Le cantique
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Le cantique
Cantique (n.m.). Ce mot qui, littéralement, veut dire poésie chantée, ne désigne qu’un genre de poésie lyrique, celle qui s’adresse à Dieu pour exprimer les sentiments que son action ou sa pensée nous inspire, en particulier la joie et la reconnaissance causées par ses bienfaits.
Le mot cantique est emprunté au latin canticum qui signifie « chant ou poème ». L’usage du mot en langue française est apparu vers 1130 avec cantike au sens de « chant religieux d’action de grâces ». Vers 1532, on emploie cantique dans le sens de « poème, vers [à la louange de quelqu’un] ». Le terme recouvre tous les chants dans la Bible, à l’exception des psaumes qui y forment un livre à eux seuls. Aussi le cantique se distingue notamment de l’hymne ayant la même fonction, mais qui est un texte non biblique, et composé plus récemment.
Bien que les Grecs et les Romains aient eu des chants d’invocation et de prière, le cantique appartient surtout à la poésie sacrée, c’est-à-dire juive ou chrétienne. On cite, dans l’Ancien Testament, un certain nombre de morceaux lyriques qui ont reçu ce nom : le cantique de Moïse après le passage de la mer Rouge (Exode XV), celui de Moïse mourant (Deutéronome XXXII), celui de Débora après la défaite et la mort de Sisara (Juges, V), celui de David sur la mort de Saül et de Jonathas, qui est plutôt une admirable élégie qu’un cantique (Rois, liv. II, chap. Ier), celui du même roi remerciant Dieu de son secours (Ibid., chap. XXII), celui d’Ézéchias (Isaïe, ch. XXXVIII), celui de Judith après la mort d’Holopherne (Judith, chap. XVI), celui de Tobie après avoir recouvré la vue (Tobie, XIII).
Le Nouveau Testament n’en contient que trois et très courts : le cantique de Marine, appelé le Magnificat (saint Luc, chap. 1er, 46-56), et ceux de Zacharie et de Siméon (Ibid., chap. Ier 68-76 et chap. 11, 29-33), bénissant Dieu au sujet de la naissance de saint Jean et du Messie.
En dehors de ces morceaux épisodiques jetés dans le récit, on range d’ordinaire parmi les cantiques toute la suite des psaumes, cette partie importante de la poésie lyrique sacrée. Ils ne s’en distinguent que par un détail : les cantiques se chantaient sans instruments et les psaumes s’en accompagnaient. On marquait même l’emploi simultané ou alternatif des voix et de la musique par les mots de cantique de psaume et de psaume de cantique dans le premier, les instruments se mêlaient aux voix. Dans le second, ils se bornaient à précéder le chant. On a donné aussi le nom de cantique aux prophéties, aux lamentations, à des élégies, à des idylles, en un mot, à tous les produits de la poésie lyrique sacrée.
Les cantiques bibliques ont été souvent traduits ou imités dans les littératures modernes. Jean Racine en a fait passer avec bonheur la grâce ou la sublimité dans Esther et Athalie, ainsi que dans quelques odes. Jean-Baptiste Rousseau et Lefranc de Pompignan en ont été ensuite les interprètes les plus connus. Alphonse de Lamartine s’en est inspiré pour renouveler la poésie religieuse. Il ne faut pas oublier le cantique dans l’histoire de la réformation et la part que Luther lui a faite dans son interprétation populaire de la Bible. Le protestantisme français a essayé avec moins de succès la même œuvre par la plume de Clément Marot. On ne parle que pour mémoire des recueils de Cantiques spirituels de Saint-Sulpice, des Missions, du Sacré-Cœur, qui n’ont ni valeur ni prétention littéraires, et dont les rimes dévotes s’adaptent à des airs de chansons profanes de morceaux d’opéras ou d’hymmes patriotiques.
→ À lire : La poésie lyrique. – Les thèmes lyriques. – La chanson. – L’hymne. – L’ode. – L’idylle.
ℹ Note
On rencontre dans la documentation le verbe transitif cantiquer qui signifie «glorifier quelqu’un».
Exemple : Souvent, là-bas, au loin, il avait fait ce rêve d’être ainsi cantiqué dans les journaux parisiens, d’être quelqu’un au milieu de cette société. (Alphonse Daudet, Le Nabab, 1877).
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