Le livre
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L’univers des livres
Le livre : son histoire et son évolution
Il [Anatole France] connaît tout des livres, papier, types (…). Sa vie le fait successivement libraire, bibliothécaire, juge des livres, auteur : il est l’homme des livres.
(Paul Valéry, Variété IV, 1938, p. 31)
Sommaire
Présentation
Le livre est un volume constitué d’un grand nombre de feuilles de papier reliées ensemble, contenant du texte, des illustrations ou des partitions musicales.
💡 En 1964, l’UNESCO a recommandé de n’employer le terme livre que pour des ouvrages comportant au moins 49 pages, pages de couverture non comprises.
À l’opposé d’un monument marqué d’inscriptions, un livre peut être transporté. Un livre constitue une unité indépendante, ce qui le différencie d’un périodique. Ce terme s’applique par extension aux rouleaux contenant les premiers écrits. Dans le domaine de l’édition, le mot livre se rapporte à toutes sortes d’œuvres, ou à des divisions majeures dans une œuvre littéraire, comme les livres de la Bible ou du poème épique latin l’Énéide. Les livres, en tant qu’objets transportables et fabriqués pour durer, ont permis de préserver et de répandre dans l’espace et dans le temps les connaissances et les témoignages qui y sont consignés.
⚠ Ne confondez pas un livre et une livre !
Livre a les deux genres. Masculin, c’est un assemblage de feuilles en nombre plus ou moins élevé, portant des signes destinés à être lus. Féminin, c’est une ancienne unité de poids, divisée en onces, variant selon les provinces de 380 à 552 grammes. Et depuis la Révolution, une livre équivaut cinq cents grammes ou un demi-kilogramme. Une livre était également une ancienne monnaie de compte correspondant à l’origine à la valeur d’une livre d’argent et passée à moins de cinq grammes lors de l’adoption du système métrique.
→ À consulter : L’univers des livres. – Le livre de poche et son histoire.
Les livres manuscrits
Les ancêtres des livres étaient des plaques en argile, gravées à l’aide d’un style, utilisées par les Sumériens, les Babyloniens et par d’autres peuples de l’ancienne Mésopotamie. Beaucoup plus proches du livre tel que nous le connaissons, les livres roulés, ou rouleaux, étaient utilisés dans les anciennes civilisations égyptienne, grecque et romaine. Ils étaient constitués de feuilles de papyrus, un matériau ressemblant au papier, fabriqué à partir des tiges broyées des papyrus, sorte de roseaux qui poussent dans le delta du Nil, formant une bande continue et enroulées autour d’un bâton. La bande, avec son texte, écrit à l’aide d’un style en roseau, étroit et disposé en colonnes peu espacées sur une de ses faces, était déroulée en même temps qu’elle était lue. Les rouleaux de papyrus étaient de longueur variable ; le plus important qui a été retrouvé est le papyrus égyptien Harris, conservé au British Museum de Londres, long de 40,50 m. Plus tard, au IVe siècle av. J.-C., on trouve de longs livres en rouleau, divisés en rouleaux plus courts, d’environ 10 m de long, conservés ensemble dans un seul coffret.
Les rouleaux étaient souvent recouverts de toiles d’emballage et marqués du titre de l’œuvre et du nom de l’auteur. Des scribes professionnels reproduisaient les ouvrages en les recopiant ou en les écrivant sous la dictée. Athènes, Alexandrie et Rome étaient des centres importants de production de livres et les exportaient à travers le monde antique. Ce travail, fait à la main, était cependant lent et coûteux, et les ouvrages étaient principalement détenus par des religieux dans les temples, des souverains et quelques riches personnages. L’apprentissage, à cette époque et au cours des siècles qui ont suivi, se faisait essentiellement par des exercices oraux et par mémorisation.
Le papyrus était de fabrication simple, peu coûteuse et constituait un excellent support pour l’écriture, mais il était fragile ; dans les climats humides, il se désintégrait en moins de cent ans. Ainsi, une grande part de la littérature et des documents écrits du monde antique ont été irrémédiablement perdus. Le parchemin et le vélin (de la peau d’animal spécialement traitée) ne présentaient pas les mêmes inconvénients. Les Perses, les Hébreux et d’autres peuples du Proche-Orient, où l’on ne fabriquait pas de papyrus, avaient pendant plusieurs siècles utilisé des rouleaux faits de cuir tanné ou de parchemin non tanné. Le procédé de fabrication du parchemin a été amélioré par le roi Eumenês II de Pergame au IIe siècle av. J.-C., et au IVe siècle apr. J.-C., il avait presque entièrement supplanté le papyrus comme support d’écriture.
