Le griffon
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Le griffon
Sommaire
Présentation
🦁🦅 Le griffon est un animal fabuleux hybride, mi-lion mi-aigle, armé de griffes ou serres puissantes. Figure très ancienne, dont les premières représentations connues remontent au IVe millénaire av. J.-C., le griffon possède généralement le corps d’un lion et la tête, le cou et les ailes d’un aigle. Parfois aussi, sa tête est celle d’un lion et l’une de ses paires de pattes, antérieure ou postérieure, celle d’un rapace. Le griffon est employé fréquemment comme motif de décoration (supports de table, orfèvrerie, médailles, fontaines publiques, monuments à toutes les époques).
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⬆ Un griffon majestueux, gardien ancestral des temples et des trésors, se dresse fièrement sur une falaise rocheuse. Son regard perçant scrute l’horizon tandis que ses ailes puissantes se déploient sous les rayons dorés du soleil. Derrière lui, un temple ancien émerge des brumes, ajoutant une aura de mystère à cette créature légendaire, symbole de force et de vigilance à travers les âges. Illustration imaginée et créée par l’IA.
Un gardien des temples et des trésors
Apparu au royaume d’Élam à la fin du IVe millénaire av. J.-C., le griffon, dont la figure se diffuse par la suite à Sumer et en Assyrie, est à l’origine considéré comme une créature gardienne des temples et des palais. Plus tard, les mythes grecs associent l’animal au dieu Apollon. Il devient alors le gardien des trésors que ce dernier conserve dans le pays des Hyperboréens, au cœur de contrées situées à l’extrême Nord du monde connu. Selon certaines traditions, ce sont également des griffons qui forment l’attelage du char du dieu.
Certains auteurs grecs, à l’image d’Hérodote, enrichissent les légendes relatives aux griffons en les opposant à la peuplade des Arimaspes, êtres mythiques pourvus d’un seul œil, qui cherchent continuellement à dérober aux griffons l’or dont ils ont la garde. Les griffons, qui font aussi partie des attributs de Némésis, déesse grecque de la Vengeance, et composent son attelage, apparaissent également au cœur des récits légendaires qui entourent la vie d’Alexandre le Grand. Un épisode évoque par exemple comment le conquérant entreprend un voyage aérien en s’élevant dans le ciel à bord d’une nacelle tirée par quatre griffons.
Un symbole du diable… ou du Christ
Au cours de la période médiévale, le griffon revêt deux symboliques totalement opposées. Dans un premier temps, il est associé au diable, et se voit prêter une grande cruauté, celle que l’on attribue aux prédateurs qui le composent, se jetant sur leurs proies (le lion, surtout, est, au haut Moyen Âge, perçu comme mauvais et violent). Mais le griffon acquiert par la suite un tout autre statut à mesure que se développent les bestiaires médiévaux. Son évolution s’effectue parallèlement aux développements positifs des figures du lion et de l’aigle : le premier, à présent considéré comme le roi des animaux, est revêtu de valeurs associées à la force et au courage ; le second se voit relié à la lumière divine, car on dit de lui qu’il est le seul animal à pouvoir s’élever aussi haut dans le ciel et à regarder le soleil en face. Ainsi, alliance de deux figures considérées comme les plus puissantes et majestueuses du règne animal, à la fois terrestre, par le lion, et céleste, par l’aigle, le griffon devient l’un des symboles de la figure du Christ, détenteur d’un statut double, tout à la fois humain et divin.
Un motif ornemental qui fait Florès
En Babylonie et en Assyrie, le griffon est représenté sur des pièces de bronze et, en tant que gardien de temples et palais, dans de nombreuses œuvres sculptées destinées à l’ornementation de ce type de bâtiments, à l’image des frises du palais de Darios Ier le Grand (VIe siècle av. J.-C.) à Suse (aujourd’hui Shush, en Iran). Sa figure se rencontre également en Égypte et en Crète, où elle orne les murs de la salle du trône du palais de Cnossos (XVIIe siècle av. J.-C.). Dans le monde grec, elle se diffuse en particulier dans l’ornementation de nombreux vases peints. Chez les Romains, le griffon est un motif décoratif apprécié, utilisé notamment pour former des pieds de table ou agrémenter des peintures murales. À Rome, sur le mont Palatin, la Maison des Griffons (v. 80 av. J.-C.) offre un exemple de la figuration du griffon parmi les plus couramment rencontrés, et qui consiste à représenter deux animaux affrontés de part et d’autre d’un motif décoratif.
Les représentations de griffons sont courantes dans l’art médiéval. Présent au vie siècle sur des objets de bronze mérovingiens ou au XIe siècle sur la tapisserie de Bayeux, il est fréquemment figuré dans les enluminures et dans la sculpture. Ainsi orne-t-il fréquemment les chapiteaux des églises romanes ; il fait également partie des créatures représentées par les gargouilles de l’architecture gothique. Symbole de courage, de force et de vigilance, il s’impose également dans l’héraldique où, toujours représenté de profil, il figure à l’intérieur de l’écu ou soutenant ce dernier.
Au-delà de l’époque médiévale, le griffon demeure un motif décoratif prisé qui, au fil des siècles, se retrouve aussi bien dans l’ameublement que dans le décor de pièces de vaisselle ou d’objets décoratifs de toutes sortes, notamment à l’époque napoléonienne (il est un motif fréquent du style Empire). Au XIXe siècle, il inspire le peintre Gustave Moreau, qui le représente dans les nombreuses variantes du thème de La Fée aux griffons, apportant ainsi une nouvelle illustration de l’attrait semble-t-il inépuisable de sa figure.
