Le dithyrambe

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Le dithyrambe

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Présentation

Le dithyrambe est un poème lyrique originairement consacré à Bacchus, et qui avait pour caractères un enthousiasme élevé jusqu’à l’exaltation, la licence des expressions, le désordre des idées et de la versification. C’était le chant de l’ivresse et le délire de l’orgie.

On attribue l’invention du dithyrambe antique à Arion de Méthymne, à Lasos d’Hermione ou un à poète thébain dont le nom est inconnu. Ce genre est cultivé par des poètes de renom aux VIe et Ve siècles av. J.-C. (Pindare, Ion, Stésichore, Philoxène, etc.) ; mais ensuite il tombe dans un profond discrédit.

Les Modernes ont conservé la forme dithyrambique en l’appliquant à toutes sortes de sujets : Jacques Delille, André Chénier, Casimir Delavigne, Alphonse de Lamartine, etc., ont fait de beaux dithyrambes à l’immortalité, à la liberté, à la gloire, etc.

Le dithyrambe chez les Grecs

Chez les Grecs, le dithyrambe est un petit poème lyrique fait et chanté en l’honneur de Bacchus, sur le mode phrygien, c’est-à-dire sur un mode fier et guerrier, et dans lequel le poète imite le délire de l’ivresse. Dans un pays où l’on rend un culte sérieux au dieu du vin, il est assez naturel qu’on lui ait adressé des hymnes, et que dans ces hymnes les poètes aient imité le délire de l’ivresse. C’était plaire à ce dieu que de lui ressembler. Le caractère de cette ode sacrée est primitivement religieux, comme un chant consacré à la divinité ; vif, rapide, pétillant et désordonné, comme la joie et l’ivresse d’une fête bachique.

Arien de Méthymne passe pour l’inventeur du dithyrambe. Après lui, beaucoup de poètes attiques s’exercent en ce genre, qui permet de métaphores hardies (audaces), des transitions brusques, des expressions neuves et inusitées (nova verba). Du reste, l’Antiquité ne nous a laissé aucun modèle de ce genre de poésie lyrique.

→ À lire : La poésie lyrique. – La mythologie. – La mythologie grecque. – La mythologie romaine.

Le dithyrambe chez les Latins et au XVIe siècle

Les Latins, quoique leur culte soit celui des Grecs, ne respectent pas assez la fureur bachique pour en estimer l’imitation ; et, de tous les genres de poésie, le dithyrambe est le seul qu’ils dédaignent d’imiter. Les Italiens modernes se sont montrés moins graves : leur imagination imitatrice, comme dit Montaigne, a voulu essayer de tout. Ils se sont exercés dans la poésie dithyrambique, et pensant y avoir excellé. Mais, à vrai dire, c’est quelque chose de bien facile et de bien peu intéressant que ce qu’ils ont fait dans ce genre.

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Les anciens poètes du temps de Pierre de Ronsard, qui se faisaient gloire de parler grec en français, ne manquent pas d’essayer aussi des dithyrambes ; mais ni la langue française, ni l’imagination, ni le goût ne se sont prêtés à cette docte extravagance. Le dithyrambe antique est aujourd’hui entièrement abandonné.

Le dithyrambe au XIXe siècle

On entend aujourd’hui par dithyrambe un chant lyrique qui respire l’enthousiasme et le délire poétique, et qui jouit de la plus complète liberté relativement à la mesure. Ce petit poème est, pour le fond, une ode portée au plus haut point d’exaltation mais il se distingue de l’ode proprement dite, en ce qu’il n’exige pas, comme elle, l’unité de pensée, et qu’il n’est assujetti ni à la régularité ou à la symétrie des strophes, ni à la nécessité d’employer des vers de même mesure.

Le dithyrambe sert à exprimer avec impétuosité les sentiments actuels d’une passion ardente, comme la joie, l’indignation. Il prend ses sujets dans la religion, la morale, la politique. Obligé de suivre la passion dans sa marche désordonnée, il doit, comme chez les Grecs, avoir des allures neuves, hardies et vives.

