Le latin

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Le latin

La langue latine, cette langue universelle, qui était le volapük d’autrefois entre les savants et les littérateurs de tous les pays .

(Les frères Goncourt, Journal, 1892, p. 232)

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💡 Présentation rapide du latin
Langue morte de la famille indo-européenne, faisant partie du groupe italique, comprenant des langues disparues, parlées dans l’Italie ancienne, comme l’osque ou l’ombrien. Cependant, le latin reste la langue officielle du Vatican.

Introduction

Frontispice du "Dictionaire nouveau françois et latin" par le R. P. Tachard, de la Compagnie de Jésus à Paris (1689).

Le latin est langue de la Rome antique et du Latium environnant. Avec l’extension du pouvoir romain, le latin se répand dans toutes les régions du monde antique connu et deveint la langue dominante en Europe occidentale. Langue de l’érudition et de la diplomatie jusqu’au XVIIIe siècle, il reste la langue de la liturgie catholique jusqu’au milieu du XXe siècle.

Le latin n’est pas né dans la péninsule italienne ; il y est apporté, durant la préhistoire, par les peuples italiques venus du Nord. Membre du groupe italique de la famille des langues indo-européennes, le latin est l’ancêtre des langues romanes. En Italie, le latin est, à l’origine, le dialecte parlé dans la région de Rome, et il forme, avec le falisque et quelques autres dialectes, un groupe à part au sein des langues italiques, distinct des autres langues italiques comme l’osque et l’ombrien. Il subsiste quelques inscriptions latines du VIe siècle av. J.-C. Les textes les plus anciens écrits en latin classique datent du IIIe siècle av. J.-C. Le latin a subi l’influence des dialectes celtiques en Italie du Nord, de la langue étrusque (d’origine non indo-européenne) dans le centre de l’Italie, et du grec en Italie méridionale, dès le VIIIe siècle av. J.-C. Sous l’impulsion de la langue grecque et de sa littérature, qui commença à être traduite en latin dans la seconde moitié du IIIe siècle av. J.-C., le latin acquiert ses lettres de noblesse et devient une langue littéraire d’importance.

Latin littéraire ancien
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On peut distinguer dans l’histoire du latin littéraire quatre périodes qui coïncident globalement avec les diverses phases de la littérature latine.

La première période  (240-70 av. J.-C.)

Cette période a vu naître les œuvres d’Ennius, de Plaute et de Térence. On parle d’un latin qui est archaïque. Il empruntera de nombreux mots à la koinè grecque, qu’il transmettra plus tard au français.

L’âge d’or  (70 av. J.-C.-14 apr. J.-C.)

Ce siècle est célèbre pour les écrits en prose de Jules César, de Cicéron et de Tite-Live, ainsi que pour la poésie de Catulle, de Lucrèce, de Virgile, d’Horace et d’Ovide. C’est au cours de cette brillante période que le latin se transforme pour devenir une langue littéraire, atteignant une richesse et une souplesse inégalées, aussi bien dans la prose que dans la poésie. On parle alors du latin classique.

L’âge d’argent (14-130 apr. J.-C.) 

C’est la période du latin impérial. La recherche du raffinement et de la sophistication rhétoriques, servis par une expression concise et épigrammatique, caractérise cette période, dont on trouve les fleurons dans les œuvres du philosophe et dramaturge Sénèque et de l’historien Tacite.

La période tardive

Au cours de cette période, on parle du latin tardif ou du bas latin. Cette période, qui s’étend du IIe au VIe siècle apr. J.-C. (v. 636), est dominée par le latin patristique des Pères de l’Église. Au cours de cette même époque, les invasions barbares font subir de nombreux changements à la langue latine, l’investissant de nouvelles formes et d’idiomes étrangers. Ce latin évolué est appelé lingua romana et différencié de la lingua latina, la langue classique cultivée par les érudits.

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Le latin parlé ancien

La langue quotidienne des Romains cultivés apparaît dans nombre d’œuvres, notamment dans les comédies de Plaute et de Térence, dans les lettres de Cicéron, dans les Satires et les Épîtres d’Horace, et dans le Satiricon de Pétrone. Elle se caractérise par la liberté de sa syntaxe, par la présence de nombreuses interjections et par l’usage fréquent de mots grecs.

