Le conte philosophique

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Les Philosophes des Lumières ont exprimé leurs idées clans l’Encyclopédie, œuvre collective, et dans des essais, des pamphlets, des discours, des lettres philosophiques. Mais ils ont aussi eu recours aux formes indirectes de la fiction pour transmettre leur message. Au XVIIIe siècle, un nouveau genre littéraire naît de la volonté de dénoncer les dysfonctionnements de la société tout en évitant la censure : le conte philosophique.

Portrait de Voltaire par Nicolas de Largillierre (vers 1724-1725) château de VersaillesLe conte philosophique est une histoire fictive, critique de la société et du pouvoir en place pour transmettre des idées, concepts à portée philosophique : mœurs de la noblesse, régimes politiques, fanatisme religieux ou encore certains courants philosophiques.

On peut dire que le conte philosophique est une création de Voltaire. C’est lui qui donne le premier l’exemple d’enseigner, sous cette forme, aux personnes « ignorantes » ou « frivoles », des doctrines sérieuses ou nouvelles pour la masse des lecteurs. Candide, Zadig, L’Ingénu, La Princesse de Babylone, etc., ont été les premiers modèles de ce genre. Ils en sont restés les chefs-d’œuvre, bien qu’on y regrette des crudités grossières et des traits satiriques qui vont jusqu’à la charge.

Le conte philosophique (avec le conte moral), mis à la portée des enfants et de la jeunesse, devient le conte d’éducation, genre qui a produit tant de livres, dont quelques-uns seulement ont mérité de vivre. C’est la seconde moitié du XVIIIe siècle que datent les meilleurs. On peut citer ceux de Mme Leprince de Beaumont, de Berquin, de Mmes de Genlis et Guizot, de Bouilly, etc.

→ À lire : La littérature française du XVIIIe siècle. – Le Siècle des Lumières.

Le conte philosophique et le conte traditionnel

Le conte philosophique débute souvent par une formule propre à la littérature populaire et orale : « Il y avait en Westphalie », etc. Le merveilleux n’est pas exclu du conte philosophique.

L’histoire, souvent brève, accumule les péripéties. Le conte philosophique s’organise comme le conte traditionnel : l’état initial est bouleversé par un élément perturbateur. Le protagoniste est alors entraîné dans des épreuves qui font de lui un héros avant d’accéder à un état final, plus ou moins satisfaisant.

Candide vit heureux dans le château de Tunder-Ten Tronckh. Il en est chassé par le baron car il est surpris en train d’embrasser Cunégonde, la fille du baron. Commence alors une errance dans le monde entier. Ce voyage constitue une quête du bonheur.

Les personnages secondaires sont figés dans un défaut et leur caractère ne varie pas.

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Dans L’Ingénu, le bailli est caractérisé par l’épithète « interrogant ». Il n’a pas d’autre fonction dans le conte que de s’opposer au bonheur de l’Ingénu.

En revanche, le personnage principal, souvent le héros qui donne son nom au conte, est susceptible d’évoluer.

→ À lire : Le conte. – Le conte merveilleux. – La structure d’un récit (schéma narratif). – Le schéma actantiel.

Un roman d’apprentissage

Le personnage central est en mouvement : il voyage. Pendant ce voyage, les rencontres diverses et les expériences du personnage provoquent une prise de conscience qui opère un changement.

Candide renie la philosophie optimiste de Pangloss après avoir vécu des événements douloureux ou rencontré des hommes malheureux.

Dans le conte philosophique, la morale est élevée. Elle naît de l’action et de ses circonstances, mais elle se montre à découvert, emploie le raisonnement, et tend avec plus d’évidence à l’instruction, qui est le but de cette espèce de conte.

Dans un conte philosophique, c’est un philosophe qui raisonne, qui discute les défauts, qui s’étudie à faire sentir la vérité, et à ôter aux préjugés les partisans que l’ignorance et la mauvaise éducation leur attachent. Le conteur est un juge qui ne montre les torts et les imperfections que pour les condamner.

Un outil de réflexion et une arme de combat

Le conte philosophique a une fonction didactique. L’auteur s’interroge sur un problème philosophique tel que le bonheur ou l’existence du mal. Il a également une fonction critique et une visée polémique. Le recours à la fiction orientale (Zadig) ou au regard étranger (L’Ingénu) permettent en effet de remettre en question les fondements et les préjugés d’une société à partir d’une autre perspective.

Voltaire critique l’absolutisme et dénonce l’intolérance en évoquant le sort des protestants, victimes de la révocation de l’édit de Nantes et des poursuites de L’Inquisition.

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Dans le conte philosophique, l’ironie, arme de combat par excellence, est au service de la critique. Elle est au conte une grande efficacité polémique.

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