Le jansénisme

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Le jansénisme

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Présentation

Le jansénisme est un mouvement de réforme religieuse interne à l’Église catholique, qui s’est développé aux XVIIe et XVIIIe siècles en France. Le nom est donné aux doctrines émanées de Jansénius ou successivement rattachées aux mêmes inspirations.

Cette doctrine chrétienne hérétique sur la grâce et la prédestination est issue de la pensée de Jansénius (exposée dans son ouvrage l’Augustinus en 1640, interprétation de la thèse de Saint Augustin) et selon laquelle, sans tenir compte de la liberté et des mérites de l’homme, la grâce du salut ne serait accordée qu’aux seuls élus dès leur naissance.

Dans un sens plus étroit, le jansénisme peut désigner un mouvement politique issu du jansénisme religieux, provoqué par l’opposition de Port-Royal à Louis XIV et qui s’est prolongé tout au long du XVIIIe siècle.

Origine : Jansenius

Le mouvement doit son nom au théologien flamand et évêque d’Ypres Cornélius Jansen, dit Jansenius, dont la pensée se trouve résumée dans l’Augustinus (1640). S’appuyant sur une interprétation rigoureuse de la philosophie de saint Augustin, Jansenius défend la doctrine de la prédestination absolue. Il estime que tout individu peut pratiquer le bien sans la grâce de Dieu, mais que son salut ou sa damnation ne dépend que de Dieu. Jansenius affirmait de plus que seuls quelques élus seraient sauvés. À cet égard, sa doctrine s’apparente au calvinisme, de sorte que Jansenius et ses disciples sont-ils très vite accusés d’être des protestants déguisés. Cependant, les jansénistes ont toujours proclamé leur adhésion au catholicisme romain et soutenu qu’aucun salut n’est possible hors de l’Église catholique.

Port-Royal

Lorsque le jansénisme pénètre en France, en particulier grâce à un ami de Jansenius, Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, il impose d’abord une forme de piété austère et une stricte moralité. Il se situait par là à l’opposé d’une morale plus tolérante et d’un cérémonial religieux surchargé, qui avaient souvent les faveurs de l’Église de France, en particulier dans l’ordre des jésuites.

À partir de 1640, le centre spirituel du jansénisme se transporte au couvent de Port-Royal-des-Champs, près de Paris, où de nombreux nobles, magistrats, écrivains et savants, qui sympathisaient avec le mouvement, viennent effectuer des retraites et débattre de questions philosophiques et religieuses. Mme de Sévigné contribue elle aussi à l’élaboration du mythe de Port-Royal, qu’elle qualifie de « vallon affreux, tout propre à inspirer le goût de faire son salut ».

Dès son apparition, le jansénisme avait suscité l’hostilité, non seulement des jésuites, mais aussi du pouvoir royal, qui l’associait aux divers mouvements politiques d’opposition. En 1642 puis à nouveau en 1653, cinq propositions extraites des écrits de Jansenius et relatives à la prédestination sont condamnées par le pape. Les jansénistes, avec Antoine Arnauld et Blaise Pascal, réagissent vigoureusement et affirment que les cinq propositions ne se trouvaient pas dans les traités de Jansenius. Simultanément, ils lancent la controverse contre les jésuites. Les Provinciales de Pascal témoignent de cette polémique. Mais Louis XIV, poussé par les jésuites, fait expulser les religieuses de Port-Royal en 1709 et raser le couvent l’année suivante. Finalement, en 1713, à la suite de pressions exercées par le Roi-Soleil, cent une propositions tirées des Réflexions morales du janséniste français Pasquier Quesnel (1634-1719) sont condamnées par la bulle papale Unigenitus.

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→ À lire : Histoire de l’abbaye de Port-Royal.

Louise-Magdeleine Horthemels, Vue de l'abbaye de Port-Royal des Champs [estampe], 1666-1667.

Louise-Magdeleine Horthemels, Vue de l’abbaye de Port-Royal des Champs [estampe], 1666-1667.

