Le palimpseste

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Le palimpseste

L’habileté des paléographes, pour ne rien dire de leur patience et de leur longue application, a souvent triomphé des difficultés multiples que présente la lecture des palimpsestes, surtout quand il s’agit de textes inconnus...

(Robert Devreesse, Introduction à l’étude des manuscrits grecs, 1954, p.16)

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Un palimpseste est un manuscrit sur parchemin ou sur papyrus, dont le premier texte a été effacé ou lavé pour pouvoir en écrire un second. Le mot vient du grec et signifie « gratter une nouvelle fois ». Au cours du haut Moyen Âge, la raréfaction de support pour écrire pousse les scribes à user de palimpsestes. L’importance de ces derniers apparaît à la Renaissance, lorsqu’on cherche à retrouver, par des procédés chimiques, le texte original.

Parmi les plus importants palimpsestes grecs figure le Codex Nitriensis, qui contient une partie de l’Évangile selon saint Luc, un fragment de l’Iliade d’Homère et les Éléments d’Euclide. Les palimpsestes latins comprennent ceux de Tite-Live, d’Ovide, de Pline l’Ancien et notamment le Codex Ambrosianus (IVe ou Ve siècle apr. J.-C.) de Plaute.

Les palimpsestes sur papyrus ont été mis en doute. Cependant, Natalis de Wailly  cite en ce genre un manuscrit de la Bibliothèque nationale en cinq feuillets provenant de l’abbaye de Saint-Germain des Prés. Il est composé de fragments d’anciens papyrus grossièrement collés les uns sur les autres, et a été pris longtemps pour du papier d’écorces. Il existe en outre aux archives plusieurs diplômes sur papyrus, où les traces d’une ancienne écriture sont très distinctes.

Natalis de Wailly est un historien, archiviste et bibliothécaire français né le 10 mai 1805 à Mézières (Ardennes), mort à Paris le 4 décembre 1886.

Au Moyen Âge, on pratique sur une grande échelle l’appropriation des manuscrits anciens à un nouvel usage. Les moines, qui seuls écrivaient alors, ont détruit malheureusement de cette façon des ouvrages précieux de l’Antiquité, à jamais perdus pour nous, et nous ont légué, comme mince compensation, des palimpsestes, qui sont des mémoriaux de leurs couvents, dénués de tout intérêt, ou des vies de saints.

La conquête de l’Égypte par les Sarrasins ayant privé l’Europe des feuilles du souchet papyrus, les productions de la littérature latine se trouvent transformées en psautiers, en bréviaires, en chroniques religieuses. Les écrivains les plus volumineux sont ceux qui ont le plus à souffrir.

On les sacrifia de préférence, observe d’Israeli, parce que, contenant plus de feuilles, ils offraient plus d’appât à l’industrie destructive et plus de moyens de transcription. Un Tite-Live ou un Diodore de Sicile furent préférés aux ouvrages moins volumineux de Cicéron ou d’Horace. C’est sans doute bien plutôt par cette circonstance que Juvénal, Perse et Martial sont venus entiers jusqu’à nous que parce que, comme on l’a dit, les obscurités de ces écrivains étaient recherchées.

Le papier de coton, employé en Orient dès le IXe siècle, fait diminuer la transformation des anciens manuscrits en palimpsestes, et l’invention au XIIIe siècle du papier de chiffon, dont l’usage se généralise au siècle suivant, fait renoncer définitivement à cette funeste opération. Quelques savants ont entrepris de déchiffrer les écritures effacées. On s’est aidé de procédés chimiques pour raviver la couleur des encres. Il a été possible de retrouver de la sorte quelques pages précieuses. Le cardinal Angelo Maï  s’est particulièrement appliqué à ce travail pénible avec un zèle et une patience dignes d’éloges, et souvent couronnés d’un éclatant succès.

Angelo Maï (né le 7 mars 1782 à Schilpario dans la province de Bergame en Lombardie et mort le 8 septembre 1854 à Castel Gandolfo), est un cardinal et philologue italien qui s’est acquis une réputation dans toute l’Europe en publiant pour la première fois une série de textes anciens jusque-là inconnus. Il avait pu les découvrir et les éditer alors qu’il était responsable d’abord de la bibliothèque ambrosienne à Milan puis de la bibliothèque du Vatican.

→ À lire : La paléographie.

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