Les premiers codex
Le IVe siècle a aussi été l’aboutissement d’un changement progressif, initié vers le Ier siècle au cours duquel le rouleau a été remplacé par le codex rectangulaire (« livre » en latin), l’ancêtre direct du livre moderne. Le codex, tel qu’il a d’abord été utilisé par les Grecs et les Romains pour noter les comptes de leurs commerces ou des exercices scolaires, était un petit cahier à anneaux contenant deux ou plusieurs tablettes de bois recouvertes de cire, sur lesquelles on pouvait écrire à l’aide d’un style et qui pouvaient être effacées et réutilisées plusieurs fois. Des feuillets de parchemin supplémentaires étaient quelquefois insérés entre les tablettes. Le codex en était alors arrivé à contenir plusieurs feuilles de papyrus ou, plus tard, de parchemin, rassemblées en petites liasses pliées en leur milieu. Ces paquets étaient posés les uns sur les autres, liés entre eux par les feuilles et attachés à des planchettes de bois par des lanières de cuir. Les colonnes d’écriture étaient plus larges que celles des rouleaux et s’étendaient sur les deux faces d’une feuille de parchemin. Le codex permettait au lecteur de trouver plus aisément le passage recherché et de se déplacer dans le texte vers l’avant ou l’arrière.
Le mot codex se retrouve dans le titre de beaucoup de livres manuscrits anciens, notamment dans les célèbres manuscrits de la Bible. Le Codex sinaiticus, par exemple, est un manuscrit grec du IVe siècle, venant de Palestine, maintenant conservé au British Museum.
Les livres en Orient
Les premiers livres en Extrême-Orient étaient probablement des tablettes de bois ou de bambou liées avec de la corde, ou encore des bandes de soie ou de papier, un mélange d’écorce et de chanvre inventé par les Chinois au IIe siècle apr. J.-C. À l’origine, ces bandes, écrites d’un seul côté avec une tige de roseau ou un pinceau, se présentaient sous forme de rouleaux enroulés autour d’un bâton central. Plus tard, les rouleaux sont également pliés en forme d’accordéon et brochés d’un côté pour en faire un livre, sur lequel était collée une couverture de papier ou d’étoffe. Les fonctionnaires lettrés qui ont écrit ces livres, les mandarins, ont déployé des efforts considérables pour développer différents styles de calligraphie, qui était considérée comme un art raffiné.
Les livres européens du Moyen Âge
Au début du Moyen Âge, en Europe, les livres étaient essentiellement écrits par des hommes d’Église pour d’autres hommes d’Église et pour les souverains. La plupart étaient des extraits de la Bible, des livres de commentaires ou de liturgie ainsi que des copies de textes classiques. Les livres étaient laborieusement transcrits avec une plume d’oie par des moines scribes qui travaillaient dans le scriptorium (« salle d’écriture » en latin) des monastères. À l’origine, ils utilisaient uniquement des styles locaux de lettres majuscules, une habitude héritée des rouleaux classiques. À la suite du renouveau des études et de l’instruction initié par Charlemagne au VIIIe siècle, des scribes introduisirent l’utilisation des lettres minuscules pour obtenir une écriture claire et arrondie dite carolingienne qui rappelait les modèles classiques et a peut-être inspiré les typographes de la Renaissance. Cependant, après le XIIe siècle, le style de l’écriture utilisée dans les livres se dégrade jusqu’à se composer de lettres étroites, grossièrement dessinées et anguleuses, serrées les unes contre les autres et disposées en fines colonnes difficiles à lire.
De nombreux livres médiévaux contenaient de brillantes enluminures faites d’or et de couleurs, qui indiquaient le début d’une nouvelle section, illustraient le texte ou en décoraient les bords. Elles existaient sous différentes formes, depuis les complexes ornements stylisés du Book of Kells (Livre de Kells) Trinity College, Dublin ; une copie des Évangiles des VIIIe-IXe siècles exécutée en Écosse et en Irlande, jusqu’aux scènes détaillées et délicates de la vie quotidienne des Très Riches Heures du duc de Berry (musée Condé, Chantilly, France), un livre de prières exécuté par les frères de Limbourg (Pays-Bas) au XVe siècle. Les livres du Moyen Âge avaient des couvertures en bois, souvent renforcées par des bosses de métal et maintenues par des fermoirs. Beaucoup étaient reliés en cuir, quelquefois richement ornés d’ouvrages en or et en argent, d’émaux et de pierres précieuses. De tels ouvrages, admirablement réalisés, étaient des œuvres d’art exécutées, à la fin du Moyen Âge, par des scribes professionnels, des artistes et des joailliers. Les livres étaient rares et chers ; ils étaient destinés à une très petite partie de la population, celle qui pouvait se les offrir et qui savait lire.