Il ne faut, toutefois, pas confondre ce langage familier de la haute société (sermo cotidianus) avec le sermo plebeius, la langue des classes populaires, dans laquelle se manifeste un certain mépris de la syntaxe, une gourmandise de néologismes et un souci de simplification, surtout dans l’ordre des mots. Le sermo plebeius est connu sous le nom générique de « latin populaire », terme qui inclut parfois le sermo cotidianus des classes plus instruites. Les langues romanes ne sont pas issues du latin littéraire mais du sermo plebeius de la période tardive, époque de la lingua romana. Par exemple, le mot de la langue littéraire equus (« cheval ») est tombé en désuétude, alors que le terme populaire caballus (« mauvais cheval ») a donné les termes romans désignant un cheval (en français cheval, en espagnol caballo). De même, les termes romans signifiant « tête » (en français tête, en italien testa) ne viennent pas du latin classique caput (« tête », qui a donné « chef »), mais d’un terme d’argot latin, testa, littéralement « cruche ».

Latin médiéval

On appelle latin médiéval le latin du Moyen Âge. Il était à l’époque la langue littéraire en Europe occidentale. L’Église, en particulier, produisait alors une grande quantité de littérature ecclésiastique en prose et en vers. La langue, toutefois, connaît des changements profonds : la syntaxe est encore simplifiée, des mots nouveaux provenant de diverses sources furent introduits, et de nouvelles significations apparaissent pour les termes anciens. Ces altérations, cependant, sont moins importantes que celles subies à la même époque par le français et l’anglais.

La néologie.

Plaque murale sur laquelle sont deux inscriptions, l'une en français, l'autre en latin.

Néolatin ou latin moderne

Les XVe et XVIe siècles voient l’émergence du néolatin, ou latin moderne. Les écrivains de la Renaissance créent une nouvelle et brillante littérature latine, dont la langue se rapprochait de celle des écrivains classiques latins, en particulier de Cicéron. La majorité des ouvrages d’importance, scientifiques, philosophiques ou religieux, était rédigée en latin, comme ceux de l’humaniste hollandais Érasme, ceux du philosophe anglais Francis Bacon et ceux du physicien anglais Isaac Newton.

Le latin servait également de langue commune dans les relations diplomatiques entre nations européennes. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que le latin perd ce statut de langue internationale unique, même s’il demeure au cours des XVIIIe et XIXe siècles la langue des études classiques, et si, au XXe siècle, certains traités savants sont encore composés en latin. L’Église catholique utilise toujours le latin dans ses documents officiels.

Le latin antique n’avait ni la souplesse, ni la grâce, ni même la richesse lexicale du grec, et il était en particulier moins apte à exprimer des abstractions. Devant ce constat, les Romains enrichissent leur langue de nombreux emprunts au grec.

Cependant, la rigueur de sa syntaxe rend le latin à la fois puissant et précis, et il s’est révélé à travers les siècles un moyen d’expression exceptionnel pour des pensées élaborées. Il a survécu sous un double aspect : non seulement le latin littéraire reste employé de nos jours, quoique de façon restreinte en dehors de l’usage qu’en fait l’Église catholique, mais il transparaît à travers les langues romanes, qui sont l’émanation moderne du latin vulgaire, en particulier l’italien.

Le français doit l’essentiel de son vocabulaire au latin, soit par évolution phonétique depuis le latin populaire, soit par des emprunts qui se sont poursuivis pendant toute la durée d’existence du français, et continuent encore aujourd’hui pour de nombreux termes scientifiques et techniques. L’importance exceptionnelle du latin, pour l’ensemble de la civilisation occidentale, ne tient pas seulement à sa littérature, mais aussi au fait que l’étude de son évolution offre une source exceptionnelle d’informations sur l’histoire des langues en général, en particulier sur les transformations de quelques-unes des principales langues européennes qui sont ses descendantes directes.

Histoire de la langue française.

Le latin aujourd’hui

Langue de l’université, le latin disparaît de la faculté des lettres en 1908 et, dans les années 1930, de la faculté de médecine.

