Le h aspiré et le h muet

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Le h aspiré et le h muet

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💡 La lettre h – (H) est aspirée ou muette, lorsque dans la même syllabe elle est seule avant une voyelle. Muette ou aspirée, cette lettre ne représente aucun son en français. De plus, le « h » peut servir également à fabriquer certains digrammes, comme ch et ph (cheminphoto). 💡

Le « h » est aspiré

Si la lettre « h » est aspirée, comme dans héroshameau, elle donne au son de la voyelle suivante une articulation gutturale, et alors elle a les mêmes effets que les autres consonnes : au commencement du mot, elle empêche l’élision1 de la voyelle finale du mot précédent, ou elle rend muette la consonne finale.

Exemple : On écrira la haine et non pas l’haine la honte et non pas l’honte parce que le « h » est aspiré. (Jean-François Marmontel et Nicolas Beauzée, Encyclopédie méthodique, La lettre H, 1782-1786)

Le « h » muet

Si la lettre « h » est muette, comme dans hommeharmonie, elle n’indique aucune articulation pour le son de la voyelle suivante, qui reste dans l’état actuel de simple émission de la voix  ; et, dans ce cas, elle n’a pas plus d’influence sur la prononciation, que si elle n’était point écrite ; ce n’est alors qu’une lettre purement étymologique, que l’on conserve comme une trace du mot radical où elle se trouvait, plutôt que comme le signe d’un élément réel du mot où elle est employée ; et, si elle commence le mot, la lettre finale du mot précédent, soit voyelle, soit consonne est réputée immédiatement suivie d’une voyelle.

Exemple : titre honorable se prononce titr’onorable parce que le « h » est muet donc il ne se prononce pas. (Jean-François Marmontel et Nicolas Beauzée, Encyclopédie méthodique, La lettre H, 1782-1786)

Distinguer les mots où le « h » est aspiré de ceux où il est muet ?

Il serait à souhaiter que l’on eût quelques règles générales pour distinguer les mots où l’on aspire la lettre « h » de ceux où elle est muette.

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Vaugelas2 et Restaut3 pensent que, dans tous les mots qui commencent par un « h », et qui sont dérivés du grec ou du latin, le « h » ne s’aspire point, et que c’est précisément le contraire dans tous les mots dont l’origine est barbare ; mais, comme cette règle n’est rien qu’infaillible et générale ; comme d’ailleurs il doit paraître singulier qu’il faille étudier à fond le grec ou le latin, pour savoir comment il faut prononcer un mot de la langue française.

En tout cas, voici la règle exacte donnée par l’Académie française :

Le « h » n’a aucun son, et ne s’aspire point dans la plupart des mots qui viennent du latin et qui ont un « h » initial comme habliehabitude, etc. Il faut excepter de cette règle plusieurs mots tels quehaleterhennir, etc. Il n’a pareillement aucun son dans certains mots français qui ont un « h » initial, quoiqu’il n’y en ait pas dans le latin d’où ils viennent comme huilehuître, etc. Il s’aspire au commencement des autres mots français qui viennent des mots latins sans « h » comme hachehaut, etc., ainsi que dans tous les mots qui ne sont pas tirés du latin.

Mais ces règles sont, et difficiles à saisir, et sujettes à beaucoup d’exceptions. « Il est plus court, dit l’abbé d’Olivet4, et plus sûr de rapporter une liste des mots qui s’aspirent au commencement, au milieu, ou à la fin » (voir la liste ci-dessous).

Liste des mots les plus usités dans lesquels le « h » est aspiré
Ha !

Hâbler (et ses dérivés)

Hache

Hacher

Hachette

Hachis

Hachisch, hachich, hashich

Hachoir

Hachure

Hagard

Haie

Haillon

Haine (et ses dérivés)

Haïr

Haire

Halage

Halbran

Halbrener

Hâle (et ses dérivés)

Halener

Haletant, haleter

Haleur

Hall

Hallage

Hallali

Halle

Hallebarde

Hallier

Halo

Hâloir

Halot

Halotechnie

Halte

Hamadryade

Hameau

Hampe

Han

Hanche

Hand-ball

Handicap, handicaper

Hangar

Hanneton

Hanse

Hanter

Hantise

Happe

Happe-lourde

Happer

Haquenée

Haquet

Haquetier

Hara-kiri

Harangue (et ses dérivés)

Haras

Harasser

Harceler

Harde

Harder (se)

Hardes

Hardi (et ses dérivés)

Harem

Hareng

Harengère

Harengerie

Hargneux, se hargner

Haricot

Haridelle

Harnachement

Harnacher

Harnais, harnois

Haro

Harpagon

Harpe (et ses dérivés)

Harpeau

Harper

Harpie

Harpon

Harponner

Harponneur

Hart

Hasard (et ses dérivés)

Hase

Hâte (et ses dérivés)

Hâtereau

Hâtier

Hâtille

Hâtive

Hauban

Haubaner

Haubert

Hausse (et ses dérivés)

Hausse-col

Haut (et ses dérivés)

hautain (et ses dérivés)

Hautbois

Haut-de-chausse(s)

Haute-contre

Haute-cour

Haute-futaie

Haut-fond

Haut fourneau

Haut-la-main

Haut-le-cœur

Haut-le-corps

Haute lice

Haut mal

Haute paye

Haut-parleur

Hautesse

Hauturier, hauturière

Hâve

Havane

Havir

Havre

Havre-sac (ou havresac)

Hé !