Le griffon dans la littérature et la culture populaire
Depuis l’Antiquité, le griffon occupe une place privilégiée dans l’imaginaire collectif. Tantôt gardien redoutable, tantôt monture légendaire, il s’est imposé comme une figure incontournable de la littérature et de la culture populaire. De la mythologie antique aux univers de la fantasy moderne, son image a évolué, mais son essence demeure : celle d’un être puissant et majestueux, porteur de symboles forts.
Le griffon dans la littérature classique et médiévale
Les premières mentions littéraires du griffon remontent à la Grèce antique. Hérodote (Ve siècle av. J.-C.), historien et voyageur, évoque ces créatures vivant en Scythie, un territoire mythique où elles protègent des trésors d’or contre les Arimaspes, un peuple légendaire d’hommes cyclopéens. Cet imaginaire se diffuse dans le monde gréco-romain et alimente les récits de merveilles.
Durant le Moyen Âge, le griffon prend une dimension symbolique plus marquée. Il apparaît dans les bestiaires médiévaux, ces ouvrages illustrés qui recensent les animaux réels et fabuleux en leur attribuant une signification morale ou spirituelle. Le griffon y est décrit comme une créature noble et puissante, souvent associée au courage et à la vigilance. Certains textes chrétiens en font un symbole du Christ, représentant à la fois l’élévation céleste (l’aigle) et la puissance terrestre (le lion).
Dans la littérature chevaleresque, le griffon est souvent cité comme un animal féroce que les chevaliers doivent combattre pour prouver leur valeur. Il est aussi parfois représenté comme une monture extraordinaire, capable de voler et de transporter son cavalier sur de longues distances. On retrouve cette idée dans des récits comme Le Roman d’Alexandre, où Alexandre le Grand, dans sa quête de conquêtes, tente de dompter un griffon pour s’élever dans les cieux.
Le griffon dans la littérature moderne
Avec la renaissance de l’intérêt pour la mythologie et la fantasy au XIXe et XXe siècles, le griffon réapparaît dans de nombreux romans et sagas littéraires.
Dans Les Chroniques de Narnia de C.S. Lewis, les griffons font partie des créatures qui luttent aux côtés d’Aslan contre les forces du mal. Ils sont décrits comme des êtres intelligents et loyaux, jouant un rôle clé dans les batailles qui rythment l’histoire.
Dans Harry Potter de J.K. Rowling, bien que le griffon ne soit pas une figure centrale, on retrouve un clin d’œil avec le personnage de Buck, l’hippogriffe, créature apparentée au griffon par sa nature hybride. De plus, l’un des quatre fondateurs de Poudlard, Godric Gryffondor, tire son nom du mot anglais Griffin (griffon), soulignant l’association traditionnelle entre le griffon et la bravoure.
Dans Le Dernier Vœu et L’Épée de la Providence, deux recueils de nouvelles de The Witcher (Andrzej Sapkowski), les griffons apparaissent comme des créatures dangereuses que les sorceleurs doivent affronter.
Le griffon est aussi une figure récurrente dans la littérature jeunesse et fantasy, souvent représenté comme une créature noble, protectrice ou, au contraire, une menace imposante pour les héros en quête d’aventures.
Le griffon dans les jeux vidéo et le cinéma
À mesure que la culture populaire évolue, le griffon trouve une place de choix dans les jeux vidéo et les productions cinématographiques.
Dans les jeux vidéo, on le retrouve sous différentes formes, notamment comme ennemi puissant ou monture légendaire :
- World of Warcraft propose plusieurs variantes du griffon, notamment comme monture volante emblématique de l’Alliance.
- The Witcher 3: Wild Hunt met en scène un combat emblématique entre le héros, Geralt de Riv, et un griffon royal, dans l’une des premières missions du jeu.
- Final Fantasy et Monster Hunter intègrent également des créatures griffonnes à leurs bestiaires fantastiques.
Au cinéma et dans les séries, bien que le griffon n’ait pas encore atteint la même popularité que les dragons, il apparaît dans plusieurs productions :
- dans les films d’animation comme La Dernière Licorne (1982), où il joue le rôle d’un antagoniste;
- dans des adaptations plus récentes de fantasy, où il figure souvent dans des scènes de combat épiques ou comme créature mystique.
Le griffon dans l’héraldique et les emblèmes modernes
Le griffon, au-delà de la fiction, conserve un rôle important dans l’imaginaire collectif à travers les blasons, les logos et les symboles nationaux. Il est souvent utilisé pour représenter la force, la sagesse et la vigilance. On le retrouve dans :
- le blason de certaines villes et régions européennes, notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne;
- des logos d’entreprises et d’universités, qui cherchent à évoquer la puissance et la noblesse à travers cette figure mythique.
Son image est également très présente dans les tatouages et les représentations artistiques modernes, témoignant de la fascination persistante qu’il exerce.
Articles connexes
- Mythologies et mythes » Créatures et divinités. – Le mythe : définition et fonctions. – La mythologie. – La mythologie grecque. – La mythologie romaine.
- Les créatures fabuleuses et les divinités.
- Lumière sur…
- Le symbole.
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- L’univers des livres » Personnages.
- Pistes pour raconter une histoire.
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