Aujourd’hui, le latin est toujours, dans une certaine mesure, la langue des savants et des scientifiques. En effet, les créations lexicales latines ou pseudo-latines (mots pourvus d’une terminaison latine sur un radical qui n’existe pas en latin ou expression inexistante en latin) sont utilisées dans les sciences, en particulier dans les taxinomies botanique, anatomique, médicale, zoologique ou chimique. Ce latin scientifique a été particulièrement utilisé au XVIIIe siècle lors de la création des grandes nomenclatures comme celles de Linné, Jussieu ou plus tard de Lamarck.

Langue des origines de la culture et de la civilisation françaises,  le latin est toujours présent à l’esprit : le latin de cuisine ou latin macaronique correspond en quelque sorte à un usage encore spontané du latin.

Allez plus loin !

Le latin selon le dictionnaire
Adjectif
  • Qui est originaire du Latium ; qui se rapporte au Latium, à ses habitants, à sa civilisation.
  • Droit latin. Ensemble des droits que Rome avait accordés aux habitants du Latium puis aux habitants d’autres provinces.
  • Voile latine. Voile triangulaire enverguée sur une antenne, utilisée à l’origine par les habitants du Latium.
  • Mer latine (emploi littéraire). Mer méditerranée.
  • Qui s’exprime, qui écrit en latin.
  • Église latine. Église romaine d’Occident dont la langue cultuelle était le latin.
  • Quartier latin. Quartier de Paris sur la rive gauche de la Seine où se trouvait l’ancienne université (dont les cours se donnaient en latin) et où se trouvent encore des facultés.
  • Qui a certaines caractéristiques des habitants du Latium, des anciens Romains, ou certains traits physiques ou moraux qu’on leur attribue; qui a été influencé par leur civilisation (ces traits dominent en Italie, en Espagne, en Roumanie). Tempérament, type latin.
  • Qui a pour origine le latin ; dont la langue a pour origine le latin. Peuples latins ; nations latines.
  • Amérique latine. Amérique centrale et Amérique du Sud (où l’on parle l’espagnol ou le portugais).
Substantif
  • Personne qui habitait le Latium ; personne dont la langue était le latin.
  • Auteur écrivant en latin.
  • Membre de l’Église latine.
  • Habitant de l’Empire latin d’Orient.
  • Personne qui a certaines caractéristiques des habitants du Latium, des anciens Romains, ou certains traits physiques ou moraux qu’on leur attribue ; personne qui a été influencée par leur civilisation.
  • Substantif masculin singulier. Langue indo-européenne du rameau occidental de cette famille, parlée par les habitants du Latium et par les anciens Romains, utilisée par les savants jusqu’au XVIIIe siècle, langue officielle de l’Église romaine.
  • Latin d’Église. Latin en usage dans l’Église romaine ; mauvais latin.
Locutions familières
  • Être, se trouver au bout de son latin (vieux) : Ne plus savoir que dire, que faire.
  • (Y) perdre son latin : Ne plus rien (y) comprendre (quelque chose), ne plus savoir que faire.
  • C’est du latin pour quelqu’un (emploi rare) :  C’est incompréhensible pour quelqu’un. Synonyme : c’est du chinois, de l’hébreu.
  • Latin de cuisine, latin macaronique : mauvais latin ; jargon imitant le latin par ajout de désinences à des mots français.

Source : Le Trésor de la langue française informatisé (TLFi).

Citations choisies
  • Il ne faut pas parler latin devant les clercs. (Proverbe français)
  • Le jour du jugement viendra bientôt, les ânes parlent latin. (Proverbe français)
  • La mort est si ancienne qu’on lui parle latin. (Jean Giraudoux, Les provinciales)
  • Le latin n’est pas une langue marrante. D’ailleurs elle en est morte. (Driss Chraïbi, Une enquête au pays)
  • Il faut d’abord bien savoir le latin. Ensuite, il faut l’oublier. (Montesquieu, Lettres persanes)
  • Latin : est seulement utile pour lire les inscriptions des fontaines publiques. (Gustave Flaubert, Dictionnaire des idées reçues)
  • Il suffit d’ouvrir un manuel de littérature grecque ou latine pour constater que les belles époques littéraires sont d’un demi-siècle alors que les littératures dites de décadence durent six cent ans. (Julien Benda, La France Byzantine)

Autres citations sur le latin.

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