Heaume

Héler

Hem !

Hennir

Hennissement

Henri

Henriade

Héraut

Hère

Hérisser

Hérisson

Herniaire

Hernie

Hernieux

Héron

Héros

Herse (et ses dérivés)

Hêtraie

Hêtre

Heurter (et ses dérivés)

Heurtoir

Hi, hi !

Hibou

Hic

Hideur

Hideusement

Hideux

Hiérarchie (et ses dérivés)

Hie

High-life

Hile

Hisser

Ho !

Hobereau

Hoc

Hoche

Hochement (et ses dérivés)

Hochepot

Hochequeue

Hocher

Hochet

Holà !

Hold-up

Hollandais

Hollande

Homard

Hongre

Hongrois

Honte (et ses dérivés)

Hoquet

Hoqueton

Horde

Horion

Hors

Hors-bord

Hors-d’œuvre

Hors-jeu

Hors-la-loi

Hors-série

Hotte

Hottée

Hottentot

Houblon (et ses dérivés)

Houe

Houille (et ses dérivés)

Houle

Houlette

Houleux

Houppe

Houppelande

Hourdage

Hourder

Houri

Hourra

Hourvari

Houseaux

Houspiller

Houssage

Houssaie

Housse (et ses dérivés)

Houssine

Houssoir

Houx

Hoyau

Hublot

Huche

Hue !

Huée (et ses dérivés)

Huguenot

Huhau

Huit (et ses dérivés)

Hulotte

Humer

Hune

Hunier

Huppe

Hure

Hurlement

Hurler

Hurluberlu

Hussard

Hutte

Hutter (se)

Hyacinthe

Hyalin

Observations et remarques

● Le « h » conserve l’aspiration dans tous les mots qui sont composés de ceux nomenclaturés ci-dessus, tels que déharnacherenhardi et ses dérivés, enharnacheraheurtement, etc. Cette lettre fait alors l’effet du tréma, et sert à annoncer que la voyelle qui la suit ne s’unit pas en diphtongue à la voyelle qui la précède. On en excepte exhausserexhaussement, qui sont sans aspiration, quoique formés de hausserhaussement, où le « h » est aspiré. (l’Académie française, Restaut3, Wailly5, Domergue6)
On ne doit excepter aussi que les dérivés de héros, qui sont tous sans aspiration. Ce sont : héroïde, héroïne, héroïque, héroïquement, héroïsme.

● La lettre « h » est ordinairement aspirée lorsqu’elle se trouve au milieu d’un mot entre deux voyelles comme dans cohueaheurterahan. (Le Dictionnaire de l’Académie française)

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● À la fin des mots, il n’y a aspiration que dans ces trois interjections : ah ! eh ! oh !

● « H » ne change rien à la prononciation du « t ».

● La lettre « h » est presque toujours aspirée dans les noms de pays et de villes : le Hainaut, la Hongrie, la Hollande, Hambourg, etc. Cependant le « h » n’est point aspiré dans les phrases suivantes : toile d’Hollande, fromage d’Hollande, eau de la reine d’Hongrie, où un usage fréquent a effacé l’aspiration. (Restaut3Wailly5, Chapsal7, Gattel8 et Catineau9)

Toutefois, comme le dit Jean-Charles Nodier10, cet usage est celui des blanchisseuses et de l’office, et il ne devrait pas faire loi au salon.

● Onzeoui, quoique ne commençant point par un « h », se prononcent avec aspiration : de onze enfants qu’ils étaient, il n’en est resté que six ; de vingt, il n’en est resté que onze – le oui et le non. (l’Académie française)

● Dumarsais11 croit que si l’on écrit et l’on prononce le onze, c’est pour ne pas confondre l’onze avec l’once ; que si l’ « e » ne s’élide pas devant le oui, c’est pour éviter l’équivoque de l’ouïe et de Louis, et aussi pour mettre une symétrie entre le non et le oui.

● L’« o » n’est pas toujours aspiré dans onzième ; on dit le onzième et l’onzièmel’Académie française, Féraud12, Gattel8, Wailly5, et les écrivains ont formellement admis les deux prononciations. Vaugelas2 condamne le onzième. Aujourd’hui, on dit plus souvent le onzième que l’onzième.

● Les consonnes après lesquelles on emploie la lettre « h » sont c, l, p, r, t.

● On aspire Henri dans le discours soutenu, mais on ne peut pas l’aspirer dans la conversation.