Les livres imprimés
L’impression à l’aide de blocs de bois sculptés a été inventée en Chine au VIe siècle apr. J.-C. Le premier livre connu pour avoir été imprimé de la sorte est une édition chinoise du Sutra du diamant, un texte bouddhiste datant d’environ 868. Le Tripitaka, un autre écrit bouddhiste, qui comprenait plus de 130 000 pages, a été imprimé en 972. L’impression réalisée à partir de blocs réutilisables était une méthode beaucoup plus efficace que la copie manuscrite pour reproduire un ouvrage. Cependant, la sculpture de chacun des blocs demandait beaucoup de temps ; ces blocs ne pouvaient servir qu’à l’impression d’un seul ouvrage. Au cours du XIe siècle, les Chinois inventent aussi l’impression avec des caractères mobiles, qui pouvaient être réassemblés dans un ordre différent et donc utilisés pour plusieurs ouvrages. Ils n’en font cependant que peu d’usage, le très grand nombre de caractères de l’écriture chinoise rendant ce procédé quasi impraticable.
En Europe, l’impression de livres avec des blocs de bois, technique probablement apprise au contact de l’Orient, commence à la fin du Moyen Âge. Ces livres étaient généralement des ouvrages religieux comprenant des illustrations sans grande originalité et un texte peu abondant.
Les livres de la Renaissance
Au XVe siècle, deux nouveaux développements technologiques révolutionnent la production des livres en Europe. L’une a été la fabrication du papier, que les Européens avaient apprise du monde musulman (qui lui-même l’avait acquise au contact de la Chine), l’autre les caractères mobiles en métal. Malgré les avis divergents quant à la paternité de cette dernière invention, attribuée selon les cas à des inventeurs français, italiens ou néerlandais, c’est l’imprimeur allemand Johann Gutenberg qui en est généralement crédité. Le premier livre important imprimé avec des caractères mobiles est une Bible que Gutenberg réalise en 1456. Ces innovations simplifient la production des livres et le rendent économiquement rentable et relativement facile à réaliser. Au même moment, le degré d’instruction de la population s’élève de façon importante, d’une part en raison de l’accroissement des connaissances et des découvertes faites à la suite des explorations menées à la Renaissance et, d’autre part, par la volonté de la Réforme protestante, selon laquelle tout croyant devait être capable de lire la Bible. En conséquence, des ouvrages plus variés et plus nombreux sont produits au XVIe siècle, avec pour effet de stimuler encore davantage la demande en livres.
Les imprimeurs italiens de la Renaissance ont, au XVIe siècle, instauré des traditions qui se sont maintenues jusqu’à nos jours dans le monde de l’édition. Parmi elles figuraient l’utilisation de couvertures en carton léger, souvent bordées de cuir, des mises en page normalisées et les polices de caractères romains et italiques, particulièrement lisibles. Ils utilisent la technique de la gravure sur bois et de l’estampe pour les illustrations. Une autre tradition, qui date de cette époque, est la désignation du format des livres, selon les cas, en in-folio, in-quarto, in-octavo, in-douze, in-seize, in-vingt-quatre et in-trente deux. Ces désignations correspondent au nombre de feuillets (chaque côté d’un feuillet comptant pour une page) formés en pliant une grande feuille de papier à imprimer. Ainsi, une feuille pliée une fois forme deux feuillets (quatre pages), et un livre fait de feuilles pliées de cette façon est appelé in-folio. Une feuille pliée deux fois forme quatre feuillets (huit pages), et un livre fait de feuilles pliées de cette façon est appelé in-quarto. Cette terminologie est encore en vigueur en Europe. Les livres de la Renaissance ont aussi créé l’usage de conventions comme celle de faire précéder le texte d’une page de titre, puis d’une préface ou d’une introduction. Au fil du temps, on y ajoute une table des matières, une table des illustrations, des notes explicatives, une bibliographie et des index.
→ À lire : La préface. – La bibliographie.
Les livres contemporains
Depuis la révolution industrielle, la production des livres s’est fortement mécanisée. Des procédés plus efficaces de fabrication du papier, l’utilisation de couvertures en papier et en carton, les presses rotatives à grande vitesse, la mécanisation de la composition, puis celle de la fonte des caractères, la photocomposition et la reproduction photographique des textes et des illustrations ont permis, au XXe siècle, la production de très grandes quantités de livres à un prix peu élevé.
Même si les livres, en tant que moyen de communication, sont concurrencés par d’autres produits de la technologie moderne (la radio, la télévision, le cinéma, le CD-ROM, voire le livre électronique ou le livre numérique [e-book]), ils demeurent un instrument essentiel de la diffusion du savoir et nous apportent un précieux témoignage sur les connaissances, la pensée et l’état d’esprit des hommes qui nous ont précédé.
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