il implique nécessairement la présence de deux personnes, voire davantage s’il y a plusieurs auditoires. Cependant, l’acte de langage ne peut être collectif. Il ne peut être qu’individuel en ce sens qu’il est le résultat d’une impulsion ou d’un désir chez un seul individu.

Il reste à différencier l’acte de langage de l’acte de communication (ou acte communicatif). La notion d’acte de communication est, en effet, plus précise que celle d’acte de langage puisqu’elle ajoute à ce dernier son environnement, c’est-à-dire la situation par laquelle il s’inscrit (lieu, date, interlocuteurs, etc.). D’autres appellations s’inscrivent dans le même souci de précision : acte discursif (par référence au discours oral ou écrit) ou acte interactif (pour souligner la force illocutoire et l’effet perlocutoire des énoncés contenus dans l’acte).

Quand « dire », c’est « faire »

Selon la pragmatique, le langage ne se réduit pas à un simple code visant à exprimer la pensée et à échanger des informations. Il est également le siège où s’accomplissent des actes qui visent à modifier la réalité. Ainsi, en disant Je baptise ce bateau Queen Elizabeth (en brisant la bouteille sur la coque), je ne fais pas que parler, mais j’accomplis, en parlant, un véritable acte de baptême (à la suite de cet acte, ce navire s’appellera Queen Elizabeth). De même, lorsque le juge d’un tribunal déclare La séance est ouverte, il accomplit un véritable acte de parole, qui consiste à ouvrir la séance (la séance n’est réputée ouverte qu’à la suite de cette formule).

À côté de ces actes de parole qui, pour s’accomplir, nécessitent un contexte social approprié, il existe toute une série d’actes, dits « ordinaires », que le langage accomplit sans exiger des conditions aussi spécifiques. Ainsi, en proférant Je t’ordonne de te taire ou Quelle heure est-il ?, j’accomplis, par le fait même de dire, des actes réels (ordre, question), qui prétendent influer sur mon interlocuteur en l’amenant à faire ou à dire quelque chose.

Les différents types d’énoncés
Performatif vs constatif
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C’est le philosophe anglais John Langshaw Austin qui, le premier, a introduit la notion d’acte de langage. Au départ, Austin distingue deux types d’énoncés affirmatifs :

  • les constatifs, qui décrivent le monde, et peuvent, par conséquent, recevoir la sanction vrai / faux : (1) La Terre est ronde.
  • les performatifs, qui ne décrivent rien (et ne peuvent donc pas recevoir une valeur de vérité), mais accomplissent une action : (2) Je te promets de venir.
Performatif explicite vs performatif implicite

Au cours de sa réflexion, Austin s’est aperçu qu’à côté des performatifs explicites comme Je te promets de venir, il existe des performatifs implicites. Un énoncé comme Je viendrai peut être compris comme une promesse, qui ne se distingue alors de (2) que par le caractère implicite de l’acte de promesse accompli.

Parallèlement, proférer (1), ce n’est pas simplement rapporter un fait, mais aussi affirmer la réalité de ce fait. Or, l’affirmation est aussi une action qui engage la responsabilité du locuteur. L’énoncé (1) est en effet comparable à (4) : (4) J’affirme que la terre est ronde.

Cela signifie que les énoncés constatifs accomplissent également des actes de langage. La distinction entre performatif et constatif n’étant plus aussi tranchée, Austin se propose de l’abandonner en profit d’une théorie générale des actes de langage.

Les actes locutoire, illocutoire et perlocutoire

Dans le cadre de la théorie des actes de langage, Austin distingue trois types d’actes accomplis grâce au langage :

  • un acte locutoire, qui correspond au fait de dire, dans le sens de produire de la parole (en articulant et en combinant des sons et des mots selon les règles de la grammaire) ;
  • un acte illocutoire que l’on accomplit en disant quelque chose : j’accomplis un acte de promesse en disant Je promets, de questionnement en employant une interrogative, d’ordre en employant un impératif, etc. ;
  • un acte perlocutoire qui correspond à l’effet produit sur l’interlocuteur par l’acte illocutoire. En posant une question, je peux m’attendre, au niveau perlocutoire, à toute une série de réactions possibles : je peux, par exemple, obtenir la réponse demandée, mais aussi une non-réponse, une contestation de la part de l’interlocuteur sur mon droit de lui poser des questions, etc.

La notion d’acte de langage est une notion centrale qui a donné naissance à la pragmatique. Depuis J. L. Austin, elle n’a pas cessé de susciter relectures et commentaires, à la fois chez les philosophes du langage (notamment John Rogers Searle, disciple d’Austin), et chez certains linguistes, parmi lesquels il convient de citer Émile Benveniste et Oswald Ducrot.

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