Exemples de dithyrambes

Nous mentionnerons en premier lieu le célèbre dithyrambe de Jacques Delille, appelé l’abbé Delille, sur L’Immortalité de l’âme, dirigé contre les révolutionnaires de 1793, dans lequel on remarque des vers très énergiques, comme le passage commençant par ces mots :

Oui, vous qui de l’Olympe usurpant le tonnerre,
Des éternelle» lois renversez les autels,
Lâches oppresseurs de la terre !
Tremblez, vous êtes immortels :
Et vous, vous du malheur victimes passagères,
Sur qui veillent d’un Dieu les regards paternels,
Voyageurs d’un moment aux terres étrangères !
Consolez-vous ! Vous êtes immortels.

(Jacques Delille, Dithyrambe sur l’Être suprême et l’immortalité de l’âme, 1802)

ℹ  Dithyrambe sur l’Être suprême et l’immortalité de l’âme
Pendant la Révolution française, Pierre-Gaspard Chaumette, dit Anaxagoras Chaumette, ordonne à Delille de composer, sous vingt-quatre heures, une pièce de vers pour une fête patriotique dans laquelle le peuple français devait déclarer qu’il reconnaissait l’Être Suprême et l’Immortalité de l’âme. Le poète lui porte le lendemain ce dithyrambe, monument de hardiesse. On assure que Chaumette, l’ayant lu, lui dit : « Cela est fort beau, mais il n’est pas temps encore de le publier ».

ℹ Pierre-Gaspard Chaumette
Pierre-Gaspard Chaumette, né le 24 mai 1763 à Nevers (Nièvre) et mort guillotiné le 13 avril 1794 à Paris, est procureur de la Commune de Paris pendant la Révolution française. Porte-parole des sans-culottes, il lutte pour l’abolition de l’esclavage. Il est condamné à la guillotine avec les hébertistes.

Lebrun Pindare a chanté, dans un poème de ce genre, l’arrivée à Paris des monuments artistiques conquis en Italie pendant la campagne de 1796 :

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Lève-toi, reprends tes lauriers ;
Ceins d’olive et de fleurs ta tête enorgueillie,
Fille de l’Océan, dont les flots nourriciers
Baignent la France et l’Italie.
Sur ton sein généreux porte-nous les trésors
De l’onde Adriatique et des mers de Bysance ;
Appelle et conduis dans nos ports
Les doux tribus de l’abondance !

ℹ Lebrun Pindare
Ponce-Denis Écouchard-Lebrun, dit Lebrun Pindare, est un poète français, né le 11 août 1729 à Paris où il est mort le 31 août 1807.

Enfin, Alphonse de Lamartine, voulant remercier Antoine de Genoude de sa traduction de l’Écriture, lui a  adressé un dithyrambe sur la poésie sacrée, dans lequel il imite successivement le mouvement et le ton des différents poètes inspirés. Nous donnons un extrait de ce morceau :

Écoutez ! — Jéhovah s’élance
Du sein de son éternité.
Le chaos endormi s’éveille en sa présence ;
Sa vertu le féconde, et sa toute-puissance
Repose sur l’immensité.

Dieu dit, et le jour fut ; Dieu dit, et les étoiles
De la nuit éternelle éclaircirent les voiles ;
Tous les éléments divers
À sa voix se séparèrent ;
Les eaux soudain s’écoulèrent
Dans le lit creusé des mers ;
Les montagnes s’élevèrent,
Et les aquilons volèrent
Dans les libres champs des airs.

(Alphonse de Lamartine, « La Poésie sacrée », in Œuvres complètes de Lamartine, 1860, tome 1, p. 281)

ℹ Antoine de Genoude
Antoine Eugène Genoud dit l’abbé Genoude puis de Genoude par lettres patentes de Louis XVIII, né à Montélimar (Drôme) le 9 février 1792 et mort à Hyères (Var) le 19 avril 1849, est un séminariste, professeur de droit au lycée Bonaparte et élu Député de la Haute-Garonne.

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