● Bien des personnes n’aspirent pas le « h » dans huguenot, mais c’est une faute ; l’Académie française y marque l’aspiration.

● Autrefois on prononçait hésiter avec aspiration. D’après l’usage actuel, il n’y a plus d’aspiration.

● Quelques Grammairiens ne veulent point qu’il y ait une vraie aspiration dans huit ; mais c’est sans fondement, puisqu’on écrit et on prononce, sans élision1 ni liaison : le huitles huit volumesle ou la huitièmedu ou de la huitièmeà la huitième ; l’Académie française ne laisse aucun doute sur l’aspiration de ce mot et de ses dérivés. Cependant dix-huitvingt-huit se prononcent di-zuitvingt-huit.

🚀 Testez vos connaissances ! 🚀
Pouvez-vous maintenant distinguer entre les mots dans lesquels le « h » est aspiré de ceux dans lesquels le « h » est muet ? Pour le savoir, testez vos connaissances !
 Exercice : « Le « h » aspiré et le « h » muet ».

Notes

1. L’élision : Elle consiste en l’effacement d’une voyelle en fin de mot devant la voyelle débutant le mot suivant. 

2. Claude Favre, seigneur de VaugelasTraducteur, linguiste et grammairien français (1585-1650) qui contribua par ses travaux à « régler » la langue. 

3. Pierre Restaut (1696-1764) est un grammairien français. Principes généraux et raisonnés de la Grammaire française (1730) fit sa réputation. Restaut revit la quatrième édition du Traité de l’orthographe française en forme de dictionnaire, connu sous le nom de Dictionnaire de Poitiers

4. Pierre-Joseph Thoulier d’Olivet, dit l’abbé d’Olivet, né à Salins le 1er avril 1682 et mort à Paris le 8 octobre 1768, est un homme d’Église, grammairien et traducteur français. Il édita les œuvres d’un certain nombre d’auteurs français. Il connut Boileau et compta Voltaire parmi ses élèves. Il collabora au Dictionnaire de l’Académie française. 

5. Noël-François De Wailly est un grammairien et lexicographe français né à Amiens le 31 juillet 1724 et mort à Paris le 7 avril (ou le 18 avril) 1801. Il publia les Principes généraux et particuliers de la langue française (1754) qui révolutionnèrent en France l’enseignement de la grammaire. Parmi ses ouvrages, on trouve L’Orthographe des dames(1782) et le Nouveau Vocabulaire français, ou abrégé du dictionnaire de l’Académie (1801). Il collabora activement au dictionnaire de l’Académie publié en 1798. 

6. François-Urbain Domergue, né à Aubagne le 24 mars 1745 et mort à Paris le 29 mai 1810, est un grammairien et journaliste français. Il est élu membre de l’Académie française en 1803 et participe à la commission du Dictionnaire de l’Académie. De ses ouvrages, on trouve Grammaire françoise simplifiée, ou Traité d’orthographe, avec des notes sur la prononciation et la syntaxe, des observations critiques et un nouvel essai de prosodie (1778), Grammaire générale analytique (1798-99), Exercices orthographiques, où les faits précèdent les règles (1810). 

7. Charles-Pierre Chapsal, né à Paris en 1787 et mort en 1858, est un grammairien français, ancien maire de Joinville-le-Pont. Son ouvrage principal est une Nouvelle Grammaire française avec Exercices, en collaboration avec François Noël, ouvrage plus complet et plus logique que la Grammaire de Charles François Lhomond, et qui eut un rapide et légitime succès. 

8. Claude-Marie Gattel, auteur du Dictionnaire universel de la langue française : avec prononciation figurée, Lugné et Cellard, 1827. 

9. Pierre-Marie-Sébastien Catineau-Laroche, né à Saint-Brieux le 25 mars 1772 et mort en 1828, fut imprimeur à Paris de 1799 à 1804, inspecteur des Douanes en Illyrie en 1810. Auteur du Nouveau dictionnaire de poche de la langue française, avec la prononciation, composée sur le système orthographique de Voltaire (1802). 

10. Charles Nodier, né Jean-Charles-Emmanuel Nodier à Besançon le 29 avril 1780 et mort le 27 janvier 1844 à Paris, est un académicien et écrivain romancier français à qui l’on attribue une grande importance dans la naissance du mouvement romantique. 

11. César Chesneau, sieur Dumarsais ou Du Marsais, né à Marseille le 17 juillet 1676 et mort à Paris le 11 juin 1756, est un grammairien et philosophe français. De ses ouvrages, on trouve Traité des Tropes (1730), Méthode raisonnée pour apprendre la langue latine (1722), Principes de grammaire (1769). 

12. Charles Nodier, né Jean-Charles-Emmanuel Nodier à Besançon le 29 avril 1780 et mort le 27 janvier 1844 à Paris, est un académicien et écrivain romancier français à qui l’on attribue une grande importance dans la naissance du mouvement romantique. 

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