Déclin du mouvement

Tout au long du XVIIIe siècle, le jansénisme continue d’influencer une bonne partie du clergé paroissial français. Des centaines d’ecclésiastiques, les « appelants », refusent d’accepter la bulle Unigenitus et en appellent à un concile contre Rome. Le mouvement s’étend à d’autres régions d’Europe, dont l’Espagne, l’Italie et l’Autriche. À la cour de France, les jansénistes s’allient aux gallicans, qui s’opposaient également aux jésuites et refusaient l’intervention du pape dans les affaires de l’Église de France. Certains tribunaux civils défendaient les droits des jansénistes, tandis que des évêques, soutenus par le pouvoir royal, tentaient de leur refuser les derniers sacrements. Les parlements et le pouvoir s’affrontent à ce sujet au cours des années 1750. La faction janséniste-gallicane a connu son plus grand succès en 1762 avec l’expulsion des jésuites hors de France.

Par la suite, l’importance du mouvement décline, bien que de petits groupes jansénistes aient subsisté jusqu’aux XIXe et XXe siècles.

Tendances générales et influence littéraire

Il suffit de caractériser les tendances générales du jansénisme et l’influence que le sombre et austère spiritualisme dont elle était l’âme, exerce sur une partie de la littérature du XVIIe siècle, si facile à passionner pour toutes les controverses religieuses.

Le jansénisme, dont Port-Royal devint le plus puissant appui, prétendait, dit M. Demogeot, fortifier le christianisme en le rappelant à sa source. Ce luthéranisme français aspirait à redresser le dogme sans briser l’unité. Il voulait rester catholique malgré le pape, admettait la hiérarchie, les sacrements, le culte : c’était une réforme toute métaphysique et morale. Sur le terrain des principes, elle se rencontrait avec le grand réformateur germanique. Comme lui, elle s’abritait des noms de saint Paul et de saint Augustin ; comme lui, elle effaçait le libre arbitre devant la grâce et formulait avec rigueur le dogme effrayant de la prédestination. Ce christianisme, formidable comme la destinée antique, poursuivait d’une implacable haine la nature corrompue par la chute originelle. Talents, arts, sciences, sentiments, vertus mondaines, ne lui apparaissaient que comme des vanités ou des crimes. Les bonnes œuvres étaient sans mérite, la grâce seule, donnée ou refusée arbitrairement, faisait les saints. Ainsi la création presque entière, viciée par une faute étrangère, se trouvait exclue à jamais du sein de ce Dieu terrible, de ce Christ aux bras étroits qui semblait n’être pas mort pour tous. L’Église de Jansénius n’était que l’aristocratie de la grâce.

À ces doctrines qui répondent à l’une des traditions de la théologie chrétienne, se rattache toute une école littéraire dont Port-Royal deviendra le centre et dont le Pascal des Pensées est la plus éclatante personnification. Les Oratoriens se laissent à leur tour gagner à ce grave christianisme et lui fournissent ses derniers apôtres. Jacques-Bénigne Bossuet, qui se défend de ses exagérations dogmatiques, en accepte volontiers l’influence dans sa lutte contre la morale relâchée des casuistes. Presque toutes les œuvres inspirées d’un spiritualisme sérieux, chez les controversistes, les prédicateurs et même les poètes, portent plus ou moins l’empreinte janséniste. Le fatalisme de la grâce éclate dans Polyeucte ou dans Phèdre de Jean Racine comme il se glisse dans l’Oraison funèbre de Condé ou dans le Sermon sur le petit nombre des élus. Les tendances austères du jansénisme rencontrent, dès l’origine, un courant contraire de doctrines théologiques et d’influences morales et littéraires. Il a sa source dans les écrits pleins de naïveté et de charme de François de Sales et se retrouve sous les grâces insinuantes de Fénelon. Les Jésuites, avec leurs indulgentes habiletés, sont les ennemis nés du jansénisme, qu’ils poursuivent dans leur duel à mort contre Port-Royal. Les écrits spéciaux pour ou contre le jansénisme sont extrêmement nombreux, et se rapportent aux différentes polémiques et aux époques de persécution dont il a été l’objet.

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